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CLODIUS, étant tribun du peuple, avait fait exiler Cicéron. Non content de l'avoir contraint à partir, il s'était jeté sur sa maison du mont Palatin, y avait fait mettre le feu, s'était emparé d'une partie de l'emplacement, avait consacré l'autre en y faisant bâtir un temple et placer une statue de la Liberté. A son retour, Cicéron, jaloux de recouvrer tout cet emplacement, plaide sa cause devant le tribunal des pontifes; il attaque la consécration comme irrégulière et nulle.

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On peut regarder ce plaidoyer comme divisé en sept parties principales, que l'orateur parcourt successivement après un exorde où il montre l'importance de sa cause. 1o. Clodius lui avait reproché d'être venu au sénat; d'avoir fait donner à Pompée l'intendance générale des blés; de l'avoir muni, au mépris des lois, d'un pouvoir extraordinaire. Cicéron réfute ces reproches d'une manière fort étendue, avec beaucoup de force et d'éloquence. C'est une partie considérable du discours, dans laquelle l'orateur cherche à disposer favorablement des juges que Clodius avait voulu indisposer par de semblables reproches.

2o. Il attaque par le fondement tous les actes de Clodius, en attaquant son adoption, en vertu de laquelle il était devenu tribun du peuple et avait exercé tous ses actes de violence. 3°. Il démontre la nullité de la loi de son exil; elle est nulle en elle-même, elle est nulle par la manière dont elle a été rédigée, elle est nulle n'étant l'ouvrage que de la violence;

enfin elle a été regardée comme nulle par tous les grands personnages auteurs de son rappel.

4°. Clodius l'avait traité d'exilé. L'exil, répond Cicéron, est

la punition d'un crime ou l'effet d'une sentence: or, on ne peut dire que je sois coupable d'un crime, ni qu'on ait rendu contre moi de jugement en règle.

5°. Le même Clodius lui reprochait de parler trop avantageusement de lui-même; il se justifie, et montre comment on le contraignait de se glorifier. Par exemple, dit-il, on me fait un crime de mon départ; comment dois-je répondre à ce reproche? Il le fait voir, et à cette occasion il explique les motifs qui l'ont engagé à sortir de Rome et à céder à la violence.

6°. La consécration de ma maison est nulle, ajoute Cicéron; ce qu'il prouve par beaucoup de raisons et d'exemples. 7°. La péroraison est du ton le plus sublime et le plus magnifique. Il s'adresse aux pontifes, il s'adresse aux dieux, il les supplie les uns et les autres de la manière la plus propre à obtenir ce qu'il demande.

Ce discours a été prononcé l'an de Rome 696, de Cicéron 50.

On voit, par une de ses lettres à Atticus, qu'il eut tout le succès qu'il désirait. Dans une autre lettre au même Atticus, il marque tout le cas qu'il fait lui-même de ce discours: Si jamais, dit-il, nous avons été éloquent; ou -même si nous ne l'avons jamais été, certainement alors le dépit et la douleur nous ont inspiré quelque éloquence. Croyons- en ce grand orateur; ou si nous refusons de le croire, lisons son discours, dont la diction noble et sublime, abondante à la fois et rapide, ne manquera pas de nous frapper et de nous entraîner.

M. T. CICERONIS

PRO DOMO SUA,

AD PONTIFICES.

ORATIO NONA ET VICESIMA.

1. Cum multa divinitus, pontifices, a majoribus nostris inventa atque instituta sunt; tum nihil præclarius, quam quod eosdem et religionibus deorum immortalium, et summæ reipublicæ, præesse voluerunt: ut amplissimi et clarissimi cives rempublicam, bene gerendo, (pontifices) religiones, sapienter interpretando, (rempublicam) conservarent. Quodsi ullo tempore magna causa in sacerdotum populi romani judicio ac potestate versata est: hæc profecto tanta est, ut omnis reipublicæ dignitas, omnium civium salus, vita, libertas, aræ, foci, dii penates, bona, fortunæ, domicilia, vestræ sapientiæ, fidei, potestatique commissa creditaque esse videantur. Vobis hodierno die constituendum est, utrum posthac amentes ac perditos magistratus improborum

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DE M. T. CICÉRON

POUR SA MAISON,

DEVANT LES PONTIFES.

I.

VINGT-NEUVIÈME DISCOURS.

ENTRE INTRE une multitude d'établissemens divins, imaginés et formés par nos ancêtres, il n'en est point, vénérables pontifes, de plus beau, de plus admirable * que d'avoir voulu que vous fussiez à la fois les premiers ministres et de la religion et de la république, afin que, gouvernant l'État avec prudence et réglant le culte des dieux avec sagesse, nos plus illustres et nos plus nobles citoyens, pontifes en même temps, contribuassent ainsi doublement à notre conservation. Or, si jamais cause importante fut soumise au jugement et à l'autorité des pontifes du peuple romain, celle dont il s'agit est d'une telle conséquence, que tout l'honneur de la république, le salut, la vie, la liberté, les autels, les foyers, les dieux domestiques, les biens, la fortune, le domicile de tous les citoyens, semblent à la fois remis et confiés à votre sagesse et à votre puissance. Vous avez à décider, aujourd'hui, lequel vous aimez mieux de priver désormais les magistrats insensés

* C. César, sonverain pontife, faisait alors la guerre dans la Gaule. Les autres pontifes lui étaient subordonnés. :

1

ac sceleratorum civium præsidio nudare, an etiam deorum immortalium religione armare malitis. Nam si illa labes ac flamma reipublicæ, suum illum pestiferum et funestum tribunatum, quem æquitate humana tueri non potest, divina religione defenderit: aliæ cæremoniæ nobis erunt, alii antistites deorum immortalium, alii interpretes religionum requirendi. Sin autem vestra auctoritate sapientiaque, pontifices, ea, quæ furore improborum in republica, ab aliis oppressa, ab aliis deserta, ab aliis prodita, gesta sunt, rescinduntur: erit causa, cur consilium majorum in amplissimis viris ad sacerdotia deligendis, jure ac merito laudare possimus. Sed, quoniam ille demens, si ea, quæ ego per hos dies in senatu de republica sensi, vituperasset, aliquem se aditum ad aures vestras esse habiturum putavit: omittam ordinem dicendi meum: respondebo hominis furiosi non orationi, qua ille uti non potest, sed convicio, cujus exercitationem cum intolerabili petulantia, tum etiam diuturna impunitate munivit.

II. Ac primum illud a te, homine vesano ac furioso, requiro, quæ te tanta pæna tuorum scelerum flagitiorumque vexet, ut hos tales viros, qui non solum consiliis suis, sed etiam specie ipsa dignitatem reipublicæ sustinent, quod ego in sententia dicenda salutem civium cum honore Cn. Pompeji conjunxerim, mihi esse iratos et aliud de summa hoc tempore religione sensuros, ac me absente senserint,

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