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émules pour le conserver ou lui rendre son élasticité affaiblie. C'est ainsi que les fils du Magnifique s'inscrirent par ordre de leur père sur le rôle de ces corporations, et que l'auteur des Décades prononça dans les assemblées de doctrine des allocutions dont nous avons quelques spécimens dans ses œuvres.

Au détour d'une rue, le voyageur qui parcourt Florence la nuit se heurte parfois à un cortége lugubre : c'est la Miséricorde portant un malade à l'hôpital, un cadavre au cimetière. Sous leur sac noir de pénitent, leur cagoule baissée, fantômes d'un autre âge, ces confrères se recommandent encore par des services, malgré les formes surannées de leur institution et l'esprit de mort auquel elle obéit, comme toutes les créations d'un culte désormais incompatible avec la civilisation.

<< Ici commence la représentation des SS. Jean et Paul. »

C'est l'ange qui l'annonce en trois huitains à rimes croisées :

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"Silence, ô vous qui êtes réunis : vous verrez une histoire nouvelle et sainte, choses diverses et dévotes verrez, exemples de Fortune tant variée. Sans tumulte que vos bouches se tiennent coites, chanter; à nous fatigue, à vous plaisir reste : gâtez pas cette fête.

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surtout quand ensuite on va

donc, ne nous

>> Sainte Constance de la lèpre nettoyée avec dévotion verrez convertir; dans la bataille très-furibonde

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vous verrez faire prisonnier et tuer du monde, changer l'empire la seconde fois; et le martyre de Jean et de Paul; et puis mourir l'apostat Julien, pour l'expiation du sang chrétien.

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>> La compagnie de notre saint Jean

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si les vers ne sont pas bons ou bien dits,

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- et si nous ou,

tant nous sommes tous jeunes; aussi excusez nos tendres années, ne savons pas l'accoutrement et les apprêts des seigneurs, jeunes gars, nous exprimer comme vieillards ou dames; nous ferons purement et avec amour; passez à notre âge quelques erreurs. »

Cet inventaire préalable dispensera de détailler le scenario naïf de ce drame.

Il suffit de savoir que Gallicanus, revenu vainqueur de la Perse, demande en récompense la main de la fille de l'empereur. Mais celle-ci, qui vient d'être guérie miraculeusement de la lèpre par l'apparition de sainte Agnès, fait (elle est déjà chrétienne) le vœu de chasteté. Elle éloigne le péril de refuser la main de Gallicanus, en le faisant envoyer contre les Daces par Constantin.

Le général part pour la guerre, accompagné, en garantie de la promesse de l'empereur, de deux otages: Paul et Jean.

Constantin garde en retour auprès de lui les filles du général : Attica et Artemia. Dès que leur père s'est éloigné, ces jeunes filles, entraînées par Constance, vouent pareillement leur virginité au Seigneur.

Le Magnifique maintient sa muse, pensée, simplicité d'action et naïveté de procédés, dans les conditions du genre populaire qu'il traite. Le style seul, dans sa candeur voulue, est d'une précision gracieuse et tout à fait littéraire. Le spectacle est d'ailleurs très soigné, les intermèdes abondent, triomphes, défilés d'armées,

LES MÉDICIS.

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ballets et batailles, et tout cet appareil de machines dont nous avons suivi les perfectionnements.

Gallicanus, d'abord vaincu par les Daces, demeure seul sur le champ de bataille avec Jean et Paul.

Il y a naturellement, ou plutôt surnaturellement, dans cette situation, une occasion de convertir le général au vrai Dieu. Les jeunes gens lui promettent la victoire à ce prix. Gallicanus répond d'abord assez finement :

Io non so come a Gesù fia accetto,

Se a lui me umilio, come m' è proposto;
Che da necessità paio constretto

Per questo miser stato, in che m' ha posto1.

L'objection a son prix et problablement sa malice, sans que le narquois Laurent ait l'air d'y toucher. Elle ne tient pas longtemps devant l'argument connu, donné par Jean :

« Le père de famille doux et pieux à qui vient tard donne encore son denier2.

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>> O Dieu, - s'écrie Jean, qui donnas à Josué l'audace, et la grâce que le soleil s'arrêtât, et qui fis qu'un seul homme en fit fuir mille, et que deux missent dix mille en déroute, et qui fis sortir de la fronde — le fatal caillou qui tua Goliath, octroie maintenant force et faveur à cette main -de ton humilié Gallicanus 3. »

1. St. 65. « Je ne sais comment Jésus m'acceptera, si je m'humilie / devant lui, comme on me le propose. Car je paraîtrai contraint par la nécessité du misérable état dans lequel il m'a placé. »

2. St. 66.

3 St. 68.

Un ange rassure le nouveau converti et lui annonce la victoire.

Du reste, comme Shakespeare dans quelques-uns de ses drames, Laurent n'épargne pas les anachronismes. Il prête aux légionnaires passe-volants, arquebuses, espingards, bombardes, toutes les sortes, tous les calibres d'armes à feu en usage de son temps.

Gallicanus recommande à ses cavaliers de veiller à ce que les bombardes ne soient pas enclouées par l'ennemi'. Il s'empare de la ville assiégée, et fait grâce au roi des Daces et à ses fils. Dépêché à Constantin, un envoyé lui annonce cette conquête, dès la stance suivante, et lui demande un bon pourboire.

Dammi un buon beveraggio, ch' io lo merto.

Le roi vaincu paraît devant l'empereur, qui l'accueille généreusement :

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« L'âme qui aspire aux choses dignes, tant qu'elle peut, cherche à ressembler à Dieu; elle s'efforce de vaincre, et désire l'emporter, jusqu'à ce qu'elle ait contenté son haut désir;

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mais, ensuite, l'indignation conçue et l'ire, - l'offense, sont mises par elle aussitôt en oubli. Je te pardonne et j'ai déjà déposé ma colère : - je ne veux pas le sang, mais la gloire et le règne 3. »

Tous ces personnages sont des saints. Ce tortueux Constantin de l'histoire, si audacieusement béatifié,

1. St. 72.

2. St. 72-80. 3. St. 85.

malgré ses vices et ses crimes, par la politique de l'Église, apprend avec édification la conversion de Gallicanus; il raconte à cet heureux père que Constance, la promise du général, vient d'amener au vrai Dieu les âmes d'Attica et d'Artemia.

Le vieil Auguste abdique pour se donner tout entier au Seigneur. Son fils Constantin lui succède avec l'assentiment de ses frères Constant et Constance, qui ne réclament que le devoir de le servir du conseil et de l'épée'.

Une révolte éclate, Constance et Constant marchent contre les rebelles et sont tués.

L'Empereur découvre vite la cause de ces désordres : Jupiter se venge de la tolérance dont les chrétiens sont l'objet.

« Je sais que cette persécution sur moi d'une erreur que j'ai commise;

diction

-

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provient toute

car je supporte sous ma juri

- cette gent vile qui croit au Christ. -- Je veux y remédier, si c'en est la raison,

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en persécutant cette vaine foi 2. »

On voit avec quel sans-façon l'histoire est traitée. Le neveu de Constantin le Grand est mandé pour défendre l'empire qu'il héritera. L'Apostat arrive, déplorant la décadence romaine, attribuée par lui aux chrétiens.

Da quella parte là, donde il sol muove,

In fin dove poi stracco si ripone,

1. St. 103.

2. St. 113.

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