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Je vous ai exposé aussi brièvement que possible ce que j'ai cru nécessaire à la république et glorieux pour vous. Il me semble à propos aussi de dire un mot de mes motifs. La plupart des hommes jugent ou se piquent de juger avec assez de sagacité; et, en effet, pour reprendre les actions ou les paroles d'autrui, tous ont l'esprit merveilleusement éveillé; ils croient ne jamais parler assez haut ni assez vivement pour manifester leur pensée. J'ai cédé à ce penchant, et je ne m'en repens point : je regretterais davantage d'avoir gardé le silence. En effet, que vous tendiez au but par cette voie ou par une meilleure, j'aurai toujours parlé, j'aurai tenté de vous servir selon mes faibles lumières. Il ne me reste plus qu'à prier les dieux immortels d'approuver vos plans et de les faire réussir 52.

NOTES

DES LETTRES A C. CÉSAR.

1. LETTRE PREMIÈRE. Les anciens éditeurs et traducteurs avaient interverti l'ordre de ces lettres; mais de Brosses, Beauzée, et après eux M. Salverte, Dureau de Lamalie, Lebrun et M. Burnouf, les ont replacées dans l'ordre convenable à la vérité historique, et même à la suite logique de ces deux morceaux (voyez la fin de l'avertissement, et la note 52 ci-après).

2. Je sais combien il est difficile. Tacite a dit (Hist., liv. 1, ch. 15): Suadere principi quod oporteat, multi laboris.

3. Tournent à bien. Cicéron, dans une de ses lettres à Atticus : Eventum non virtus, sed fortuna moderatur : omnium rerum incerti sunt exitus: multa male consulta, quum adversarios inconsultiores nacta sunt, felicem eventum habuerunt..

4. Presque toutes les choses humaines. Déjà Salluste a dit, dans la Guerre de Jugurtha (ch. 111): Fortuna pleraque rerum humanarum regit; et dans sa Catilinaire (ch. 111) Fortuna in omni re dominatur; ea cunctas res, ex lubidine magis, quam ex vero celebrat obscuratque.

5. Qu'au sein de la prospérité. Claudien a dit de Stilichon (liv. 1, v. 283):

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6. Au nom des dieux. D'autres éditeurs préfèrent per ceteros mortales. Cette version n'a satisfait ni Beauzée ni Dureau de La

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inalle; mais de Brosses et M. Salverte l'ont préférée. M. Burnouf l'admet dans son texte.

7. Contre un consul malveillant. C. Claudius Marcellus et L. Cornelius Lentulus Crus étaient consuls l'an de Rome 705 (avant J.-C. 50-49) année à laquelle se rapporte la date de cette lettre, et tous deux ennemis de César : mais, selon de Brosses, il s'agit plus particulièrement de C. Marcellus; M. Burnouf, au contraire, veut qu'il s'agisse de Lentulus, et il renvoie le lecteur aux Commentaires de César sur la guerre civile. Au surplus, a'nsi que l'observe M. Salverte, ces deux consuls ne contribuèrent pas peu, par leur violence, à précipiter la guerre civile, et à donner une apparence de justice aux plaintes de l'agresseur.

8. Durant votre préture. « La manière dont Salluste s'exprime ici semble en dire là-dessus plus que nous n'en savons. » (DE BROSSES.) En effet, Plutarque, dans la Vie de César, se borne à rappeler que la préture de César n'apporta aucun trouble dans l'état; mais, dans la Vie de Caton, il se contredit lui-même, en nous apprenant que César s'était ligué avec un tribun factieux, Metellus Népos, qui voulut emporter par la violence une loi subversive de la liberté publique; elle avait pour objet de rappeler à Rome Pompée avec son armée, pour opérer la réforme de l'état. Caton s'opposa, avec constance et au péril de sa vie, aux efforts de Metellus et de César, qui avaient aposté dans l'assemblée une troupe de gladiateurs et d'esclaves armés. Cette noble résistance rendit le courage au sénat, qui arma les consuls du pouvoir dictatorial. Suétone nous apprend que Metellus et César furent int rdits tous deux des fonctions de leur charge. Metellus prit la fuite, et sortit de Rome. César y resta, se soumit au décret du sénat, renvoya ses licteurs, quitta la robe prétexte, et rentra dans la vie privée; il se refusa même aux offres de la multitude, qui voulait employer la force pour le réintégrer dans ses fonctions. Cette modération désarma le sénat, et, à la sollicitation de Caton luimême, on rendit à César et à Metellus l'exercice de leur magistrature.

9. La haute administration de l'état. Des éditions portent summa reipublicæ; mais summa republica, que nous avons préféré,

est une expression consacrée dans les anciens auteurs. Ubi loci res summa nostra est publica. (PLAUTUS, in Mercatore.) Marcellus edicto præfatus, de summa republica acturum. (SUETONIUS, in Cæsare.)

10. Par son aveugle penchant à vous nuire. Il y a une manière d'établir le texte de cette phrase toute différente de celle que j'ai adoptée; la voici: Sed quoniam Cn. Pompeius.... aut quia nihil maluit, quam quod sibi obesset, etc. M. Burnouf a adopté cette version, et, sans trouver l'autre absurde, il dit que le sens en est plus ingénieux et plus approprié au sujet. Quant à nous, tout ce qui tend à une plus grande simplicité de style, nous semble convenir davantage à Salluste. De Brosses, Beauzée, Dureau de Lamalle, Lebrun, M. Salverte, sont pour mon opinion.

11. Les armes à la main de ses ennemis. J'ai suivi le sens indiqué par M. Burnouf. Dureau de Lamalle traduit hostibus par ennemis de l'état, ce qui ne coïncide pas avec la version TIBI obesset; de même, il faut l'avouer, le sens fort naturel que M. Burnouf donne à hostibus ne coïncide pas avec la version sibi obesset qu'il a adoptée (voyez la note qui précède.) Par ennemis de l'état, Dureau de Lamalle prétend que Salluste entend Caton, Cicéron, Hortensius, Bibulus, etc.

12. Son premier tort. Salluste parle bien sévèrement du troisième consulat de Pompée, lequel mérite des éloges sous plusieurs rapports: il porta une loi très-sévère sur la brigue, rétablit l'ordre dans Rome, et fit respecter les lois. Cicéron, dans une lettre à Atticus, traite de divin ce consulat; mais on sait qu'il manque presque toujours de mesure, soit dans le blâme, soit dans l'éloge.

13. Dans la servitude. « Ce prétendu asservissement du peuple, dit Dureau de Lamalle, n'était autre chose que le silence imposé à des cris factieux et le retranchement du salaire infâme par lequel des candidats cupides et ambitieux soudoyaient une vile plèbe, vendue à tout ce qui l'achetait. »

14. L. Sylla. « La manière dont Salluste s'exprime au sujet de Sylla semble d'autant plus extraordinaire, dit M. Salverte, que César, parent de Marius et presque proscrit lui-même par le dic

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tateur, ne devait pas être flatté d'entendre diminuer l'horreur due à ses crimes. Mais il importait davantage de flétrir toute la faction patricienne; et, d'ailleurs, c'était servir l'homme qui voulait arriver au pouvoir de Sylla que de faire envisager une telle domination, non moins funeste et non moins sanguinaire que celle des sénateurs. Salluste s'exprime bien autrement dans la seconde épître, où, comparant à Sylla Pompée qui le servit, il inspire l'indignation la plus vive pour les forfaits de tous deux : c'est qu'à cette époque on avait combattu non pour la patrie, mais pour l'élévation de Pompée ou de César. César était vainqueur : il fallait rendre odieux Sylla, et surtout Pompée En rappelant aux Romains ce qu'ils avaient souffert de l'un, ce qu'ils eussent eu à souffrir de l'autre, on les excitait à bénir, à adorer la clémence de César victorieux. >>

15. Avec Caton, L. Domitius et tous les autres chefs. D'autres, et particulièrement M. Salverte, lisent ici nunc cum Carbone, au lieu de Catone; ce qui n'est point justifié par le sens grammatical de la phrase et la suite des idées, et qui est encore plus contraire à l'histoire car on sait combien furent nombreuses les proscriptions de Sylla, qui assurément fit périr plus de quarante sénateurs. D'un autre côté, on ne trouve dans l'histoire aucune trace de ce inassacre de sénateurs égorgés comme des victimes, que Salluste attribue à Caton et à L. Domitius. Le texte de ce passage doit nécessairement être altéré, ou bien il faut admettre que ces expressions sicut hostiæ mactati sunt.... tot miserorum civium sanguine satiari nequivere sont prises au figuré: ainsi le veut M. Burnouf; mais alors on doit convenir que la haine de parti a entraîné Salluste à une bien misérable déclamation. Un homme tel que lui, écrivant à César, se la serait-il permise? Il faut donc qu'il y ait ici dans le texte quelque chose qui en rende le sens insaisissable.

16. Pour dépouiller les uns de leur dignité. Salluste parle ici de la censure d'Appius Claudius, qui flétrit un certain nombre de énateurs et de chevaliers romains. La plupart de ces flétrissures étaient méritées malheureusement elles étaient infligées par un homme décrié, et qui, peu de temps avant sa censure, impliqué dans deux accusations, n'avait dû son salut qu'au crédit de Pompée, et non point à son innocence. Salluste fut une des victimes

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