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les Germains pour les repousser, ou pour pénétrer euxmêmes sur leur territoire. La partie habitée par les Gaulois commence au Rhône, et a pour limites la Garonne, l'Océan et le pays des Belges; elle va aussi jusqu'au Rhin du côté des Helvétiens et des Séquanais 3; elle est située au nord. Le pays des Belges commence à l'extrême frontière de la Gaule 4, et est borné par la partie inférieure du cours du Rhin; sa position est au nord-est. L'Aquitaine est bornée par la Garonne, les Pyrénées et l'Océan, qui baigne aussi les côtes d'Espagne; elle est située au nord-ouest 5.

II. Orgétorix était le plus distingué des Helvétiens par sa naissance et par ses richesses. Poussé par l'ambition, il conjura avec la noblesse, sous le consulat de M. Messala et de M. Pison 6, et engagea les habitans à sortir du pays avec toutes leurs forces. Il disait que la supériorité du courage leur assurerait aisément l'empire de toute la Gaule. Il n'eut point de peine à les persuader: de toutes parts resserrés par la nature des lieux, d'un côté par le Rhin, fleuve large et profond qui les sépare de la Germanie, d'un autre par le Jura, haute montagne qui s'élève entre la Séquanie et l'Helvétie, d'un troisième côté par le lac Leman et le Rhône qui les sépare de la Province romaine, les Helvétiens ne pouvaient s'étendre au loin ni porter facilement la guerre chez leurs voisins.. Cette situation affligeait vivement un peuple belliqueux. Leur population nombreuse, la gloire de leurs armes, le sentiment de leur courage, rendaient trop étroit pour eux un pays qui avait deux cent quarante milles de long, sur cent quatre-vingts de largeur.

III. His rebus adducti, et auctoritate Orgetorigis permoti, constituerunt, ea, quæ ad proficiscendum pertinerent, comparare; jumentorum et carrorum quam maximum numerum coemere; sementes quam maximas facere, ut in itinere copia frumenti suppeteret; cum proximis civitatibus pacem et amicitiam confirmare. Ad eas res conficiendas biennium sibi satis esse duxerunt in tertium annum profectionem lege confirmant. Ad eas res conficiendas Orgetorix deligitur. Is ubi legationem ad civitates suscepit, in eo itinere persuadet Castico, Catamantaledis filio, Sequano, cujus pater regnum in Sequanis multos annos obtinuerat, et a S. P. R. amicus appellatus erat, ut regnum in civitate sua occuparet, quod pater ante habuerat : itemque Dumnorigi, Æduo, fratri Divitiaci, qui eo tempore principatum in civitate sua obtinebat, ac maxime plebi acceptus erat, ut idem conaretur, persuadet; eique filiam suam in matrimonium dat. Perfacile factu esse illis probat conata perficere, propterea quod ipse suæ civitatis imperium obtenturus esset: non esse dubium, quin totius Galliæ plurimum Helvetii possent: se suis copiis suoque exercitu illis regna conciliaturum, confirmat. Hac oratione adducti, inter se fidem et jusjurandum dant, et, regno occupato, per tres potentissimos ac firmissimos populos totius Galliæ sese potiri posse sperant.

IV. Ea res ut est Helvetiis per indicium enuntiata, moribus suis Orgetorigem ex vinculis causam dicere coegerunt: damnatum pœnam sequi oportebat, ut igni cremaretur. Die constituta causæ dictionis, Orgetorix ad judicium omnem suam familiam, ad hominum millia de

III. Entraînés par ces motifs et par l'ascendant d'Orgétorix, ils disposent tout pour le départ. Ils rassemblent une multitude de chariots et d'attelages; ils ensemencent toutes les terres, afin de s'assurer des vivres dans leur marche; ils renouvellent avec leurs voisins les traités de paix et d'alliance. Ils pensèrent que deux ans suffiraient à ces préparatifs, et le départ fut fixé pour la troisième année. Orgétorix est choisi pour diriger l'entreprise. Chargé de négocier auprès des cités voisines, il engage le Séquanais Casticus, fils de Catamantalède, à reprendre l'autorité de son père, qui long-temps avait régné chez les Séquanais et qui avait reçu le titre d'ami des Romains. Il inspire le même dessein à Dumnorix, frère de Divitiacus, qui tenait alors le premier rang chez les Éduens 7, et jouissait de toute la faveur populaire; il lui donne sa fille en mariage. Il leur prouve la facilité du succès; devant lui-même s'emparer du souverain pouvoir chez sa nation qui, sans contredit, est la plus puissante de la Gaule, il les aidera de ses forces et de son armée pour leur assurer l'autorité suprême. Persuadés par ces promesses, ils s'engagent par serment, dans l'espoir qu'une fois maîtres des trois peuples les plus puissans et les plus braves, ils rangeront facilement la Gaule entière sous leurs lois.

IV. Ce projet fut dénoncé aux Helvétiens, et, suivant l'usage du pays, Orgétorix fut mis dans les fers, pour répondre à l'accusation. Le feu devait être le châtiment de son crime. Mais au jour fixé pour le procès, Orgétorix fit paraître au tribunal tous ses amis et ses serviteurs,

cem, undique coegit, et omnes clientes obæratosque suos, quorum magnum numerum habebat, eodem conduxit: per eos, ne causam diceret, se eripuit. Quum civitas, ob eam rem incitata, armis jus suum exsequi conaretur, multitudinemque hominum ex agris magistratus cogerent, Orgetorix mortuus est: neque abest suspicio, ut Helvetii arbitrantur, quin ipse sibi mortem consciverit.

V. Post ejus mortem nihilominus Helvetii id, quod constituerant, facere conantur, ut e finibus suis exeant. Ubi jam se ad eam rem paratos esse arbitrati sunt, oppida sua omnia numero ad duodecim, vicos ad quadringentos, reliqua privata ædificia incendunt, frumentum omne, præter quod secum portaturi erant, comburunt, ut, domum reditionis spe sublata, paratiores ad omnia pericula subeunda essent: trium mensium molita cibaria sibi quemque domo efferre jubent. Persuadent Rauracis, et Tulingis, et Latobrigis finitimis, uti, eodem usi consilio, oppidis suis vicisque exustis, una cum iis proficiscantur: Boiosque, qui trans Rhenum incoluerant, et in agrum Noricum transierant, Noreiamque oppugnarant, receptos ad se socios sibi adsciscunt.

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VI. Erant omnino itinera duo, quibus itineribus domo exire possent: unum per Sequanos, angustum et difficile, inter montem Juram et flumen Rhodanum, vix qua guli carri ducerentur; mons autem altissimus impendebat, ut facile perpauci prohibere possent: alterum per Provinciam nostram, multo facilius atque expeditius, propterea quod Helvetiorum inter fines et Allobrogum, qui nuper pacati erant, Rhodanus fluit, isque nonnullis locis vado transitur. Extremum oppidum Allobrogum

'au nombre de dix mille: il y rassembla également tous ses cliens et ses débiteurs qui étaient fort nombreux, et parvint, avec leur secours, à se soustraire au jugement. Les citoyens indignés voulaient maintenir leur droit par les armes, et déjà les magistrats rassemblaient le peuple campagnes, lorsque tout à lorsque tout à coup Orgétorix mourut. On suppose qu'il s'est lui-même donné la mort.

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V. Cet évènement n'empêcha point les Helvétiens de persister dans leur projet d'invasion. Lorsqu'ils se crurent suffisamment préparés, ils livrèrent aux flammes toutes leurs villes au nombre de douze, leurs bourgs, au nombre de quatre cents, et toutes les habitations particulières. Ils brûlèrent le blé qu'ils ne purent emporter, afin que l'impossibilité du retour fût pour eux un nouveau motif de braver tous les périls : ils ordonnent à chacun de prendre des vivres pour trois mois. Ils persuadent aux Rauraques 8, aux Tulinges, aux Latobriges, leurs voisins, d'imiter leur exemple, de brûler leurs villes et leurs bourgs, ct de les suivre; ils associent à leur projet les Boïens 9 qui s'étaient établis au delà du Rhin, dans le Norique, après avoir pris Noreia.

VI. Ils n'avaient que deux chemins pour sortir de leur pays. L'un, par les terres des Séquanais, entre le Jura et le Rhône; c'était un défilé étroit et difficile, où un chariot pouvait à peine passer; il était dominé par une haute montagne, et une faible troupe suffisait pour fermer le passage; l'autre, plus court et plus aisé, traverse la Province romaine. Le Rhône qui sépare l'Helvétie du pays des Allobroges 10 nouvellement soumis, est guéable en plusieurs endroits; et la dernière ville des Allobroges,

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