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naquit à Paris en 1715, et entra au service dès sa plus tendre jeunesse. Il fit la guerre de sept ans, et donna dans toutes les occasions des preuves d'intelligence et de bravoure. Ses services furent récompensés par le gouvernement des maisons royales de Versailles et de Marly, et par le bâton de maréchal de France, qu'il obtint en 1775. Il fit partie de l'assemblée des notables en 1787, et après la session il se retira chez lui, et ne s'immisca nullement dans les affaires politiques. Cette modération ne put cependant pas le sauver de la persécution des terroristes. Ceuxci trouvaient mauvais en lui son nom, sa naissance, et même le costume de l'ancienne cour, que le duc se plaisait à conserver. Arrêté en 1793, avec son épouse, et enfermés dans les prisons du Luxembourg, ils furent quelques mois après traduits devant le tribunal révolutionnaire << comme ennemis du peuple, complices du traître Capet, et >> distributeurs des sommes que »le tyran employait à soudoyer » les fanatiques; » ils furent condamnés à mort, et exécutés le 27 juin 1794. Le maréchal avait alors soixante-dix-neufans, et la duchesse soixante.

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NOBILIUS. Voyez FLAMINIUS. NOBLE (Eustache Le), baron de Saint-George et de Tenelière, né à Troyes en 1643, d'une famille distinguée, s'éleva par son esprit à la charge de procureurgénéral du parlement de Metz. Il jouissait d'une réputation brillante et d'une fortune avantageuse, qu'il dissipa en peu de temps, lorsqu'il fut accusé d'avoir fait à son profit de faux actes. Il fut mis en prison au Châtelet, et condamné à faire amenTOME XII.

de honorable et à un bannisse ment de neuf ans. Le Noble appela de cette sentence, qui n'était que trop juste, et il fut transféré à la Conciergerie. Gabrielle Perreau, connue sous le nom de la Belle Epicière, était alors en cette prison, où son mari l'avait fait mettre pour son inconduite. Le Noble la connut, l'aima, et se chargea d'être son avocat. Après bien des aventures peu honorables à l'un et à l'autre Le Noble fut banni de rechef pour neuf ans, mais quelque temps après il obtint la permission de revenir en France, à condition de ne point exercer de charge de judicature: pendant ce temps, il avait vécu avec la Perreau. Les malheurs de Le Noble ne l'avaient point corrigé. [Dans ses dernières années, il vécut des secours de M. d'Argenson, depuis garde-des-sceaux, qui lui envoyait un louis chaque semaine. ] Il fut déréglé et dissipateur toute sa vie, qu'il termina dans la misère en 1711, à 68 ans. Il fallut que la charité de la paroisse Saint-Severin fit enterrer cet homme, qui avait fait gagner plus de 100 mille écus à ses imprimeurs. On a de lui un grand nombre d'ouvrages, recueillis en 19 volumes in-12, par Brunet, imprimeur de Paris. On peut les diviser en trois classes: dans la première, nous placerons les ouvrages sérieux; dans la deuxième, les ouvrages romanesques, et dans la troisième les ouvrages poétiques. Dans le premier genre se trouvent: 1° l'Histoire de l'établissement de la république de Hollande. C'est un extrait, fait avec trop de précipitation et de partialité, de l'Histoire de Grotius, en 2 vol. in-12, Paris, 1689 et 1690,

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Cet ouvrage fut proscrit par les Hollandais. 2o Relation de l'état de Génes, Paris, 1685, in-12: ouvrage superficiel; 3° Traité de la monnaie de Metz, in-12. L'auteur y donne un Tarif de sa réduction avec celle de France. 4° Dissertation chronologique de l'année de la naissance de J.-C., Paris, 1693, in-12; 5° le Bouclier de la France, ou les Sentiments de Gerson et des canonistes touchant les différends des papes et des rois de France; cet ouvrage a aussi paru sous le titre de l'Esprit de Gerson. Tous ces boucliers, si multipliés depuis, ne sont que des épouvantails d'enfants; comme si l'Église n'avait pas plus souffert, et n'avait pas plus à craindre des entreprises de la puissance séculière que celle-ci de la part de l'Eglise. Si quelques pontifes ont commis quelques fautes en étendant leur pouvoir au-delà de ses bornes, on s'en est vengé sans modération, et pour maintenir quelque prérogative de l'autorité civile, on s'est efforcé de renverser tout l'édifice de la puissance spirituelle. « Dès que Rome, dit le >> comte d'Albon, a voulu exiger » au-delà de ce qu'on lui devait, » on lui a refusé même ce qui » lui était dû; quand elle a » donné dans les abus, on l'a » menacée de la priver de l'usage >> du pouvoir; quand à l'autorité » elle a joint les prétentions, on » lui a fait craindre de violentes >> injustices. Le sacerdoce n'a ja>> mais lutte contre l'empire, que » l'empire n'ait employé toutes ses forces pour fouler le sacer» doce; et au premier mouve>>ment que les pontifes ont sem» blé faire pour porter la main » au sceptre des Césars, les Cé»sars se sont efforcés pour s'é

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po

» lever jusqu'au trône des pon» tifes.» (Voyez SENKEMBERG.) 6° Une Traduction des Psaumes en prose et en vers, avec des réflexions et le texte latin à côté, ce qui forme un volume in-8° à trois colonnes; 7° Entretiens litiques sur les affaires du temps, ouvrage périodique plein de sail lies heureuses et de plaisanteries basses. On a de lui dans le second genre 10 Histoire secrète de la conjuration des Pazzi contre les Médicis; 2° La Fausse comtesse d'Isambert; 3° Mylord Courtenai; 4° Epicharis; 5° Idegerte, reine de Norwege; 6 Zalima; 7° Mémoires du chevalier Balthasar; 8° Aventures provinciales; 9° les Promenades; 10° Nouvelles africaines; 11° Le Gage touché; 12° L'Ecole du monde, ouvrage qui renferme beaucoup de bonne morale, mais écrit avec la légè reté propre à une production frivole; 13° l'Histoire du détrônenement de Mahomet IV. Ces différents ouvrages sont moitié romanesques et moitié historiques. On y trouve de loin en loin quelques morceaux intéressants, mais le total n'en vaut ordinairement rien. On a de lui dans le troisième genre: 1o des Traductions rampantes, en vers, des Satires de Perse et de quelques Odes d'Horace ; 2o des Contes et des Fables, en 2 vol. in-12. Cet ouvrage, plusieurs fois réimprimé, ne méritait pas tant d'empressement. Il y règne une prolixité froide, un ton familièrement bas, un style languissant. 3o Un Poème sur la destruction du temple de Charenton; 4° sur la destruction de l'hérésie, distribué en quatre livres; 5° des Comédies, qu'on ne joue plus; le bon comique y domine moins que la polissonnerie; 6o

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des Epitres, des Stances et des Sonnets, qui ne sont guère audessus du médiocre. Le Noble a encore traduit les curieux Voyages de Gémelli Carréri, Paris, 1727, 6 vol. in-12.

NOBLE (Pierre Le), substitut du procureur général du parle

ment de Rouen, mort en 1720, a donné un Recueil de plaidoyers sur des sujets utiles ou curieux.

NOBUNANGA, empereur du Japon, se distingua par sa valeur et ses victoires, reconnut les vertus des chrétiens et la sagesse de leur loi. Leur religion fleurit sous son empire; mais il ternit ses bonnes qualités par son orgueil, qu'il poussa jusqu'à se faire adorer comme un dieu. Il ne tarda pas d'en être puni. Ses sujets ré voltés l'attaquèrent et le brûlerent vif dans son palais avec son fils aîné, le 20 juin 1582. Une chose remarquable dans sa sacrilége apothéose, qui se fit dans un grand temple nouvellement érigé avec une solennité incroyable, c'est que tout l'empire y étant accouru, d'après des ordres sévères et menaçants, et pas un seul chrétien ne s'y étant trouvé, il ne témoigna aucun mécontentement contre eux. Un historien termine de la sorte la narration

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de sa mort tragique. « Telle fut » la fin du fier Nobunanga. Son » sort avait été jusque-là semblable à celui du superbe Nabu» chodonosor. Conquérant com» me lui, comme lui protecteur » de la véritable religion, il avait » voulu, comme lui, s'égaler à » Dieu; mais il n'eut pas comme » lui un châtiment de grâce, et » ne se reconnut pas. »

NOCÉTI (Charles), jésuite, né à Pontremoli dans le Génois, enseigna la théologie au collége

Romain, fut donné pour coadjuteur au P. Turano, pénitencier de Saint-Pierre, et fut un des examinateurs des évêques. Il mourut à Rome en 1759. On a de lui: Veritas vindicata, en 2 vol. C'est une critique de la Theologia christiana du P. Concina, qui fit beaucoup de bruit: il y venge avec force ses confrères, attaqués par le dominicain, qui paraît avoir excédé en critique et en censure par un zèle quelquefois plus vif que réfléchi. Nocéti était bon poète, comme on le voit par ses Eglogues et par les Poèmes sur l'arc-enciel et l'aurore boréale. C'est dans ses poésies que le célèbre Boscowich trouva l'exhortation dont il fut frappé, et à laquelle il fut si docile. Voy. son article. [Les poésies latines de Nocéti se trou

vent dans le Recueil des Arcades.]

NODOT (François), auteur qui n'est connu que par des Fragments de Pétrone, qu'il prétendit avoir trouvés à Belgrade en 1688, et qu'il publia à Paris en 1694. Il est bien difficile de se persuader que le latin de ces fragments soit celui du siècle de Pétrone. Voyez ce nom.

NOÉ, fils de Lameth, né l'an 2978 avant J.-C., fut juste, et trouva grâce devant le Seigneur, qui, voyant la malice des hommes, et la dépravation générale des mœurs qui couvrait d'abominations toute la terre, résolut d'abolir les criminels par un déluge général. Il ordonna à Noé de bâtir une arche pour se sauver du déluge, lui et toute sa famille, avec des bêtes et des oiseaux de toute espèce, mâles et femelles. Il marqua lui-même la forme, les mesures et les pro

portions de ce grand vaisseau; il devait être de la figure d'un coffre, long de 300 coudées, large de 50, et haut de 30; enduit de bitume, et distribué en 3 étages, dont chacun devait avoir plusieurs loges. Noé crut à la parole de Dieu, et exécuta ce qu'ilavait commandé. Après qu'il eut fait porter dans l'arche toutes les choses nécessaires pour la vie des hommes et des animaux.Sept jours avant le déluge, Dieu lui ordonna d'y entrer avec sa femme, ses trois fils, leurs femmes, et des animaux de toute espèce. Ce grand vaisseau les contint sans peine, et se trouva parfaitement proportionné au grand nombre de créatures qu'il devait renfermer. (Voyez BOREL, PELLETIER, WILKINS.) Noé était alors âgé de 600 ans. Le jour de la vengeance étant venu, la mer se déborda de tous côtés, et il tomba une pluie horrible pendant 40 jours et 40 nuits. La terre fut inondée et tout périt, excepté ce qui était dans l'arche (1). Après que les eaux eurent couvert la face de la terre pendant 150 jours, Dieu fit souffler un grand vent, qui commença à faire diminuer les eaux. Sept mois après le commencement du déluge, l'arche se reposa sur le Mont-Ararath, près de la ville d'Erivan. Le dixième jour du dixième mois, les sommets des montagnes se découvrirent, et 40 jours s'étant passés depuis que

(1) De mauvais physiciens ont prétendu qu'il n'y evait pas assez d'eau dans la nature pour former une telle inondation; mais le contraire a été plus d'une fois démontré. On sait que M. de Buffon, sans recourir à aucun agent surnaturel, a cru en trouver assez pour couvrir durant des siècles la surface du globe; si son hypothèse n'a pas été accueillie des savants, ce n'a pas été à raison du défaut d'eau. On peut voir tout ce qui regarde le déluge, ses effets, ses monuments, elc., dans le Catéchisme philosophique, n° 271; dans l'Examen impartial des Epoques de la nature, n°48; dans le Journ. histor. litt., 1780, 1er mars et suiv,

l'on eut commencé à les apercevoir, Noé ouvrit la fenêtre de l'arche, et lâcha un corbeau, qui ne rentra plus. Il envoya la colombe, qui, n'ayant pu trouver où asseoir son pied, revint dans l'arche; sept jours après, il la renvoya de nouveau, et elle revint portant dans son bec un rameau d'olivier, qui, dans ce chaos général, avait conservé la verdure de ses feuilles. Noé, déterminé à quitter l'arche, en sortit un an après qu'il y fut entré. On conçoit sans peine quel fut son étonnement quand il vit la surface de cette nouvelle terre, ravagée et dégradée d'une manière qui la rendait méconnaissable, et qui vérifiait par son aspect l'oracle du Seigneur, qui avait annoncé qu'elle serait détruite avec les hommes ( Dispergam eos cum terra, Gen. 8). Le choc de tant de mers, qui allaient et venaient, suivant l'expression de l'Ecriture, avec une impétuosité et une violence inconcevable, et cela l'espace d'une année entière, a dû détruire et produire des choses sans fin et sans nombre. Voyons seulement l'effet d'une grande marée, de celle, par exemple, qui, en 860, transporta le Rhin dans le lit de la Meuse, et réforma toute la surface de la Hollande; l'effetd'un simple tourbillon du courant d'air « qui » (au rapport de M. de Buffon), » creusa une fosse énorme, et >> couvrit tout un village de la >> terre emportée de cette fosse; » en sorte que l'endroit dont la » terre avait été enlevée parais>> sait un trou épouvantable, et » que le village fut entièrement >> enterré par cette terre transpor» tée. » Eh! qu'est-ce qu'une marée, qu'est-ce qu'un courant d'air contre toute la masse de

l'Océan, poussé tout à coup hors de l'abîme qui lui servait de lit, grossi de tout ce qu'il y a d'eau dans l'air et dans la terre, et répandu sur le globe entier avec toute la violence que la main de Dieu peut imprimer au plus fougueux élément? Le premier

soin de Noé fut de dresser un autel au Seigneur, et de lui offrir en holocauste un de tous les animaux purs qui étaient dans l'arche. Dieu fit une alliance éternelle avec lui, et voulut que l'arc-en-ciel en fût comme le signe: soit que ce météore n'existât point avant le déluge, comme quelques auteurs le prétendent, soit que ne paraissant que dans les temps pluvieux, il fût plus propre que tout autre signe, à rappeler la promesse faite à Noé, et à le rassurer contre une nouvelle inondation. Cette grande catastrophe du globe, décrite dans les saintes lettres avec tous les caractères de la vérité, empreinte pour ainsi dire de tons les traits qui forment le tableau de la nature actuelle, s'est conservée dans le souvenir de toutes les nations. « Point de vérité » historique dit un critique mo»derne mieux prouvée que celle » du déluge. Bérose le Chal» déen nous parle de l'arche qui » s'arrêta vers la fin du déluge » sur une montagne d'Arménie. » Nicolas de Damas, dans le 96a » livre de ses Histoires, dit qu'au » temps du déluge, il y eut un >> homme qui arrivant avec » une arche ou un vaisseau sur >> une haute montagne d'Armé» nie, échappa à ce fléau uni» versel, et que les restes de >> cette arche se sont long-temps » conservés sur cette montagne. » Abydène, auteur d'une His»toire des Chaldéens et des As

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syriens, donne de ce déluge

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» quantité de détails semblables » à ceux qu'en donne Moyse. » Qu'on lise le traité de Lucien » sur la déesse syrienne, on y

trouvera toutes les circonstances de ce terrible événement > aussi clairement et aussi énergiquement exposées que dans » le livre de la Genèse; ce qui » ne peut être que l'effet de la » tradition générale établie alors » chez les Orientaux. On verra » les mêmes choses dans le pre

mier livre des Métamorphoses » d'Ovide.Varron parle du temps » qui s'écoula depuis Adam jus» qu'au déluge,ab hominum prin»cipio ad cataclismum. Les Chi

nois disent qu'un certain Puen» Cuus échappa seul avec sa fa

mille du déluge universel. » Jean de Laët et Lescarbot rap» portent la tradition constante » du déluge parmi les Indiens » de l'Amérique. Boulanger con» vient que la plupart des usa

ges de l'antiquité sont autant » de monuments de la révolu» tion arrivée sur notre globe » par le déluge. Les divers dé» luges, dont les historiens et » les mythologistes ont fait men» tion, ne sont dans le fait que » celui de Noé, défiguré par des » traits qui n'empêchent pas

«

qu'on ne le reconnaisse très » distinctement, comme on peut » voir dans la savante disserta>>tion que M. Walsch a publiée » sur ce sujet.» Après le déluge, Noé semit à cultiver la terre, et il planta la vigné. Elle était connue avant ce temps-là; mais il fut le premier qui la planta avec ordre, et qui découvrit l'usage qu'on pouvait faire du raisin en exprimant, sa liqueur, Ayant donc fait du vin, il en but, et comme il n'en avait point encore éprouvé la force, il s'enivra et s'endormit dans sa tente,

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