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tes ces conjectures étaient bien odieuses. Les généraux de l'empereur pouvaient-ils craindre un jeune prince qui n'avait jamais combattu? Que gagnaient-ils à sa mort? Quel crime bas et honteux avaient-ils commis qui pût les faire soupçonner? L'intérêt que Catherine de Médicis avait

d'être reine de France est-il une raison assez forte pour lui imputer un crime sans des preuves positives? Quoi qu'il en soit, Montécucculi fut écartelé à Lyon en 1536. Quelques historiens ont tâché de laver sa mémoire, et ont prétendu que la véritable cause de la mort du dauphin François fut une pleurésie, et non le poison. La circonstance où il but l'eau demandée à Montécucculi vient très fort à l'appui de cette justification. [Au reste, l'histoire a lavé CharlesQuint de ce crime odieux.]

MONTECUCCULI (Raimond de), né dans le Modénois, en 1608, d'une famille distinguée, porta d'abord les armes comme simple soldat sous Ernest Montécucculi, son oncle, qui commandait l'artillerie de l'empereur. Le neveu ne parvint au commandement qu'après avoir passé par tous les degrés de la milice. La première action qui fit briller le courage du jeunè héros fut en 1644. A la tête de deux mille chevaux, il surprit, par une marche précipitée, dix mille Suédois, qu'il contraignit d'abandonner leur bagage et leur artillerie. Le général Bannier, instruit de cette défaite, tourna ses armes contre le vainqueur, et le fit prisonnier. Celui-ci sut mettre à profit le temps de sa captivité, qui fut de deux années. Une lecture continuelle agrandit la sphère de ses idées,

et assura ses succès en augmentant ses connaissances. A peine eut-il obtenu sa liberté, qu'il se vengea de sa prison par la défaite du général Wrangel, qui périt dans une bataille en Bohême. Après la paix de Westphalie, Montécucculi passa en Suède, et ensuite à Modène, où il assista aux noces du duc. Cette fête fut marquée par un événement bien triste pour lui: il eut le malheur de tuer dans un carrousel le comte Monzani, son ami, sa lance, poussée avec trop de force, ayant percée la cuirasse de cet infortuné courtisan. Le chagrin qu'il en ressentit hâta son retour en Allemagne. L'empereur attacha entièrement Montécucculi à son service en 1657, par le titre de maréchal de camp général. Jean Casimir, roi de Pologne, ayant été attaqué par Ragotzki prince de Transylvanie, et par la Suède, Montécucculi fut envoyé à son secours; il battit les Transylvains et prit Cracovie sur les Suédois. CharlesGustave, roi de Suède, ayaut tourné ses armes contre le Danemarck, Montécucculi eut le bonheur de prendre plusieurs places sur l'agresseur, et délivra Copenhague par terre, avant que les Hollandais y eussent jeté du secours par mer. La paix, fruit de ses victoires, ne le laissa pas long-temps oisif. Le vainqueur de Ragotzki devint son défendeur contre les Ottomans. Il les força d'abandonner la Transylvanie, et rompit par une sage lenteur toutes les entreprises d'une armée formidable, jusqu'à l'arrivée des Français, qui l'aidèrent à vaincre les Turcs à la célèbre journée de Saint-Gothard, en 1664. Cette victoire amena la paix, et ce qui peut pa

raître étonnant, une paix peu avantageuse; mais l'armée impériale était si mal disciplinée, et composée de tant de nations et de milices diverses, faisant un ensemble mal uni et si difficile à diriger par le général le plus habile, qu'on jugea convenable de finir la guerre à tout prix. Montécucculi fut récompensé par la place de président du conseil de guerre de l'empereur Léopold. La guerre s'étant allumée quelque temps après entre la Frauce et l'Empire, Montécucculi fut mis en 1673 à la tête des troupes destinées à arrêter les progrès des Français. La prise de Bonn, et la jonction de son armée à celle du prince d'Orange, malgré Turenne et Condé, lui acquirent beaucoup de gloire, et arrêtèrent la fortune de Louis XIV, après la conquête de trois provinces de Hollande. On lui ôta pourtant le commandement de cette armée l'année suivante; mais on le lui rendit en 1675, pour venir sur le Rhin faire tête à Turenne. Les deux généraux passèrent quatre mois à se suivre, à s'observer dans des marches et dans des campements, plus estimés que des victoires par les officiers allemands et français. L'un et l'autre jugeaient de ce que son adversaire allait tenter par les marches que lui-même eût voulu faire à sa place, et ils ne se trompèrent jamais. Ils opposaient l'un à l'autre la patience, la ruse et l'activité. Les maîtres de l'art admiraient les judicieuses et profondes manoeuvres des deux héros, sans prévoir où elles aboutiraient, lorsqu'un boulet de canon, qui tua le général français près du village de Saltzbach en 1675, fit le dénoûment de cette brillante scène. Il n'y

avait que le prince de Condé qui pût disputer à Montécucculi la supériorité que lui donna la mort de Turenne. Ce prince fut envoyé sur le Rhin, et après avoir essuyé quelque perte, il arrêta le général impérial, qui ne laissa pas de regarder cette dernière campagne comme la plus glorieuse de sa vie : non qu'il eût été vainqueur; mais pour n'avoir pas été vaincu, ayant à combattre Turenne et Condé. Il passa le reste de sa vie à la cour impériale, occupé du bien de l'état, et des moyens d'en soutenir la gloire. Il mourut à Lintz, en 1680, à 72 ans. Comme le défaut de discipline avait été la cause de presque toutes les défaites des impériaux en Hongrie, il avait donné à cet objet tous ses soins, et c'est à lui que la maison d'Autriche doit les brillants succès de ses armes depuis le siége de Vienne, qui eut lieu trois ans après sa mort. Victor-Amédée, duc de Savoie, se plaisait à raconter le trait suivant. Montécucculi avait dans une marche donné ordre, Sous peine de mort, que personne ne passât par les blés. Un soldat revenant d'un village et ignorant les défenses, traversa un sentier qui était au milieu des blés. Montécueculi, qui l'aperçut, envoya ordre au prévôt de l'armée de le faire pendre. Cependant ce soldat qui s'avançait allégua au général qu'il ne savait pas les ordres. Que le prévôt fasse son devoir, répondit Montécucculi. Comme cela se passa en un instant, le soldat n'avait pas encore été désarmé. Alors, plein de fureur, il dit: Je n'étais pas coupable, je le suis maintenant; et tira son fusil sur Montécucculi. Le coup manqua, et Montécucculi

lui pardonna. Il reste de lui des Mémoires en italien, traduits en français par Adam; ils sont utiles aux militaires et aux historiens. Les meilleures éditions de cet ouvrage sont celles de Paris, 1 vol. in-12, 1746, et avec les Commentaires de Turpin de Crissé, 3 vol. in-4°, fig., 1769; et d'Amsterdam, 3 vol. in-3, fig., ., 1770. On peut consulter pour plus de détails sur ce grand capitaine, 'Eloge qui en a été fait par le comte Aug. Paradisi. (Voy. Condé et Turenne). Montécucculi faisait d'assez beaux vers; il était membre de l'académie italienne, établie à Vienne; et il contribua à l'établissement de celle des curieux de la nature. MONTEGUT (Jeanne de Ségla, épouse de M. de), trésorier de France de la généralité de Toulouse, naquit dans cette ville en 1709, et y mourut en 1752. Ses OEuvres, parmi lesquelles on trouvé quelques Essais de JeanFrançois de Montégut son fils, ont été publiées à Paris en 1768, en 2 vol. in-8°. Il y a dans cette collection peu de poésies galantes; elles sont presque toutes morales ou chrétiennes, et souvent de simples tributs de sour société

ou d'amitié; mais on y trouvera du naturel, de la douceur, et beaucoup de facilité. Le premier volume offre des Odes, des Epitres, des Idylles, des Pièces fugitives. Le second renferme une Traduction presque complète, en vers français, des Odes d'Horace. Cette version est en générale élégante et fidèle; il y a quelques odes rendues avec génie. On désirerait quelquefois plus de force et de coloris. Le talent de madame de Montégut, pour la poésie se développa tard; mais il fut bientôt perfec

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tionné. Elle remporta trois prix à l'académie des Jeux floraux, et fut déclarée Maitresse des jeux : titre que l'on accorde aux athlètes honorés d'une triple couronne. Ce que ses écrits ont de précieux, c'est qu'on y découvre l'empreinte de son âme noble, sincère, sensible, nourrie des principes d'une saine philosophie, et pénétrée d'attachement pour la religion. Quoiqu'elle possédât le latin, l'anglais, l'italien, et qu'elle fût versée dans les sciences et dans les belles-lettres, elle cachait ses lumières avec autant de soin que d'autres en prennent à les étaler. Sa parure était simple et décente, son maintien noble et modeste. Un homme éclairé, vertueux et austère, dit en parlant d'elle : C'est la seule femme à qui je pardonne d'étre

savante.

MONTEIL (Aymard de), évêque du Puy et légat du pape Urbain II dans l'armée des croisés, mourut à Antioche en 1098, fort regretté de toute l'armée chrétienne, , pour sa prudence et pour l'autorité qu'il s'était acquise. Il était le conseil des grands, le soutien des petits, et l'arbitre des différends qui naissaient entre les princes. Il avait une tendre dévotion envers la sainte Vierge; et l'on croit qu'il composa en son honneur le Salve Regina, que les anciens auteurs nomment quelquefois l'Antienne du Puy. Cependant les historiens ne s'accordent pas sur ce point. Albéric, dans sa Chronique, le lui attribue, et ajoute qu'il supplia le chapitre de Cluny de l'insérer dans l'office; ce qui lui fut accordé. Guillaume Durand le donne à Pierre, évêque de Compostelle; d'autres en font honneur à Herman Contract.

MONTEIL. Voyez GRIGNAN. MONTE-MAJOR (George de), célèbre poète, ainsi nommé de Mont-Major, lieu de sa naissance, auprès de Coïmbre, naquit vers 1520; il suivit quel que temps la cour de Philippe II, roi d'Espagne. Il prit le parti des armes, sans abandonner ni la poésie ni la musique, pour laquelle il avait aussi beaucoup de talent. Le Parnasse espagnol le perdit vers 1560. On a de lui des poésies sous le titre de Cancionero, 1554, 2 vol. in-8°, et une espèce de poème en prose, intitulé La Diane, 1602, in-8°. [Ce poème pastoral inspira au fameux Cervantes le sujet de sa Galatée, imitée par Florian. ] II

Y a dans ses ouvrages de l'esprit et de la délicatesse. Les étrangers s'empressèrent de se les approprier en les tradui

sant.

MONTENAULT D'ÉGLY (Charles-Philippe de), Parisien, né en 1696, membre de l'académie des belles-lettres, rédigea long-temps le Journal de Verdun, et mourut à Paris en 1749. On a de lui: 1° l'Histoire des rois des Deux-Siciles de la maison de France, en 4 vol. in-12, 1741: ouvrage estimé par l'exactitude et la simplicité qui y règnent; 2° La Callipedie, ou la Manière d'avoir de beaux enfants, traduite en prose du poème latin de Claude Quillet, in-12, Cette version est non-seulement peu littérale, mais écrite sans génie, sans goût, sans grâces et sans aménité. Le traducteur n'a saisi ni la lettre ni l'esprit de son original, qui est écrit en vers et en vers latins.

MONTERCHI (Joseph), Romain, né vers 1630, mort au commencement du xvine siècle, se

rendit habile dans les antiquités, et mérita par ses connaissances dans cette science, de devenir bibliothécaire du cardinal Carpegna. Les antiquaires font quelque cas d'un livre italien qu'il donna sur cette matière, sous ce titre: Scelta de' medaglioni più rari del cardinal Carpegna, in-4°, Rome, 1679. Voyez le Giornale de' letterati di Roma, même année.

MONTEREAU (Pierre de), s'est rendu célèbre par plusieurs ouvrages d'arthitecture. Il était de Montereau, et mourut, selon quelques anteurs, l'an 1266, et selon d'autres en 1289. C'est cet architecte qui a donné les dessins de la Sainte-Chapelle de Paris; de la chapelle de Vincennes; du réfectoire, du dortoir, du chapitre, et de la chapelle de Notre-Dame, dans le monastère de Saint-Germain-des-Prés. Il fut enterré dans l'église de cette abbaye, et était représenté sur sa tombe avec un compas et une règle à la main.

MONTESPAN Voyez ROCHECHOUART Françoise-Athénaïs.

MONTESQUIEU (Charles de Secondat, baron de la Brède et de), d'une famille distinguée de Guienne, naquit au château de la Brède, près de Bordeaux, le 18 janvier 1689. Un oncle paternel, président à mortier au parlement de Bordeaux, ayant laissé ses biens et sa charge au jeune Montesquieu, il en fut pourvu en 1716. Sa compagniele chargea six ans après, en 1722, de présenter des remontrances à l'occasion d'un nouvel impôt, dont son éloquence et son zèle obtinrent la suppression. L'année d'auparavant, il avait mis au jour ses Lettres persannes, satire où les choses les plus sain

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tes ne sont pas plus épargnées que les vices, les travers, les ridicules, les préjugés et la bizarrerie des Français. La mort de Sacy, traducteur de Pline, ayant laissé une place vacante à l'académie française, Montesquieu, qui s'était défait de sa charge, et qui ne voulait plus être qu'homme de lettres, s'y présenta pour la remplir. Le cardinal de Fleury, instruit par des personnes zélées, des plaisanteries du Persan sur les dogmes, la discipline et les ministres de la religion chrétienne, lui refusa son agrément. Montesquieu, devinant sans peine la raison de ce refus, fit faire (si on en croit Voltaire) en peu de jours une nouvelle édition de ces Lettres, où les passages blâmables étaient adoucis ou supprimés. Cette espèce de rétractation, et les instances de quelques personnes de crédit, et surtout du maréchal d'Estrées, pour lors directeur de l'académie française, ramenèrent, dit-on, le cardinal, et Montesquieu entra dans cette compagnie. Son Discours de réception fut prononcé le 24 janvier 1728. Le dessein que Montesquieu avait formé de peindre les nations dans son Esprit des Lois l'obligea de les aller étudier chez elles. Après avoir parcouru l'Allemagne, la Hongrie, l'Italie, la Suisse et la Hollande, il se fixa près de deux ans en Angleterre. De retour dans sa patrie, il mit la dernière main à son ouvrage sur la cause de la Grandeur et de la Décadence des Romains, qui parut en 1734, in-12. L'auteur trouve les causes de la grandeur des Romains dans l'amour de la liberté, du travail et de la patrie; dans la sévérité de

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la discipline militaire; dans le principe où ils furent toujours de ne faire jamais la paix qu'après des victoires. Il trouve les causes de leur décadence dans l'agrandissement même de l'état; dans le droit de bourgeoisie accordé à tant de nations; dans la corruption introduite par le luxe de l'Asie; dans les proscriptions deSylla,etc.;mais quelques-unes de ses raisons, la dernière entre autres, sont plutôt les suites que les causes de la décadence que l'auteur prétend expliquer; on dit aussi qu'il a beaucoup profité d'un ouvrage anglais, écrit sur le même sujet, par Walter Moyle, et publié à Londres en 1726, 2 vol. in-8° ouvrage qu'il ne cite pas, et qu'il a copié quelquefois peut-être avec trop de confiance. L'Esprit des Lois fut publié en 1748, en 2 vol. in-4". Ouvrage qui présente des vues vastes, des réflexions profondes et lumineuses, une grande connaissance des gouvernements, d'excellentes réfutations des paradoxes, par lesquels des écrivains plus singuliers que solides ont prétendu faire admirer le gouvernement turc, et d'autres tristes produits du despotisme oriental. Voltaire, cet homme si jaloux de tout autre mérite que le sien a appelé l'auteur Arlequin Grotius, et Linguet a nommé l'Esprit des Lois, l'ouvrage d'un petit-maître français qui lisait fort légèrement. Ces jugements sont un peu sévères; mais il faut convenir que l'auteur est peu exact, qu'il adopte d'anciennes idées qu'il donne pour neuves, et qu'il y attache une confiance que souvent elles ne méritent pas. C'est ainsi que son système des climats, qui fait une partie con

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