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s'est obligé de démontrer en toute rigueur qu'il y a des corps. Quand il me réduirait sur cela à ne point répondre à ses demandes, il ne sait pas ce que c'est que démonstration ou ce que j'ai voulu dire lorsque j'ai rejeté la démonstration de M. Descartes, pour conclure de là que je n'ai pas eu raison de dire qu'on n'avait point démontré l'existence de la matière. Au reste, je ne me suis point arrêté à faire voir la difficulté qu'il y a de démontrer l'existence des corps pour chicaner inutilement les hommes sur leurs préjugés, mais uniquement pour tâcher de leur faire comprendre « qu'il n'y a que la sagesse éternelle qui puisse les éclairer, et que toutes les connaissances sensibles auxquelles notre corps a quelque part, sont trompeuses ou du moins qu'elles ne sont point accompagnées de cette lumière qui force l'esprit à s'y soumettre,» ainsi que j'ai dit en ce même endroit, car rien n'est plus propre que cette vérité pour donner à l'esprit quelque force et quelque élévation.

CONCLUSION.

Vous serez, Monsieur, peut-être surpris que ma réponse soit aussi courte qu'elle est; car assurément je ne dis pas la dixième partie des choses qu'il y aurait à répondre au livre des Vraies et des Fausses Idées; mais j'épargne mon temps, celui du lecteur, et, vous le croirez si vous voulez, la réputation de M. Arnauld. Il n'est pas juste de maltraiter inutilement ceux qui nous attaquent et qui nous maltraitent, quoique sans sujet. Il suffit de se défendre et de ne les blesser que pour se mettre à couvert de leurs insultes. Je sais de plus, que je ne puis pousser M. Arnauld sans remuer les passions de beaucoup de gens, dont les uns s'animeraient contre moi et les autres contre lui, et il faut, autant qu'on le peut, épargner au monde ce plaisir malin qu'on ne prend que trop à voir battre les gens; car cela corrompt l'esprit et le cœur, comme les spectacles, beaucoup plus qu'on ne s'ima

gine. Enfin, je suis persuadé que si le peu que j'ai écrit ne suffit pas pour mettre mon sentiment à couvert des attaques de M. Arnauld, un plus gros livre, qu'on lirait moins et qu'on n'entendrait pas mieux, y serait aussi fort inutile dans l'entètement ou le dévouement où je vois certaines personnes. Mais si M. Arnauld croit avoir mieux réussi dans quelque chapitre particulier que dans tous les autres, je le prie qu'il me le marque, et je l'examinerai, je crois, de telle manière qu'on verra bien que, si je n'ai pas répondu en particulier à tous les raisonnements qu'il a faits, ce n'est pas que je manquasse de réponse, mais plutôt qu'ils n'en méritaient aucune après les choses que j'avais déjà expliquées. Je crois devoir rendre ce témoignage à la vérité, que je n'ai rien vu dans le livre de M. Arnauld, qui me donne le moindre sujet de douter des sentiments qu'il combat; et je prie ceux qui ne conçoivent pas distinctement ni mon sentiment ni les preuves que j'en donne, de suspendre leur jugement jusqu'à ce que, l'ayant examiné à fond et sur les principes que j'ai expliqués dans la Recherche de la Vérité et dans les Méditations chrétiennes, l'évidence leur donne droit de décider et de juger.

DÉFENSE D'ARNAULD

CONTRE

LA RÉPONSE DE MALEBRANCHE

On a publié sous ce titre à Cologne (Bruxelles), chez Nicolas Schouten, en 1684, un volume in-12, contenant plusieurs lettres d'Arnauld à M. le marquis de Roucy, dans lesquelles il réfute les arguments que le P. Malebranche avait opposés aux siens. Nous donnons en entier la première lettre, qui sert d'introduction, et qui roule sur des points importants de métaphysique, et nous extrayons de la cinquième partie de la Défense proprement dite, un long passage qui complète la discussion relative à l'étendue intelligible. Nous avons supprimé les quatre premières parties dans lesquelles Arnauld ne réfuté que des reproches personnels.

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Nous nous bornons à en transcrire les titres: PREMIÈRE PARTIE. - Endroits de la Réponse que l'on prétend étre faux, injurieux, téméraires ou pleins de mépris, et d'une fierté dédaigneuse, rapportés mot à mot, sans glose et sans commentaire. SECONDE Partie. – Récit fidèle et exact de tout ce qui s'est passé entre le P. Malebranche et M. Arnauld, par rapport au Traité de la Nature et de la Grâce. TROISIÈME PARTIE. Refutation de tout ce que dit l'auteur de la Réponse pour appuyer ses reproches personnels contre M. Arnauld, de chagrin, de passion, d'attache à ses opinions erronées, au préjudice de la vérité. QUATRIÈME PARTIE. Qu'il n'y a rien dans le livre des Idées qui ait pu donner sujet à l'auteur de la Réponse de traiter M. Arnauld aussi injurieusement qu'il l'a fait.

Quant à la cinquième Partie, nous n'en avons donné que la première moitié le reste a trait à quelques points d'une moindre importance, ou dont la discussion présente moins de difficultés : tels que la conformité que Malebranche veut établir entre sa doctrine et celle de saint Augustin, et son opinion sur la nécessité du témoignage des livres saints pour fonder notre croyance au monde extérieur.

STRENGS H

PHILOSOOF

IN NATUURKUNDE

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