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d'autant plus que, aux termes des lois, aucune femme ne pourrait jamais exercer l'autorité royale en Norvége, ni même y prendre aucune part quelconque; et que, par ces motifs, il ne croyait pas pouvoir procéder au sacre et au couronnement de Sa Majesté la reine Eugénie.

Le ministre de l'intérieur nomma une commission chargée d'examiner la question, et cette commission émit un avis contraire à celui de l'évêque de Drontheim, en rappelant à l'appui de son avis que, en 1832, ce même prélat, qui alors était député au storthing, parla dans cette assemblée en faveur de la proposition faite au storthing, de présenter à la reine douairière, qui avait déjà été couronnée en Suède, une adresse pour supplier Sa Majesté de se faire sacrer et couronner aussi en Norvége, adresse qui fut transmise à Sa Majesté, qui cependant ne jugea pas à propos de se rendre à l'invitation qu'elle contenait.

Le ministre de l'intérieur soumit au roi toutes les pièces de l'affaire, et Sa Majesté, par un rescrit, chargea le ministre de demander à M. Riddervold, évêque de Drontheim, si son refus de sacrer et de couronner la reine était fondé sur des scrupules purement religieux ou sur des opinions politiques.

Cette question fut soumise à M. Riddervold, qui répondit purement et simplement qu'il ne pouvait sacrer et couronner aucune reine de Norvége, et que si, en 1832, il avait émis dans le storthing une opinion différente, c'est qu'à cette époque il n'avait pas approfondi la matière comme il l'avait fait depuis, lorsqu'il avait été appelé à remplir lui-même cette cérémonie religieuse.

Là en resta l'affaire pour cette année.

Les caisses d'épargne de la Norvége, dont la population, d'après le dernier recensement, se compose de 1,327,959 individus, possédaient le 31 mars 3,275,000 écus de spécies (16,375,100 fr.), dont 1,022,000 écus (5,110,000 fr.) se trouvaient dans la caisse d'épargne de Christiania, qui a 25,000 habitants; 714,000 écus (3,570,000 fr.) dans celle de Drontheim,

qui a 13.000 habitants, et 670,000 écus (3,350,000 fr.) dans celle de Bergen, qui a 21,000 habitants.

Ces chiffres prouvaient combien ces établissements sont en faveur dans les classes laborieuses de la Norvége.

DANNEMARK.

Depuis longtemps les duchés allemands de Holstein, Slesvig et Lauenbourg, rèvent une séparation d'avec la couronne de Dannemark et une union scandinave. C'est au moins le désir d'un parti, tandis que l'autre prétend à l'indépendance et veut que les trois duchés forment un nouvel État dans la confédération germanique.

Mais ces espérances d'une nouvelle union de Calmar semblent avec raison, pour les Danois, menacer dans l'avenir l'inté grité du royaume de Dannemark. Une résolution du roi vint rassurer les Danois tout en produisant une émotion profonde dans le parti allemand.

Une lettre patente parut à la date du 8 juillet.

Sa Majesté y déclarait que les droits de la couronne sur le duché de Lauenbourg étaient hors de toute contestation. Quant au Slesvig, le doute n'était point non plus possible, et Sa Majesté invoquait en preuve la patente du 22 août 1721, les garanties données par l'Angleterre et la France le 14 et le 23 juin 1721, et les traités conclus avec la Russie le 22 avril 1767 et le 1er janvier 1773.

La déclaration était moins explicite en ce qui concernait le Holstein, et Sa Majesté reconnaissait des circonstances qui l'empêchaient de se prononcer aussi positivement. Tout en se réservant d'en juger plus tard, elle promettait que les priviléges des duchés seraient respectés.

L'âge avancé et la santé chancelante du roi Christian VIII (né en 1786) donnaient tous les jours une gravité plus réelle à la question de succession au trône de Dannemark. La déclaration royale, loin de résoudre cette question, n'avait fait que la

compliquer encore. De tous côtés, l'opinion publique s'émut en Allemagne; des protestations se firent entendre dans la presse et dans les chambres. La cause de l'indépendance des duchés de Holstein, de Slesvig et de Lauenbourg, c'était la cause de l'unité territoriale allemande; c'était aussi l'avenir commercial du zollverein, qui se trouverait compromis par la perte des duchés. Leur position, qui domine d'un côté l'Elbe, de l'autre une partie du Sund, en fait un point central où aboutissent toutes les lignes de communication entre le sud-est et le nord-est, d'une part, entre le sud-ouest et le nord-ouest, de l'autre. Mais, surtout au point de vue maritime, il y avait là une question vitale pour l'association allemande. L'embouchure de l'Elbe et le golfe de Kiel attirent tous les jours de plus en plus les produits et les marchandises de l'Allemagne. La Prusse, tête du zollverein, ne pouvait done ne pas s'émouvoir à l'approche d'éventualités aussi menaçantes (1).

Le duché de Slesvig, devenu, en 1721, partie intégrante de la monarchie danoise, avait pourtant conservé, ainsi que les duchés de Holstein et de Lauenbourg, une administration particulière, réclamée par la nature même des choses pour une population d'origine différente de celle du royaume de Dannemark. Mais, à part cette administration spéciale, le Slesvig avait perdu tous les droits et priviléges dont il avait joui jusqu'à cette époque.

La révolution française de 1830 eut seule le pouvoir, par l'émotion profonde qu'elle excita dans toute l'Europe, d'engager S. M. le roi Christian VIII à octroyer, en date des 28 mai

(1) La Prusse a non-seulement ici à soutenir les droits et les intérêts de l'Allemagne, mais aussi ses droits et ses propres intérêts. Le duché de Holstein appartenait, en effet, à la maison de Brandebourg, par Joachim ler, électeur, qui, en s'alliant, en 1502, à la famille de Slesvig-Holstein, l'avait obtenu à titre de fief. Cette cession fut confirmée depuis par tous les empereurs, et la formule de la confirmation est assez explicite, comme on peut s'en convaincre en compulsant Schweder theatrum prætentionum ; Leipzig, 1727, t. 1, p. 990.

1831, tant au royaume de Dannemark, qu'aux duchés annexés de Slesvig, Holstein et Lauenbourg, des diètes provinciales dont les attributions, en ce qui concernait le duché de Slesvig, différaient essentiellement de celles exercées par les anciens états généraux du duché. Telle était l'étendue des priviléges et des prérogatives accordés jadis à ces derniers, qu'ils possédaient entre autres droits celui de choisir parmi les rejetons de la ligne directe le plus digne de porter la couronne, et par conséquent d'exclure le prince premier-né, s'il leur paraissait ne pas offrir de garanties suffisantes.

Dans l'état nouveau des choses, la diète du duché de Slesvig n'a qu'une voix consultative dans les affaires, que la couronne de Dannemark lui fait connaître par l'organe du commissaire royal chargé de diriger les délibérations de la diète, qui se réunit tous les deux ans à Slesvig. La diète vote les impôts, mais elle n'a pas la faculté de les refuser; elle a le droit de pétition, mais elle ne peut prendre l'initiative d'aucune mesure législative, les attributions du pouvoir législatif et exécutif étant entièrement concentrées dans la couronne. Les délibérations ont lieu à huis clos et ne peuvent être rendues publiques qu'avec l'autorisation du gouvernement.

Tel était l'état de la question, lorsque parut la lettre patente du 8 juillet (voyez le texte aux Documents historiques, Appendice, p. 133).

L'assemblée des états de Holstein adopta, dans la séance du 24 juillet, à la majorité de 44 voix contre 2, une adresse au roi en réponse à sa lettre patente. Une réunion nombreuse avait eu lieu, quelques jours avant, le 20 juillet, à Neumünster, dans laquelle une pétition avait été votée aux états pour leur recommander la défense des droits des duchés. Le gouvernement, en ouvrant la session des états, leur ayant défendu de présenter des pétitions sur cette question, les états protestèrent à la fois contre la lettre patente et contre la défense royale.

Dans cette pièce (voyez le texte aux Documents), l'assemblée discutait la lettre patente. Elle pensait que le roi, en se

prononçant dans le sens de l'opinion exprimée par les états danois, contre laquelle les états du Holstein avaient protesté en 1844 (voyez l'Annuaire), avait sacrifié injustement les droits des duchés allemands; la déclaration royale avait été faite sans que les princes ayants droit eussent été consultés.

Quant au désir exprimé par Sa Majesté de conserver intacte l'indépendance de la monarchie danoise, l'orgueil national du peuple danois pouvait être flatté de voir les frontières de Dannemark reculées jusqu'à l'Elbe; mais le Holstein avait beaucoup. moins à cœur l'idée de la monarchie danoise. Il était allemand, et voulait avant tout voir assurer l'intégrité de son pays comme portion de la patrie allemande. Il ne s'agissait pas ici de la séparation des autres parties réunies sous une même dynastie, les états de Holstein l'avait déclaré plusieurs fois; mais ils voulaient que la réunion reposât sur un droit, et non pas sur une simple déclaration unilatérale. Le duché de Holstein voulait appartenir à la monarchie danoise comme État souverain jouissant de droits égaux, et non pas comme province danoise. Pour assurer d'une manière durable la tranquillité dans le pays, il fallait reconnaître l'indépendance du duché, et pour cela il fallait que l'armée et les finances fussent séparées, que le duché fut représenté d'une manière équivalente au conseil d'État de la monarchie danoise, que les intérêts allemands ne fussent pas sacrifiés aux intérêts danois, que les plaintes et les représentations fussent entendues et prises en considération. Tant que ces points ne seraient pas accordés, les états pensaient qu'il serait difficile de compter sur la tranquillité des esprits.

L'adresse renfermait ces remarquables paroles :

Sire, nous savons bien que les droits de la maison princière dans le duché ne peuvent être ni écartés ni lésés légalement par la lettre patente; nous savons bien que la position politique du duché de Holstein, comme Etat souverain dans la confédération germanique, doit être protégée par cette confédération tant au dehors qu'au dedans; nous savons que la sympathie de nos frères aliemands nous est acquise et que nous pouvons compter sur elle. Mais, sire, vos fidèles sujets ne pouvaient jamais croire que le gouvernement voulût plus longtemps suivre la voie si contraire au bien du pays dans les points fondamentaux.»

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