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où ce dernier languissait sous un régime vexatoire et oppressif; mais ce bienfait eût été plus, complet, si toutes les suppositions et toutes les espérances sous l'influence desquelles les conventions avaient été négociées avaient pu s'accomplir.

Aussi, dans une note adressée par le prince de Metternich aux gouvernements de France et d'Angleterre, pour les engager à examiner en commun le système qu'il faudrait recommander à la Porte, dans la révision de son tarif, le gouvernement autrichien signalait-il le retour à l'ancien principe d'égalité d'impôt, comme le moyen d'écarter une partie des difficultés.

L'impossibilité qui était résultée pour la Porte d'établir un régime uniforme en matière de douanes, pour toutes les nations européennes et pour toute l'étendue de ses États, les lignes de douanes élevées dans l'intérieur, et surtout l'immense fraude enfantée par le nouveau système, avaient porté un grave préjudice au commerce et au trésor de la Turquie, tandis que plusieurs branches de l'industrie indigènes succombaient dans une lutte inégale avec la concurrence étrangère.

Selon le gouvernement autrichien, ces inconvénients disparaîtraient en grande partie avec le retour au principe d'égalité de l'impôt, dans lequel reposaient depuis des siècles les rapports commerciaux des puissances européennes avec l'empire ottoman dans toute son étendue, et qui, moyennant une élévation de l'ancien taux, répondrait également aux besoins de la Porte et du commerce européen. On verrait, du moins, ainsi cesser les obstacles, que la disparité des intérêts européens et la diversité des institutions administratives dans une partie de la Turquie opposaient jusqu'à ce moment à l'exécution uniforme des nouvelles stipulations. En établissant des bases parfaitement identiques pour le commerce de toutes les puissances, on aurait l'avantage d'opposer à tout essai d'infraction la force d'une volonté commune, et la Porte elle-même y trouverait un moyen puissant de se faire obéir dans les provinces où son autorité isolée est devenue plus ou moins inefficace. Le retour à ce

principe d'égalité de l'impôt, sous le point de vue politique, paraissait également avantageux à la Turquie, et semblait fait pour concilier ses intérêts avec ceux du commerce européen. A l'aide d'un pareil système, le gouvernement ottoman pourrait introduire un régime uniforme, simple et propre à réprimer les abus et la contrebande, et il y puiserait en outre des ressources susceptibles du plus grand développement, car l'industrie indigène, tant agricole que manufacturière, y gagnerait plus de facilité pour l'écoulement de ses produits à l'étranger, et pour leur débit sur les marchés de l'intérieur. Le développement qu'on verrait prendre aux ressources du pays et du gouvernement sous l'impulsion salutaire d'une telle mesure, répondrait tout à fait aux intentions bienveillantes que les puissances européennes n'ont cessé de témoigner pour le bien-être de l'empire ottoman, et elles ne se verraient plus exposées au reproche d'avoir contribué, par les conventions de l'an 1838, à la ruine de plusieurs branches de l'industrie du pays, et à la misère d'une partie de la classe manufacturière.

Dans le Liban, Chekib-Effendi et Emin-Pacha, chargés par la Porte d'organiser le système administratif de ce malheureux pays, rencontraient toujours des obstacles sérieux dans l'accomplissement de leur mission. Les impôts, fixés à 3,500 bourses par an, furent répartis de la manière suivante: 1980 bourses sur le pays administré par le caïmacan chrétien, et 1520 bourses pour celui administré par le caïmacan druse. On accorda en même temps aux chefs indigènes le droit de prélever en leur propre faveur 8 p. 100 sur les impôts perçus, ce qui donnait une somme totale de 280 bourses; mais, habitués à rançonner le pays, les chefs indigènes refusèrent d'adhérer à cet arrangement.

Il n'était pas plus facile d'organiser les deux divans mixtes qui, d'après un arrangement concerté entre la Porte et les grandes puissances, devraient être attachés l'un au caïmacan chrétien, l'autre au caïmacan druse.

Le point de départ et la base des négociations suivies depuis

1843 avec la Porte par le gouvernement français, c'est, on le sait, la proposition d'un système d'administration indigène pour le Liban, consistant dans la nomination d'un chef chrétien pour les Maronites, et d'un chef druse pour les Druses. Ce système, mis à l'essai et appliqué par la Porte, il faut le dire, avec un esprit de partialité visible pour les Druses contre les Maronites, 7 n'avait produit aucun résultat satisfaisant. Mais il fallait espérer que l'insuffisance même du remède appellerait de nouveau l'attention des puissances sur l'état de la Montagne, et solliciterait des mesures plus énergiques, plus décisives.

La note adressée par la Porte aux puissances, le 7 décembre 5 1842, laissait une porte ouverte à des négociations nouvelles. Il y est dit, en effet, que l'institution des deux caïmacans ne *sera considérée que comme une disposition transitoire vers l'adoption d'un régime meilleur, si l'inefficacité de cet essai venait à être reconnue. Le gouvernement français et les autres puissances protectrices avaient donc le droit de réclamer aujourd'hui d'autres arrangements pour le Liban. Si, comme le disait M. le ministre des affaires étrangères de France (voyez aux Do#cuments historiques, affaires de Syrie, dépêche du 13 avril 1844, n° 12), l'institution des deux caïmacans n'avait fait qu'augmenter les désordres et les rivalités dans la Montagne; si l'établissement des deux conseils ou divans mixtes n'apportait pas une solution meilleure, il faudrait bien en revenir, en définitive, à des mesures plus propres à assurer la paix et l'ordre dans le Liban.

Ces mesures, prudemment réservées en principe par la diplomatie française, c'était la restauration politique de la famille Cheab. Là est la pensée constante du gouvernement français, là est pour lui le véritable remède aux dangers de la situation (voyez les dépêches des 6 janvier 1843, no 1, 13 avril 1844, n° 12, 14 mai 1844, no 13, 24 juin 1844, n° 16). Cette solution dernière, constamment indiquée par lui comme la meilleure, ou plutôt comme la seule possible, elle serait acceptée sans doute si l'Autriche lui apportait son concours, comme le pouvaient faire espérer les instructions données par le prince de Metternich tant

au baron de Stürmer, à Constantinople, qu'à M. de Neumann, à Londres.

Néanmoins, cette solution était ajournée jusqu'après la reconnaissance de l'inefficacité d'une administration mixte par les deux divans. (Voyez les nombreux documents sur le Liban à l'Appendice, p. 154.)

Une révolte terrible éclata, au mois de juillet, dans le pachalik de Trébisonde. Ce mouvement avait pour cause les mesures prises par Halil-Pacha pour mettre à exécution les règlements relatifs au recrutement et aux quarantaines, règlements auxquels les habitans de ce pachalik n'avaient jamais voulu se soumettre sous leurs anciens gouverneurs, les Derebleïs. Des troupes commandées par Omer-Pacha furent immédiatement envoyées contre les insurgés, et eurent avec eux quelques rencontres dans lesquelles elles furent repoussées.

Dans un pachalik voisin, celui de Van, une levée de boucliers avait lieu en même temps sous le commandement de HusseinBey, chef des Tchilders récemment échappé des prisons de Constantinople, où il avait été enfermé pour avoir embauché des volontaires pour le cheik Schamil, chef des Circassiens. Hussein fit aussi éprouver quelques échecs aux troupes ottomanes envoyées dans le but de le saisir.

TUNIS.

Le bey de Tunis, on le sait, s'est toujours considéré comme indépendant de la Porte, malgré le droit de suzeraineté mis en avant par cette dernière puissance. L'année dernière, AhmedPacha avait refusé d'accorder l'exequatur au consul général envoyé à Tunis par l'Autriche, par le motif que l'agent autrichien s'était présenté avec un exequatur délivré par la Porte. Afin de vider cette querelle d'étiquette, le cabinet de Vienne avait dû employer sa propre influence à Constantinople, pour que l'indépendance du bey, établie de fait, fût aussi reconnue en droit par un hatti-cherif du sultan. Quoique ce hatti-cherif

n'accordât l'indépendance de la régence de Tunis que pendant la vie du bey actuel, il ne s'ensuivait pas moins que le principe de la souveraineté d'Ahmed - Pacha avait été admis par la Porte.

Une autre question d'étiquette s'éleva à propos d'un voyage en France entrepris par le bey de Tunis.

La France, on le sait, s'est plu à reconnaître l'indépendance d'Ahmed-Pacha, et dans un traité de commerce conclu avec Hussein-Bey, le 8 avril 1830, elle accordait déjà au bey de Tunis les qualifications suivantes : le prince du peuple, l'élite des grands, issu du sang royal, maître du royaume d'Afrique. Les mêmes titres furent admis par la Sardaigne et par la Belgique, l'une dans son traité du 22 février 1832, l'autre dans son traité du 14 octobre 1839.

Ces précédents donnaient à Ahmed-Pacha le droit d'espérer à la cour des Tuileries l'accueil dû à un prince souverain. Tel fut, en effet, celui qui lui fut fait par le roi des Français. Mais, le lendemain de la réception du bey de Tunis, l'ambassadeur de la Porte Ottomane à Paris parut disposé à demander ses passe-ports. Néanmoins, revenant sur une mesure aussi grave et qui ne pouvait être prise sans instructions particulières, il se borna à protester verbalement auprès du ministre des affaires étrangères de France, en se réservant d'en référer au sultan.

Le bey ayant manifesté l'intention de fixer un jour pour les réceptions du corps diplomatique, les ambassadeurs, et en première ligne celui d'Angleterre, lord Normanby, déclarèrent que le bey de Tunis, n'étant que le vassal du sultan, était tenu à rendre la première visite aux ambassadeurs. Ahmed-Pacha refusa de faire une démarche qui, de sa part, pouvait équivaloir à une renonciation indirecte à ses prétentions de souverain indépendant.

L'abolition de l'esclavage s'opère à Tunis sans bruit et sans secousse. Le premier acte du bey a été de prohiber toute importation d'esclaves dans la régence, soit par terre, soit par mer, et d'interdire en même temps la vente publique de ceux Ann. hist. pour 1846.

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