Immagini della pagina
PDF
ePub

France sous ses ordres; qu'il étoit amiral sous le titre de surintendant général de la navigation et du commerce; qu'il avoit

pour calculer toutes les infamies par l'intérêt, et avilir le crime même aux yeux de celui qui le commande et qui le paie; Laubadermont, enivré de sang et af-pris pour lui le gouvernement de famé d'or, présidoit à la plupart de ces tribunaux, alloit prendre d'avance les ordres de la haine, les recevoit avec le respect de la bassesse, se pressoit d'obéir pour ne pas faire attendre la vengeance; et après avoir immolé sa victime, venoit pour le salaire d'un meurtre recevoir le sourire d'un ministre. C'est ainsi qu'Urbain Grandier fut traîné dans les flammes, Marillac, Cinq-Mars et de Thou sur les échafauds. Celui qui se jouoit ainsi des lois, ne devoit point avoir plus de respect pour feurs ministres. Il destitua arbitrairement des magistrats; il écrasa les parlemens; il interdit des cours souveraines. En 1631, il envoie au parlement un arrêt du conseil, qui déclare tous les amis du frère du roi coupables de lèse-majesté. Les voix s'y partagent; le parlement est mandé; on déchire les procédures, et trois des principaux membres sont exilés. En 1636, il crée pour avoir de l'argent, vingt-quatre charges nouvelles. Le parlement se plaint; le cardinal fait emprisonner cinq magistrats. Ainsi, par-tout il déployoit avec une inflexible hauteur les armes du despotisme; c'est ainsi qu'il vint à bout de tout abaisser. Pour voir maintenant s'il travailla pour l'état ou pour lui-même, il suffit de remarquer qu'il étoit roi sous le nom de ministre que secrétaire d'état en 1624, et chef de tous les conseils en 1639, il se fit donner pour le siége de la Rochelle, les patentes de général; que dans la guerre d'Italie il étoit généralissime et faisoit marcher deux maréchaux de

Bretagne et tous les plus riches bénéfices du royaume; que tandis qu'il faisoit abattre dans les provinces toutes les petites forteresses des seigneurs, et qu'il ôtoit aux calvinistes leurs places de sûreté, il s'assuroit pour lui de ces mêmes places; qu'il posséd it Saumur, Angers, Honfleur, le Havre, Oléron et l'île de Ré usurpant pour lui tout ce qu'il ôtoit aux autres; qu'il disposoit en maître de toutes les finances de l'état ; qu'il avoit toujours en réserve chez lui trois millions de notre monnoie actuelle; qu'il avoit des gardes comme son maître, et que son faste effaçoit celui du trône ainsi sa grandeur éclipsoit tout. S'il humilia les grands, ce ne fut point pour l'intérêt des peuples; jamais ce sentiment n'entra dans son ame. Il étoit ambitieux, et il vouloit se venger il s'éleva sur des ruines. Si pour achever de le connoître, on demande maintenant ce qu'il fit pour les finances, pour l'agriculture, pour le commerce pendant près de vingt ans qu'il régna, la réponse sera courte : Rien. Ces grandes vues d'un ministre, qui s'occupe de projets d'humanité et du bonheur des nations, et qui veut tirer le plus grand parti possible et de la terre et des hommes, lui étoient eutièrement inconnues ; il ne paroît pas même qu'il en eût le talent. Les finances, sous son règne, furent très-mal administrées. Après la prise de Corbie en 1636, on avoit à peine de quoi payer les troupes; il fut réduit à la misérable ressource de créer des charges de conseiller au parle

peuples qu'il a écrasés, le sang innocent qu'il a versé, la nation entière qu'il a livrée toute enchainée au pouvoir arbitraire,

auroient dû s'élever contre ce

put avoir ce ministre on convient qu'il eut du courage, un grand caractère, cette fermeté d'ame qui en impose aux foibles, et des vues politiques sur

semble qu'il eut bien plus de caractère que de génie. il lui manqua sur-tout celui qui est utile aux peuples, et qui, dans un ministre, est le premier, s'il n'est le seul. D'ailleurs, il faut citer le cardinal de Richelieu au tribunal de la justice et de l'humanité: on les a trop oubliées quand il a fallu juger des hommes en place.

ment. Sous lui, les provinces furent toujours tres-foulées d'une main i abattoit les têtes des grands, et de l'autre il écrasoit les peuples. Presque toutes ses opérations de finance se rédui-coupable abus des éloges, et vensirent à des emprunts et à une ger la vérité outragée par le menmultitude prodigieuse de créasonge. Ce n'est pas qu'on prétions d'offices, espèce d'opéra-tende attaquer ici les qualités que tion détestable qui attaque les mœurs, l'agriculture, l'industrie d'une nation; et qui d'une richesse d'un moment, fait sortir une éternelle pauvreté. L'état, sous Richelieu, paya communé-les intérêts de l'Europe; mais il ment quatre-vingts millions à vingt-sept livres le marc, c'està-dire près de cent soixante millions d'aujourd'hui. Leclergé qui, sous Henri IV, donnoit avec peine treize cent mille livres, sous les dix dernières années du cardinal, paya, année commune, quatre millions. Enfin, ce ministre endetta le roi de quarante millions de rente; et, à sa mort, il y semble qu'il y ait pour eux une avoit trois années consommées autre morale que pour le reste d'avance. On peut donc lui repro- des hommes on cherche toucher d'avoir prodigieusement aug-jours s'ils ont été grands, et jamenté cette maladie épidémique mais s'ils ont été justes; celui des emprunts, qui devenoit de même qui voit la vérité, craint jour en jour plus funeste; d'a- de la dire. L'esprit de servitude voir donné l'exemple de la mul- et d'oppression, semble errer tiplication énorme des impôts; encore autour de la tombe des d'avoir aggravé tour-à-tour, rois et des ministres. Qu'on les la misère par le despotisme, et adore de leur vivant, cela est le despotisme par la misère; de juste: c'est le contrat éternel du D'avoir jamais voulu que cette foible avec le puissant; mais la grandeur imaginaire de l'état, qui postérité, sans intérêt, doit être n'est que pour le ministre, et dont sans espérance comme sans crainle peuple ne jouit point, et d'avoir te. L'homme, esclave pour le sacrifié à ce fantôme, les biens, présent, est du moins libie pour les trésors, le sang, la paix et la le passé: il peut aimer ou hair, liberté des citoyens. Voilà pour approuver ou tétrir d'après les tant l'homme à qui la poésie et lois et son cœur. Malheur, sans l'éloquence out prodigué les pané- doute, au pays où, après plus de gyriques, pendant pres d'un sie- cent ans, il faudroit avoir encore cle. Les lois qu'il a violées, les des égards pour un tombeau et corps de l'état qu'il a opprimés, pour des cendres. La terre de les parlemens qu'il a avilis, la fa- Richelieu fut érigée, en sa faveur, mille royale qu'il apersécutée, les en duché-pairie, au mois d'août

et

:

bery, historiographe du cardinal de Richelieu, et pensionnaire de la duchesse d'Aiguillon, sa nièce; de Guy Patin, de l'abbé Richard, de le Vassor, d'Ancillon, de Vi

1031; il fut aussi duc de FronSac, gouverneur de Bretagne, amiral de France, abbé géneral de Cluny, de Cîteaux, de Prémontré, etc. On a de lui, I. Son Testament politique, qui se trou-gueul Marville, ou de l'auteur qui

voit en manuscrit dans la bibliothèque de sorbonne, et qui fut légué à cette bibliothèque par l'abbé des Roches, secrétaire du cardinal. On en trouvoit un autre exemplaire dans la bibliothèque du roi, avec une Relation succinte apostillée; on n'a découvert ce dernier exemplaire que depuis quelques années, et il n'a pu terminer la dispute que Voltaire fit naître sur le véritable auteur de ce testament. Les meilleures éditions de cet ouvrage sont celles de 1757, par l'abbé de Saint-Pierre, en 2 vol. in-12; et de 1764, à Paris, en 2 vol. in-8°. M. de Foncemagne, qui a dirigé cette nouvelle édition, tâche de prouver l'authenticité de ce Testament, dans une préface écrite avec beaucoup de précision et de netteté. On peut voir ce que Voltaire lui a répondu dans ses Nouveaux doutes sur ce livre. Le résumé de cette réponse est que le Testament est plein d'anachronismes, d'erreurs sur les pays voisins, de fausses évaluations, etc.; que, dans un livre sur la manière de gouverner, il n'est pas dit un mot sur plusieurs points importans de l'administration, ni sur la manière de se conduire dans la guerre qu'on avoit à soutenir; qu'on pousse l'ignorance jusqu'à dire que la France avoit plus de ports sur la Méditerranée que la monarchie espagnole; que divers littérateurs, convaincus des méprises dont cet ouvrage fourmille, n'ont l'attribuer à un grand politique; que l'opinion de l'auteur des Nouveaux doutės, loin

pu

s'est caché sous ce nom; de le Clerc, de la Monnoye. Quelle autorité plus forte que celle d'Aubery, qui écrivoit sous les yeux de la nièce du cardinal, de sa nièce chérie, dépositaire de tous ses sentimens et de tous ses papiers? Cette nièce ne lui auroitelle pas fait voir ce fameux Testament? ne lui auroit-elle pas dit : « Comment oubliez-vous un ouvrage si intéressant, si public, et qu'on croit si glorieux pour mon oncle?» Non seulement Aubery ne parle point de ce Testament dans l'histoire de Richelieu, mais il en révoque en doute l'authenticité dans celle de Mazarin. Quoi qu'il en soit, ceux qui l'ont cru du cardinal de Richelieu, l'ont trouvé également profond et savant. Le brillant écrivain qui l'a enlevé à ce ministre, en pense d'une manière moins favorable. Il dit « que la patience du lecteur peut à peine achever de le lire; et qu'il seroit ignoré, s'il avoit paru sous un nom moins illustre. » (Voy. BourZEIS.) Le roi de Prusse, surpris de son acharnement contre cette production, lui envoya de jolis vers, qui auroient dû modérér sa vivacité.

Quelques vertus, plus de foiblesses,
Des grandeurs et des petitesses,
Sont le bizarre composé
Du héres le plus avisé.
11 jette des traits de lumière;
Mais cet astre, dans sa carrière,
Ne brille pas d'un feu constant.
L'esprit le plus profond s'éclipse;
Richelieu fit son Testament,
Et Newton son Apocalypse.

d'être un paradoxe, est celle d'Au- II. Méthode des Controverses,

[ocr errors]

T. XIV.

[ocr errors]
[ocr errors]

sur tous les points de la foi, in4° cet ouvrage solide, un des meilleurs en ce genre, avant que Bossuet, Nicole et Arnauld eussent écrit contre les calvinistes, fut le fruit de sa retraite à Avi- | gnon. III. Les Principaux points de la foi catholique défendus, etc. David Blondel a répondu à cet ouvrage. « Le cardinal de Richelieu, après avoir soumis les calvinistes par les armes dit l'abbé de Choisy, avoit formé le dessein de les gagner par la douceur. Il songeoit pour cela à donner aux principaux ministres des pensions, qui leur ôtassent la peur de mourir de faim, et à tenir ensuite des conférences publiques, où l'on ne se serviroit, pour preuves, que des autorités de l'Ecriture - Sainte, sans y admettre la tradition. Il étoit assez bon théologien, mais il avoit l'attention de se faire aider, et n'épargnoit rien pour avoir des extraits fidèles des bons auteurs hébreux, grecs et latins, sur toutes les matières qu'il vouloit traiter. Il ne confia son dessein qu'à un père de l'oratoire, nommé du Laurent, qui avoit été ministre dans sa jeunesse. « Je ne veux me servir, lui disoit-il, ni de docteurs de sorbonne, qui, avec leur scolastique, ne sont bens que contre les anciens hérétiques; ni des pères de l'oratoire, abîmés dans les mystères; ni des jésuites, ennemis trop déclarés des calvinistes. Il ne faut leur parler d'abord que de la pure parole de dieu ils nous écouteront; et pourvu qu'ils nous écoutent, ils

[ocr errors]

sont à nous. » Le cardinal ne

put travailler à ce dessein que les deux dernières années de sa vie, qui furent traversées de tant d'affaires et de maladies, qu'il fut obligé d'en demeurer au simple désir. » IV. Instruction du chré

tien, in-8° et in-12. V. Perfec tion du chrétien, in-4o et in-8°. VI. Un Journal très-curieux, in-8• et en 2 vol. in.12.VII. Ses Lettres, dont la plus ample édition est de 1696, en 2 vol. in-12, sont intéressantes; mais ce recueil ne les renferme pas toutes; on en trouve d'autres dans le Recueil des diverses pièces, pour servir à l'histoire, etc., in - folio, de Paul Hay, sieur du Chastelet. VIII. Des Relations, des Discours, des Mémoires, des Harangues, etc. IX. On lui attribue l'Histoire de la Mère et du Fils, qui a paru en 1731, en deux vol. in-12, sous le nom de Mézeray. X. On sait qu'il a travaillé à plusieurs pièces dramatiques ; il a fait, en partie, la tragi-comédie de Mirame, qui est sous le nom de Saint-Sorlin; et il a fourni le plan et le sujet de trois autres comédies: les Tuileries, représentée en 1653; l'Aveugle de Smyrne; et la comédie héroïque intitulée Europe, composée pendant sa dernière maladie. Le cardinal de Richelieu peut être regardé comme le père de la tragédie et de la comédie françaises, par la passion qu'il a témoignée pour ce genre de poésie, et par les faveurs dont il combloit les poètes qui s'y distinguoient. On rapporte qu'il faisoit composer quelquefois des pièces de théâtre par cinq auteurs, distribuant à chacun un acte, et achevant, par ce moyen, une pièce en moins d'un mois. Ces cinq personnes étoient Boisrobert, Pierre Corneille, Colletet, de l'Estoile et Rotrou. (Voy. COLLETET, no I; MAYNARD, MÉZERAY.) Ses livres et ses vers, si l'on excepte sa Méthode des controverses, et son Testament, qui est d'ailleurs assez mal écrit, et auquel d'autres écrivains ont sans doute mis la main, sont aujour

1

d'hui oubliés. A quelque teinture de théologie scolastique près, il ne savoit pas grand'chose, quoiqu'il se piquât de tout savoir et d'exceller en tout, même à monter à cheval. «< Non seulement il n'étoit pas savant, mais il ne faisoit aucun cas de la science et des savans. Les sciences exac

dans le monde ; mais lorsque son frère fut en crédit à la cour de France, il accepta l'archevêché d'Aix, en 1626, et deux ans après, celui de Lyon. En 1629, le pape Urbain VIII le nomma cardinal-prètre, quoique, selon l'ordonnance de Sixte - Quint, deux frères ne dussent jamais porter la pourpre en même temps. En 1632, il fut grand-aumônier de France, chevalier de l'ordre du Saint-Esprit, et obtint plusieurs 'abbayes fort riches. En 1635', le roi l'envoya à Rome pour des affaires très-importantes, dont il s'acquitta avec succès. Après son retour à Lyon, en 1638, la peste ravageant son diocèse, il se signala par son zèle et par sa charité. Il se trouva à l'élection du pape Innocent X, ea'

tes et celles de la nature n'ont rien gagné sous son règne. S'il encourageoit les arts, c'étoit pour les faire servir à son luxe. Il a établi une académie de grammaire, d'éloquence et de poésie; mais c'est parce qu'il aimoit les vers, et qu'il avoit la prétention d'en faire. Il ne possédoit d'autres langues que la latine et la française; à peine avoit-il lu les auteurs profanes. Il ignoroit l'histoire, ne savoit pas un mot des antiquités, rien du tout en phy-1644; et l'année d'après il présida sique, ni en mathématiques. » Voyez R. L. D'ARGENSON. Voyez sa Vie, par Jean le Clerc, qui, avec le Journal de ce cardinal et diverses autres pièces, forme 5 volumes in-12, 1753 l'Histoire de Louis XIII, par le Vassor; et le Tableau de la vie et du gouvernement des cardinaux Richelieu et Mazarin, représenté en diverses satires et poésies, Colo-vovi, pauper morior, et inter gne, 1694, in-12.

VI. PLESSIS-RICHELIEU (Alphonse - Louis du)

frère

à l'assemblée du clergé de France, tenue à Paris. Il mourut le 23 mars 1653, à 71 ans. Attaché aux devoirs de son état, il ne se mêla que des affaires de son diocèse, et très-peu des intrigues de la cour. Il fut enterré à la Charité de Lyon, comme il l'avoit demandé. Voici l'épitaphe qu'il se fit lui-même : pauper natus sum, paupertatem

pauperes sepeliri volo.... Il dit, dans sa dernière maladie, « qu'il aimeroit beaucoup mieux mourir Dom Alphonse, que cardinal de du précédent, doyen de Saint-Lyon. » L'abbé de Pure a publié Martin de Tours, lorsqu'il fut sa Vie en latin, à Paris, 1664, nommé à l'évêché de Luçon, par in-12. le roi Henri IV, à la place de Jacques du Plessis, son orcle; mais avant d'être sacré, il céda cet évêché à son frère cadet, doat on vient de parler, et se fit chartreux en 1606. Ce fut alors qu'il prit le nom d'AlphonseLouis. 11 vécut à la grande-Chartreuse plus de vingt ans, sans montrer aucun désir de rentrer

+ VII. PLESSIS, duc DE RICHELIEU (Louis-François - Armand du), maréchal de France, de l'académie française et de celle des sciences, naquit à Paris le 13 mars 1696. Sa mère le mit au monde après sept mois de grossesse. Il lutta quelque temps contre la mort, et fut conservé dans

« IndietroContinua »