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tère, en juin 1796; il fut nommé | Malgré le temps que lui dérol'un des plénipotentiaires, à Lille, boient ses emplois, il en trouva en 1797, pour négocier la paix avec suffisamment pour travailler à un lord Malmesbury. On sait quel fut grand nombre d'ouvrages, qui la le résultat de cette négociation; re- plupart ont disparu. Il consacroit venu à Paris, il accepta le minis- le jour aux affaires, et la nuit aux tère de la marine en remplace- études; il ne perdoit pas même ment de Truguet; donna sa démis- le temps des repas: on lui lisoit sion en avril 1798, et fut nommé, alors quelque bon livre, dont il en 1799, membre du sénat-con- dictoit sur-le-champ des extraits. servateur. Il mourut le premier Un jour le lecteur ayant mal prooctobre 1805; ses obsèques fu- noncé quelques mots, un de ceux rent célébrées avec pompe, et son qui étoient à table l'obligea de recorps porté au Panthéon. Pléville- commencer. « Quoi! ne l'avezLepelley étoit franc et désinté- vous pas entendu, dit Pline? ressé, comme on en jugera par le Pardonnez-moi, répondit son trait suivant : « Le directoire exé- ami. Et pourquoi donc, recutif lui avoit ordonné de faire prit-il, le faire répéter? Voilà une une tournée aux côtes de l'ouest, interruption qui nous coûte plus et on lui avoit alloué 40,000 fr. de dix lignes.... » Lorsqu'il sorpour cette mission. Le modeste toit du bain et qu'il se faisoit ministre ne prit que 12,000 fr. essuyer, ou il entendoit lire, ou dans son bureau de fonds; et n'en il dictoit. C'étoit là, dans ses ayant, dans son voyage, dépen- voyages, sa seule occupation; sé que 7000, à son retour il vou- alors, comme s'il eût été plus lut rendre le reste à la trésorerie dégagé de tous les autres soins, nationale. La somme entière avoit il avoit toujours à ses côtés son été portée en compte; on ne crut❘ livre, ses tablettes et son copiste. pas pouvoir reprendre ce que C'étoit parcette raison qu'à Rome rapportoit le ministre. Il ne voa- il n'alloit qu'en voiture. Il reprit lut pas le garder. Mais, desirant un jour son neveu de s'être proque cette somme eût un emploi mené: « Vous pouviez, dit-il, utile, il en fit l'abandon pour mettre ces heures à profit ; » car construire le télégraphe élevé il comptoit pour perdu tout le au-dessus de l'hôtel de son mi-temps qu'on n'employoit pas au nistère, place de la Concorde, ci-devant Louis XV; et c'est un monument que l'on peut considérer sans se ressouvenir d'un exemple aussi noble de modé-violent qu'il ruina des villes enration et de vertu patriotique.

I. PLINE l'ancien, (C. Plinius Secundus) natif de Vérone, d'une famille illustre porta les armes avec distinction, fut agrégé au collége des Augures, et devint intendant en Espagne. Son intelligence et sa probité lui firent confier diverses affaires imporantes par Vespasien et Titus.

travail. Ce grand homme eut une mort bien funeste. L'embrasement du Mont - Vésuve, arrivé l'an 79 de Jésus-Christ, fut sì

tières avec une grande étendue de pays, et que les cendres en volèrent, dit-on, jusques dans l'Afrique, la Syrie et l'Egypte. Pline qui commandoit alors une escadré, voulut s'approcher de cette montagne pour observer ce terrible phénomène. Il fut suffoqué par les flammes à 56 ans ; ce qui l'a fait appeler par quelques-uns le Martyr de la na

obscur; que ses pensées sont fré-
quemment poussées au-delà du
vrai : voilà le jugement que porte
Rollin de l'Histoire Naturelle de
Pline. Joignons-y celui de son
rival. « Pline, dit Buffon, a tra-
vaillé sur un plan plus grand que
celui d'Aristote, et peut-être trop
vaste: il a voulu tout embrasser
et il semble avoir mesuré la na-

ture.... Pline le jeune son neveu, a raconté les circonstances de sa mort et de cet embrasement dans la 26 lettre de son 6 livre, | adressée à Tacite. Il ne nous reste de Pline l'ancien, que son Histoire Naturelle en 37 livres. (Voy. DIOSCORIDE.) Il y en a eu un grand nombre d'éditions. Les plus èstimées sont celles de l'abbé Brotier, Paris, Barbou, 1779, 6 vol.ture, et l'avoir trouvée trop pein-12, et celle du P. Hardouin, tite encore pour l'étendue de son 1725, Paris, 3 vol. in-fol. C'est esprit. Son Histoire Naturelle une réimpression de celle qu'il comprend, indépendamment de avoit donnée ad usum Delphini, l'Histoire des animaux, des planParis, 1685, 5 vol. in-4°. On a tes et des minéraux, l'Histoire du encore l'édition d'Elzevir, 1634, ciel et de la terre, la médecine, 3 vol. in-12, et celle cum notis va- le commerce, la navigation, l'Hisriorum, Leyde, 1669, 3 vol. in-8°. toire des arts libéraux et mécaCelle de Venise, 1469 et 1472,niques, l'origine des usages, et celle de Rome, 1470 et 1473, enfin, toutes les sciences natusont plus recherchées pour leur relles et tous les arts humains. rarete que pour leur bonté.» Cet Ce qu'il y a d'étonnant, c'est que ouvrage, dit Pline son neveu, dans chaque partie Pline est égaest d'une étendue d'érudition lement grand. L'élévation des infinie et presque aussi idées, la noblesse du style relèriée que la nature elle-même; vent encore sa profonde érudiétoiles, planètes, fleurs mé- tion. Non seulement il savoit taux, minéraux; animaux de tout ce qu'on pouvoit savoir de toute espèce, terrestres, aqua- son temps, mais il avoit cette tiques, volatiles; descriptions facilité de penser en grand, qui géographiques de villes et de multiplie la science. Il avoit cette pays: il embrasse tout, et ne finesse de réflexion, de laquelle faisse dans la nature et dans les dépendent l'élégance et le goût, arts aucune partie qu'il n'exa- et il communique à ses lecteurs mine avec soin. »> Le style de une certaine liberté d'esprit, une Pline lui est particulier, et ne hardiesse de penser, qui est le ressemble à aucun autre. Il n'agerme de la philosophie. Son ouni la pureté, ni l'élégance, ni l'admirable simplicité du siècle d'Auguste, auquel il touchoit à peu d'années près. Son caractère propre est la force, l'énergie, la vivacité on peut même dire la hardiesse, tant pour les expressions que pour les pensées, et une merveilleuse fécondité d'imagination pour peindre et rendre sensibles les objets qu'il décrit ; mais il faut avouer que son style est dur, trop serré, souvent

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vrage, tout aussi varié que la nature, la peint toujours en beau; c'est, si l'on veut, une compilation de tout ce qui avoit été écrit avant lui, une copie de tout ce qui avoit été fait d'excellent et d'utile à savoir; mais cette copie a de si grands traits, cette compilation contient des choses rassemblées d'une manière si neuve qu'elle est préférable à la plupart des ouvrages originaux qui traitent des mêmes matières.a

(Histoire Naturelle, premier dis- et des vertus de son oncle. Pline cours.) Pline étoit bien éloigné l'ancien étoit athée. « Je ne conde la vanité des compilateurs qui nois d'autre Dieu, dit-il, que ce copient sans citer. « Il me sem- vaste univers. Il n'a point eu de ble, dit-il, que la probité et commencement, et il n'aura point l'honneur demandent que, par de fin. Il contient tout en luiun aveu sincère, on rende une même et rien n'est au-delà. Il gousorte d'hommage à ceux de qui verne tout par des lois certaines l'on a tiré quelque secours et et immuables, quoi que tout paquelque lumière.» Il compare roisse se gouverner au hasard. un auteur qui profite du travail Il ressemble parfaitement à l'ind'autrui, à un homme qui em- fini, quoiqu'il en soit composé de prunte de l'argent dont il paye parties dégagées les unes des aul'intérêt, avec cette différence tres. Enfin c'est l'ouvrage et l'oupourtant que le débiteur, par vrier; c'est la nature universelle. » cet intérêt, n'acquitte pas le fonds Croyant que l'homme meurt tout de la somme prêtée, au lieu qu'un entier, il n'admettoit après auteur, par l'aveu ingénu de ce cette vie ni châtimens, ni récomqu'il emprunte, l'acquitte en quel-penses. Quoiqu'il en soit, c'est que sorte, et se le rend propre; sans contredit un des plus grands d'où il conclut qu'il y a de la hommes de l'antiquité: ila reçu les petitesse d'esprit et de la bas- louanges de tous les véritables sasesse d'aimer mieux être surpris vans, et n'a pu être méprisé que du honteusement dans le vol, que vulgaire, comme le remarque le d'avouer ingénument sa dette. fameux critique Joseph Scaliger Il avoit formějusqu'à 160 volumes qui dit : Plinius, tantus vir, ut de remarques sur les auteurs qu'il non mirum sit, si vulgus illum avoit lus. Telle étoit alors l'estime improbet, quùm minimè sit auctor qu'on avoit pour son érudition vulgaris. Ce n'est pas que ceux qu'un certain Lartius Lucinius qui l'ont le plus loué n'y aient voulut acheter ses remarques au trouvé des défauts; mais il y en prix de 77,812 livres de notre a une bonne partie qui ne doit monnoie somme prodigieuse pas rouler sur son compte. Etoilqui feroit aujourd'hui la for- il obligé d'en savoir plus sur la tune de six compilateurs. Pline physique, sur la médecine, sur qui étoit riche et qui préféroit la l'astronomie, sur les vertus des science à la fortune, n'accepta plantes et des minéraux ou autres pas le marché, et dit à l'enché- sujets pareils, qu'on n'en savoit risseur , que ses connoissances de son temps? Si sur d'autres faits n'étoient point à vendre. Il l'em-qui tiennent du prodige, il a paru pêcha par ce refus de faire une grande sottise; car en achetant si cher les remarques de Pline, Lucinius ne pouvoit acheter l'esprit, les lumières, l'amour du travail, et toutes les autres qualités, sans lesquelles ces remarques lui devenoient totalement inutiles. Elles passèrent en de meilleures mains: Pline le Jeune en hérita, ainsi que des talens

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trop crédule, il a eu cela de commun avec d'illustres historiens et entre autres avec Tite - Live, qu'on pourroit à ce sujet tourner en ridicule aussi aisément que Pline l'a été par une foule d'autres écrivains. Au surplus, quand cet auteur auroit fait quelques méprises, comme cela lui est arrivé, on doit en être moins surpris, que de ce qu'il

geance d'une lâche et indigne cruauté.....» Nerva empêcha que cette affaire ne fût remise à la dé

corps n'en rendit pas moins justice à la courageuse fermeté de Pline... Trajan, qui avoit succédé à Nerva, proclama lui-même Pline consul l'an 100 de J. C., après avoir fait son éloge. Pline l'en remercia par un discours solennel; et ce fut dans cette oc

n'en a pas fait davantage, surtout quand on considère l'étendue immense de son plan, la quantité prodigieuse de connois-libération du sénat; mais ce sances et de curiosités qu'il renferme; le nombre infini de livres où il a été obligé de les puiser, et cela au milieu des plus grandes occupations. L'Histoire naturelle de Pline a été traduite en français par Poinsinet de Sivri, en 12 vol.in-4°.(Voy. PINET.) Une traduction nouvelle, bien supé-casion, que par ordre du sénat rieure à celle de Poinsinet de Sivri, est celle des animaux qu'a publiée avec le texte en regard, C. B. Guéroult, à Paris, en 3 vol.in-8°, 1802. David Durand a fait imprimer l'Histoire de l'Or et de l'Argent, extraite de Pline, et celle de la Peinture.

II. PLINE, le Jeune, (Cæcilius PLINIUS Secundus), neveu et fils adoptif du précédent, né à Cosme, l'an de J. C. 61 ou 62, disciple de Quintilien, parut dans le barreau à l'âge de 19 ans. Il n'employa son talent que pour l'intérêt public, et ne montra pas moins de courage que de désintéressement. Après la mort de Domitien, Pline accusa devant le sénat undes plus illustres favoris de ce prince. Comme on craignoit que Nerva, successeur de Domitien, ne fût offensé de cette accusation; tous ceux qui s'intéressoient au sort de Pline trembloient pour lui. Un consulaire de ses amis s'approcha de lui, et le pressa de se désister de cette accusation. Il ajouta même qu'il se rendroit par-la redoutable aux empereurs à venir. « Tant mieux, répondit Pline, pourvu que ce soit aux méchans empereurs. Comme on insistoit encore: J'ai tout pesé, j'ai tout prévu, ajouta-t-il; et je ne refuse pas, s'il le faut, d'être puui pour avoir demandé ven

et au nom de tout l'empire, il prononça le Panégyrique de ce prince. « Si le souverain bonheur, disoit Pline à Trajan, consiste à pouvoir faire le bien qu'on veut; c'est le comble de la grandeur de vouloir faire tout le bien qu'on peut. » Quelque temps après il fut envoyé dans le Pont et dans la Bythinie, en qualité de proconsul. Il gouverna les peuples en philosophe plein d'humanité, diminua les impôts, rétablit la justice et fit régner le bon ordre. Une persécution s'étant allumée contre les chrétiens, Pline osa plaider leur cause auprès de l'empereur. Il écrivit à ce prince que « le commerce des chrétiens entre eux étoit exempt de tout crime; que leur principal culte étoit d'adorer le Christ comme un dieu; que leur meurs étoient la plus belle leçon qu'on pût donner aux hommes, et qu'ils s'obligeoient par serment de s'abtenir de tout vice.... » Trajan, touché de ses raisons, défendit de faire aucune recherche des chrétiens; mais il ordonna qu'on punît de mort ceux qui, au mépris des lois de l'empire, viendroient déclarer d'eux-mêmes, sans être dénoncés, qu'ils faisoient profession du christianisme. Pline, fat grand sans orgueil, affable, bienfaisant, sobre, chaste, modeste; bon fils, bon mari, вод

dans celles d'autrui. - Une dame romaine qu'il avoit en partie dotée de son bien, étant sur le point de renoncer à la succession de Calvinius son père, dans la

per

soit, ne suffit pas pour payer les
sommes dues à Pline, cet homme
généreux lui écrivit de ne pas
faire cet affront à la mémoire de
son père; et pour la déterminer,
il lui envoya une quittance géné-
rale. Quintilien et Martial eurent
part à ses libéralités. Lorsque
Quintilien maria sa fille, Pline
lui écrivit : « Je sais que vous
êtes riche des biens de l'ame, et
beaucoup moins de ceux de la
fortune. Je prends done sur moi
une partie de vos obligations; et
comme un second père, je donne
à notre chère fille, cinquante mille
sesterces (6250 liv.), je ne me
bornerois pas là, si je n'étois
suadé que la médiocrité du pré-
sent pourra seule obtenir de vous
que vous le receviez. » Les habi-
tans de Cosme n'ayant point de
collége chez eux, étoient obligés
d'envoyer leurs enfans dans d'au-
tres villes. Pline offrit de contri-
buer du tiers au paiement des
appointemens des maîtres
crut devoir laisser les parens char-
gés du reste, pour les rendre
plus attentifs à choisir de bons
maîtres , par la nécessité de la
contribution, et par l'intérêt de
placer utilement leur dépense.
Pline ne borna point là sa bien-
faisance pour sa patrie. Il fonda
une bibliothèque, avec des pen-

pere, bon citoyen, bon magistrat, ami zèlé et fidèle. « Pline (dit en substance Sacy son traducteur) étoit persuadé que notre vie n'est point à nous; que nés dans une société dont nous de-crainte que la fortune qu'il laisvons partager les travaux comme les avantages, il ne nous est pas permis de jouir du repos avant le temps, sans nous être acquittés envers la patrie, et sans avoir, pour ainsi dire, obtenu le congé de la nature, qui ne nous permet de rester inutiles qu'au moment même où elle nous force à l'être. La mort et l'adversité, qui ne rompent que trop souvent tous les liens des hommes, serroient plus étroitement ceux qui l'attachoient à ses amis. Sa sensibilité pour eux devenoit une espèce de religion, dès qu'ils étoient ou enlevés à sa tendresse, ou poursuivis par le malheur. Il ne voyoit dans ses domestiques, que des hommes dont l'infortune excusoit les fautes; il remplissoit à leur égard le titre si cher et si sacré de père de famille, que les lois romaines avoient donné aux maîtres, pour les avertir de le mériter. La gloire, cette fumée que les sages même se disputent, n'auroit pas été un bien pour lui, s'il n'en cût fait part à ceux qui étoient dignes d'y prétendre; et aucun de ses rivaux ne se plaignit jamais de l'injustice du partage.» (Voy. TACITE I.) On cite de lui plusieurs traits de générosité. Il ne se refusa jamais à la douce joie d'une bonne action. Des marchands qui avoient acheté sessions annuelles pour un certain vendanges, ayant fait une mauvaise spéculation, il leurfit à tous des remises. « Je ne trouve pas moins glorieux, disoit-il, de rendre justice dans sa maison que dans les tribunaux; dans les petites affaires, , que dans les grandes; dans les siennes, que

et

nombre de jeunes gens de famille, à qui leur mauvaise fortune avoit refusé les secours nécessaires pour etudier. Cet excellent citoyen s'etoit fait, sur la bienfaisance, des principes dignes d'être remarqués : « Je veux, dit-il, qu'un homme vraiment libéral donne à

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