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tendit au pied d'un arbre. Des | viagère, et sachant que ses enfans,

quoique très-riches, murmuroient, il la refusa. Il se retira même de sa maison, où il avoit un loge

paysans qui survinrent le porterent chez le curé du village le plus voisin. On rassembla avec précipitation la justice, qui fitment, et où il paroissoit être de

procéder sur-le-champ, par le venu un objet de jalousie. Indifchirurgien, à l'ouverture du caférent sur ses propres intérêts, il davre. Un cri du malheureux, étoit très-sensible aux disgraces qui n'étoit pas mort, arrêta l'ins- de ceux qui avoient recours à lui; trument, et glaça d'effroi les spec- plus d'une fois il s'est dépouillé tateurs; mais le coup mortel étoit du fruit de son travail pour sedéjà porté! l'infortuné abbé Pré- courir l'indigence d'un infortuné. vost ne rouvrit les yeux que pour Un homme avec qui il avoit été voir l'appareil cruel qui l'envi- légèrement lié dans sa jeunesse, ronnoit, et la manière horrible et dont même il avoit à se plaindont on lui arrachoit la vie. C'est dre, vint lui exposer sa misère; ainsi qu'il termina, dit-on, sa se trouvant lui-même, dans ce carrière, presque aussi romane's- moment, sans argent, il lui donna que que celle de ses héros. L'abbé un ouvrage de prix dont on vePrévost annonçoit par sa figure le noit de lui faire présent. Sa vie caractère propre de ses ouvrages. étoit simple et frugale. Il se tenoit Son air étoit sérieux et mélanco- a son régime, même dans les lique. Quoique sensible à la cri- meilleures tables. Sa facilité étoit tique, il la repoussa toujours avec si grande,. qu'en composant il noblesse. Quand l'abbé Lenglet suivoit une conversation sur des et Jourdan, académicien de Ber- sujets différens. Sa mémoire étoit lin, le peignirent d'une manière presque toute sa bibliothèque, et si désobligeante, l'un dans sa il assuroit n'avoir jamais oublié Bibliothèque des Romans, l'au- ce qu'il avoit appris. Ses ouvrages tre dans la Relation de ses Voya- sont, I. Les Mémoires d'un ges, il se justifia sans se permet-Homme de qualité qui s'est retre aucune personnalité. Lorsque l'abbé des Fontaines lui écrivit cette fameuse lettre où il lui di soit « Alger mourroit de faim, s'il étoit en paix avec tous ses ennemis», il se contenta de faire imprimer ce billet cynique. Le désintéressement de l'abbé Prévost étoit digne d'un philosophe. Un riche financier lui offrit de faire tous les frais d'impression de l'Histoire des Voyages; c'eût été pour lui un profit de plus de cent mille livres. Il préféra d'eny a dans les caractères des perlaisser tout l'avantage à son li- sonnages une singularité qui débraire, avec qui, chose assez rare, plaît. On désapprouva assez géil continua de vivre dans la plus néralement celui du marquis, dont parfaite intelligence jusqu'à sa les réflexions chagrines et multi mort. Pressé par ce même finan-pliées, dit l'abbé Fontenay, jet mancier d'accepter une pension tent un peu de longueur dans ce

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tiré du monde, en 8 vol. in-12, 1732. Ce roman renferme plusieurs récits intéressans, et des historiettes assez agréables. La morale qui y règue est noble et utile, mais quelquefois déplacée, et presque toujours trop longue. Les sentimens y sont exprimés avec beaucoup de naturel, de vérité, de chaleur et de noblesse. La diction en est aussi pure qu'élégante; mais la trame de l'ouvrage est souvent mal ourdie. Il

roman. II. Histoire de M. Cle-gédie traduite de Dryden, 1735,

in-12. Le style de cet ouvrage est vif, nombreux, élégant, sans affectation, et la version est assez fidèle. VII.Le Doyen de Killerine, histoire morale, en 6 vol. in-12 1735; roman verbeux et assez mal imaginé. VIII. Histoire de Marguerite d'Anjou, reine d'Angleterre,

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conterant les guerres de la maison de Lancastre contre la maison d'Yorck, 1740, 2 vol. in-12. Quoique cet ouvrage ap

veland, fils naturel de Cromwell, 1732, 6 vol. in-12. Cet ouvrage, rempli de tant de beautés et de tant de défauts, ne fit que confirmer le public dans l'idée que l'abbé Prévost étoit fait pour peindre le noir et le terrible. On lui assigna la même place dans le roman, que Crébillon avoit dans le tragique. L'auteur s'appesantit sur les détails; il invonte mal, mais on ne peut s'empêcher d'être frappé de la fécondité de son ima-partienne autant à la classe des gination et du coloris de son style. III. Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut, 1755, 2 vol. in-12, réimprimée plusieurs fois et en 1797, en 2 volumes in - 18, avec figures. Le héros de ce roman est un jeune homme pensant bien et agissant mal; aimable par ses sentimens et blamable par ses actions. Il peut être dangereux pour la jeunesse, parce que le vice y paroît trop séduisant; mais c'est, en son genre, un chef-d'oeuvre, et ce que l'abbé Prévost a fait de mieux. IV. Le Pour et Contre, ouvrage périodique dans lequel on s'explique librement en matière de sciences, d'arts, de livres, etc., 1733 et 1740, 20 vol. in-12. Ce journal eut moins de succès que les feuilles de l'abbé des Fontaines. On y trouve cependant des morceaux intéressans et une littérature variée. V. Histoire universelle de M. de Thou, traduite en français, Amsterdam, 1733, in-4°. Il n'en a paru que le premier volume, parce qu'on en donna dans le même temps une traduction beaucoup meilleure. Celle de l'abbé Prévost est assez négligée, et le texte s'y trouve noyé dans un long commentaire. VI. Tout pour l'Amour, et le monde bien perdu, ou la mort d'Antoine et de Cléopâtre, tra

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romans qu'à celle des livres d'histoire, on le lut avec avidité. La narration en est agréable, et les faits singuliers. IX. Histoire d'une Grecque moderne, 1741, 2 vol. in-12, roman qui eut du succès. X. Campagnes philosophiques, ou mémoires de M. de Montcalm, aide-de-camp de M. le maréchal de Schomberg, contenant l'histoire de la guerre d'Irlande 1741, 2 vol. in-12. C'est un mélange de fictions et de vérités, quelquefois mal assorties, mais toujours rendues avec beaucoup d'agrément. XI. Mémoires pour servir à l'histoire de Malte, l'Histoire du commandeur de*** 1742, 2 vol. in-12. XII. Histoire de Guillaume-le-Conquérant, roi d'Angleterre ; Paris, 1742, 2 vol. in-12. Il y a dans cet ouvrage trop d'intrigues de cabinet et de galanterie, et point assez de cette simplicité noble qui est le véritabie ornement de l'histoire. XIII. Voyages du capitaine Robert Lade en différentes parties de l'Afrique, de l'Asie et de l'Amérique contenant l'histoire de sa fortune, et ses observations sur les colonies et le commerce des Espagnols, des Anglais, des Hollandais, etc., ouvrage traduit de l'anglais, 1744, 2 vol. in-12: relation intéressante et curieuse. XIV. Lettres de Cicéron à Brutus,

supportable pour la forme et la liaison des sujets est uniquement de moi. Mais j'ai désespéré, dans le tome suivant, de pouvoir rendre le même service aux auteurs, et je me suis réduit à les suivre, en remédiant, dans l'occasion, à leur excès de pesanteur et de pro

car ceux

traduites en français avec des notes, 1744, in-12. XV. Histoire de la vie de Cicéron, tirée de ses écrits et des monumens de son siècle, avec les preuves et des éclaircissemens, composée sur l'ouvrage anglais de M. Midleton, 1749, 4 vol. in-12. Cet ouvrage, fait à la hâte, auroit de-lixité, à leurs répétitions sans fin, mandé plus de soin, de méthode, à leurs excursions déplacées; en de précision et de goût; mais c'est y remediant, c'est-à-dire en les moins la faute du traducteur que diminuant beaucoup : de son original. XVI. Mémoires qui savent que j'ai reçu l'ouvrage d'un honnéte homme, 1745; ro-anglais feuille à feuille, comme il man qui a peu réussi. XVII. His - a été publié, et que, suivant mes toire générale des voyages, de- engagemens avec le public, je puis le commencement du quin- l'ai traduit de même, doivent zième siècle, contenant ce qu'ily comprendre que, n'en ayant a de plus curieux, de plus utile pas eu toutes les parties raset de mieux vérifié dans toutes semblées sous mes yeux, je n'ai les relations des différentes na- pu réformer ce qui manque à leur tions du monde; ouvrage traduit dépendance mutuelle, ni rien d'abord de l'anglais, et continué, changer dans un plan dont je n'ai depuis l'interruption des premiers pas connu la distribution et la auteurs, par ordre de monsei- mesure. » L'abbé Prévost abangneur le chancelier de France, donna ce plan quand il fut en 1746 et 1770, 16 vol. in-4°, et Amérique, pour en suivre un au80 vol. in-12. La table des matiè- tre aussi simple qu'agréable. 11 res a été composée par Chompré. consiste à réduire toutes les relaCette histoire a été continuée par tions en un seul corps qui forme Querlon et par Surgy. Cet ouvra- une histoire suivie, en rejetant ge a été réimprimé avec des addi- dans les notes ce qui est persontions considérables, par Dubois nel aux voyageurs. Madame la et autres; la Haye, 1745, 25 vol. duchesse d'Aiguillon, en parlant in-4°. On convient généralement de l'Histoire des voyages, dit un que si l'abbé Prévost avoit fait cet jour à l'abbé Prévost : «Vous pououvrage en entier, il seroit beau- vicz faire mieux cet ouvrage ; coup meilleur. La partie puisée mais personne ne pouvoit le faire dans les auteurs anglais est sans aussi bien.» La Harpe l'a abrégée; méthode, et chargée d'inutilités Paris, 1780, 23 vol. in-8° et i voet de répétitions. «Les efforts con- lume de cartes, in-4°. XVIII. tinuels que j'ai faits (dit-il à la tête Lettres de Cicéron, qu'on nomme du tome 7) pour amener les An- vulgairement Familières, traduiglais à nos principes d'ordre et de tes en français de Grævius et de goût, ont dû faire juger que je M. l'abbé d'Olivet,, avec des non'ignore pas combien ils s'en sont tes, 1746, 5 vol. in-12. Cette verecartés. Mes préfaces et mes in- sion ressemble à un excellent oritroductions rendent témoignage ginal écrit en français. XIX. Made mes regrets, sur-tout dans le nuel lexique, ou dictionnaire porpremier tome, où je puis dire har- tatif des mots français dont la dunent que tout ce qu'il y a de signification n'est pas familiere

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15 vol. in-8°. Il résulte des jugemens que nous avons portes sur les différens ouvrages de l'abbé Prévost, que c'étoit un écrivain d'une imagination belle et riche. Son goût étoit délicat, sans être toujours sûr. On ne peut lui refuser un esprit très-facile. On désireroit plus de précision dans son style, plus de profondeur dans ses réflexions, plus definesse dans ses idées. Que lui manqua-t-il pour être au premier rang? Des amis sévères, une situation avantageuse qui l'eût mis en état de

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recueillis en 54 vol. in-8°. Ou en publie dans ce moment à Paris, une nouvelle édition in-8°. On a donné en 1764, in-12, Pensées de l'abbé Prévost, avec celles de Le Sage.

à tout le monde; ouvrage utile aux personnes qui veulent écrire et parler juste, 1751, 1 volume in-8°.... 1754 ; Nouvelle édition, augmentée d'un abrégé de la grammaire française, 2 volumes an-8°. C'est un des meilleurs dictionnaires qui aient été donnés dans ces derniers temps. Il renferme des définitions fort claires et fort précises. XX. Lettres de Miss Clarisse Harlove, en douze parties in-12, Paris, 1751: ce roman est traduit de l'anglais, de Richardson. XXI. Histoire de sir Charles Grandisson, conte-mer ses ouvrages. Ils ont été nue dans une suite de lettres publiées sur les originaux par l'éditeur de Paméla et de Clarice ouvrage traduit de l'anglais de Richardson, Amsterdam, 1776, 8 vol. in-12; 1755, hait parties in-12. XX!I. Le Monde” moral ou Mémoires pour servir à l'Histoire du cœur humain, 1700, 4 vol. in-12. XXIII. Histoire de la maison de Stuard sur le trone d Angleterre, traduite de l'anglais de Hume, 1760, 3 vol. in-4°, ou 6 vol in-12. L'original est excellent; mais on remarque dans la traduction un air étranger, un style souvent embarrassé, semé d'anglicismes, d'expressions peu françaises, de tours durs, de phrases louches et mal construites. XXIV. Mémoires pour servir à l'Histoire de la Vertu, 1762, 4 vol. in-12. XXV. 41-1752, les Thessaliennes, comémoran et Amet, anecdotes orien- die en 3 actes, qui obtint plutales, traduites de l'anglais, sieurs représentations. La perte 1763, 2 vol. in-12. XXVI. Let- de sa fortune dans des faillites, tres de Mentor à un jeune sei- celle d'une place qu'il avoit obgneur, 1764, in-12. Ces 3 ouvra- tenue avant la révolution, remges, dont le dernier est postha-plirent son cœur de tristesse. Time, ont été traduits de l'anglais.mide, ne confiant sa détresse à Les OEuvres choisies de l'abbé personne, il fut réduit, en 1793, Prévost ont été recueillies à Paris à se retirer à l'hospice de la Chaen 1783-1785. On ajoute ordinai-rité de Paris où il expira septiranairement à cette collection les génaire. On lui doit divers écrits OEuvres choisies de Le Sage, et des recueils qui ont de l'inté

XII. PRÉVOST D'EXMES (N.le), né eu Normandie le 29 septembre 1729, entra dans les gardes du corps du roi de Pologne, Stanislas, et s'en fit remarquer par une Ole qui obtint une mention honorable dans un concours de l'académie de Nanci. Bientôt il fit jouer sur le théâtre de Lunéville les Trois Bivaux, opéra-comique, et la Nouvelle Reconciliation, comédie en un acte, qui carent da succès. Ayant quitté le service, le Prévost d'Exmes s'établit à Paris, où il donna aux Italiens en

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rêt, I. Rösel ou l'Homme Heureux. Cet ouvrage offre de sages conseils que donne un père à son fils. Le style en est noble, et il eut plusieurs éditions conséquels on doit distinguer une Gramcutives. II. Dans le Nécrologe maire française et une logique des hommes de lettres, on a in- qui ont eu plusieurs éditions. Il séré les Vies de Lully et de Julien- a eu part à l'art de faire et d'emle-Roy, par le Prévost. III. ployer le vernis. On a encore de Etrennes du Parnasse. 11 les ré- lui: Moyens d'extirper l'usure, digea pendant plusieurs années. 1775, 1 vol. in-12; nouvelle édit., IV. Trésor de Littérature étran- 1778, in-12. Il a donné aussi gère. L'auteur, plongé dans le plusieurs Mémoires dans des cauchagrin, suspendit ce recueil ses importantes, des Lettres cridont on désiroit la continuation, tiques dans les journaux, et il a V. Il a travaillé au Journal des travaillé au Journal EncyclopéSpectacles, fait les paroles de dique. plusieurs Oratorios exécutés au concert spirituel, et laissé manuscrite une Histoire de la dernière guerre de l'empereur contre les Turcs. Ce dernier écrit s'est perdu après la mort de l'auteur.

14 juin 1808, est auteur de diverses pièces jouées dans des sociétés; de plusieurs ouvrages à l'usage de la jeunesse ; parmi les

† PREXASPE, l'un des principaux courtisans de Cambyse, roi des Perses, se signala par l'adulation la plus basse. Un jour qu'il reprochoit à ce prince son penchant excessif pour le vin, lui représentant : « Que de tous les XI. PRÉVOST-CABANIS vices, il n'y en avoit point de (Jean-François), conseiller d'é- plus honteux que l'ivresse, pour tat à Genève, soutint avec beau- un prince sur qui les yeux de coup d'énergie le parti des ci- tous ses sujets étoient attachés, toyens contre l'influence de la et dont toutes les actions et les cour de France, qui voulut chan-paroles ne pouvoient être cager la constitution de cette répu- chées. » Je vais vous apblique en y envoyant M. de Vergennes. Dans les troubles de 1794, Prévost voulut s'opposer à la licence qui suivit la prise d'armes du 19 juillet. Arrêté et traduit successivement par le peuple devant plusieurs tribunaux, il fut toujours acquitté; mais ses ennemis furieux le fusillèrent le 24 juillet au soir. Un moment avant de périr, il écrivit une lettre à son fils, où il l'invitoit à servir toujours sa patrie, quoique ingrate.

* XII. PREVOST DE SAINTLUCIEN (Roch), avocat au parlement de Paris, né en cette ville le 16 janvier 1740, et mort le

prendre, lui répliqua Cambyse, que le vin ne fait point perdre la raison, et que mes yeux et mes mains n'en sont pas moins en état de faire leur devoir aceou tumé.» Il se mit à boire plus qu'il n'avoit jamais fait, et ordonna ensuite au fils de Prexaspe, de se tenir droit au bout de la salle, la main gauche sur la tête. Prenant alors son arc et le bandant contre lui, il déclara qu'il en vouloit au cœur du jeune homme, et le perça en effet. Puis, après lui avoir fait ouvrir le côté, il se tourna vers Prexaspe, et lui montrant la flèche attachée au cœur de son fils, il ajouta d'un ton moqueur: « Ai-je la main sûre?»

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