Immagini della pagina
PDF
ePub

en

qu'on dit lui avoir été rendu par
Annibal, l'homme du monde le
plus capable de juger sainement
du mérite guerrier, ne permet pas
de refuser à Pyrrhus le titre de
grand capitaine. Personne,
effet, ne savoit mieux que lui
prendre ses postes, ranger ses
troupes, gagner le coeur des hom-
mes et se les attacher. Il avoit la
vivacité, l'intrépidité et l'ardeur
martiale d'Alexandre; mais moins
prudent que lui, il s'e sposoit sans
ménagement comme un simple
soldat et comme un aventurier. Il
n'avoit aucune régle dans, ses en-

son secours, il entra dans le Pé-¡ loponnèse et forma le siége de Sparte; mais il fut bientôt contraint d'abandonner cette ville. De là il se jeta dans Argos, où il s'étoit élevé une faction entre Aristippe et Aristias. Les Argiens lui envoyèrent des ambassadeurs pour le prier de se retirer. Il le promit; mais il pénétra la nuit dans leur ville, dont Aristias lui avoit facilité l'entrée. Pyrrhus eut l'imprudence d'y faire marcher ses éléphans, qui, trop resserrés, nuisirent à l'action. Ce prince, abandonné des siens et prêt à tomber entre les mains de l'entreprises, et s'y livroit presque nemi, se fait jour par sa valeur, après avoir quitté son aigrette pour n'être pas reconnu. Un Argien l'attaque et lui porte un coup de javeline qui fut paré par l'épaisseur de sa cuirasse. Le prince, plein de fureur, étoit près de le frapper, lorsque la mère de cet Argien, qui voyoit le combat de son toit, lança une tuile sur la tête du roi, et le renversa sans connoissance. Un soldat d'Antigone survint et lui coupa la tête. C'est ainsi que mourut, l'an 272 avant J. C., ce prince également | célèbre par de grandes qualités et de grands défauts. Son caractère étoit affable, son accès facile. Il étoit reconnoissant des services qu'on lui rendoit, et prompt à les récompenser. Il pardonnoit aisément les fautes que l'on commettoit à son égard, et ne punissoit qu'à regret. De jeunes officiers, dans le vin, avoient fait de lui des plaisanteries offensantes; l'ayant su, il les fit venir et leur demanda s'il étoit vrai qu'ils eussent ainsi parlé ?-«Oui, seigneur, répondit l'un d'entre eux, et nous en aurions dit davantage si le vin ne nous eût manqué. Cette répartie le fit rire, et il les renvoya sans les punir. Le témoignage glorieux

toujours par tempérament, par passion et par impuissance de se tenir en repos. Violent, inquiet, impétueux, il falloit qu'il fut toujours en mouvement, et qu'il y mît les autres; toujours errant et allant chercher de contrée en contrée un bonheur qui le fuyoit, et qu'il ne rencontroit nulle part. On connoît le bon mot de Cynéas à ce sujet. Pyrrhus lui étalant un jour toutes les conquêtes qu'il avoit faites, en imagination, de toute l'Italie, de la Sicile, de Carthage et de la Grèce; ce prince ajouta : «Ce sera alors, mon ami, que nous rirons et que nous nous reposerons à l'aise. — Mais, seigneur, repartit Cynéas, qui nous empêche de le faire dès à présent?» On attribue à Pyrrhus l'invention du jeu des échecs.

* I. PYTHAGORE de Reggio, sculpteur, est regardé par Pline comme contemporain de Polyclète d'Argos, 432 ans avant l'ère chrétienne; mais l'autorité de cet écrivain paroît encore en défaut, puisque, selon Pausanias, Pythagore eut pour maître Cléarque, élève d'Enchir le Corinthien. Il est plutôt à présumer qu'il le confondit avec un autre

[merged small][merged small][ocr errors]

On accouroit de toutes parts
pour l'entendre, et dans peu de
temps il n'eut
moins de qua-

pas
tre ou cinq cents disciples. Avant
de les admettre à ce rang, il leur
faisoit subir un noviciat de silence
qui duroit deux ans pour les taci-
turnes, et qu'il faisoit durer au
moins cinq années pour ceux qu'il
jugeoit les plus enclins à trop par-
ler. Il les faisoit vivre tous en
commun; ils quittoient la pro-
priété de leur patrimoine, et ap-
portoient leurs biens aux pieds du
maître. On a dit qu'il attachoit un
mérite infini à l'abstinence des fé-
ves. Il est certain néanmoins qu'il
faisoit un grand usage de ce le-
gume dans ses repas (Voyez le
Voyage du Jeune Anacharsis
chap. 75.) L'un de ses principaux
soins fut de corriger les abus qui
se commettoient dans les maria-
ges. Il voulut non-seulement que
les maris renonçassent au concu-

+N. PYTHAGORE, né à Samos, d'un sculpteur (Pline distingue trois statuaires à peu près contemporains qui ont porté ce nom), vers l'an 592 ou 600 avant J. C., exerça d'abord le métier d'athlète; mais s'étant trouvé aux leçons de Phérécyde sur l'immortalité de l'ame, il se consacra tout entier à la philosophie (Voyez I. PHERECYDE.) Pour avoir une connois-binage, mais aussi qu'ils obsersance plus étendue des mœurs et vassent les lois de la pudeur et des caractères des hommes, il de la chasteté envers leurs épouabandonna sa patrie, ses parens ses. Son affection pour le bien et ses biens, et parcourut l'E- public le détermina à porter ses gypte, la Chaldée et l'Asie mi-instructions jusqu'aux palais des neure. Enfin, après avoir enrichi son esprit, il revint à Samos, chargé des précieuses dépouilles qui avoient été le but et qui furent le fruit de son voyage. Polycrate avoit usurpé le gouvernement de sa patrie; et quoique ce tyran eût beaucoup d'égards pour le philosophe, celui-ci abandonna Samos, et alla s'établir dans cette partie de l'Italie qui a été appelée la Grande-Grèce. 11 fit sa demeure ordinaire à Héraclée, à Tarente, et sur-tout à Crotone, dans la maison du fameux athlète Milon. C'est de là que sa secte a été appelée italique. Sa réputation extraordinaire se répandit bientôt dans toute l'Italie, avec le goût de l'étude et l'amour de la sagesse.

grands, et il eut le bonheur et la gloire de réussir auprès d'un grand nombre. Il mit la police dans presque toutes les villes d'Italie, pacifia les guerres et les séditions intestines, et eut beaucoup de part au gouvernement de Crotone, de Métaponte, de Tarente et des autres grandes villes dont les magistrats étoient obligés de prendre et de suivre ses conseils. On dit que pour donner plus de poids à ses exhortations, il s'enferma dans un lieu souterrain où il demeura pendant un certain temps. Sa mère lui communiqua en secret tout ce qui se passoit pendant sop absence. Pythagore sortit enfin de sa caverne, avec un visage pâle et

а

délait ; il assembla le peuple, et assura qu'il venoit des enfers. Il ya apparence que cette anecdote n'est qu'une fable. Quoi qu'il en soit, Pythagore eut la gloire de produire des changemens avantageux aux mœurs dans une partie de l'Italie, et surtout à Čro- | tone son principal séjour. «Ayant | trouvé, dit Justin, les habitans de cette ville livrés au luxe et à la débauche, il les rappela, par sa prépondérance, aux règles de la frugalité. Il louoit tous les jours la vertu, et en faisoit sentir les avantages et la beauté. Il représentoit vivement la honte de l'intempérance, et faisoit le dénombrement des états dont les excès vicieux avoient causé la la ruine. Ses discours firent une telle impression sur les esprits, et causerent un changement si général dans la ville, qu'on ne la reconnoissoit plus, et qu'il ne resta aucune trace de l'ancienne Crotona. Il parloit aux femmes séparément des hommes, et aux enfans séparément des pères et des mères. I recommandoit aux femmes les vertus de leur sexe, la chasteté, la soumission envers leurs maris; aux jeunes gens un profond respect pour leurs pères et mères, et du goût pour l'étude et les sciences. Il insistoit principalement sur la frugalité, mère de toutes les vertus. 11 obtint des dames qu'elles renonçassent aux étoffes précieuses et aux riches parures, qu'elles faisoient passer pour des ornemens néces saires à leur rang, mais qu'il regardoit comme l'aliment du luxe et de la corruption, Il exigea qu'elles en fissent un sacrifice à la principale divinité du lieu, qui étoit Junon montrant par ce généreux dépouillement la pleine conviction où elles étoient, que le véritable ornement des femmes

[ocr errors]

étoit une vertu sans tache, et non la magnificence des habits. On peut juger, ajoute l'historien, de la réforme que produisirent parmi les jeunes gens les vives exhortations de Pythagore, par le succès qu'elles eurent chez les femmes, attachées pour l'ordinaire à leur parure et à leurs bijoux avec une passion presque invincible.» Ce philosophe forma des disciples qui devinrent de célèbres législateurs, tels que Zaleucus, Čarondas et quelques autres. La science des mœurs et

des lois n'étoit pas la seule que possédât Pythagore: il étoit trèssavant en astronomie, en géométrie, en arithmétique et en toutes les autres parties des mathématiques. Ce fut lui qui inventa cette fameuse démonstration du Carré de l'Hypothénuse, qui est d'un si grand usage en mathématiques. On dit qu'il en sentoit lui-même tellement l'utilité, qu'il immola aux dieux par reconnoissance une hécatombe de cent boeufs. On lui attribue le système de la Métempsycose, c'est-à-dire la transmigration des ames d'un corps dans un autre. C'étoit, dit-on, le dogme principal de sa philosophie; il l'avoit emprunté ou des Egyptiens ou des brachmanes. Ce système lui tenoit, ajoute-t-on si fort au cœur, qu'il se vantoit de se souvenir dans quel corps il avoit été avant qu'il fût Pythagore.... Sa généalogie ne remontoit que jusqu'au siége de Troye. Il avoit d'abord été Ethalides, fils putatif de Mercure, ensuite Euphorbe, le même qui fut blessé par Ménélas. Son ame passa du corps d'Euphorbe dans celui d'Hermotime; de celui-ci dans le corps d'un pêcheur; enfin dans celui de Pythagore. Nous rapportons ces contes d'après le plus grand nombre d'historiens. Mais le sa

?

en

pos

vant Barthélemi, qui a appro-, qu'une autre un certain nombre fondi tous les points de l'histoire de fois, Pythagore conclut que des anciens philosophes, prétend c'étoit la connoissance de ces que Pythagore n'admettoit point nombres qui avoit dirigé l'intellile dogme de la Métempsycose. gence suprême. L'ame de l'homme D'autres savans disent que par ce étoit, suivant lui, une portion mot il vouloit donner une image de cette intelligence suprême, symbolique des productions et que son union avec le corps et des métamorphoses des trois tenoit séparée, et qui s'y réunisrègnes de la nature qui s'opèrent soit lorsqu'elle s'étoit dégagée de chaque jour sous nos yeux. Quoi toute affection aux choses corqu'il en soit, les autres parties porelles. La mort qui séparoit du système pythagoricien prou- l'ame du corps ne lui ôtoit point voient que ce philosophe avoit ses affections; il n'appartenoit beaucoup réfléchi. Il admettoit qu'à la philosophie d'en guérir dans le monde une intelligence l'ame, et c'étoit l'objet de toute suprême, une force motrice, une la morale de Pythagore. >> L'aumatière sans intelligence, sans teur renvoie le lecteur à l'Exa- ́ force et sans mouvement. << Tout men du Fatalisme, tome Ier, et les phénomènes, selon Pythagore, à la Vie de ce philosophe par Dadit Pluquet, dans ses Mémoires cier. Notre soin principal devoit pour servir à l'histoire des égare-être, selon lui, de nous rendre mens de l'esprit humain, suppo- semblables à la divinité. Le seul soient ces trois principes; mais il moyen d'y parvenir étoit de avoit observé dans les phéno-séder la vérité, et pour la posmènes une liaison de rapports, séder il falloit la rechercher avec une fin générale; et il attribua uue ame pure. « Il faut, disoit-il l'enchaînement des phénomènes, souvent, ne faire la guerre qu'à la formation de toutes les parties cinq choses : aux maladies du du monde et leurs rapports, à corps, à l'ignorance de l'esprit, l'intelligence suprême qui seule aux passions du cœur, aux sédiavoit pu diriger la force motrice, tions des villes, et à la discorde et établir des rapports et des liai- des familles. Telles sont les cinq sons entre toutes les parties de choses s'écrioit-il, qu'il faut la nature; il ne donna donc au- combattre de toutes scs forces, cune part aux génies dans la for- même par le fer et par le feu..... mation du monde. Pythagore Les plus beaux présens que le avoit découvert entre les parties ciel ait fait aux hommes sont du monde des rapports, des pro- disoit-il aussi, d'être utile à ses portions. Il avoit aperçu que l'har- semblables et de leur apprendre monie ou la beauté étoit la fin la vérité. » Ce philosophe comque l'intelligence suprême s'étoit paroit le spectacle du monde à proposée dans la formation du celui des jeux olympiques : Les monde, et que les rapports qu'elle uns y tiennent boutique et ne avoit mis entre les parties de songent qu'à leur profit; les aul'univers étoient le moyen qu'elle tres payent de leur personne et avoit employé pour arriver à cette cherchent la gloire; d'autres se fin. Ces rapports s'exprimoient contentent de voir les jeux... « Il par des nombres. Parce qu'une est défendu, disoit-il, de quitter planète est, par exemple, éloi- son poste sans la volonté de ceguée du soleil plus ou moins lui qui commande. » Le poste de

[ocr errors]

l'homme est la vie. La tempé- leur conseilloit de ne se lier par rance est la force de l'ame; l'em- aucun serment il s'exprimoit pire sur les passions fait sa lu- ainsi : « Gardez-vous de porter mière. Posséder la continence, au doigt la bague qui vous gêne. » c'est être riche et puissant. L'hom- Enfin au lieu de dire, n'irritez me est mort dans l'ivresse du vin, pas un homme qui est déjà en il est furieux dans l'ivresse de l'a- colère, il disoit : « N'attisez point mour. L'homme n'est en sûreté le feu avec votre épée. » Ces faque sous le bouclier de la sagesse, çons de parler emblématiques et il n'est heureux que quand il paroissent aujourd'hui assez froiest en sûreté. Ne souffrons des; mais Pythagore avoit rappoint qu'il y ait de cicatrice dans porté de l'Egypte ces façons de l'ame de notre ami. Il n'y aura ni s'exprimer, et l'Ecriture s'en sert blessure ni cicatrice dans l'ame souvent. Il est encore auteur de de notre ami si nous savons lui la découverte sur les sons, l'une céder à propos. Que le plus jeune des plus belles qu'il ait faites, et cede tonjours au plus âgé. La fi- qui contribua beaucoup à perdélité que vous devez à votre ami fectionner la musique. Tout le est une chose sacrée, qui ne souffre monde sait que ce fut en passant pas même la plaisanterie. devant l'atelier d'un forgeron, L'homme est un abrégé de l'uni- que surpris de la gradation qui vers; il a la raison par laquelle ilexistoit entre les divers sons des tient à Dieu; une puissance végé-marteaux, il les examina avec tative, nutritive et productrice, attention, et se convainquit que par laquelle il tient aux animaux; ce phénomène avoit pour cause une substance inerte qui lui est leur pesanteur relative. On ne commune avec la terre. Le sait rien de certain sur le lieu et philosophe s'occupe des vérités sur le temps de la mort de Pyà découvrir ou des actions à faire; thagore. L'opinion la plus comet sa science est théorique ou pra- mune est qu'il mourut`traquilletique. Il faut commencer par la ment à Métaponte vers l'an 490 pratique des vertus; l'action doit avant J. C. Sa maison fut chanprécéder la contemplation. » Une gée en un temple, et on l'honora morale si sensée n'avoit pas tou- comme un dieu. Il étoit en si jours son effet, parce qu'il la grande vénération, qu'on lui fit cachoit sous le voile des allégo-faire pendant sa vie, et après sa ries. Ainsi au lieu de dire sim- mort, une foule de prodiges. On plement : «Ne vous présentez disoit qu'il écrivoit avec du sang dans les temples qu'avec un air sur un miroir ce que bon lui semdécent et recueilli, » il disoit à bloit, et qu'opposant ces lettres ses disciples: « Ne sacrifiez point à la face de la lune quand elle étoit aux dieux les pieds nus. » Quand pleine, il voyoit dans le rond de il leur conseilloit de ne pas sur- de cet astre tout ce qu'il avoit charger le fardeau de la vie du écrit dans la glace de son miroir; poids des affaires et des soucis, qu'il parut avec une cuisse d'or il leur disoit : « Ne vous amusez aux jeux olympiques; qu'il se pas à couper du bois dans votre fit saluer du fleuve Nessus; qu'il chemin. » Pour leur dire qu'il arrêta le vol d'un aigle, apprifalloit être prêt et actif à toutes voisa un ours, fit mourir un serles heures du jour, il leur disoit : pent; que, par la vertu de cerNe tuez jamais le coq. » Siltaines paroles, il chassa un bœuf

-

« IndietroContinua »