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Il y a de l'érudition, de la jufteffe, & même une certaine fagacité dans cet ouvrage on y voit, quoiqu'en raccourci, une image affez fideile de cette efpece de gouvernement inconnu à toute l'antiquité, qui le fera peut-être pour toujours aux ficles futurs, & qui, fuivant la remarque d'un écrivain célebre, a fait des biens & des maux infinis. Les feigneurs & les feudataires y trouveront encore des éclairciffemens fur leurs droits & leurs devoirs actuels peut-être même, fi l'on méditoit avec attention ce que dit l'auteur à ce fujet, la jurifprudence n'admettroit plus, ou du moins reftreindroit confidérablement cet arbitraire qui n'a que trop fouvent lieu dans les queftions compliquées de notre droit coûtumier.

De l'enfeignement public. Par M...., principal du college de Langres. In-8°. A Paris, chez Couturier, pere & fils. 1776.

Outes les routes vers le bien ont été

coup écrit fur le bonheur public, fur l'agriculture, le commerce, les arts, l'adminiftration, & l'éducation, qui eft la bafe que l'on cherchoit en tout; mais malheureufement un ton de paradoxe,

du mieux

d'enthoufiafme & de fyftême avoit gagné le plus grand nombre des écrivains, & bien des gens croient qu'en cherchant ce mi.ux, fi difficile à atteindre, ils n'ont fait que nous priver du degré pofitif de bien auquel nous étions arrivés, parceque le raifonnement n'eft pas toujours le produit de la raison, & parce qu'un efprit jufte a des effets plus fûrs & plus utiles que l'efprit brillant & fyftématique. Une des matieres fur lefquelles on a le plus écrit, c'eft l'éducation. Nous avons même des journaux affectés à cette partie d'inftruction; cependant aucune réforme générale n'a eu lieu jufqu'à préfent: fans doute, le gouvernement, auquel l'éducation des citoyens importe fi fort a voulu jufqu'ici laiffer tous les efprits enfanter & produire leurs idées, pour en faire par la fuite un triage qui le conduise à un systême fixe. En ce cas, nous croyons pouvoir avancer que la petite brochure de l'enfeignement public fournira des matériaux à l'édifice projetté, & qu'on y trouvera des principes fondés fur l'expérience, la raifon & le goût.

« Les études du college, dit l'auteur dans fa préface, m'ont paru faites fans plan & au hazard. J'ai cru qu'il devoit y avoir un ordre relatif à notre efprit, & qu'on pourroit le trouver». Il s'eft defié de fes premieres idées, qu'il avoit cependant écrites

& rédigées de fon mieux, & il les a oubliées pendant deux ans, pour revenir à froid fur ce même travail: un de fes premiers résultats eft qu'il eft raisonnable d'occuper d'abord les enfans d'objets phyfiqu.s,de les introduire par-là à la connoiffa ce des langues, de conti uer par les hiftoriens, les orateurs, les poëtes, & de faire marcher de front le françois, le grec & le latin. Les humanités, dit-il, fourniront ainfi un cours de littérature grecque, latine,françoife, & l'on finira par les fciences, dans lefquelles on aura auffi l'attention de ne paffer à ce qui échappe à nos fens, qu'après avoir familiarifé l'efprit de la jeuneffe avec ce qui eft palpable & fenfible.

Dans tous les tems, il fera néceffaire aux citoyens d'une certaine claffe de fe rendre propres les idées de ceux qui les ont précédés. Elles circulent, à la vérité, en partie dans la fociété; mais leur dépôt principal eft dans les livres, & c'est dans les originaux qu'il faut les chercher, pour ne pas les poffeder imparfaitement. Ce font ces fuites d'idées acceffoires, dit-on,différentes chez les différens peuples, qui rendent indifpenfable l'étude des langues. Les recueils latins & françois qui font indiqués dans la brochure, font prefque acheves & l'auteur s'occupera bientôt avec fes coopérateurs, de ce qui regarde le grec. Ce

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font ces ouvrages élémentaires qui, par la fuite, appuyeront toutes les vues de l'au- · teur; & le public, que cet effai préviendra, fans doute, avantageufement en fa faveur, les attendra avec impatience.

Ce travail préliminaire achevé, il paffera à la poétique, qu'il réduira prefque à l'hiftoire de chaque genre de littérature: ces obfervations feront encore rappellées lorfqu'il traitera l'hiftoire proprement dite, & elles feront placées à leur époque, parce qu'on ne peut bien connoître un peuple fans connoître fes progrès dans les arts, dans les fciences & dans les lettres. Les inventions, les découvertes, les productions du génie font, dit-il, le plus bel apanage de l'efprit humain. Elles doivent intéreffer plus que ces guerres éternelles qui ne nous offrent qu'un conquérant détruifant l'ouvrage d'un autre conquérant, comme une vague efface celle qui la précede.

Il débute dans fon mémoire fur l'enfeignement public, en avertiffant qu'il n'embraffe pas le vafte champ de l'éducation publique; qu'il fe borne à ce qui regarde l'inftruction, & qu'il ne fait qu'indiquer les objets, & l'ordre dans lequel on doit s'en occuper... L'enfeignement ufité dans les colleges étant reconnu vicieux & infuffifant, il faut une réforme, dit-il; mais il la faut tranchante, &c. L'auteur a

cru longtems qu'il falloit commencer l'inf titution par un hiftorien; mais il a fenti qu'il étoit dans l'erreur, & qu'il valoit mieux développer des idées phyfiques. Il s'eft donc décidé pour un extrait de Pline, dans lequel on n'a fait entrer que les animaux, les végétaux & les minéraux connus des enfans.

Pour hâter leurs progrès dans la con noiffance du latin, on leur fera, dit-il, fur cette langue des obfervations grammati cales, courtes, précifes, générales; & afin qu'ils puiffent les revoir, on les leur donnera imprimées, & on leur en fera rendre compte, en prenant notre langue pour terme de comparaifon pour leur faire comprendre la combinaison d'une phrafe, en les avertiffant cependant que la marche de la phrafe françoife ne nous paroît plus naturelle que parceque nous en avons plus d'habitude.

Un ouvrage néceffaire à la parfaite intelligence des langues,& au développement de l'efprit, ce feroit, dit l'auteur, un dic tionnaire qui ne renfermeroit que les fens phyfiques & métaphoriques des mots pris féparément. On auroit l'attention de les placer dans l'ordre fuivant lequel il eft probable qu'ils font nés les uns des autres. Le fens primitif d'un mot exprime toujours l'idée d'une chofe phyfique.... Le livre feroit court, ajoute-t-il, mais le travail long & difficile.

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