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cinq fils et une fille Juan, Pedro, Luis, Fernando, suivant Rades'; Juan, Rodrigo, Pedro, Luis, Fernando, suivant Lopez de Haro 2. Point de Nuño. Est-ce une omission de ces auteurs? Ou bien, et de même que le père se nommait Gonzalez de Guzman, le nom de Nuño, rare déjà à cette époque, ne pourrait-il pas être tenu pour un patronymique déformé en Italie, ne pourrait-il pas être lu Nuñez? En ce cas, le prénom de notre Guzman devrait sans doute être cherché parmi ceux des cadets de la famille, car cet amateur de voyages et de livres semble avoir été trop nomade pour un fils aîné; il se serait nommé alors Pedro ou Rodrigo, Luis ou Fernando Nuñez de Guzman. Quoi qu'il en soit de cette conjecture, il ne saurait y avoir erreur en tout cas sur le nom de famille non plus que sur la descendance de l'humaniste Guzman du maître de Calatrava. C'est aux Espagnols qu'incombe le soin de couper court à nos hésitations; à eux aussi de retrouver au moins quelques débris de la belle bibliothèque réunie à grands frais par Guzman. Que sont devenus tous ces manuscrits rapportés d'Italie ? Suivant Vespasiano, la collection. de Guzman, que la mort surprit à Séville, capitò male. Tout cependant ne s'est pas perdu. Nous avons sauvé le manuscrit des Tusculanes, et la bibliothèque d'Osuna possède peut-être encore une autre des traductions commandées par Guzman à Florence, que cite Vespasiano da Bisticci; je veux parler du Quintilien en toscan. Dans sa liste des manuscrits de Santillana, Amador de los Rios décrit en effet un exemplaire de ce Quintilien, coté Plut. V, lit. N, no 5o, qui a été copié la même année que celui des Tusculanes et porte une mention qui ne diffère pas de celle que j'ai fait connaître : « Incominciano le declamationi di Quintiliano Cala>> gorritano, tradocte di latin in volgare fiorentino à peticione di Mes>> sere Nunio Gusmano, Spagnuolo. » Et à la fin: « Volgare toscano, in >> Firenze MCCCCLVI. »

Souhaitons que des recherches habilement dirigées dans les bibliothèques de la Péninsule permettent bientôt de reconstituer quelque partie d'une librairie formée au prix d'efforts intelligents et à laquelle s'attache un des grands noms d'Espagne. Le marquis de Santillana, qu'on croyait

1. Francisco de Rades y Andrada, Chronica de Calatrava, Tolède, 1572, fol. 68 à 70.

2. Nobiliario de los reyes y titulos de España, t. II, p. 450-451.

3. Amador de los Ríos, Obras del marqués de Santillana, p. 632. Amador admet que ce manuscrit a appartenu au marquis qui l'aurait ainsi acquis deux ans avant sa mort; mais cela n'est nullement prouvé. Le manuscrit a pu être acheté plus tard par un duc de l'Infantado, après la dispersion de la bibliothèque de Guzman.

unique en son genre au xv siècle, a désormais un émule; et c'est bien à un Guzman qu'il appartenait de rivaliser avec un Mendoza.

III

Du troisième manuscrit il y a beaucoup moins à dire. C'est encore un manuscrit italien d'origine et de langue, puisqu'il a certainement été écrit et peint en Italie et qu'il contient le Corbaccio de Boccace en toscan. Coté jadis Plut. V, lit. N, no 51, puis 3-5-3, il a pris à la Bibliothèque nationale le n° 1702 du Fonds italien; son ornementation et sa calligraphie ne valent pas celles du manuscrit 1703, quoiqu'elles soient de la même école. L'encadrement du premier feuillet porte aux quatre coins un heaume placé dans un médaillon; dans le bandeau du bas un médaillon soutenu par des anges renferme un écu aux armes de MendozaVega, enfin dans les bandeaux de gauche et de droite se lit la devise du marquis de Santillana, Dius et vous. Pourquoi cette forme française au lieu de Dios é vos? Je l'ignore. Peut-être est-ce bien celle qu'employait le marquis, qui aurait fait ainsi une concession à l'influence française, si considérable à cette époque en matière d'héraldique, comme le montrent les écrits de Diego Valera et le Blason abreviado du héraut d'armes de Ferdinand le Catholique, Garci Alonso de Torres 3. Le manuscrit italien 1702 est du format petit in-4 et compte cinquante-cinq feuillets; il n'a été revêtu que d'une simple couverture de parchemin. Le texte du Corbaccio y porte ce titre latin: Corbaccius contra scelleratam viduam et alias mulieres incipiunt invective feliciter.

Alfred MOREL-FATIO.

1. Bibl. nat., Esp. n° 347

CHANSONS LADINES

On sait que la littérature réto-romane est en grande partie religieuse, c'est-à-dire qu'elle doit sa naissance à la Réforme et se ressent assez de son origine. Des traductions de la Bible, des catéchismes, des psautiers, des chansons pieuses à l'usage du culte, des traités sur des questions religieuses, quelques « drames » bibliques, voilà la littérature ladine.

Il importe donc de recueillir avec soin les quelques débris de la poésie populaire des Grisons. M. de Flugi a réuni un assez bon nombre de chansons populaires dans son essai intitulé die Volkslieder des Engadin, Strasbourg, 1873, et dans les Romanische Studien, I, 309, mais il n'a pas donné de poésies historiques. La véritable floraison de ces dernières est la première moitié du xviie siècle.

Outre la chanson « sur la liberté des Suisses » nous en avons une sur « la liberté des Grisons », écrite vers 1624, visiblement sous l'impression de l'invasion autrichienne. En commençant par les violences des châtelains, et surtout de celui de Guardaval, elle énumère tous les combats que les Engadinois ont eu à soutenir pour la liberté, montre que l'amour de la patrie les a toujours menés à la victoire, arrive enfin aux faits récents et encourage les patriotes à défendre leurs biens les plus précieux contre l'invasion. Une autre, intitulée «< Lamentation des Grisons sur la rébellion contre la France excitée par leurs autorités », exprime l'indignation d'une partie de la population que causait l'alliance avec l'Autriche et l'Espagne conclue en 1637, et la trahison commise envers le bon duc de Rohan.

La << Chanson sur la liberté spirituelle » célèbre la liberté de la religion. Elle commence ainsi :

Dalg temp cha noass pardavaunts
Planscheivan suot ils tirauns,

Las oarmas eiran in priguels.....

La «< Chanson de Montauban » se rapporte au siège de cette ville en 1621. C'est un dialogue entre le Roi et la Ville, probablement une tra

duction d'un original français. Une autre qui fait l'éloge du roi GustaveAdolphe de Suède est certainement traduite de l'allemand.

Venons maintenant aux trois pièces qui suivent:

I. << La chanson sur la liberté des Suisses » est la traduction très bien faite d'un original allemand souvent imprimé, voir par ex. Kurz, die Schweiz in ausgewählten Dichtungen, pp. 167-170. La chanson a été attribuée à Jérôme Muheim d'Uri qui l'a seulement remaniée. L'édition la plus ancienne date de 1613. Cf. Tobler, Schweizerische Volkslieder, I, XVI.

II. La «< Ruine de Plurs » a eu lieu le 4 septembre 1618. Elle a probablement donné naissance à plusieurs chansons. Nous en connaissons une du pasteur I.-L. Gritti, publiée par M. A. Rochat, Ein altladinisches Gedicht, Zurich, 1874. Une autre est publiée ici qui ne semble pas de beaucoup postérieure à l'événement raconté par les deux chroniqueurs de Sprecher et Vulpius (cf Rochat, I. l. 5). Elle semble être originale.

III. La chanson sur la bataille de Chiavalaina ou de la Malserhaide, qui a eu lieu en 1499, est la traduction assez réussie d'un original allemand qui a été publié par M. de Lilienkron, Histor. Volkslieder, II, 394. La strophe 28 manque à l'original.

Quant à la langue, les textes I", II, III sont écrits en haut-engadinois, le texte I en sursilvain. La chanson 1a prend place certainement parmi les documents les plus anciens de la langue ladine. On y trouve les anciens parfaits en -ck: gnick 86, 109, spateick 111, schbareiek 115, deick 120 etc., cf. Ascoli, Archivio, VII, 473.

La comparaison des deux textes Ia et 1b sera très instructive pour qui s'intéresse pour l'étude des dialectes ladins. On verra combien le vocabulaire de l'engadinois et du sursilvain est différent.

Disons encore un mot sur les manuscrits.

La chanson 1 est publiée d'après un manuscrit appartenant à M. de Sprecher à Mayenfeld (A). Je donne en note la leçon d'un manuscrit de la bibliothèque cantonale de Coire (B) daté de 1678. Le texte 1 est également tiré d'un manuscrit de cette bibliothèque.

La chanson II est tirée d'un manuscrit appartenant à M. de Sprecher. Je donne en note la leçon d'un manuscrit appartenant à M. le professeur Brügger à Coire, daté de 1730 et désigné par B.

La chanson III est tirée de ce dernier manuscrit.

I.

LA CHANSON DE GUILLAUME TELL

EN HAUT-ENGADINOIS ET EN SURSILVAIN

Üna chiantzun davardt la libertad da Schwitzers

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