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I

lo li renda sens son engan. infra caranta dias quet el o sabria. o el. o unus de sos fils l'en somonria. o somonre l'en faria. e que non lo li tolla. ni tolre non lo li fasa ni non lo li garrei. ni guareiar non lo li fasa. ni el. ni Titbors de Aurenga sa maire. ni om ni femina per els. ni per lur consentiment. e aisi o tenran. e li o atendran sens son engan. E fan li jurar lo castel e la vila de Barret as caslans. a Raimbaut. e a Bermon. e ad Ugo. e I a Bertran que lo li rendran sens son engan. e que non lo li tollan. ni tolre non li faszan. ni non lo li guarreirant. ni guarreiar non li fasan e neguna guisa. E qui lo li tollia nil li guarreava. sens engan l'en aiudesan. E quet aiso atendut li sia. donan l'en ostatges. Vuinant. Long de Montdracon. Wilelme de Cadarossa. Wilelme Lautaut. Raimun de Cortedo. Raimun Isnart. Raimun de Merindol. Wilelme de la Claustra. Bertran de Sant Xpistovol. Wilelme de Sant Michel. E juran li aquist ostatge return in la ciutat de Aurenga. infra caranta dias quet il sabrian quet aiso non li fos atendut. o el o unus de sos fils. los en somonria. o somonre los en faria. sens son engan.

[Cette pièce, dont la valeur est surtout historique, touche par un petit côté à l'histoire des troubadours, puisque Tibour d'Orange était la sœur du troubadour Rambaut d'Orange. Elle n'est pas dépourvue d'intérêt pour la philologie. On remarquera notamment que les troisièmes personnes atones du pluriel sont en an (laudan, tollan, faszan, juran) ou en on (meton) conformément à l'étymologie. Les textes de la même région ou d'une région voisine, mais un peu moins anciens, que j'ai eu occasion de citer dans mon mémoire sur les troisièmes personnes du pluriel en provençal 2, nous montraient au contraire on tendant à se substituer à an. On remarquera aussi l'emploi indifférent d'u et d'o pour o estreit, Titburs et Titbors, Raimun et Raimon, return].

Comme ce document, sans présenter de réelles difficultés, pourrait n'être pas parfaitement intelligible aux philologues qui sont plus familiers avec les compositions littéraires qu'avec les formules diplomatiques, je crois utile d'en donner ici l'analyse Tibour d'Orange et son fils Guillaume engagent à Raimon de Mevouillon et aux siens le château de Barret et le village qui en dépend, pour la somme de 5,000 sous. Guillaume avait épousé la fille de Raimon de Mevouillon. L'engagement qu'il souscrit envers son beau-père doit avoir son effet au cas où lui ou sa femme viendraient à décéder sans héritiers. En ce cas le château doit être rendu à Raimon de Mevouillon ou à ses héritiers, dans le délai de quarante jours à partir de la mise en demeure. L'acte se termine par l'énumération des ôtages, ou garants, de cet engagement. Ceux-ci garantissent par serment à Raimon de Mevouillon recours 3 sur la cité d'Orange, pour le cas où les conditions de l'engagement ne seraient pas accomplies. - P. M.]

1. Ces blancs sont dans la pièce.

2. Romania, IX, 203, § 10.

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3. Dans le texte return; voy. Du Cange, RETORNUM. C'est au fond une sorte d'hypothèque.

IV.

LE CLERC DE VOUDOI.

On lit dans Fauchet Euvres, 1610, fol. 580 r): « Le clerc de Vaudoy << fut assez bon trouverre; il a faict les fabliaux intitulés Nicerole, qui

<<< commence :

Seignor, j'ay follement mes deniers despendus,

« Corbeigni et Trambloy, que je n'ai veus, ensemble celui des Droits qu'il << fit aagé de quarante à cinquante ans. C'est une satyre contre les Ja<«< cobins et Cordeliers. Il fit encores un fabliau du Dieu d'Amours, d'Esté et de May, dont je n'ai veu que les xx premiers vers. » Le rédacteur de l'Histoire littéraire XXIII, 262, ignorant la source où Fauchet avait puisé ses renseignements, ne veut voir dans le Clerc de Voudoi que l'auteur du Dit des droits, et lui conteste la paternité de Nicerole et du fabliau du Dieu d'Amours, d'Esté et de May.

Les cinq quatrains suivants, qui se lisent au fol. 108 du ms. fr. 1593 de la Bibliothèque nationale de Paris, donnent raison à Fauchet; ce sont évidemment les vingt premiers vers du fabliau incomplet du Dieu d'Amours dont Fauchet parle pour les avoir vus :

[A]ssés avez oy et contes et fabliaus

[Et de cités abatre et de penre chatiaus;
Je vous en d[i]rai un, qui est et bons et biaus
Bien vous puis afichier que est trestoz noviaus.

[C]is[t] fablel 2 que je di fit li Clers de Vodoi,
Et si fit Nicerole, Corbegni et Tranbloi;
Je vous en dirai un qui vaut mieus que li troi:
Cle] est do Dieu(s) d'Amors et d'esté et de mai.

[E]nz ou fons d'un hanap, a Provins, a la foire,
Vit li Clers mai escrit, si com il voloit boire;
I but tretot le vin, c[e] est parole voire,
Puis a leu[e]s les letres qui li monstrent l'estoire.

[S]eignor, or escotez que mes cuers me consoille
De dire un tel fablel ou nus ne s'aparelle :

1. On a vu ci-dessus, p. 128-9, que Fauchet a emprunté à une autre partie de ce même ms. la citation de quelques vers.

2. Ms. fabliaus.

Ben[e]oiz soit li cuers qui a conter c'esvelle;
Onques de tel fablel n'oïtes tel mervelle.

[Qui a biau[s] diz trover veut son corage enbatre,
Je di de moie part c'on le devroit bien batre,

S[e] il ne set son cuer en tel matire enbatre

Qu'il en die biaus moz plus de cinquante et quatre.

De ces vers il ressort que le Clerc de Voudoi est non seulement l'auteur du Dit des droits, sur lequel M. Viollet appelait tout dernièrement encore l'attention', mais encore du dit de Nicerole 2. Quant aux autres pièces citées, Corbegni et Tranbloi, elles n'ont pas encore été retrouvées on a vu qu'elles n'étaient connues de Fauchet que par les vers précités. Le fabliau du Dieu d'Amours, d'Esté et de Mai, ne saurait être identifié avec le Fablel du Dieu d'Amours, publié à part par Jubinal en 1834, qui, comme on sait, est écrit en vers décasyllabiques.

Gaston RAYNAUD.

V.

NOUVELLE CHARTE DE LA PAIS AUS ENGLOIS (1299).

La Pais aus Englois, petit poème satirique 3, qui semble avoir été composé au commencement de l'année 1264, à l'occasion de l'intervention de Louis IX dans les affaires d'Angleterre, est accompagné, dans le manuscrit qui le contient 4, de la Chartre de la pais aus Englois, sorte de parodie burlesque des proclamations de traités de paix faites par les hérauts d'armes sur les places publiques. Cette pièce, rédigée dans le mauvais français que les auteurs du moyen âge placent d'ordinaire dans la bouche des Anglais, quand ils veulent provoquer le rire d'auditeurs faciles à amuser, se rapporte comme la précédente à la protection donnée par Louis IX à Henri III contre ses vassaux; elle a été publiée par Jubinal Jongleurs et Trouvères, 175-176), par Th. Wright (Political songs of England, p. 360) et par V. Le Clerc (Histoire littéraire, XXIII, 452-3).

Une autre pièce du même genre se trouve sur un des feuillets de garde du ms. fr. 1933 de la Bibliothèque nationale de Paris. En compa

1. Les Établissements de Saint-Louis.

2. Publié par Jubinal, Euvres de Rutebeuf, première édition, 1839, II, 440-442. 3. Publié par Jubinal, Jongleurs et Trouvères, 1835, p. 170-174 et réimprimé par Th. Wright, Political Songs of England, p. 73-8. Voy. aussi l'Histoire littéraire, XXIII, 449-452.

4. Paris, Bibl. nat., fr. 837, fol. 220 v°-221 vo.

rant cette pièce à la précédente, il est facile de voir que c'est une simple imitation où les personnages seuls ont changé; la paix se fait ici entre Edouard Ier, roi d'Angleterre, et Philippe le Bel. La date de 1299 nous indique qu'on a voulu parodier le traité de Montreuil, par lequel Philippe le Bel rendait la Guyenne à l'Angleterre. Voici le texte, qui est incomplet au commencement :

chavaugier par son ter[re].

roi Phelippote doneré Dadoarz un porrons sorers par mes[ter] sur son osel, par estre plus mignet; et quant rey Dadoarz volerer descender de son grant chavel, roy Phelippote deschaucer le porron sorer en son main, et dirré: « Offu, oscu furrez devant roy Dadoart! », et quant il voleré mangier, roi Phelippote devestirer soi toz nuz, et trancherer devant Dadoarz, et direrz: Boi, menger, bon roi Dadoarz » et roy Dadoarz dirré : « Chetis rois Phelippote, je serré sirre, et tu serré mon garçon », et Phelip« pote dirré: « Foire, foure, vos dirré voir. » Et en tel maner fot faite pès; et par ço que ço soit femier en estauble, je penderer le seal Phelippote a cest cul par derer, en l'an que Marrie Malvaise Aloine vener al sainte Sepocre aporter les onissements [a] onir Jase Criste mil. cc. III et XIX.

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On remarquera que le procédé comique de l'auteur consiste non seulement à déformer d'une façon bizarre la phonétique, la flexion et la syntaxe françaises, mais encore, et surtout, à introduire dans son texte des jeux de mots que nous ne comprenons pas toujours. C'est ainsi que nous voyons figurer des porrons sorés (poireaux jaunes ?) à la place d'éperons dorés; femier en estauble, au lieu de ferme et estable; onissement, au lieu d'ongnement, etc., etc.

Cette petite pièce est à joindre à la série des documents recueillis par M. Fr. Michel sur la manière dont on fait parler les Anglais dans la littérature française du moyen âge.

Gaston RAYNAUD.

VI.

NOTE

SUR QUELQUES BALLADES D'EUSTACHE DESCHAMPS ANCIENNEMENT

IMPRIMÉES.

Une des plus utiles publications entreprises par la Société des anciens Textes français est le recueil des Œuvres complètes d'Eustache Deschamps, dont M. le marquis de Queux de Saint-Hilaire nous a déjà donné trois volumes. Nous n'avons pas le dessein d'entrer ici dans l'examen de cette

édition; nous nous proposons seulement de signaler quelques pièces du poète champenois qui ont été imprimées dès la fin du xve siècle ou au commencement du xvi. Ces indications, qu'il sera sans doute possible de compléter par la suite, prouvent que Deschamps ne fut pas aussi oublié que le prétend son dernier biographe. Il semble au contraire que plusieurs de ses ballades aient eu un succès vraiment durable.

Ballade XXVI 2.

Aucune œuvre de Deschamps ne paraît avoir eu autant de retentissement que sa ballade contre les Anglais, dont la composition est attribuée à l'année 1385.

Peu de temps après la mort du poète, dont nous ne savons plus rien après 1404, un clerc de l'Université de Paris remit cette pièce en honneur. Voici, du moins, ce qu'on lit dans une Chronique des Pays-Bas, de France, etc., écrite au xve siècle 3 :

En ce meisme an [1415] fist un clerc de l'université de Paris une ballade se fondant supz ung livre contenant les propheties de Béde, prophéte, de Merlin et de dame Sebile, qui moult fut sage. Le clerc dont, voeillant faire entendre aux non sçachans latin aulcunes choses dudit livre, fist la ballade qui s'ensieut :

Je ay tant crié cum le anchien Symeon
Et lamenté avecques Jheremie,

En vrai espoir que la redemption

De Gaulle en Grec supz la terre de Albie
Voi approchier, et que la prophetie

Béde, Merlin et Sebille, ensement

Avec Bruchus, commenchent propprement
Leur grand effect; dont le asne au pied pourri
Sera destruit et mis a finement,

10 Tant que on dira: « Engleterre fut chi!

Le aigle venra des marces de Aquilon
O ses pouchins seir en Octombrie...

Le texte reproduit par le chroniqueur diffère assez notablement du texte que nous a conservé le manuscrit de Deschamps. Ces variantes ne

1. Sarradin, Étude sur Eustache Deschamps, 1878, p. 2.

2. Tome I, p. 106.

3. Recueil de Chroniques de Flandres publié par J.-J. De Smet, III (Bruxelles, 1856, in-4), 360.

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