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CHRONIQUE.

Il s'est formé en Amérique une « Modern language Association », qui poursuit surtout des buts pratiques, mais qui occasionnellement s'occupe de questions philologiques. C'est ainsi que dans les Proceedings de l'année 1884, p. XIII-XV, nous trouvons une note de M. von Jagemann et des observations de M. Cohn (qui est un ancien élève de l'École des Chartes et de l'École des Hautes Études) sur le génitif en ancien français. L'Association a pour secrétaire M. Elliott, de l'Université de John Hopkins à Baltimore, et c'est là que se publient les Proceedings. L'étude scientifique des langues romanes est maintenant pleinement entrée dans le cercle des études universitaires aux Etats-Unis. Il y a là un public assuré pour des leçons sérieuses sur les langues et les littératures romanes pendant la période du moyen âge. Dans cette branche, les universités des Etats-Unis sont notablement plus avancées que leurs sœurs aînées d'Angleterre.

La Romania a annoncé il y a bien longtemps déjà (II, 381) la publication par MM. G. Monod et G. Paris de l'Estoire de la guerre sainte d'Ambroise (troisième croisade), d'après le manuscrit unique du Vatican. Le texte de cette édition est maintenant imprimé en grande partie, et ne tardera pas à être complet. M. Ad. Tobler vient de donner, dans le t. XXVII des Scriptores des Monumenta Germaniae historicae (p. 532-546), environ 1 500 vers du poème d'Ambroise, qui permettent d'en apprécier le caracière et l'intérêt.

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Le double fragment d'Aspremont et d'Otinel que M. Ernest Langlois a publié ici (XII, 433-58) a été, par voie d'échange avec les archives de la Lozère, acquis par le département des manuscrits de la Bibliothèque nationale.

L'Institut de France a décerné le prix Volney pour 188, à l'ouvrage de M. Schuchardt intitulé: Slawo-deutsches und Slawo-italienisches (voy. Rom., XIV, 175).

L'Académie française a accordé sur le prix Archon-Despérouse une somme de 1,000 francs à M. Clédat, pour sa Grammaire élémentaire de la vieille langue française (Rom., XIV, 174).

L'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres a décerné le prix La Grange à M. A. Thomas pour ses publications relatives à l'histoire de la poésie provençale et française en Italie.

L'impression du volume que les romanistes de divers pays ont résolu de consacrer à la mémoire de Caix et Canello, et qui portera le titre de Miscellanea di Filologia, se poursuit à Florence avec une sage lenteur, qui offre cet avantage que les retardataires ont pu longtemps et peuvent sans doute encore faire par

venir leurs contributions. Nous avons reçu divers tirages à part qui font attendre avec beaucoup d'intérêt l'ensemble du volume (qui est in-quarto et fort bien imprimé). Voici la liste des articles venus à notre connaissance; nons y reviendrons en rendant compte du volume:

E. Stengel, Ueber den lateinischen Ursprung der romanischen Fünfzehnsilbner und damit verwandter weiterer Versarten (p. 5-9);

G. Gröber, Etymologien (p. 39-49: aiguille, ammiccare, andare, arroser, astore, bleron, borraja, encre, jadis, jassé ancsé dessé, malvagio, morceau, nièce, patois, pièce, ruisseau).

G. Paris, Les Serments de Strasbourg (p. 77-89; fragment d'une introduction au commentaire de ce texte).

G. Meyer, Des Einfluss des Lateinischen auf albanesische Formenlehre (p. 101-111). C. Michaelis de Vasconcellos, Studien zur hispanischen Wortdeutung (p. 113166).

Fr. Neumann, Die Entwickelung von Consonant+W im Französischen (p. 167174)

P. Meyer, Complainte provençale et complainte latine sur la mort du patriarche d'Aquilée Grégoire de Montelongo (pp. 232-6).

Livres adressés à la Romania :

Della vita e delle opere di Brunetto Latini, monografia di Thor SUNDBY, tradotta dall' originale danese per cura di Rodolfo RENIER, con appendici di Isidoro DEL LUNGO e Adolfo MUSSAFIA, e due testi medievali latini. Firenze, Le Monnier, 1884, in-8, xxvi. 509 p. L'excellent livre de M. Thor Sundby n'étant pas accessible à tous, M. Renier a rendu un vrai service en le traduisant en italien; l'auteur n'a malheureusement pu le revoir d'un bout à l'autre, comme il l'aurait souhaité, pour cette traduction. Outre le texte du Moralium Dogma (attribué sans preuves suffisantes à Gautier de Lille) et du livre d'Albertano De arte loquendi et tacendi, déjà joint au volume danois, le volume italien nous offre deux précieux appendices, le travail connu d'Ad. Mussafia sur le texte du Tesoro, et une importante collection, publiée et annotée par M. I. Del Lungo, de documents authentiques où figure Brunetto. En revanche, la traduction ne contient pas d'index, comme l'original, et cette omission est vraiment fâcheuse, car le livre touche une foule de points de détail qu'on peut difficilement retrouver sans index. M. R. a préféré, et nous le regrettons, réserver pour une autre occasion le résultat de ses recherches personnelles sur la vie et les œuvres de Brunetto. Il n'est intervenu dans le volume, outre son office de traducteur fidèle, que pour changer le nom de celui qui en est le sujet : il s'appelait lui-même Latino (le français Brunez Latins répond, M. R. le dit justement, à Brunetto Latino et non Latini; le fait qu'il signe Burnectus Bonacursi Latini prouve simplement qu'il appelait aussi son père Latino); jusqu'à M. Sundby on l'a appelé Latini, M. Sundby l'a appelé Latino, et M. Renier, malgré la résistance énergique de M. Sundby, l'appelle de nouveau Latini. Les raisons qu'il en donne ne nous ont pas convaincu, et il résulte bien plutôt des textes réunis par lui que la forme Latino, tombée en désuétude au xive siècle,

a été remplacée par Latini dans beaucoup de manuscrits; mais le fait que Latino se trouve dans un nombre de manuscrits plus grand encore ne s'explique que si c'est la forme originaire, précisément parce qu'elle est contraire à l'usage devenu de plus en plus général. D'ailleurs, il ne peut être exact de dire que la forme Latino sarebbe in Toscana una vera anomalia. » Si c'était vrai, Brunetto ne l'aurait pas employée trois fois à la rime. M. R. veut que ce soit la rime qui l'y ait contraint; mais ni les rimes en ino ne lui manquaient pour rimer à fino ou cammino, ni les rimes en ini pour rimer à Latini s'il avait voulu porter ce nom. La question est mince au reste, mais nous croyons qu'on peut en toute conscience continuer à appeler l'auteur du Trésor Brunetto Latino, et nous continuerons à le faire avec M. Sundby. G. P. Studio di lessicografia botanica sopra alcune note manoscritte del sec. XVI in vernacolo veneto di Jules CAMUS. Venezia, in-8, 46 p. (Extrait des Atti del R. Istituto veneto di scienze, lettere ed arti, ser. VII, t. II.) Essai sur un patois vosgien (Uriménil, près Epinal), par M. HAILLANT. Troisième section Grammaire. Paris, Maisonneuve, 1884, in-8, 106 P. Voy. Rom., XII, 635.

Dictionnaire du patois savoyard tel qu'il est parlé dans le canton d'Albertville, suivi d'une collection de proverbes, par F. BRACHET. Albertville, Hodoyer, 1883, in-8, 211 p. Travail fait sans méthode.

Amis and Amiloun, zugleich mit der altfranzösischen Quelle herausgegeben von Eugen KOLBING. Heilbronn, Henninger, 1884, in-12, CXXXI-253 p. Lautlehre des Dialekts von Siena... von Ludwig HIRSCH. Rome, 1885, in-8, 68 p. (diss. de docteur). Travail d'autant mieux venu qu'on a moins fait jusqu'à présent pour la dialectologie italienne ancienne.

Wünsche und Hoffnungen betreffend das Studium der neueren Sprachen an Schule und Universitæt, von Dr. Hermann BREYMANN. München, Oldenbourg, 1885, in-8, 52 p.

Das poitevinische Katharinenleben und die übrigen südwestlichen Denkmæler, von Dr. F. TENDERING. Barmen, 1885, in-8, 29 p. (progr. du Realgymna siun). M. Tendering conclut de l'examen grammatical que ce poème, toujours inédit (cf. Rom., XII, 134), appartient à la région méridionale de l'Angoumois et a été composé vers la fin de la première moitié du XIIIe siècle.

Cansons y Follies (inédites) recullides al peu de Montserrat per Pau BERTRAN Y BROS. Barcelona, Verdaguer, 1885, in-8, XVI-322 p. Charmant re

cueil, avec la musique et des rapprochements qui indiquent chez l'auteur une connaissance étendue du folk-lore roman en fait de chanson. Untersuchungen über die metrische Technik Corneille's und ihr Verhältniss zu den Regeln der französischen Verskunst, von Dr. Wilhelm RICKEN. I. Teil. Silbenzählung und Hiatus. Berlin, Weidmann, 1885, in-8, 67 p. Luigi NATOLI. Il contrasto di Cielo dal Camo, noterelle critiche. Palermo, Giannone e Laurantia, 1884, in-8, 42 p. M. N. doute que l'auteur du Contrasto ait écrit en dialecte et ait appartenu à la classe plébéienne, ce qui est l'opinion de M. A. d'Ancona.

Der Lucidaire Gilleberts... Von Paul EBERHARDT. Halle, 1884, in-8, 38 p. (dissert. de docteur). Ce même sujet avait été traité récemment par M. Schladebach dans une dissertation de Leipzig, 1884 (Das Elucidarium des Honorius, etc.); l'auteur a pu améliorer et compléter le travail de son prédécesseur.

Dans

A. HERON. Trouvères normands. Rouen, Cagniard, 1885, in-8, 48 p. cet article destiné au grand public, M. Héron résume ce que les publications de P. Meyer, G. Paris, G. Raynaud ont ajouté récemment à notre connaissance de la poésie normande au moyen âge, et s'étend particulièrement sur les œuvres de Hue Archevesque, qu'il a depuis imprimées. On s'étonne qu'il ne mentionne pas la Bibliotheca normannica de M. H. Suchier. Der Physiologus des Philipp von Thaün und seine Quellen. Von Max Friedrich MANN. Halb, Karras, in-8, 53 p. (dissert. de docteur). Nous reparlerons de cette dissertation, qui a paru aussi dans le journal Anglia. Rimarium und darauf basirte Grammatik von Estienne von Fougieres' Livre des manieres, von Josef KREMER. Marburg, Friedrich, in-8, 79 p. Nous reparlerons de cette dissertation dans un article général sur les Ausgaben und Abhandlungen dirigées par E. Stengel, dont elle forme le 39o fascicule.

Dei Sprache des Venezianer Roland V4. Von Adolt KELLER. Calw, Œlschlæger, 1884, in-8, 102 p. (dissert. de Strasbourg). L'auteur conclut que le dialecte dans lequel a été traduit le Roland » est le véronais, avec immixtion de toscan, « plus exactement le parler de la contrée de Roveredo. » Il collegamento delle stanze mediante la rima nella canzone italiana dei secoli XIII e XIV, studio di Leandro BIADENE. Firenze, Carnesecchi, 1885, in-8, L'auteur annonce un travail sur La forma metrica della Canzone italiana, dont ce spécimen fait bien augurer.

16 P.

Zur syntax des portugiesischen Verbs, von H. WERNEKKE. Weimar, 1885, in-4, 20 p. (progr. de la Realschule).

Poesie storiche genovesi, edite per cura di Achille NERI. Genova, 1885, gr. in-8, 70 p. Les plus anciennes de ces poésies sont du xve siècle, les plus récentes du XVIIIe.

La chanson de Gui de Bourgogne et ses rapports avec la chanson de Roland et la chronique de Turpin, par le Dr. FREUND. Crefeld, Klein, 1885, in-4, 43 p. (progr. de la Realschule). L'auteur montre à quel point l'auteur de Gui s'est inspiré du Rollant; il ne tire pas au clair la vraie nature des rapports de ce poème avec la chronique de Turpin, sur lesquels on peut porter un jugement différent de celui qui a été exprimé jusqu'ici. Le jugement final de ⚫ M. Freund peut être approuvé : « C'est une méchante épopée [disons plutôt ce n'est pas une véritable épopée], mais c'est un assez bon roman proprement dit, capable d'amuser le public aujourd'hui même; mais il exagère singulièrement la prétendue indécence qu'il a relevée dans un passage simplement naïf, et il ne prouve nullement, comme il le croit, que l'auteur ait été un clerc.

Intorno alla storia della letteratura italiana del prof. A. Gaspary appunti critici di B. COTRONEI. Firenze, Carnesecchi, 1885, in-8, 40 p. — Sans nier

les mérites de l'ouvrage allemand, le critique revendique non sans quelque aigreur la priorité de divers jugements pour des écrivains italiens, surtout pour M. Bartoli, et présente ça et là des observations dont on peut faire son profit (notamment sur les deux rédactions du Novellino).

Bibliographie des traditions et de la littérature populaire de l'Auvergne et du Velay, par H. GAIDOZ et Paul SÉBILLOT. Clermont-Ferrand, Mont-Louis, 1885, in-8, 65 p. (Extrait de la Revue d'Auvergne, t. II.)

Il tipo estetico della donna nel medio evo, par R. RENIER. Ancona, Morelli, 1885, in-8, XIII-195 p. Ce charmant petit volume, tiré à peu d'exemplaires, orné de quelques vignettes dont on aimerait à savoir les sources, est consacré à un sujet intéressant, qu'il n'épuise pas, mais sur lequel il rassemble beaucoup de renseignements précis et bien interprétés. Le conventionalisme pur de presque toutes les descriptions de beauté féminine au moyen âge y est parfaitement mis en lumière, et c'est un trait qui a son importance pour l'appréciation intellectuelle, artistique et morale de cette époque.

Contes français recueillis par E.-Henry CARNOY. Paris, Leroux, 1885, in-12, XI-312 p. Ce recueil se compose des contes picards que M. Carnoy a jadis donnés à la Romania (t. VIII), et de trente-cinq contes recueillis par lui ou par ses amis dans les différentes parties de la France; M. C. s'est efforcé de les reproduire fidèlement tels que les rapportent les narrateurs populaires, mais c'est une tâche extraordinairement difficile. Notons que le no XVI, le Fidèle serviteur, est sûrement issu du conte de Grimm, Der getreue Johannes, quoiqu'il présente de singulières altérations; la même provenance littéraire pourrait sans doute être attribuée à d'autres encore des récits publiés par M. Carnoy. Son recueil n'en est pas moins intéressant et précieux. Floris and Blaunscheflur. Mittel englisches Gedicht aus dem 13. Jahrhundert nebst litterarischer Untersuchung und einem Abriss über die Verbreitung der Sage in der europæischen Litteratur herausgegeben von Emil HausKNECHT. Berlin, Weidmann, 1885, in-8, xx-252 p. L'introduction littéraire est un travail étendu et consciencieux, qui jette un jour nouveau notamment sur les relations des versions italiennes (dont le Filocolo de Boccace) entre elles.

Zur Kritik und Geschichte des Französischen Rolandsliedes. Von A. PAKSCHER. Berlin, Weidmann, in-8, 136 p. Nous consacrerons un article à cette intéressante dissertation, qui se rattache à l'étude publiée ici (XI, 465) sur le même sujet.

A. GRAF. Il Boccaccio e la superstizione. Firenze, in-8, 24 p. L'auteur défend à bon droit Boccace du reproche de superstition que lui a adressé M. Korting. La conjecture proposée en note, p. 15, ne nous paraît pas vraisemblable, le mot chapelet n'ayant pas en français, que nous sachions, le sens de « rosaire avant le xvIe siècle; cette interprétation est d'ailleurs contredite, comme le remarque M. G. lui-même, par la déclaration expresse de Boccace.

Custom and Myth, by Andrew LANG. London, Longmann, 1884, in-12, 310 Bien que ce livre ne parle que peu du folk-lore roman, nous croyons

p.

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