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devoir le signaler à nos lecteurs à cause de la méthode excellente, à la fois très large et très circonspecte, qui y est employée, et qui ne peut qu'exercer une heureuse influence sur les travaux de folk-lore qui s'en inspireront. L'auteur est de ceux qui renouvellent la mythologie comparée en la rendant réellement comparative, et qui protestent contre les errements aventureux de l'interprétation linguistique des mythes.

Der Saturnier und sein Verhältniss zum späteren römischen Volksverse untersucht von Rudolf THURNEYSEN. Halle, Hiemeyer, 1885, in-8, 63 p. La question du saturnien, qu'on avait pu croire close par le livre de L. Havet, se rouvre de tous côtés. M. Th., comme MM. l'abbé Misset et Keller, croit que c'était un vers rythmique, mais son explication est tout à fait originale. D'après lui, le saturnien comporte cinq accents, répartis en deux membres, le premier de trois, le second de deux accents; « la place du premier accent est fixe (première syllabe), celle du troisième et du cinquième réglée, celle du deuxième et du quatrième libre. » Le vers populaire latin (septénaire trochaïque rythmique) est le résultat d'une fusion entre le principe du saturnien et celui du vers métrique. Nous nous bornons pour le moment à faire connaître ces résultats, qui provoqueront sans doute une discussion d'où la lumière finira peut-être par sortir.

Très humble essai de phonétique lyonnaise, par NIZIER DU PUITSPELU, de l'Académie de Gourguillon. Lyon, Georg, 1885, gr. in-8, 145 p. (Extrait de la Revue lyonuaise.) La Romania a déjà signalé les études lyonnaises de M. du Puitspelu (voy. Romania, XII, 628); ce volume présente le résultat d'observations bien faites et clairement présentées avec un accompagnement d'humour qui ne déplaît pas. L'auteur n'est pas un philologue de profession, mais il connaît les méthodes et les résultats de la science. Ça et là il se laisse un peu aller à sa fantaisie; pourquoi tirer du celtique l'anc. fr. chaleil (lyonn. chelu)? Il est clair que c'est le latin caliculus, diminutif de calix. La Vie de saint Alexis, poème du XIe siècle, texte critique publié par Gaston PARIS. Paris, Vieweg, 1885, in-12, VIII-26 p. Cette édition, publiée pour servir à des leçons d'explication, ne contient absolument que le texte; l'éditeur a cherché à tenir compte, tant pour la critique des leçons que pour celle des formes, des travaux qui, depuis quatorze ans, ont renouvelé l'étude de l'ancien français.

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La Poésie du moyen áge, leçons et lectures, par Gaston PARIS. Paris, Hachette, 1885, in-12, XIV-255 p. · L'auteur a réuni dans ce volume sept leçons d'ouverture ou lectures académiques, dont cinq (la Poésie du moyen âge, le Pèlerinage de Charlemagne, l'Ange et l'Ermite, les Anciennes versions françaises de l'Art d'aimer d'Ovide, Paulin Paris et la littérature française du moyen áge) avaient déjà été publiées dans divers recueils, et dont deux (les Origines de la littérature française, la Chanson de Roland et la nationalité française) étaient inédites.

Die fränkischen Elemente in der französischen Sprache. Von Dr. Wilhelm WALTEMATH. Paderborn, Schoeningh, 1885, in-8, 104 p. désirer en plus d'un point, ce travail mérite d'être

Bien qu'il laisse à accueilli avec faveur,

d'abord à cause des quelques résultats intéressants qu'il contient, mais surtout comme le premier essai d'une étude scientifique de la pénétration des éléments germaniques dans le roman, étude dont le besoin se fait sentir plus vivement tous les jours et qui n'a pas encore été sérieusement abordée.

Le Tornoiement Antechrist par Huon de Mery in seiner literarhistorischen Bedeutung. Von Max GREBEL. Leipzig, Bær, 1885, in-8, 98 p. (dissert. de docteur). L'auteur s'attache à montrer combien Huon de Méri dépend de Chrétien de Troie et surtout de Raoul de Houdenc. Sur l'histoire de la poésie allégorique son travail n'est qu'une esquisse fort incomplète. Ueber die Sprache des Renaut von Montauban. Von Richard Zwick. Halle, Nietschmann, 1885, in-8, 54 p. (diss. de docteur). « La Chanson appartient au dialecte picard ou wallon. Cependant, elle offre tant de traits du dialecte francien qu'on est peut être autorisé à la placer sur les frontières des domaines picard et francien. »

Le Psautier de Metz, texte du XIVe siècle, édition critique, publiée d'après quatre manuscrits par François BONNARDOT, tome I. Paris, Vieweg, 1885, in-8, 464 p. Nous reparlerons de cette intéressante publication quand elle sera achevée.

Poésies inédites des troubadours du Périgord, publiées par Camille CHABANEAU. Paris, Maisonneuve, in-8, 63 p. (Extrait de la Revue des langues romanes.) Tradizioni populari abruzzesi raccolte da Gennaro FINAMORE. Vol. I, Novelle (parte seconda). Suite de cet excellent et précieux recueil (voy. Rom., XI, 635).

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Les Dits de Hue Archevesque, trouvère normand du XIIIe siècle, publiés avec introduction, notes et glossaire, par A. HÉRON. Rouen, Cagniard, 1885, in-8, xxix-81 p. Nous reviendrons sur cette intéressante publication. La Chanson de Roland, translated from the seventh edition of Leon Gautier by Leonce RABILLON. New-York, Holt, 1884, in-12, XI-211 p. — Ce petit volume élégamment imprimé contient la deuxième traduction en anglais de notre vieille chanson. Elle nous a paru fidèle et d'une lecture facile. L'auteur, dont le nom indique la nationalité, est « french lecturer » à l'université de John Hopkins. Nous ne connaissons pas la traduction de J. O'Hagan, qui a précédé celle-ci.

Dr. Paul SCHWIEGER. Die Sage von Amis und Amiles. Berlin, Hayn, 1885, in-4, 38 p. Ce qui est neuf dans ce travail (dont l'auteur n'est pas d'ailleurs suffisamment au courant des travaux récents de la littérature comparée), c'est l'idée du rapprochement entre l'histoire d'Ami et Amile et celle de Siegfried et Gunther. Dans les deux récits nous voyons un ami (ou un vassal) conquérir une femme pour son ami (ou son seigneur) en se substituant à lui, et en être ensuite puni. Mais c'est là une ressemblance bien générale et qui n'autorise, à notre avis, à admettre aucun rapport réel entre les deux histoires. Malgré le manque de parallèles orientaux signalés jusqu'à présent, nous penchons fort à voir dans la légende du lépreux que son ami guérit en sacrifiant volontairement ses enfants pour l'oindre de leur

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sang un conte d'origine orientale, venu en Occident par un intermédiaire byzantin et par transmission littéraire (on l'a rattachée à deux personnages plus ou moins réels dont on montrait le tombeau à Mortara en Piémont). Signalons à ce propos l'édition de l'Amis et Amiloun anglo-normand, avec la version anglaise, par M. E. Kolbing, dans le t. II de l'Altenglische Bibliothek (Heilbronn, Henninger, 1884); l'introduction contient d'intéressants renseignements sur d'autres versions de la légende et complète le travail de M. Kolbing, publié dans le t. IV des Beiträge de Paul et Braune.

Histoire littéraire des Vaudois du Piémont, d'après les manuscrits originaux, par Edouard MONTET. Paris, Fischbacher, 1885, in-8, 242 p. Ouvrage fait avec soin et en somme estimable, encore qu'il y ait bien des erreurs (par exemple la version provençale de la Somme le roi, du ms. B. N. 1745, est donnée comme un ouvrage vaudois !). L'auteur a vu les mss. de Genève, de Cambridge et de Dublin, mais il ajoute peu de chose à ce qu'on en savait; ce qu'il dit des mss. de Dublin, notamment, est bien superficiel. Le chapitre sur la langue vaudoise (p. 11-7) aurait pu sans dommage être omis. En appendice, l'auteur donne le fac-similé d'une page de la Nobla leyczon, d'après deux mss. de Cambridge. Il ne paraît pas avoir su que le fac-simile de la même page des deux mêmes mss. a déjà été publié dans le livre de Pius Melia, The origins, persecutions and doctrines of the Waldenses (London, 1870, gr. in-8).

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La Bernarda Buyandiri, tragi-comédie en patois lyonhais du XVIIe siècle, publiée d'après l'unique exemplaire connu, avec une préface, un glossaire et des notes par Edouard PHILIPON. Lyon, Georg, 1885, gr. in-8, 48 pages. (Extrait de Lyon-Revue.) Forme le n° 2 d'une collection de « Textes inédits ou rares en dialecte lyonnais entreprise par M. Philipon, et dont le no est l'intéressant opuscule intitulé « Un Lyonnais à Paris au XIVe siècle », dont nous avons rendu compte ci-dessus, XIII, 476. La Bernarda a été composée en 1656 au plus tôt et imprimée à Lyon en 1658. De cette édition on ne connaît qu'un seul exemplaire conservé à la Bibliothèque nationale et d'après lequel M. Ph. a exécuté sa réimpression, à laquelle il a joint d'utiles observations linguistiques, de nombreuses notes et un court glossaire, où on pourrait relever quelques interprétations douteuses ou décidément erronées. Ainsi il est depuis longtemps établi que gin (anc. fr. giens, prov. gens, ges), vient de genus (voy. G. Paris, Mém. de la Soc. de ling. de Paris, I, 189). La pièce est assurément médiocre, dans le fonds comme dans la forme; le dialogue y est ordinairement trivial et souvent grossier. Toutefois, c'est un texte de langue intéressant, malgré le grand nombre d'expressions purement françaises qu'on y rencontre, et il faut Iouer M. Philipon de nous en avoir donné une nouvelle édition à tous égards très soignée.

Bibliographie des dialectes dauphinois. Documents inédits, par l'abbé L. MOUTIER, Valence, imp. valentinoise, 1885, in-8, 55 p. · Pour la partie ancienne, cette bibliographie est incomplète et inexacte. Il n'y a pas de raison pour y faire

figurer le fragment de Merlin, traduit en provençal, qu'ont publié successivement MM. l'abbé Guillaume et Chabaneau (Rom., XI, 450 et 618). Au moins fallait-il mentionner l'édition de M. Chabaneau. L'article des « Visions de la B. Marguerite de Ducin (sic) » est également à supprimer, puisque Marguerite d'Oingt était des environs de Lyon (voy. Rom., VII, 142). Oingt est dans l'arrondissement de Villefranche. Cette bibliographie sera utile pour les ouvrages en patois moderne. Les « documents inédits » comprennent 1°, sous le titre fort impropre de « Charte de Die », un court livre de raison qui parait exécuté vers 1325, et qui aurait exigé un commentaire historique et topographique; 2o, trois inscriptions murales, comme on en connaît plusieurs dans la même région; 3o, quelques noëls du XVIIe siècle.

D

Catalogue des livres composant la bibliothèque de feu M. le baron James de Rothschild. T. I, Paris, Morgand, 1884. Gr. in-8, xx-652 pages et 9 planches hors texte. Ce catalogue est à tous les égards digne de la bibliothèque qu'il fait connaître. La collection de livres précieux formée par le baron James de Rothschild ne se recommande pas seulement par la beauté des exemplaires et la richesse des reliures: elle a le mérite d'être, entre les bibliothèques privées de notre époque, l'une des plus riches en ouvrages rares, parfois connus par un exemplaire unique, de notre littérature du xve et du XVIe siècles. Le catalogue dont nous annonçons actuellement le premier volume a été fait avec un soin minutieux et un détail que jusqu'à présent on n'avait pas apportés à la description des vieux livres. Pour plusieurs ouvrages rares dont le titre n'indiquait pas suffisamment le contenu, par exemple pour certains livres d'heures où sont insérées des poésies françaises, nous trouvons un inventaire tout à fait analytique indiquant les pièces une par une, et contenant de très intéressantes notices littéraires. De nombreux facsimilés introduits dans le texte apportent à l'histoire de l'imprimerie de précieux matériaux. Parmi les imprimés est décrit (no 471) un ms. venant de Didot (vente 1881) et contenant les œuvres en vers de J. Molinet. Il est décrit avec un soin tout particulier. Le présent volume était sous presse lorsque le baron J. de Rothschild mourut en septembre 1881. Il a été terminé par M. E. Picot, qui continue avec un pieux dévouement les diverses publications commencées par celui dont il était depuis si longtemps le collaborateur et l'ami.

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LA

LÉGENDE DE CHARLEMAGNE

DANS L'ART DU MOYEN AGE.

Dans son Histoire poétique de Charlemagne, M. Gaston Paris a montré comment est née et comment s'est développée la légende du grand empereur franc. La prenant à son origine, il en a suivi les transformations de pays en pays, de siècle en siècle. Plusieurs centaines d'années durant, jusqu'en pleine Renaissance, et d'un bout à l'autre de l'Europe, depuis la Scandinavie jusqu'à l'Espagne, on voit l'imagination des romanciers et des poètes s'exercer sur ce nom qui n'avait guère besoin de leur secours pour passer à la postérité. Charlemagne devient le point de départ d'un cycle épique, dont la vogue n'a peut-être été égalée que par celle dont le cycle troyen jouissait dans l'antiquité.

Une étude parallèle sur la légende de Charlemagne dans le domaine de l'art offrirait, ce semble, un réel intérêt, bien qu'ici les artistes se soient généralement bornés à interpréter les idées de leurs confrères, les littérateurs, et que les monuments figurés soient, sauf de rares exceptions, postérieurs aux textes. Ce serait un travail analogue à celui qu'ont entrepris M. Renan dans son ouvrage, depuis longtemps classique, sur Averroès et l'averroïsme, M. Julien Durand dans sa savante et ingénieuse dissertation sur la légende d'Alexandre, publiée dans les Annales archéologiques. On verrait ainsi combien sont multiples et profondes les racines que le Charlemagne de la légende a jetées jusque dans les régions où le souvenir de ses exploits semblait n'avoir jamais pénétré. Si, de bonne heure, le portrait historique du premier empereur d'Occident est intervenu comme élément iconographique important dans les sculptures du portail des églises, dans les tapisseries ou les verrières de la nef, dans les fresques ou les mosaïques de l'abside, combien les représentations fantastiques n'ont-elles pas tardé à devenir plus attachantes et plus populaires!

Romania, XIV,

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