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plus haut (SIX) dans la vie de sainte Marie-Madeleine, v. 6, pueca, et dans le Gardecorps (III) puecca, v. 133, 150. On lit aussi dans le testament marseillais précité tetamen (pour testamen), 1. 2, puca (pour puesca, pusca) 1. 32. P. de Serras écrit cependant resta, 1. 75, 76, costet, 70. La tendance qu'il avait à prononcer es comme e l'entraîne à écrire es pour la conjonction et, en des cas où elle n'est pas suivie d'une voyelle et où, par conséquent, il n'y a pas lieu de prononcer ez. En général, devant une voyelle, il écrit et, mais nous trouvons es devant une consonne, 1. 10, 34. La même graphie se rencontre accidentellement dans les copies, ainsi III, 113.

R suivie d's tombe après la tonique, ce qui n'a rien que de tout à fait ordinaire à cette époque, dans andes, 1. 70, terrados, 1. 34, lus (pour lurs), 1. 65. L'r finale tombe dans mecie, l. 54, 55, à côté duquel on trouve mecier, l. 13, 52; de même febrier, 1. 57, et febrie, 1. 62. Les copies nous offrent de plus divers exemples de la chute de l'r des infinitifs vesti[r]s, III, 19, pensa[r], III, 118, demostra[r], IV, 190, 202, meravilha[r], IV, 149, etc. Remarquons, 1. 54, 82, pe pour per; de

même dans le mystère, v. S10.

Je ne trouve pas, dans les comptes, d'exemple de passage d'r en z; pour z devenu r on peut citer gleyra, 1. 67, mais dans le reste du ms. j'ai remarqué piusieurs exemples de l'un et l'autre cas, notamment dans. le Doctrinal SXV).

Le groupe latin CT devient souvent gh: deghat, deghet, 1. 52 (dictatum, dictavit); fagha, 1. 66 (facta); cette graphie se rencontre çà et là dans les copies de Peyre de Serras, ainsi fagha, IV, 91, XI, 13, deghat, IX, 6. Il arrive aussi que notre auteur omet le g, d'où dehar, 1. 12, 56, dehat, 1. 54, fruha, 1. 83.

Remarquons la chute de d intérieur après n, dans qualenas, l. 83 1.

Le groupe TS se réduit ordinairement à s, ce qui est à peu près normal à l'époque où vivait P. de Serras: dis, 1. 18, voluntas (voluntates), l. 65, pres, l. 86, 103. Ce qui est moins usité, c'est l'interversion du groupe TS, devenant ainsi ST. Nous trouvons dans le livre de raisons horst, 1. 36, dans la table des dimensions des torches placée en tête du n° 105 a, ci-dessus p. 490, brandonest, pour brandonetz, p. 491 dest pour detz (doigts); et en d'autres parties du ms.: menust, IV, 2; vengust, IV, 79; tost (totos ou totus) IV, 215, 372, V, 11, VIII, 10, XI, 3, 8; molherast, VII, 43, peccast, IX, 1186, XI, 35, perdust,

1. Raynouard (Lex. rom., II, 292) n'a que calenda, qu'il traduit avec raison par fête de Noel », mais qu'il explique d'une façon peu heureuse en disant que la fête de Noël était fixée au 25 décembre, jour des calendes de janvier ».

Romania, XIV.

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XI, 27, de même past (pacem), XI, 36, most, VIII, 4, pour mots (multos).

Cette interversion n'est pas fréquente ailleurs. Je trouve tost dans le Testament marseillais précité (l. 96), où se sont donné rendez-vous toutes les bizarreries imaginables. Les exemples du même phénomène apparaissent avec assez de régularité dans certains textes de Montpellier, mais avec une nuance. Dans l'ancienne traduction des coutumes de Montpellier qui fait partie du Petit Thalamus publié par la Société archéologique de Montpellier, je lis, p. 3, tengustz (cas sujet du sing.); p. 7, parstz (partes); p. 9, tostz (totos); p. 11, tengustz (suj. plur.), comessatz (suj. sing.), forsastz (suj. sing.), pagastz (suj. sing.); p. 13, gitasız; p. 15, fustigastz, condampnastz, viltastz (vilitates), tengustz, justiziastz, vendustz, crezustz, etc.

A proprement parler, il n'y a pas ici interversion de ts, mais addition d'une s avant le t, car tous les exemples offrent, comme on vient de le voir, la terminaison stz, et là où il n'y a pas z final, il n'y a pas non plus d's avant le t, ainsi establit, amonestat, p. 11, adobat, sauput, p. 12, etc. Mais ce fait est précisément la preuve que l'origine de cette terminaison est bien l'interversion de TS; seulement, l'interversion opérée, le copiste a cru pourtant utile d'ajouter le z de flexion, ne se rendant pas compte qu'il l'avait déjà écrit avant le t sous forme d's. Il s'est ainsi formé une sorte de terminaison stz que le même copiste du Petit Thalamus introduit là où elle n'avait que faire: fastz, p. 13, à côté de fags (factus ou factos); cf. dans notre ms. fortfast, ci-dessus p. 533.

La même particularité se manifeste de temps à autre dans le ms, du Musée Britannique Harl 7403, dont l'origine ne peut être déterminée que que par conjecture', et plus rarement encore, dans l'unique ms. de Flamenca 2.

Envisagée au point de vue purement phonétique, l'interversion de TS est certainement analogue à celle de TS ou TCH, venant d'un c latin initial (ou dernière consonne d'un groupe) suivi d'a, et devenant ST, que M. Bauquier et M. Cornu ont signalée en certains patois de la Savoie et de la Suisse 3: cantare, tsanta, puis stanta.

Les troisièmes personnes du pluriel ayant pour point de départ le latin ant sont en on: puccon, subj. de poder, 1. 64. Quand un i précède, la terminaison est en en: morien, 1. 9, venien, 1. 43. C'est exactement

1. Par ex. aujastz, esvasistz; voy. Suchier, Denkmæler prov. Literatur u. Sprache, I, 486.

2. Voy. mon édition, p. 251, note sur le v. 2931.

3. Voy. Romania, V, 496, VI, 447.

l'état de choses qu'on observe actuellement dans la plus grande partie de la Provence. Les copies offrent une variété qui s'explique par la différence de leurs origines. Les terminaisons sont en général on et en, selon les deux cas indiqués, mais il y a aussi des finales en an: eran, VII, 127; menassavan, XII, 25.

Dans la vie de sainte Marguerite (VIII) le t final est souvent conservé: reseupront, 8, ausiziont, 10, ausizient, 26 (à côté de volien, 11, et d'ausizien, 18), colient, 19, ce qui pourrait indiquer que la copie transcrite par P. de Serras avait été faite dans le nord des pays de langue d'oc 2.

En somme le recueil que nous devons à la diligence de Peyre de Serras offre d'intéressants spécimens du genre de littérature auquel on s'intéressait dans le midi de la France à l'époque qui suivit la fin de la poésie des troubadours. Les recueils de ce genre, étant ordinairement en papier et d'une apparence peu élégante, ont rarement échappé aux chances de destruction. Entre ceux, en bien petit nombre, qui nous sont parvenus, on pouvait signaler le ms, donné il y a quelques années à la Bibliothèque nationale par M. Didot, et d'après lequel j'ai publié la chanson de geste de Daurel et Beton. C'est un ms. exécuté en partie dans l'ouest, en partie dans le centre des pays de langue d'oc. Celui dont je viens d'achever la description appartient à la région orientale et diffère totalement du précédent par sa composition, encore bien que l'un et l'autre contiennent un mystère et nombre de pièces religieuses ou édifiantes.

Formé en France, conservé en France jusque vers le milieu de ce siècle, le ms. de P. de Serras serait encore actuellement à Tours sans la fraude de Libri. Puisqu'il est désormais sorti de nos mains, il était urgent que les documents qu'il contient fussent décrits et, dans la mesure utile, publiés en France. C'est à quoi j'ai voulu pourvoir par la présente notice. J'y joins, pour terminer, la table des morceaux décrits ou édités en entier dans les pages qui précèdent.

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IV. Le Mariage de la Vierge et la Nativité du Christ, mystère. . .

V. Enseignements de courtoisie, vers..

VI. Lettre de Matfre Ermengau à sa sœur, vers..

VII. Débat de la Sorcière et de son confesseur, vers

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Paul MEYER.

VIII. Vie de sainte Marguerite, vers..

IX. Vie de sainte Marie-Madeleine, vers..

X. La prière des soixante-douze noms de Dieu, prose.
XI. Paraphrase en quatrains du Pater..

XII. Lamentation de la Vierge au pied de la croix, vers..

XIII. Sermon sur la passion, prose..

XIV. Exposition du Pater, prose.

XV. Le Doctrinal de Raimon de Castelnou, vers.

XVI. Paraphrase en vers du Credo..

XVII. Comptes de Peyre de Serras. '.

La suite prochainement).

LE PATOIS DE COLIGNY

ET DE SAINT-AMOUR

Coligny (Couligna dans la langue du pays), dont le nom a été illustré par une grande famille de France, est aujourd'hui un chef-lieu de canton du département de l'Ain (arr. de Bourg). Saint-Amour (Sét Amô), chef-lieu de canton voisin, appartient au département du Jura et à l'arrondissement de Lons-le-Saunier. La langue que je me propose d'étudier ici est donc celle de la partie sud-ouest du département du Jura et de la région voisine du département de l'Ain. Je n'ai fait dans ces deux can. tons qu'un séjour de courte durée, mais j'ai pu interroger longuement une femme du pays, Clémentine Labranche, qui habite le bourg de Poisoux, commune d'Epy, canton de Saint-Amour, à quelques kilomètres de Coligny. Ce patois n'a encore fait l'objet d'aucune étude. Monnier seul en a parlé en lui empruntant quelques exemples pour son Vocabulaire de la langue rustique et populaire du Jura (Mélanges sur les langues, Paris, Delaunay, 1831).

SONS PARTICULIERS AU PATOIS DE COLIGNY ET DE SAINT-AMOUR.

Bien que cet article soit spécialement consacré à la morphologie et que je réserve la phonétique pour une étude ultérieure, je dois commencer par quelques explications sur les sons particuliers à notre patois. On trouve d'abord trois consonnes que le français n'a pas un r interdental, qui se prononce du bout de la langue, et deux spirantes qu'on prononce en blésant.

M. Cornu (Romania, VI, 370) a déjà signalé l'existence d'un r interdental dans le patois du Bagnard, et il marque ce son par un point placé

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