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en contradiction formelle avec les auteurs anciens de Rome et de la Grèce, dont aucun texte authentique ne porte l'orthographe fecialis ou fœcialis, que bon nombre d'auteurs modernes ont cru devoir admettre sans vérification sérieuse. Les Romains: Varron, Tite-Live, Servius, Valère-Maxime, Aurelius Victor, Cicéron, écrivaient fetialis (1); les historiens grecs, Denys d'Halycarnasse, Plutarque, à l'imitation des auteurs latins, écrivaient Þytiadis (2). Telle est aussi l'orthographe du mot fetial d'après diverses inscriptions latines reproduites par Orelli sous les numéros 2275, 3186, 5502, 6019 et 6020, dans le recueil des inscriptions latines. Une inscription, remontant aux dernières années du premier siècle de l'ère chrétienne, et qui nous a été conservée par le savant Italien Muratori, contient également la même orthographe. Hagenbuch (3), le commentateur d'Orelli, et Marini (4) ont écrit ce mot de la même façon, en s'appuyant sur des textes dont l'authenticité ne saurait été contestée. C'est à la suite de ces auteurs, et pour respecter dans leurs moindres détails les textes anciens que nous adopterons l'orthographe: fétial, qui seule nous paraît authentique et vraiment digne de foi.

ÉTYMOLOGIE.-L'accord parfait que nous venons de constater chez les auteurs anciens relativement à la façon d'écrire le mot fétial est loin de se rencontrer quand il s'agit d'établir l'étymologie de ce même mot. Festus le fait déri

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(1) Varron, de Lingua latina, V, 5; Tite-Live, I, 24, 32; Servius, ad Eneidem, X, 14 ; - Valère-Maxime, liber X, page 485 ;- Aurelius Victor, de Viris illustribus, 5;- Cicéron, de Legibus, II, 9.

(2) Denys d'Halycarnasse, Antiquités romaines, II, 72 ;- Plutarque, Camille, 18; Numa, 12. Questions romaines, 62.

(3) Hagenbuch, sur Orelli, Inscriptions, tome I, page 392. (4) Marini, Gli atti e monumenti de fratelli Areli, page 708.

ver du verbe latin ferire (frapper): fetiales a feriendo, dicti; d'où on aurait tiré le mot ferialis qui, en se corrompant, aurait été remplacé par fetialis (1). Vossius, dans son Etymologicon lingue latinæ (Dictionnaire étymologique de la langue latine), prétend qu'il vient de fatu, tiré lui-même du verbe fari; de cette façon le mot fetialis serait synonyme d'orator. Un passage de Varron semble du reste confirmer cette manière de voire : « Fetiales legatos mittebant quos oratores vocabant; les Fétiaux envoyaient des ambassadeurs qu'ils appelaient oratores (2). » Cicéron, lui aussi, emploie quelquefois le mot orator pour désigner les Fétiaux (3). D'autres trouvent au mot fétial une origine toute différente et bien simple ; ce mot, disent-ils, vient de facere, feci (faire), parce que les Fétiaux faisaient (faciebant) la paix et la guerre, les alliances et les traités. D'autres encore, et parmi eux Servius, le font descendre de fœdus (alliance), qui s'écrivait anciennement fedus, en changant le den t. (4). On a également soutenu que le mot fétial tirait son origine de Feretrius, surnom de Jupiter, dieu de la paix et des traités, dont les Fétiaux empruntaient les symboles, et dont ils associaient le nom à la plupart de leurs cérémonies religieuses (5).

Ces diverses origines ont presque toutes, à une ou deux près, une source commune, les mots fœdus et ferire; si l'institution des Fétiaux n'avait trait qu'aux traités et alliances, nous n'hésiterions pas à admettre que ces diverses

(1) Festus, au mot Fetialis. (De Verborum significatione.)

(2) Varron, de Vita populi romani, § 13.

(3) Cicéron, de Legibus, II, 9.

(4) Servus, ad Æneiden, I, 62.

(5) M. Weiss, le Droit fétial et les Fétiaux à Rome. Etude de droit international. France judiciaire de 1883, page 443.

étymologies ont une source presque certaine; mais comme les Fétiaux avaient dans leurs attributions des points qui ne présentaient aucun rapport avec les traités et alliances, nous croyons qu'il faut rechercher ailleurs l'origine du mot fétial et lui trouver une étymologie qui puisse s'appliquer d'une façon générale à l'institution tout entière.

Nous sommes portés à croire que les Fétiaux doivent leur nom au culte de Fides, déesse sabine, qui avait à Rome un temple bâti par Numa Pompilius. Varron (de Lingua latina, V, § 86) nous apprend que les Fétiaux présidaient à la loyauté des relations internationales: << Fetiales, fidei publicæ inter populos præerant, » et que c'est de là qu'ils avaient tiré leur nom. D'ailleurs, Ancus Martius et Numa Pompilius, qui se disputent l'honneur d'avoir institué le collège des Fétiaux, étaient eux-mêmes d'origine sabine; dès lors il est tout naturel d'admettre qu'ils aient emprunté le mot fétial au culte de Fides, qui était fort en honneur au pays de leurs ancêtres. A ces raisons M. Ampère en ajoute une autre qui a bien sa valeur: «L'herbe pure, dit-il, que les Fétiaux portaient avec eux et qui les rendait inviolables, devait être cueillie sur le Capitole où avait habité Tatius qui avait régné à Rome en même temps que Romulus après l'enlèvement des Sabines (1). » D'un autre côté, rien d'étonnant à ce que le mot fétial dérivât de fides, si l'on songe que l'institution des Fétiaux était connue et justement appréciée chez les Falisques dont la réputation de bonne foi était légendaire dans tout le Latium, si l'on en juge par un de leurs surnoms Equi ou Equicolæ.

(1) Ampère, l'Histoire romaine à Rome. Paris, 1862.

SECTION DEUXIÈME

CE QUE C'ÉTAIT QUE LES FÉTIAUX. - ORIGINE DE L'INSTITUTION

Il ressort des ouvrages des auteurs grecs et latins que les Fétiaux étaient, aux premiers temps de Rome, des magistrats, sortes de hérauts d'armes qui nous sont présentés comme les juges ou médiateurs de la paix et de la guerre; ils veillaient à ce que les Romains ne fissent aux peuples voisins aucune guerre injuste, allaient en mission chez les peuples dont Rome croyait devoir se plaindre, y exposaient les griefs du peuple romain, et, s'ils n'obtenaient pas justice après trois réclamations successives, ils déclaraient la guerre à ce peuple. Par contre, si des peuples étrangers avaient à se plaindre de dommages à eux causés par des citoyens romains, les Fétiaux examinaient leurs plaintes, et, si elles paraissaient fondées, leur livraient les coupables. Ils connaissaient encore des insultes faites aux ambassadeurs étrangers. Ils jugeaient également de la contexture et de l'observation des traités et alliances, examinaient si le peuple romain pouvait conclure tel ou tel traité, en réglaient les formes et les conditions, enfin ils déclaraient nul tout traité qui n'avait pas été conclu selon un rite traditionnel qu'ils conservaient religieusement dans un code spécial. Les Fétiaux étaient aussi comme les augures de la politique; ils ne faisaient rien sans l'ordre exprès du chef de l'État, roi, sénat ou empereur, suivant que l'on se place aux différentes périodes de l'histoire romaine. En un mot, on peut dire des Fétiaux qu'ils étaient les représentants

autorisés du peuple romain et du Sénat dans tous les actes de la vie internationale. « Fæctiales apud veteres Romanos erant qui sancto legatorum officio ad his, qui adversum populum romanum vi aut rapinis, aut injuriis hostili mente commoverant, pignora facto fœdere jure repetebant, nec bella indicebantur, quæ tamen pia vocabant, priusquam id fuisset Fætialibus denuntiatum (1). »

A cette époque primitive, où l'association étroite entre l'État et la religion était une condition essentielle à l'existence des peuples, les Fétiaux présentaient un caractère religieux commun à toutes les magistratures romaines :

les préteurs, les censeurs, les édiles curules, dit M. Fustel de Coulanges, présidaient à des fêtes religieuses; il n'y avait pas de magistrat qui n'eût à accomplir quelque acte sacré, car, dans la pensée des anciens, toute autorité devait être religieuse par quelque côté (2). »

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Mais cependant il ne faut pas exagérer le caractère religieux des Fétiaux ; ils étaient magistrats, juges de droit public, plutôt que pontifes. Cicéron nous le dit en propres termes « Fœderum, belli, pacis, indutiarum oratores, fetiales, judices duo sunto, bella disceptando; que deux Fétiaux soient porteurs de paroles et juges pour les traités, la paix, la guerre, les trêves; qu'ils discutent la guerre (3). » Il est vrai que quelques textes les qualifient de pontifices ou sacerdotes, ce qui pourrait faire supposer qu'ils étaient prêtres ou pontifes. Le Recueil d'Orelli contient plusieurs inscriptions où le mot fétial est accompagné de l'une ou de l'autre de ces épithètes (4). Mais ces docu

(1) Nonius, de Proprietate sermonum, page 529, 17.

(2) Fustel de Coulanges, la Cité antique, page 212.

(3) Cicéron, de Legibus, II, 9.

(1) Orelli. Recueil d'inscriptions latines, Numéros 2215, P. Cornelio. D. F.

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