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CHAPITRE XI.

bres.

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Reprise des travaux parlementaires.

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GRANDE-BRETAGNE. - Extension donnée au résumé de l'histoire d'Angleterre. Questions pendantes, lors de l'ajournement des deux ChamSoulèvement du Canada, et disposition des esprits à cet égard.-Coup-d'oeil rétrospectif sur les causes de l'insurrection. Opinion, à ce sujet, d'un comité spécial de la Chambre des communes. Pétitions. Premières hostilités entre les insurgés et les troupes du Gouvernement. Les forces anglaises sont repoussées de St. Denys. Les insurgés abandonnent cette position. Dispersion des rassemblements formés sur le Richelieu et sur le St. Laurent. - Attaque du comte des two Mountains, par les loyalistes. — Actes de vendalisme de la part des troupes anglaises. Sympathie du peuple des États-Unis en faveur des insurgés. Diversion tentée par les Américains du Haut-Canada. Montréal investi par les insurgés. Imprudence du gouverneur de cette ville.. Curieuse explication à ce sujet. - Déroute de M'Kensie. --Nouvelles tentatives des Américains. Capture du navire La Caroline. Démission du gouverneur sir Francis Head. Prorogation de la legislature provinciale du Haut-Canada. - Derniers vœux exprimés par cette assemblée. — Elle demande que les colonies de l'Amérique du nord soient érigées en royauté.

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Les événements qui ont eu lieu en Angleterre dans le cours de la période dont nous allons tracer le tableau, sont si nombreux et si divers que nous avons dû élargir le cadre annuellement consacré, par l'Annuaire, à la reproduction des faits qui constituent la vie politique et sociale de la Grande-Bretagne.

L'inauguration d'un nouveau règne ;-la formation et le Ann. hist. pour 1838.

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balancement, long-temps incertain, des partis parlementaires que la dissolution de la Chambre des communes venait de soumettre à l'épreuve d'une élection générale; - les grandes questions débatues mais non vidées dans la législature précédente, telles que l'appropriation des biens de l'Église, les dimes, la loi des pauvres pour l'Irlande, les corporations municipales, la loi sur les céréales, le vote au scrutin secret, les affaires d'Orient et d'Espagne, se reproduisant avec de nouvelles complications et demandant une solution d'autant plus difficile que les éléments de l'ancienne majorité ministérielle se trouvaient notablement altérées dans les communes, et qu'enhardis par quelques succès électoraux et par l'avénement d'un nouveau souverain, les tories de la Chambre-haute redoublaient d'efforts pour arracher le pouvoir des mains de leurs adversaires; le soulèvement du Canada et la guerre civile ranimant les passions les plus ardentes, les espérances les plus téméraires, et remettant deux fois en question l'existence du Cabinet wigh; - deux campagnes dans les provinces insurgées entraînant des mesures politiques et des mouvements stratégiques qu'il était indispensable de rappeler; - enfin une session de huit mois constamment tourmentée par les débats les plus orageux tout cet ensemble de faits essentiels réclamait plus d'étendue que nous n'en accordons habituellement à nos résumés historiques. L'Angleterre occupe une si grande place sur l'échelle politique de l'Europe; elle exerce une si vaste influence sur les affaires du monde, qu'à son égard, aucune omission n'est permise dans un livre qui n'a pas seulement pour but d'enregistrer les événements con temporains, mais aussi de recueillir tous les matériaux destinés à l'histoire générale.

Nos lecteurs n'ont point oublié que le nouveau parlement exigé par l'avénement de la reine Victoria, se réunit en novembre 1837. Les principales mesures dont les Chambres s'occupèrent au debut de cette session, telles que

la liste civile, la liste des pensions et les affaires du Canada, sont indiquées et appréciées dans le précédent volume de l'Annuaire.

Ayant pourvu aux premières nécessités législatives qu'entraîne toujours un changement de règne, le parlement s'ajourna jusqu'après les fêtes de Noël. Cependant, trois ou quatre jours avant cet ajournement, la nouvelle était arrivée à Londres que les griefs des Canadiens s'étaient traduits en une vaste insurrection, et que les plus importantes des possessions britanniques dans l'Amérique du nord, étaient en pleine révolte contre la métropole. Cet événement, que les faits antérieurs rendaient d'ailleurs inévitable produisit une profonde sensation dans toute l'Angleterre, et, quoiqu'il coïncidat avec l'interruption momentanée des travaux législatifs, il donna lieu dans le parlement à des manifestations qui révélaient l'état des esprits sur cette grande question canadienne, et faisaient pressentir la violence des débats dont elle allait devenir l'objet.

Dans la Chambre des communes, une fraction peu considérable du partie radical ne dissimula ni la joie que lui causait la levée de boucliers des Canadiens, ni sa confiance dans le succès de l'insurrection. Une autre fraction de ce même parti épousa, mais plus timidement, la cause des insurgés, dans laquelle elle voyait moins l'intérêt d'un principe qu'une perturbation qui devait jeter le ministère dans d'inextricables difficultés. Mais, il faut le reconnaître, dans ces graves circonstances l'esprit national ne faillit point au vieil orgueil, ou, si l'on veut, an vieux patriotisme britannique. L'opinion des masses ne se rallia point aux calculs des partis, et, à très-peu d'exceptions près, un cri s'éleva de partout demandant une prompte et énergique repression contre des hommes assez audacieux pour vouloir secouer le joug de l'Angleterre et révendiquer, les armes à la main, d'imprescriptibles droits que, durant

un siècle, ils avaient vainement réclamés par toutes les voies légales et pacifiques. C'est qu'en Angleterre, où les principes se taisent quand l'égoïsme national se fait entendre, les dissensions domestiques s'effacent toujours devant un intérêt commun de puissance ou de vanité. Aussi, tout en reconnaissant la légitimité des plaintes des Canadiens, les esprits les plus libéraux se bornaient-ils à regrette que les insurgés eussent commencé une lutte inégale, dans laquelle toutes les probabilités de succès étaient pour la métropole. Et, en effet, quoique, dans de pareilles tentatives, une large part doive naturellement être faite aux prodiges du patriotisme et aux hasards de la fortune, on ne saurait méconnaître l'infériorité relative de moyens d'action et l'absence absolue de plan et de système, avec lesquelles les Canadiens français s'engagèrent dans une guerre qui devait rencontrer une si formidable résistance.

Quoi qu'il en soit, les événements du Canada occupent une assez grande place dans l'historique parlementaire que nous allons esquisser, pour qu'il soit nécessaire à l'intelligence de ces débats, de rappeler ici les causes dont l'enchaînement amena les hostilités qu'on va lire. Toutefois nos lecteurs comprendront que les limites étroites de ce résumé ne comportent qu'une indication sommaire des faits primordiaux.

Peu de temps après la conclusion du traité de 1763 qui céda le Canada à la cour de Londres, une proclamation royale substitua la loi anglaise au droit français qui régissait précédemment la colonie. Mais, tout en maintenant la législation criminelle de la Grande Bretagne, un bill passé sous le règne de Georges III, remit en vigueur la loi civile de la France, dont les prescriptions n'étaient cependant point applicables aux terrains vagues concédés ou à concéder par la couronne d'Angleterre. Le libre exercice de la religion catholique romaine, soumis néanmoins à la suprématie royale, fut garanti, et on assura aux ministres de cette église les droits et privilèges dont

ils avaient joui sous la domination française. Ce bill devait avoir pour résultat nécessaire de conserver aux provinces canadiennes, un caractère essentiellement français qui les tiendrait éloignées des mœurs et des institutions britanniques. De là la prédilection des émigrants anglais pour cette partie du Canada qui constitue aujourd'hui la province supérieure, et vers laquelle ils affluaient par cela seul qu'elle ne contenait point alors de colons français.

Les choses étaient en cet état, lorsqu'un acte du parlement, passé en 1791, divisa la province en deux états qu'il soumit, chacun séparément, à la constitution qui les régissait encore au moment où éclatèrent les derniers troubles.

La législature établie par cette constitution, se composait d'un conseil et d'une assemblée. Les membres du conseil étaient à la nomination de la couronne; ceux de l'assemblée étaient élus par chaque province divisée, à cet effet, en comtés, villes et bourgs. Les députés des comtés ne pouraient être élus que par des électeurs possédant en libre propriété, fief ou roture, un revenu annuel de 40 shillings; tandis que, pour les villes et bourgs, une habitation productive d'un revenu de cinq livres sterling, ou pour la jouissance de laquelle il était payédix livres sterling de loyer, suffisait pour conférer la capacité électorale. L'assemblée, qui, pour la province supérieure, se composait de soixante membres, et de cinquante pour le Bas-Canada, devait être renouvelée tous les quatre ans.

L'origine des dissensions profondes dont nous sommes aujourd'hui les témoins, remonte aux premières phases de cette organisation. Voyant que l'assemblée législative du Bas-Canada ne comptait dans son sein que des colons français, le Gouvernement ne crut pouvoir mieux faire que de composer entièrement d'Anglais le conseil législatif de cette province. Voilà le principe de cet antagonisme violent qui, depuis un demi-siècle, à constam

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