Immagini della pagina
PDF
ePub

tain que des munitions et de l'artillerie appartenant au gouvernement américain, furent publiquement et ostensiblement employées à envahir le territoire britannique.

Le 13 décembre quelques centaines d'Américains commandés par M. Van Rensselear, s'emparèrent d'une petite île formée par le Niagara et située à deux milles des cataractes. Cette île, connue sous le nom de Navy-Island, fait partie du territoire canadien. De ce point les Américains, au nombre de 1500 hommes à peu-près, menaçaient incessamment la rive opposée du fleuve, défendue par un corps de miliciens placés sous les ordres de ce même colonel M'Nab que nous avons déjà vu figurer dans la défense de Montréal. Cependant les instructions de cet officier lui prescrivaient de se borner à se défendre, et d'éviter soigneusement toute violation du territoire américain. Mais, retranchés dans l'ile, les insurgés ne tardèrent point à ouvrir leurs feux contre le rivage canadien qui, sur ce point, est couvert de nombreuses habitations. Le 28 décembre, le colonel M'Nab, ayant appris que les insurgés avaient frété un bateau à vapeur américain, la Caroline, destiné à favoriser leurs communications avec la terre ferme, prit la résolution de détruire ce navire. En conséquence un détachement de milice fut mis à bord de quelques chaloupes canonnières et chargé de cette expédition. Les Anglais surprirent la Caroline amarrée au rivage appartenant aux États-Unis, près d'une taverne qui servait de lieu de rendezvous aux partisans de l'insurrection; ils l'abordèrent au milieu de la nuit, et, après une lutte acharnée, ils s'en emparèrent, y mirent le feu et l'abandonnèrent au courant, qui l'entraîna, tout enflammée, dans les abimes des cataractes. Ce tragique événement produisit parmi les Américains une exaspération d'autant plus grande, que l'équipage de la Caroline, composé de marins inoffensifs, de femmes et d'enfants, périt tout entier dans cette attaque qu'aucune agression ne justifiait et qui constituait d'ailleurs une flagrante violation de territoire.

C'est dans ces circonstances que sir Francis Head assembla la législature du Haut-Canada, de laquelle il obtint la suspension de l'habeas-corpus et le jugement, par des cours martiales, de tous les étrangers qui seraient pris les armes à la main.

Des troupes nombreuses furent ensuite réunies, dans le but de déloger les insurgés de la position de Navy-Island; mais, jugeant toute résistance inutile, ceux-ci décampèrent dans la nuit du 14 janvier. Alors les patriotes portèrent la guerre sur un autre théâtre, et tandis qu'un de leurs détachements guerroyait vers le détroit du Michigan et mena-çait la frontière septentrionale des possessions anglaises, un autre corps faisait une démonstration contre Kingston, à l'extrémité orientale du lac Ontario. Ce dernier parti s'empara même d'une petite île située à six milles de Kingston, qu'il abandonna bientôt, à l'approche d'un corps anglais envoyé pour le combattre. Les insurgés s'étaient également réunis à Sandusky Bay, sur l'Ohio, d'où ils s'étaient jetés dans l'île de Point-Pelé, formée par le lac Erie. Le colo nel Maitland marcha contre eux à la tête de quelques régiments et d'une nombreuse artillerie; le combat fut long et acharné; les deux partis éprouvèrent des pertes sensibles; mais les insurgés, dont le plus grand nombre se composait d'habitants des États-Unis, furent battus et dispersés par les troupes royales.

C'est à l'issue de cette expédition que, le 15 janvier, Sir Francis Head informa officiellement le parlement provincial, qu'ayant eu le malheur de différer d'opinion avec le gouvernement de la reine, sur deux ou trois points de sa politique coloniale, il s'était cru obligé de se démettre des fonctions de lieutenant gouverneur. Il annonçait en même temps à la législature, que sa majesté lui avait donné pour successeur le général sir Georges Arthur. Les deux chambres exprimèrent les vifs regrets que leur causait cette retraite, et la session législative fut prorogée jusqu'au 6 mars, Ann. hist. pour 1838.

26

par le gouverneur démissionnaire, qui profita de cette oceasion pour récriminer amèrement contre l'intervention des habitants des État-Unis dans une querelle qui leur était étrangère. Les deux chambres ne voulurent se séparer qu'après avoir voté une adresse dans laquelle elles protestaient de leurs dévouement à la reine, et exprimaient la crainte que la constitution existante ne fût attérée par les concessions inopportunes que le département des colonies avit cru devoir faire à l'esprit de révolte. Enfin l'assemblée législative du Haut-Canada émettait, par l'organe d'un comité spécial, le vœu que toutes les possessions anglaises dans l'Amérique du nord fussent réunies sous l'empire d'un seul corps législatif; que les assemblées provinciales n'eussent d'action que sur les intérêts purement iocaux; que la reine prît, indépendamment de ses autres titres souverains, celui de reine des États britanniques de l'Amérique du nord, et que désormais le fonctionnaire chargé du gouvernement de ces colonies, fût un personnage considérable et investi de la dignité de vice-roi.

CHAPITRE XII.

[ocr errors]

Le ministère présente aux communes un bill tendant à suspendre la constitution canadienne. Demande d'une adresse à la couronne. LA Discours de lord J, Russell.MM. Hume et Grote repoussent le projet d'adresse. Discours de sir Robert Peel. - Réponse de lord Howich. - MM. Charles Buller et Leader prennent la parole. - Substance du bill de suspension. Discussion de ce bill. M. Warburton, M. Hume, sir Robert Peel, l'Attorney, général, y prennent part. La question est portée à la Chambre des lords. → Première discussion. Le duc de Wellington, lord Glenelg,lord Brougham, le comte de Durham soutiennent le débat.-: Discussion de l'Adresse dans la même Chambre.-Lord Brougham attaque énergiquement le ministère. — Défense de lord Ripon. - Lord Durham explique sa politique. — Vote de l'Adresse. M. Roebuck à la barre de la Chambre des communes. Discussion du bill de suspension dans

a

Molesworth et Robert
La Chambre se forme

Cette Chambre. Discours de MM. Leader, Peel. Réplique du ministre de l'intérieur. en comité.-Modification apportée au bill. Il est voté par la Chambre des communes. — Seconde lecture à la

entre lord Brougham et lord Melbourne. Canada, à la barre de cette Chambre.

Chambre des lords. — Lutte
M. Roebuck plaide pour lei

Nous venons d'exposer quelle était la situation des affaires dans les deux Canada, au moment où, le 15 janvier 1838, le parlement anglais reprit ses travaux. Ainsi que nous l'avons fait remarquer, au commencement du chapitre précédent, la nouvelle de cet état de choses avait produit à Londres une profonde et douloureuse sensation.

Le premier acte du ministère fut de présenter à la chambre des communes un bill suspensif de la constitution du Canada. Lord John Russell demanda ensuite que la Chambre votát une adresse à la couronne, pour offrir à Sa Majesté le concours du Parlement dans toutes les mesures qu'elle croirait devoir prendre, afin de rétablir l'ordre dans ses possessions canadiennes. Après avoir récapitulé les principaux

événements qui avaient eu lieu dans la colonie, depuis son incorporation à l'empire britannique jusqu'au rapport du comité institué en 1818 pour apprécier ses griefs, le ministre s'empara de ce même rapport, afin d'établir la légitimité et la nécessité des mesures exceptionnelles qu'il sollicitait du patriotisme de la Chambre. Sa seigneurie pensait qu'après l'empressement avec lequel la nation et le gouvernement anglais s'étaient montrés disposés à réaliser les vœux du comité pour le bien-être des Canadiens, ce peuple aurait dû éprouver quelque satisfaction et témoigner un peu de gratitude envers le gouvernement de la reine. Mais le contraire avait eu lieu. Après avoir résumé les plaintes des Canadiens, telles que les assemblées provinciales les avaient formulées à diverses époques, le ministre rappelle tout ce qu'a fait la métropole pour remédier aux maux qui affligent ce pays. S'agit-il de l'indépendance des juges? Le département des colonies en a reconnu la nécessité, et a lui-même suggéré les moyens de létablir. Mais, au lieu de suivre à cet égard les conseils bienveillants de lord Ripon, la législature provinciale voulut introduire dans la loi qui devait consacrer l'indépendance de la magistrature, des clauses relatives aux revenus héréditaires de la couronne et à la création d'une cour d'accusation pour les juges eux-mêmes. Assurément l'indépendance des juges était chose simple et d'une incontestable nécessité; mais en faire une question complexe et l'embarrasser de conditions étrangères, n'était-ce point avouer qu'on visait à un autre résultat que le redressement des plaintes que l'on faisait entendre? Est-il question de la responsabilité des officiers publics? Le ministre des colonies a également présenté un projet qui devait avoir les plus heureuses conséquences et qui, par ce motif même, fut rejeté par l'assemblée provinciale. Quant au point sur lequel cette assemblée et le gouvernement impérial étaient le plus profondément divisés, les résolutions. de la législature provinciale avaient été accueillies sans opposition: les magistrats avaient été immédiatement informés

« IndietroContinua »