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Germanici circumenviret, nepotemque suum ex Druso filio naturali ad successionem imperii confirmaret.

Entre autres Séjan dont la ruine entraîna celle de beaucoup de citoyens. Il l'avait élevé au plus haut degré de puissance, non pas tant par amitié que pour perdre, par ses artifices, les enfants de Germanicus, et assurer l'empire à son petit-fils Tibère, fils de Drusus. » Vous avez très-bien compris à cette occasion, monsieur, que nepos ne pouvait signifier que petit-fils; ce ne peut donc être qu'une inattention de votre part, en l'appelant ailleurs neveu,

Ptolemeum regis Jubæ filium consobrinum suum (erat enim et Marci Antonii ex Selena filia nepos.) « Ptolémée, fils de Juba et son propre cousin, puisqu'il était neveu de MarcAntoine par les femmes. >> Trouvez bon que je vous dise que ce n'est pas ce qu'a voulu dire Suétone: en traduisant littéralement le texte et en supposant que nepos dût être rendu par neveu, il y aurait neveu de Marc-Antoine par sa fille Sélène. Or, qu'est-ce que c'est que d'être neveu de quelqu'un par sa fille? j'avoue que je ne connais pas ce degré de parenté. Vous avez cherché à sauver l'obscurité, en mettant neveu par les femmes; mais dans la vérité, Ptolemée était petit-fils d'Antoine, et voici comment: Marc-Antoine avait été marié quatre fois, premièrement à Fadia, dont on ne croit pas qu'il ait eu d'enfants; ensuite il épousa Fulvie, Octavie et la reine Cléopatre, qui, toutes, lui donnèrent pos. térité. C'est de la reine d'Egypte 'qu'il eut Selena ou Cléopatre la jeune qu'Auguste donna pour épouse à Juba, en lui rendant le royaume de Mauritanie qu'avait eu son père. De ce mariage vint Ptolémée que Caligula fit tuer. Mais comment était-il cousin de cet empereur! Cela est encore facile à expliquer Marc-Antoine avait eu d'Octavie une fille nommée Antonia qui épousa Drusus, frère de Tibère, et fut mère de Germanicus dont Caligula était fils.

Voilà, monsieur, à quoi se bornent les remarques qui se sont présentées à mon esprit, en lisant votre Suétone : ce

sont de légères taches qui n'empêchent pas d'admirer le tableau. Les fautes de costumes de Veronese ne diminuent rien de la beauté de son coloris et de la correction de son dessin, mais ne laissent pas d'être des fautes qu'on est fâché d'y voir. Je rends d'ailleurs à votre traduction toute la justice qu'elle mérite, et c'est un des livres de ma bibliothèque dont je fais le plus de cas ; je crois même que vous savez aussi bien et mieux que moi, tout ce que je viens de vous faire observer, mais que vous avez pu l'oublier dans la chaleur de la composition.

Puis-je me flatter que vous voudrez bien faire insérer cette lettre dans un des prochains Mercures, et m'y répondre, dussiez-vous me prouver que je me suis trompé. J'ai l'honneur d'être avec toute l'estime qui vous est due et les sentiments les plus distingués, monsieur, votre trèshumble et très-obéissant serviteur.

Le marquis de THYARD,

De l'Académie des Sciences et Belles-Lettres de

Dijon.

A Semur en Auxois, ce 4 juillet 1771.

RÉPONSE

De M. DE LA HARPE à M. le marquis de

THYARD.

Vos observations, monsieur, sont très-justes, et vous deviez être bien sûr que je me ferais un plaisir d'insérer dans le Mercure, la lettre dont vous m'avez honoré. Je ne suis point du tout fâché qu'on me montre mes fautes, et je suis très-flatté que ce soit un homme comme vous qui prenne la peine de me corriger. Je vois que vous êtes très-bien in

struit de toute la parenté d'Auguste et que vous auriez été de sa cour. Nous autres poëtes ou qui croyons l'être, nous avons l'habitude de dire neveu ou nièce pour petit-fils ou petitefille, d'autant plus que ces mots de petit-fils et petite-fille ne sont agréables ni en vers, ni en prose. Mais il faut qu'un traducteur soit exact comme un généalogiste, et je vous suis fort obligé de m'avoir relevé. J'aurais desiré même que vous eussiez bien voulu étendre plus loin vos recherches et vos remarques. La traduction d'un auteur aussi difficile que Suétone, me met dans le cas d'avoir besoin des secours de tous ceux qui ont eu le temps de devenir plus savant que je ne le suis.

Malheureusement je n'ai guère été repris que par des critiques encore plus ignorants que moi. Vous êtes bien loin d'être de ce nombre, et je vous mets au rang de mes maîtres et de mes bienfaiteurs.

J'ai l'honneur d'être avec autant de respect que de reconnaissance, etc.

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