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» fe fervir, & de la refroidir enfuite. Les » médecins Grecs condamnoient Feau crue » comme une boiffon pefante pour l'eftomach, » En effet cette eau néceffairement imprégnée » des parties épaiffes du fol, fur lequel elle a » coulé, a befoin d'être purifiée, & c'eft en » la faifant bouillir qu'on parvient à la déga"ger de tous les corps impurs, qui fe font » identifiés avec elle. On faifoit de cette eati

bouillie un usage, qui bien entendu, fert » à éclaircir plufieurs paffages obfcurs des an» ciens, & à nous mettre au fait de la ma» niere dont ils buvoient leurs différens vins. » Ils ne fe contentoient pas de les délayer » avec de l'eau froide, mais auparavant puri"fiée; ils y ajoutoient fouvent, pour rafiner, » de la neige ou de la glace, au risque de » gâter leurs vins par ces matières affez rare» ment pures. Mais la maniere la plus géné» ralement approuvée de rafraichir les vins, » étoit de plonger dans la neige, le vaiffeau » où étoit contenu le mêlange de vin & d'eau » bouillie, dont nous avons déja parlé. C'eft » à ces deux ufages différens, qu'ont rap»port les vers fuivans d'une épigramme de » Martial.

Non

potare nivem, fed aquam potare rigentem

De nive, commenta eft ingeniofa fitis".

L'eau bouillie étant à Rome d'un ufage univerfel, on en vendoit dans des endroits publics, appellés pour cette raifon, Thermopolia.

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Séneque nous en a laiffé une courte defcription qui eft le monument le plus inftructif & le plus fatisfaisant que nous poffédions aujourd'hui fur cette matierę. Suivant cet auteur que M. Barri a principalement confulté, le thermopole étoit compofé de trois réservoirs de cuivre, qui communiquoient l'un à l'autre. Le premier & le plus élevé recevoit l'eau froide par un aqueduc, & s'appelloit frigidarium; l'eau fe rendoit de-là dans le fecond réservoir, nommé tepidarium, où elle fe dégourdiffoit, pour paffer enfuite dans le troifiéme, nommé calderium, où elle éprouvoit la chaleur d'un feu très-vif, placé immédiatement au-deffous. L'eau defcendoit perpendiculairement du frigidarium dans le tepidarium, par un tube cylindrique; mais elle étoit conduite dans le caldarium par de longs détours, que formoit la direction oblique des tubes de communication.

La pratique des anciens à l'égard de l'eau chaude, conduit notre auteur à quelques difcuffions, fur la nature & les qualités de l'eau en général, & particulièrement de l'eau de Bath. Nous pafferons fur cet article, pour dire un mot des repas des anciens, qui font la matiere du chapitre onzième.

Il étoit d'ufage chez les Grecs & chez les Romains de ne faire qu'un feul repas, qui étoit le fouper; cependant plufieurs particuliers s'écartoient de cette regle générale, & ils y étoient authorifés par l'avis d'Hippocrate. Il paroit même que dans les âges les plus re

culés, notamment au tems d'Homere, on connoiffoit la divifion des repas en déjeuner, dîner & fouper ; ακρατίσμα, αριστον & κειπνον. Mais les deux premiers repas étoient légers & fans apprêts; on se réservoit toujours pour le fouper, qu'on préféroit aux autres, pour y goûter avec fes amis tous les plaisirs de la table. Dans les premiers tems de la république Romaine, on foupoit à la neuvieme heure du jour, ou, pour parler à la moderne, fur les trois heures après-midi; l'heure du fouper arrivoit un peu plus tard chez les Grecs. Ces foupers fixés à une heure certaine, s'appelloient cana tempeftiva; expreffion qui n'a rapport ni à l'efpece, ni à la durée du repas, puifqu'on l'appliquoit encore aux repas des jours de fête, qui l'emportoient fur les autres par leur longueur & leur magnificence, mais pour lefquels on avoit auffi une heure fixée, quoique différente. L'auteur continue le même fujet dans le douzième chapitre, où il donne des détails très-curieux fur le bain qui précédoit le repas, fur la forme de la table, appellée triclinium, fur ce qu'on appelloit accubitus, recubitus & difcubitus, fur les habits que le maitre de la maison faifoit diftribuer aux convives, & enfin fur tous les objets qui ont rapport aux feftins des anciens.

Dans le treizième chapitre, M. Bairi traite d'une maniere très-étendue, des qualités des vins anciens, confidérés comme remédes, & de l'ufage qu'on en faifoit dans la médecine. Enfin, l'ouvrage eft terminé par un parallele

très-court, des vins des anciens avec les vins modernes; cet article eft rempli d'excellentes obfervations; dans lesquelles l'auteur occupé principalement de fa patrie, cherche à déterminer combien les vins ont dégénéré en Angleterre & en Irlande depuis quelques années, par les apprêts & les falfifications qu'on leur fait fubir avant & après leur entrée dans ces deux Royaumes.

On ne sçauroit donner trop d'éloges aux recherches immenfes de M. Barri; il a déployé dans fon ouvrage, la plus vafte érudition & la critique la plus judicieuse; mais il feroit peut-être à defirer qu'il eût mis plus de méthode dans la diftribution de ses matieres, & plus de liaison entre les objets qu'il parcourt fucceffivement.

(Critical Review.}

MEMORIE della Vita di ULISSE ALDROVANDI, &c. Mémoires fur la Vie d'ULYSSE ALDROVANDI, Médecin & Philofophe de Bologne, fui-· vies de quelques lettres de divers Savans. L'n volume in-8vo. A Bologne, 1755.

C'Eft aux foins & au zele de M. Fantuzzi,

Sénateur de Bologne, connu fi favorablement

par fon excellente Hiftoire du Comte Marfigli, que le Public eft redevable de ces nouveaux Mémoires. De toutes les villes d'Italie, Bologne a conftamment été l'une des plus illuftres par les grands hommes qu'elle a produits, & c'est à l'honneur de ces hommes célebres & à la gloire de fa patrie, que l'eftimable Auteur a confacré fa plume & fes talents. Dans le nombre de ces savants, Aldrovandi occupe fans contredit un rang trèsdiftingué, & il méritoit bien que l'historien de la vie du Comte Marfigli devint auffi le fien. Iffu d'une famille illuftre par l'ancienneté de fa nobleffe, Aldrovandi naquit à Bologne en 1522, & n'avoit que fix ans quand la mort lui enleva fon pere; il resta encore fix ans auprès de fa mere, & alla à douze ans à Rome, auprès du Cardinal Campegi, fon parent, qui le plaça chez un Evêque en qualité de Page. Cette condition, quoiqu'affez douce, n'étoit point analogue à la maniere de penfer du jeune Ulyffe, qui, s'ennuyant chez le Prélat, le quitta, & revint à Bologne, où fa mere peu riche, lui fit donner quelques leçons d'arithmétique, & le fit entrer dans un comptoir à Breffe. L'état de commerçant parut tout auffi défagréable à Aldrovandi, que celui de page; il y renonça, revint à Bologne, fit un fecond voyage à Rome, n'y refta que fort peu de tems & fe mit en route pour se rendre encore à Bologne; il étoit prêt d'y arriver, quand le hafard lui fit rencontrer fur la route un Pé

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