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annonce avec le plus de soin, c'est que Jésus est effectivement le Messie. Les agréables nouvelles de sa naissance, dont des bergers furent informés les premiers par un ange, leur furent annoncées en ces termes : Ne craignez point; car je viens vous apporter une nouvelle qui sera pour tout le peuple le sujet d'une grande joie : c'est qu'aujourd'hui, dans la ville de David, il vous est né un Sauveur qui est le Messie, le Seigneur (Luc, II, 11). Notre-Seigneur s'entretenant avec Marthe des moyens d'acquérir la vie éternelle, lui dit: Quiconque croit en moi, ne mourra jamais: croyez vous cela? elle lui répondit : Oui Seigneur, je crois que vous êtes le Messie, le Fils de Dieu, qui devait venir au monde (Jean, XI, 27 ). Cette réponse de Marthe fait voir clairement comment il faut croire en Jésus-Christ pour avoir la vie éternelle, savoir, croire qu'il est le Messie, le Fils de Dieu, dont la venue avait été prédite par les prophètes. Et voici comment André et Philippe expriment la chose, au rapport de saint Jean: André ayant rencontré son frère Simon, lui dit : Nous avons trouvé le Messie, c'est-à-dire le Christ; et un peu plus bas, Philippe ayant rencontré Nathanael, lui dit : Nous avons trouvé celui de qui Moïse a écrit dans la loi, et que les prophètes ont prédit, savoir Jésus de Nazareth, fils de Joseph (Jean, I, 41, 45 ). J'avertirai ici qu'en vertu de ce que cet évangéliste dit en cet endroit, j'ai toujours mis le mot de Messie à la place de celui de Christ, dans les passages de Í'Ecriture où ce mot se rencontre, afin qu'on eût une idée plus nette du sens qu'ils renferment; car au fond le mot de Christ est un mot grec qui répond précisément à celui de Messie qui est hébreu, et l'un et l'autre signifie oint. Enfin, la grande vérité dont Jésus-Christ prit à tâche de convaincre ses disciples et ses apôtres, après sa résurrection, c'est qu'il était le Messie, comme on peut le voir au chapitre XXIV de saint Luc, que nous examinerons plus particulièrement ailleurs. C'est là qu'on peut apprendre quel est l'Evangile que Jésus-Christ prêcha à ses disciples et à ses apôtres, aussitôt après sa résurrection, et cela pendant deux fois, le propre jour qu'il ressuscita des morts.

CHAPITRE V.

Où l'on fait voir que les apôtres ne proposaient non plus autre chose à croire, sinon que Jésus était le Messie.

Si par les choses que les apôtres préchaient à toutes les nations, l'on peut connaître à quoi se réduisait ce qu'elles étaient obligées de croire en faisant profession de la religion chrétienne, nous pouvons ajouter que toutes les prédications des apôtres, telles qu'elles nous sont rapportées dans les Actes, tendent toutes à ce but, qui est de prouver que Jésus était le Messie. Et c'est pour cela qu'aussitôt après sa mort ils commencèrent à proposer sa résurrection comme un article de foi absolument nécessaire à salut, et souvent même ils n'insistaient que sur ce point. Comme c'était là une marque certaine

et évidente que Jésus était le Messie, il était nécessaire que tous ceux qui le regardaient comme tel crussent qu'il était ressuscité. Car puisque le Messie devait être Sauveur et roi, et qu'il devait donner la vie et un royaume à ceux qui le recevraient, comme nous le verrons bientôt, on n'aurait eu aucun droit de faire passer Jésus pour le Messie el d'imposer aux hommes la nécessité de croire qu'il le fût effectivement, si l'on eût cru qu'il fût demeuré sous la puissance de la mort, et dans la corruption du sépulcre. Il fallait donc que ceux qui croyaient que Jésus etait le Messie, crussent aussi qu'il était ressuscité : et ceux qui croyaient qu'il était ressuscité, ne purent point douter qu'il ne fût le Messie. Mais nous parlerons ailleurs de cela plus au long.

Voyons donc à présent comment les apôtres prêchent Christ, et qu'est-ce qu'ils proposent à croire à leurs auditeurs. Dès le second chapitre des Actes nous voyons saint Pierre qui convertit dans Jérusalem trois mille âmes, par le premier sermon qu'il fait. Pour savoir quelle fut cette parole que ses auditeurs reçurent avec tant de joie, et qui les porta à se faire baptiser (Act. II, 41), on n'a qu'à lire le verset 22 jusques au 36. Mais voici en peu de mots tout le précis du discours de cet apôtre, renfermé dans ces paroles qui en font la conclusion, et sur quoi il insite comme sur une chose que ses auditeurs doivent croire nécessairement: Que toute la maison d'Israel sache donc certainement que Dieu a fait Seigneur et Messie ce Jésus que vous avez crucifie ( v. 36 ).

Le discours que saint Pierre fit aux Juifs dans le temple de Jérusalem (Act. III ), tend à prouver la même chose, comme on peut le voir par ces paroles qui en sont comme l'abrégé (v. 18): Mais Dieu a accompli de cette sorte ce qu'il avait prédit par la bouche de tous ses prophètes, savoir quele Messie devait souffrir.

Dans le chapitre suivant (Act. IV), Pierre el Jean ayant été cités devant le sénat des Juifs, pour rendre raison d'un miracle qu'ils avaient fait en faveur d'un homme boiteux, déclarèrent qu'il avait été guéri au nom de Jésus de Nazareth, qui était le Messie, et par lequel seul on pouvait être sauvé (v. 10-12). Ces deux apôtres soutinrent encore la même chose devant une pareille assemblée (Act. V, 29-32). Et ils ne cessaient tous les jours d'enseigner et de précher au temple et de maison en maison, que Jésus était le Messie ( v. 42 ).

Le discours que saint Etienne prononça dans le conseil ( Act. VII) n'est autre chose qu'un reproche qu'il fait aux Juifs, d'avoir trahi et mis à mort le Juste; titre par lequel il désigne clairement le Messie, dont la venue avait été prédite par les prophètes (v. 51, 52). Il parait d'ailleurs, en comparant le verset 22 du chap. IX de saint Jean avec le 24 du même chap., que c'était une opinion répandue parmi les Juifs, que le Messie devait être sans péché, ce qui est le véritable sens du mot juste.

Nous apprenons dans le chapitre VIII des

Actes, que Philippe commença d'annoncer l'Evangile dans la ville de Samaric: Alors Philippe étant descendu à Samarie, leur précha; et qu'est-ce qu'il leur prêcha? Le voici renfermé dans ce seul mot, le Messie, (v. 5). La seule chose qu'il exigea d'eux, ce fut qu'ils crussent que Jésus était le Messie; et dès qu'ils l'eurent cru, ils reçurent le baptême: Et quand ils eurent cru Philippe qui leur annonçait ce qui appartient au royaume de Dieu, et au nom de Jésus le Messie, ils furent baptisés tant hommes que femmes (v. 12).

Philippe ayant été envoyé de là en un autre endroit, par un ordre exprès de Dieu, afin de convertir à la foi chrétienne un eunuque, qui était l'un des premiers officiers de Candace, reine d'Ethiopie, il prit occasion d'un passage d'Isaïe, de lui annoncer Jésus (v. 35). Or pour savoir ce qu'il lui en dit, il ne faut que voir la profession de foi que fit l'eunuque, lorsqu'il fut sur le point d'être baptisé. La voici en propres termes (v. 37): Je crois que Jésus-Christ est le Fils de Dieu; ce qui est autant que s'il eût dit: Je crois que celui que vous nommez Jésus-Christ, est réellement et véritablement le Messie qui avait été promis. Car croire que Jésus était le Fils de Dieu, et croire qu'il était le Messie, c'était une seule et même chose, comme on peut le voir en comparant le v. 45 du premier chapitre de saint Jean avec le 49 où Nathanaël, confessant que Jésus est le Messie, s'exprime ainsi, en s'adressant à lui-même: Vous êtes le Fils de Dieu, vous êtes le roi d'Israel. Ainsi, lorsque les Juifs demandent à Jésus-Christ, (Luc, XXII, 70) s'il est le Fils de Dieu, il est visible qu'ils lui demandent simplement s'il est le Messie. On n'a, pour s'en convaincre, qu'à comparer cet endroit avec les trois versets précédents. Dès le verset 67, ils lui demandent, en termes exprès, s'il est le Messie: Si vous êtes le Messie, dites-le nous ; et Jésus leur répond: Si je vous le dis, vous ne me croirez point. Mais il leur déclare en même temps, que désormais il va prendre possession du royaume destiné au Messie; ce qu'il exprime en ces termes (v. 69): Désormais le fils de l'homme sera assis à la droite de la puissance de Dieu. Sur quoi ils se prirent tous à crier: Vous êtes donc le Fils de Dieu? c'est-à-dire, vous avouez donc vous-même que vous êtes le Messie? Et Jésus-Christ répliqua tout aussitôt : Vous dites vous-mêmes que je le suis. Nous pouvons encore conclure, que dans ce temps-là les Juifs employaient communément le titre de Fils de Dieu pour désigner le Messie, de ce qu'ils dirent à Pilate pour l'obliger à condamner Jésus-Christ à la mort (Jean, XIX, 17): Nous avons une loi et selon notre loi il doit mourir; parce qu'il s'est fait Fils de Dieu; c'est-à-dire, parce qu'il a soutenu qu'il était le Messie, le prophète qui devait venir; car comme c'est à faux titre qu'il s'attribue cette qualité, il mérite la mort en vertu de la loi ( Deut., XVIII, 20 ). Que ce fût là la signification ordinaire du titre de Fils de Dieu, c'est ce qui paraît encore bien clairement par ce que les princi

paux sacrificateurs disaient à Jésus, pour se moquer de lui, lorsqu'il était sur la croix (Matth. XXVII, 42): Il a sauvé les autres, et il ne saurait se sauver lui-même s'il est le ro d'Israel, qu'il descende présentement de la croix, el nous croirons en lui. Il met sa confiance en Dieu; si donc Dieu l'aime, qu'il le délivre maintenant; car il a dit, je suis le Fils de Dieu; ce qui revient à ceci : Il a dit qu'il était le Messie, ce qui est visiblement faux; car s'il l'était, Dieu ne manquerait pas de le délivrer. Le Messie doit être le roi d'Israël, le Sauveur du monde; mais cet homme-ci ne saurait se sauver lui-même. Dans cet endroit, les souverains sacrificateurs emploient, comme vous voyez, deux titres, qui étaient alors en usage, et dont les Juifs se servaient communément pour désigner le Messie, savoir, Fils de Dieu et roi d'Israël. Et pour celui de Fils de Dieu, on le donnait si ordinairement au Messie, qui était alors le principal objet de l'attente des Juifs et le sujet le plus ordinaire de leurs entretiens, qu'il semble que les Romains, qui vivaient parmi les Juifs, avaient appris de le nommer ainsi, comme on peut le conclure de ces paroles de saint Matthieu (XXVII, 54): Le centenier et ceux qui étaient avec lui pour garder Jésus ayant vu le tremblement de terre et tout ce qui se passait, furent saisis d'une extrême crainte, et dirent: Véritablement celui-ci était le Fils de Dieu; c'était cette personne extraordinaire qu'on attendait.

Dans le chap. IX des Actes, nous voyons saint Paul qui commence à exercer la charge qui lui avait été donnée de prêcher l'Evangile, après l'avoir appris d'une manière miraculeuse: Et aussitôt, dit saint Luc, (v. 20), il précha Christ dans les synagogues, assurant qu'il était le Fils de Dieu, c'est-àdire que Jésus-Christ était le Messie, car il est visible que dans cet endroit Christ est un nom propre. Or, que ce fût là le précis des prédications de saint Paul, c'est ce qui paraît encore par le verset 22 du même cliapitre, où il est dit expressément que Saul se fortifiait de plus en plus, et confondait les Juifs qui demeuraient à Damas, leur montrant que Jésus était le Christ, c'est-à-dire, le

Messie.

Saint Pierre étant allé à Césarée pour voir le centenier Corneille, qui avait été averti, par le moyen d'une vision, d'envoyer vers lui, comme saint Pierre avait été chargé par une semblable voie de l'aller trouver; tout ce que cet apôtre lui dit, se réduisit à lui apprendre (Act. X) ce que Dieu avait commandé aux apôtres de précher au peuple, savoir, de témoigner que c'était lui (Jésus) qui avait été établi de Dieu pour être le juge des vivants et des morts; et que tous les prophètes lui rendent ce témoignage, que quiconque croira en lui, recevra par son nom la rémission de ses péchés (v. 42, 43). C'est là, dit saint Pierre, la parole que Dieu a fait entendre aux enfants d'Israël (1), laquelle PA

[1] V. 56, τὸν λόγον ὃν ἀπέστειλε τοῖς Ἰσραήλ.

ROLE (1) a été publiée par toute la Judée, en commençant par la Galilée après le baptême que saint Jean a préché (v. 36, 37). Et c'étaient là (2) les paroles par lesquelles Corneille devait étre sauvé, lui et toute sa maison, comme il lui avait été promis (Aet., XI, 14). Et ces paroles ne contenaient autre chose sinon que Jésus était le Messie, le Sauveur qui avait eté promis. Or, dès qu'ils eurent cru cet article, qui renfermait tout ce qui leur fut enseigné, le Saint-Esprit descendit sur eux, après quoi ils furent baptisés. Mais il est à remarquer qu'en cette occasion le Saint-Esprit descendit sur eux avant qu'ils fussent baptisés ; au lieu qu'en d'autres rencontres l'Ecriture remarque expressément que ceux qui se convertissent à la foi chrétienne ne reçoivent le Saint-Esprit qu'après avoir reçu le baptême. Et voici, ce semble, la raison de cette différence : Dieu, en répandant le Saint-Esprit sur Corneille et sur toute sa famille, voulut déclarer par là du haut des cieux que les Gentils qui croiraient que Jésus est le Messie, devaient être admis dans l'Eglise par le moyen du baptême, aussi bien que les Juifs. Pour entrer dans cette pensée, il ne faut que lire ce que saint Pierre dit pour sa défense (Act., XI), lorsqu'il fut accusé par les fidèles de la circoncision, de ne s'être pas éloigné, comme il devait, du commerce des incirconcis; on n'a qu'à voir en particulier ce que cet apôtre dit dans les versets 15, 16, et 17 pour reconnaître que cette raison-là fut comme une autorité irréfragable, qui le détermina à recevoir les Gentils dans la communion de l'Eglise, dès qu'ils feraient profession de croire en Jésus-Christ, quoique cela dût paraître fort étrange aux Juifs qui étaient encore alors les seuls membres de l'Eglise chrétienne. C'est pourquoi saint Pierre etant sur le point de baptiser le centenier Corneille avec toute sa famille (Act., X), fait auparavant cette question aux fidèles circoncis qui étaient venus avec lui, et qui paraissaient tout étonnés de voir que le don du Saint-Esprit était aussi répandu sur les Gentils: Peut-on refuser le baptême à ceux qui ont déjà reçu le Saint-Esprit comme nous? (v. 47). Et dans la suite (Act., XV) quelques personnes de la secte des pharisiens qui avaient embrassé la foi chrétienne ayant soutenu, qu'il fallait circoncire les Gentils, et leur ordonner de garder la loi de Moïse, Pierre se leva et leur dit: Mes frères, vous savez qu'il y a longtemps que Dieu m'a choisi d'entre nous, afin que les Gentils, savoir, Corneille et ceux qui se convertireat avec lui, entendissent par ma bouche la parole de l'Evangile, et qu'ils crussent. Et Dieu, qui connaît les cœurs, leur a rendu témoignage, leur donnant le Saint-Esprit, aussi bien qu'à nous, et il n'a point fait de différence entre eux et nous, ayant purifié leurs cœurs par la foi ( v. 7-9). Ainsi, tous ceux qui croyaient que Jésus était le Messie, Juifs ou Gentils, recevaient dès-là le sceau du baptême, par où ils étaient

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reconnus disciples de Jésus-Christ, et étaient distingués des infidèles. Au reste, nous pouvons conclure de ce que nous avons dit cidessus, que prêcher que Jésus est le Messie, c'est ce que les auteurs du Nouveau Testament désignent souvent par ces mots, la Parole, et la Parole de Dieu, et que croire cet article particulier, c'est, dans leur langage, recevoir la Parole de Dieu (Act., X, 36, 37, et XI, 1, 19, 20). Ils marquent encore la même chose par cette expression, la Parole de l'Evangile (Act., XV, 7). Et dans l'histoire de l'Evangile, ce que saint Marc appelle simplement la Parole (IV., 14, 15), saint Luc le nomme la Parole de Dieu ( Luc., VIII, 11), et saint Matthieu (XIII, 19) la Parole du royaume; de sorte que ces différents termes ne signifient apparemment qu'une seule et même chose dans les écrits du Nouveau Testament, et par conséquent nous devons les prendre tous dans le même sens.

Mais continuons à faire voir que ce que les apôtres exigeaient particulièrement de ceux qui embrassaient la religion chrétienne, se reduisait à croire que Jésus était le Messie. Dans le chapitre XIII des Actcs, saint Paul se trouvant à Antioche, prêche dans la synagogue pour persuader aux Juifs que Dieu, selon sa promesse, a suscité Jésus de la semence de David pour Sauveur à Israël, (v. 23), et il dit expressément que Jésus est celui-là même dont les prophètes avaient écrit (v. 25-29), c'est-à-dire le Messie; et que pour faire voir qu'il l'était effectivement, Dieu l'a ressuscité des morts (v. 30). Sur quoi S. Paul raisonne de cette sorte (v. 32, 33): Ainsi nous vous annonçons l'accomplissement de la promesse qui a été faite à nos pères: Dieu nous en ayant fait voir l'effet, à nous qui sommes leurs enfants, en ressuscitant Jésus, selon qu'il est écrit dans le second psaume: Tu es mon Fils, je t'ai aujourd'hui engendré. Il continue ensuite à prouver que Jésus est le Messie, par la raison qu'il est ressuscité d'entre les morts; et il conclut par ces paroles (v. 38, 39): Sachez donc, mes frères, que c'est par lui que la rémission des pé chés vous est annoncée, et que quiconque croit en lui est justifié par lui de toutes les choses dont vous n'avez pu être justifiés par la loi de Moise. Or cette doctrine particulière est appelée plusieurs fois dans ce chapitre la parole de Dieu, comme on peut s'en convain 46, 48, 49; et le 24 du chap. XII. cre en comparant le verset 42 avec les 44,

Act., XVII, 2-9. S. Paul se trouvant à Thessalonique, entra selon sa coutume dans une synagogue des Juifs, et disputa avec eux durant trois jours de sabbat, leur découvrant et leur faisant voir qu'il avait fallu que le Messie souffrit et qu'il ressuscitat d'entre les morts; et ce Jésus, leur disait-il, que je vous annonce, c'est le Messie. Quelques-uns d'eux crurent et se joignirent à Paul et à Silas; mais les Juifs qui refusèrent de croire ameuterent toute la ville. On voit clairement par là que les fidèles étaient distingués des infidè'es, en ce qu'ils recevaient pour véritable cette proposition: Jésus est le Messie. Car, (Neuf).

comme il est remarqué fort expressément dans le passage que nous venons d'alléguer, ce fut là la seule chose que S. Paul tâcha de persuader aux Juifs de Thessalonique, durant trois jours de sabbat.

De là S. Paul alla à Bérée, et y prêcha la même chose; et les habitants de cette dernière ville sont loués (v. 11) de ce qu'ils examinaient les Ecritures afin de voir par eux-mêmes si ce qu'on leur disait (v. 2,3) pour leur prouver que Jésus était le Messie, était véritable ou non.

Nous trouvons que S. Paul prêche encore la même doctrine à Corinthe (Act., XVIII, 4-6). Il disputait dans la synagogue tous les jours de sabbat, et persuadait les Juifs et les Grecs. Or quand Silas et Timothée furent venus de Macédoine, Paul, rempli d'une nouvelle ardeur, témoignait aux Juifs que Jésus était le Messie. Mais les Juifs le contredisant avec des paroles de blasphème, il secoua ses habits, et leur dit: Que votre sang soit sur votre téte: Pour moi, j'en suis innocent; et dès maintenant je m'en irai vers les Gentils. Ce fut dans une semblable occasion que ce même apôtre dit aux Juifs d'Antioche (Act., XIII, 46): Vous étiez les premiers à qui il fallait annoncer la parole de Dieu; mais puisque vous la rejeter, nous nous tournons vers les Gentils.

Il est tout visible qu'ici S. Paul rejette sur les Juifs la cause de leur perdition, parcequ'ils combattent cette vérité particulière que Jésus est le Messie; et qu'ainsi c'est en recevant ou en rejetant cette vérité qu'on peut avoir part au salut ou se perdre entièrement. Cela étant, je pense être en droit d'assurer que c'est là tout ce que sont obligés de croire ceux qui reconnaissent déja un Dieu éternel et invisible, créateur du ciel et de la terre, comme faisaient les Juifs; mais nous verrons dans la suite qu'il est nécessaire, pour être sauvé, de faire autre chose que croire. Du reste i ne sera pas hors de propos de remarquer ici en passant que bien que les apôtres dans les prédications qu'ils font aux Juifs et aux gens dévots et craignant Dieu (1), ne les avertissent point de croire au seul vrai Dieu, qui a fait le ciel et la terre; parce qu'il était inutile de parler de cet article à des personnes qui en étaient déjà persuadées et qui en faisaient une profession ouverte, comme il parait par la plupart des discours que nous avons vus jusques ici; cependant lors que ces mêmes apôtres ont affaire à des païens idolâtres, qui n'étaient point encore parvenus à la connaissance du seul vrai Dieu, ils commencent par les instruire de l'unité de Dieu, comme d'un point qu'ils doivent croire nécessairement et qui est le fondement sur lequel est bâti ce qu'ils ont à leur apprendre du Messie, et sans quoi ce dernier article ne signifierait rien.

Ainsi S. Paul parlant aux habitants de Ly stre qui étaient idolâtres, et qui voulaient lui sacrifier aussi bien qu'à Barnabas, leur dit

(1) C'est ainsi qu'on a traduit le mot grec z6opeo, titre qu'on donnait aux prosélytes de la Porte, et à ceux qui adoraient un seul Lieu éternel et invisible.

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(Act., XIV, 14, 15, 16): Nous vous annonçons que vous vous convertissiez de ces vaines superstitions au Dieu vivant qui a fait le ciel et la terre, la mer et tout ce qu'ils contiennent, qui dans les siècles passés a laissé marcher toutes les nations dans leurs voies: et néanmoins il n'a point cessé de rendre toujours témoignage de ce qu'il est; en faisant du bien aux hommes; en dispensant les pluies du ciel et les saisons favorables pour les fruits; en nous donnant la nourriture avec abondance, et remplissant nos cœurs de joie.

Il en usa de même avec les Athéniens qui s'adonnaient aussi à l'idolâtrie (Act., XVII); car à l'occasion d'un autel dedié au Dieu inconnu, il leur dit : C'est ce Dieu que vous adorez sans le connaître, que je vous annonce ; Dieu qui a fait le monde et tout ce qui est dans le monde, étant le Seigneur du ciel et de la terre, n'habite point dans les temples bátis par les hommes et puisque nous sommes les enfants et la race de Dieu, nous ne devons pas croire que la Divinité soit semblable à de l'or, à de l'argent ou à de la pierre, dont l'art et l'industrie des hommes a fait des figures. Or Dieu ayant dissimulé ces temps d'ignorance, fait maintenant annoncer à tous les hommes, et en tous lieux, qu'ils se repentent; parce qu'il a arrêté un jour auquel il doit juger le monde selon la justice, par l'Homme qu'il a destiné à en être le juge, dont il a donné à tous les hommes une preuve certaine, en le ressuscitant d'entre les morts. Et par là nous voyons que, lorsqu'il était nécessaire de proposer quelque nouvel article de foi, comme il fallait le faire à l'égard des païens idolâtres, les apôtres n'avaient garde d'y manquer.

Ajoutons encore quelques extraits des discours des apôtres, afin de mieux voir en quoi consiste ce qu'ils proposaient à leurs auditeurs pour être l'objet de leur foi (Act., XVIII, 4, 5): S. Paul étant allé à Corinthe, prêchait dans la synagogue tous les jours de sabbat, et témoignait aux Juifs que Jésus était le Messie (v. 11). Et il demeura là un an et demi, leur annonçant la parole de Dieu, c'est-à-dire l'heureuse nouvelle que Jésus était le Messie; car, comme nous l'avons déjà montré, c'est ce qu'emporte cette expression, la Parole de Dieu.

Apollos, autre prédicateur de l'Evangile, ayant été instruit plus amplement dans la voie de Dieu, s'attacha dès-lors à enseigner précisément la même doctrine, comme on peut le voir par ce que saint Luc nous dit de lui au chap. XVIII des Actes, v. 27, 28; savoir que lorsqu'il fut arrivé en Achaïe, il servit beaucoup aux fidèles par la gráce dont il était rempli : car il convainquait les Juifs publiquement avec grande force, leur montrant par les Ecritures que Jésus était le Messie.

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S. Paul ayant été appelé à rendre compte de sa conduite devant Festus et Agrippa déclare que ce seul point renfermait tout ce qu'il avait enseigné depuis sa conversion car, dit-il (Act., XXVI, 22), par l'assistanc. que Dieu m'a donnée, j'ai subsisté jusqu'à aujourd'hui, rendant témoignage aux petits et

aux grands, et ne disant autre chose que ce que les prophètes et Moïse ont prédit devoir irriver; savoir que le Messie devait souffrir, et être le premier qui ressusciterait d'entre les morts, et qui annoncerait la lumière au peuple et aux Gentils. Ce qui n'était autre chose que prouver que Jésus était le Messie. Et c'est là ce qui est appelé la Parole de Dieu, comme nous l'avons déjà remarqué: on n'a, pour s'en convaincre, qu'à comparer Act., XI, 1, avec le chapitre précédent, depuis le v. 34 jusqu'à la fin, et le v. 42 du chap. XIII avec les v. 44, 46, 48, 49; et le v. 13 du chap. XVII avec les v. 11 et 3. Cet article particulier est encore appelé la Parole de l'Evangile (Act., XV, 7). Or c'est cette Parole de Dieu et cet Evangile que nous voyons prêcher aux apôtres dans tous les endroits du Nouveau Testament où leurs discours ont été transcrits; et c'était par la foi que les Juifs et les Gentils ajoutaient à cette importante vérité, qu'ils devenaient autant de fidèles et de membres de l'Eglise de JésusChrist. C'était cette foi qui purifiait leurs cœurs (Act., XV, 9), et qui amenait à sa suite la rémission des péchés (Act., X, 43). Et, par conséquent, tout ce qu'il fallait croire pour être justifié se réduisait à cette simple proposition, que Jésus de Nazareth était le Christ ou le Messie. C'était là, dis-je, tout ce qu'il fallait croire pour être justifié, car du reste nous verrons dans la suite, que tout ce qu'il fallait faire pour obtenir la justification, n'était pas renfermé dans ce seul devoir.

CHAPITRE VI.

Où l'on continue de prouver par quelques expressions répandues dans l'Evangile que ce qu'il faut croire, se réduit à ceci, que Jésus est le Messie.

Nous avons appris dans le chapitre quatrième par la propre déclaration de notre divin Sauveur, que celui qui croit au Fils a la vie éternelle; et que celui qui ne croit point au Fils ne verra point la vie, mais que la colère de Dieu demeure sur lui (Jean, III, 36). Nous avons vu de même par le v. 39 du chap. IV de S. Jean, comparé avec le 42, que croire en Jésus-Christ, c'est croire qu'il est le Messie, le Sauveur du monde; et que la confession que fit S. Pierre (Matth., XVI, 16) que Jésus était le Messie, le Fils du Dieu vivant, est comme la pierre fondamentale sur laquelle Notre-Seigneur a promis de bâtir son Eglise. Tout cela, joint à quelques autres passages des évangélistes que nous avons déjà cités, pourrait suffire pour nous faire voir à quoi se réduit ce que nous devons croire sous l'Evangile afin d'obtenir la vie éternelle, sans qu'il eût été nécessaire d'y ajouter, comme nous avons fait, des extraits des prédications des apôtres. Cependant, pour mettre encore cette matière dans un plus grand jour, il ne sera pas hors de propos de considérer avec un peu de soin ies différents termes dont les évangélistes se servent en parlant sur cet article, afin de

connaître par là ce qu'ils en pensent. Cet examen est d'autant plus nécessaire, que cette diversité d'expressions est peut-être cause qu'en général on ne les examine guère dans cette vue.

:

Nous avons déja remarqué en comparant les paroles d'André et de Philippe, que le Messie et celui de qui Moïse a écrit dans la loi, et que les prophètes ont prédit, signifient une seule et même chose. Examinons présentement cet endroit un peu plus à fond (Jean, I, 41). André dit à Simon: Nous avons trouvé le Messie, et Philippe dans une pareille occasion, v. 45, dit à Nathanaël : Nous avons trouvé celui de qui Moïse a écrit dans la loi, et que les prophètes ont prédit, savoir, Jésus de Nazareth, fils de Joseph. D'abord Nathanaël n'en voulut rien croire, mais dès que Jésus-Christ lui eut parlé, il en fut convaincu, ce qu'il lui fit connaître par ces paroles: Maître, vous êtes le Fils de Dieu, vous êtes le roi d'Israël. D'où il paraît évidemment, que croire que Jésus est celui dont Moise et les prophètes ont écrit, ou le Fils de Dieu, ou bien le roi d'Israël, c'est purement la même chose que de croire qu'il est le Messie et que Jésus-Christ mettait au nombre des croyants ceux qui recevaient cet article. Car Nathanaël n'eut pas plus tôt fait cette confession : Vous êtes le Fils de Dieu, vous êtes le roi d'Israël, que Jésus lui répondit: Parce que je vous ai dit, que je vous ai vu sous le figuier, vous croyez: Vous verrez bien de plus grandes choses (vers. 50). Je souhaiterais aussi qu'on prit la peine de lire avec attention la dernière partie du premier chapitre de S. Jean depuis le 25 vers., et qu'on me dit s'il n'est pas évident que cette expression, le Fils de Dieu, est déterminée par l'usage à signifier le Messie. A quoi l'on peut ajouter la déclaration par laquelle Marthe fit connaître sa foi en disant à Jésus-Christ (Jean, XI, 27): Je crois que vous êtes le Messie, le Fils de Dieu, qui devait venir au monde et cet autre passage de S. Jean (XX, 31): Ces choses sont écrites, afin que vous croyiez que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu, et qu'en croyant vous ayez la vie par son nom. Qu'on examine, dis-je, tous ces passages avec soin, et je suis sûr qu'on ne pourra point douter qu'en ce temps-là le titre de Messie et celui de Fils de Dieu ne fussent des termes synonymes parmi les Juifs.

La prophétie de Daniel, (IX, 25), où le Messie est appelé expressément le Messie no le conducteur ou le prince ; ce qu'Esaïe et Daniel avaient dit de son gouvernement, de son royaume et de la délivrance qu'on obtiendrait par son moyen; et d'autres prophéties qu'on lui appliquait: tout cela était si bien connu aux Juifs, et leur avait fait naître dans l'esprit une si forte espérance de sa venue environ ce temps-là (qui, selon leur calcul, était justement le temps auquel il devait venir pour établir le royaume d'Israël), qu'Hérode n'eut pas plus tôt appris que les Mages cherchaient celui qui était né roi des Juifs Matth. II), qu'il s'enquit tout aussitôt des principaux sacrificateurs et des scribes

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