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tarque; puis de César, de Salluste, de Tite-Live, de Tacite; 3.o l'ÉLOQUENCE, qui nous fournit Démosthène, Eschine, Isocrate, Lysias; puis Cicéron, Quintilien et Pline le jeune; enfin, 4.o la PHILOSOPHIE MORALE, où se sont distingués Xénophon, Platon, Aristote, Théophraste, Epictète, Plutarque, Lucien; puis Cicéron, Sénèque et Pline l'ancien, qui n'est pas moins moraliste que naturaliste.

La littérature du moyen âge, qui est bien éloignée de rivaliser d'éclat avec la précédente, nous offre plus de philosophes moraux et plus de théologiens, surtout dans la scolastique, que d'hommes de lettres; on ne pourroit guère la comprendre dans l'histoire littéraire remarquable, si elle ne nous fournissoit les écrits de plusieurs SS. Pères qui, appartenant aux 11.o, Iv., v.e et même vr.e siècles, brillent de la plus mâle éloquence, et si le Dante, Pétrarque et Boccace, florissant dans le xiv.o, n'appartenoient encore à cét âge. Au reste, on peut dire que toute la philosophie de ce temps et même toute la théologie scolastique se retrouvent à peu près dans les ouvrages de Saint Thomas (1), comme toute la science ecclésiastique et toute l'éloquence

(1) Saint Thomas d'Aquin étoit sans contredit l'homme le plus universel, le plus extraordinaire et la plus forte tête de son temps. Combien de gens et peut-être de littérateurs modernes on surprendroit, si on leur disoit que ce saint étoit un très grand phiJosophe, et si on le leur prouvoit en leur démontrant que les plus beaux passages de morale, d'éducation et de politique dans l'Esprit des lois, dans l'Émile et dans le Contrat social, sem blent traduits littéralement de saint Thomas.

est dans les ouvrages des SS. Pères. Quant à l'histoire, elle a été traitée d'une manière si diffuse et si confuse dans le moyen âge, par les Grégoire de Tours, les Bede, les Turpin, les Alcuin, les Eginhart, les Nithard, les Villehardouin, les Joinville, les Froissard, les Monstrelet, les Gaguin, etc., qu'on ne peut considérer leurs écrits que comme des matériaux informes. Cependant nous dirons que Joinville enchante par la naïveté de son style, et certainement sans lui nous ne connoîtrions pas dans un aussi grand détail toutes les vertus et toute la grandeur d'ame de Saint Louis.

L'aurore de la littérature moderne a été plus brillante chez l'étranger qu'en France; le plus beau poëme moderne honoroit déjà l'Italie, que le feu sacré couvoit encore chez nous sous la cendre; et le fougueux Milton esquissoit en traits de feu la chute du prince des ténèbres (1), que les premiers chefs-d'œuvre de la littérature française commençoient à peine à éclore. Nous n'avons conservé des écrits des premiers temps de la renaissance des lettres en France, que quel ques vers du naïf Marot, quelques passages du plaisant Rabelais, des pensées du vigoureux Montaigne, quel

(1) La première édition du Paradis perdu parut en 1667, et ne contenoit que dix chants. Ce poëme eut alors si peu de succès, que le libraire, pour faciliter la vente de cette édition, fut obligé d'y mettre de nouveaux frontispices en 1668 et 1669. On sait depuis quel a été l'enthousiasme des Anglais pour ce poëme vraiment sublime. La plus belle édition qui en ait paru est celle de Londres W. Bulmer, 1794-97, 3 vol. gr. in-fol. fig.

ques satires de Regnier, et quelques strophes de Malherbe. Les noms de Balzac (1) et de Voiture ne sont plus mentionnés que dans les fastes du bel esprit. Enfin, nous arrivons au siècle de Louis XIV : Pascal et Corneille ouvrent la carrière du génie, et une foule d'illustres émules dans tous les genres se précipitent sur leurs pas. Voyez avec quelle grandeur, quelle dignité s'avancent dans le sanctuaire des lettres un Bossuet, un Bourdaloue, un Fénélon, un Larochefoucauld, un Labruyère, un Boileau, un La Fontaine, un Racine, un Molière, une Sévigné, un Fléchier, un Regnard, puis ensuite un Massillon, un J.-B. Rousseau, un Rollin et un Crébillon, qui lient le grand siècle au siècle suivant. Celui-ci place au premier rang Voltaire, Montesquieu, J.-J. Rousseau et Buffon. On peut encore citer, quoique dans un rang inférieur, l'aimable Bernardin de SaintPierre, le savant Barthelemy, et l'abbé Delille dernier anneau de cette chaîne brillante dont malheureusement l'or de quelques chaînons est mêlé d'un funeste alliage.

Voilà donc dans toute la littérature à peu près une soixantaine d'écrivains distingués, qui offrent, non pas tous dans leurs œuvres complettes, mais dans un choix de leurs productions, des chefs-d'œuvre en

(1) Il faut cependant convenir que Balzac, malgré son enflure et ses phrases ambitieuses, fut le fondateur de l'harmonie de la prose, comme Malherbe le fut de celle des vers. Nous ne parlons içi que de l'harmonie, et non pas de la force, de la correction et du génie de la langue, car alors nous aurions cité Pascal.

tous genres, dont les véritables amateurs se sont toujours empressés de faire la base de leur bibliothèque. Il est certain qu'en matière de goût, on peut s'en tenir à peu près là (1), et si l'on vouloit augmenter le nombre de ces auteurs comme modèles, il nous semble que ce ne seroit guères que multiplier des échos, et l'on sait que le propre de l'écho est de répéter les mêmes sons en les affoiblissant. Ainsi, avec trois à quatre cents volumes, on pourroit se composer la collection la plus précieuse qu'un amateur puisse posséder, sans crainte de choquer aucune opinion littéraire.

Quant aux connoissances bibliographiques, toujours subordonnées aux connoissances littéraires dont elles ne sont que l'accessoire, elles ne peuvent et ne doivent être que d'un intérêt secondaire dans le choix des livres, à moins que l'on ne soit attaqué de

(1) Pour confirmer, par une autorité du plus grand poids, ce que nous avançons ici, nous citerons le savant et profond auteur des Mélanges littéraires publiés en 1819, 2 vol. in-8.o Il dit positivement, tom. II, p. 570 : « Les chefs-d'œuvre de la littérature ancienne, seuls ouvrages qu'il soit nécessaire à l'homme de goût d'étudier et de retenir, sont en assez petit nombre; et les productions d'un rang inférieur, plus capables de corrompre le goût que propres à le former, traduites, imitées, citées dans nos cours de belles-lettres, pour ce qu'elles ont de meilleur, sont reléguées au fond de nos bibliothèques, d'où l'idolâtrie de quelques commentateurs a fait de vains efforts pour les exhumer. Il faut bien se persuader qu'il n'y a à la longue que les chefs-d'œuvre qui surnagent sur le fleuve d'oubli, et c'est ce qui doit nous faire envisager avec moins d'effroi le prodigieux accroissement des productions littéraires et scientifiques. » M. de Bonald.

cette funeste maladie appelée bibliomanie, c'est-àdire, de cette passion aveugle qui fait tout sacrifier au futile plaisir de posséder exclusivement certains livres et certaines éditions. Que l'on se pénètre bien de cette vérité, que l'impression et la reliure d'un volume, quelque belles, quelqu'élégantes qu'elles: soient, ne sont à l'ouvrage que ce que l'écorce et les couches ligneuses sont à la sève de l'arbre; et les arbres les plus beaux à la vue ne portent pas toujours les fruits les plus agréables et les plus sains.

Ce n'est cependant pas que s'attachant exclusivement au mérite intrinsèque d'un ouvrage, il faille: en négliger le matériel extérieur, c'est-à-dire, la partie typographique. Au contraire, nous pensons qu'il est de la plus grande importance de toujours rechercher les éditions les meilleures, les plus correctes et les mieux imprimées; car, ainsi que le dit le sage Rollin, «une belle édition qui frappe les yeux, gagne l'esprit, et, par cet attrait innocent, invite à l'étude. » C'est ce que l'on éprouve surtout quand on a le bonheur de rencontrer ces excellentes éditions d'auteurs anciens, si recherchées des amateurs. Il n'y a pas de doute que la beauté d'une impression, très soignée contribue à faciliter l'intelligence du texte, et semble en insinuer le sens avec plus de charmes et de développement dans l'esprit du lecteur.

Des connoissances bibliographiques sont donc utiles à l'amateur; mais, comme nous l'avons dit, elles' doivent céder le pas aux connoissances littéraires. D'ailleurs, le choix des éditions n'est pas aussi diffi

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