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Nous venons de considérer la Bible sous le port religieux; voyons-la maintenant comme monument historique, et comme ouvrage le plus précieux et pour l'esprit et pour le cœur. La Bible remontant à l'origine des choses, est l'histoire, non d'un peuple en particulier, mais de tous les peuples en général ; elle offre à chaque nation un intérêt qui lui est propre. Ne semble-t-elle pas, apprenant à chaque peuple son origine et ses progrès, ses succès et ses revers, lui dévoiler l'avenir par les grandes leçons du passé; et lui montrant, ou ce qu'il doit espérer, ou ce qu'il doit craindre, lui présager sa grandeur ou sa décadence prochaine ? D'un autre côté, quelle supériorité n'a pas l'histoire sacrée sur l'histoire profane! Celle-ci ne nous apprend que des événemens ordinaires, si remplis d'incertitudes et de contradictions, que l'on est souvent embarrassé pour y découvrir la vérité ; tandis que l'histoire sacrée est celle de Dieu même, de sa toute-puissance, de sa sagesse infinie, de sa providence universelle, de sa justice, de sa bonté et de tous ses autres attributs. Ils y sont présentés sous mille formes et dans une série d'événemens variés, miraculeux et tels

été dirigés contre les doctrines qui l'avoient égaré, et contre les principes révolutionnaires. Dans son Apologie de la Religion, il dit : « Depuis que j'ai le bonheur de lire les divines Écritures, chaque mot, chaque ligne appelle en moi une abondance d'idées et de sentimens qui semblent se réveiller dans mon ame, où ils étoient comme endormis dans le long sommeil des erreurs de ma vie. »

qu'aucune nation n'en eut de semblables. La supériorité de l'Écriture, en ce genre comme en tout autre, est donc incontestable ; mais elle est encore douée d'un avantage auquel les historiens profanes n'arrivent pas, et qui distingue seul les siens : c'est la manière simple et sans affectation avec laquelle les faits y sont racontés ; et cette simplicité, loin de nuire à la grandeur et à la majesté des images, les fait briller d'un éclat que l'on ne rencontre que dans ce livre divin. Il n'y a pas de doute que cette admirable simplicité ne soit l'une des principales causes qui aient fait passer tant d'étonnantes narrations par tous les âges et par toutes les langues, sans qu'elles aient rien perdu de leur vérité, de leur force et de leur éclat. Voyez, dès la première page du livre, cette magnifique description de la création, dont Longin, le meilleur de nos anciens critiques, étoit enthousiasmé ; lisez-la dans quelle langue vous voudrez, en grec, en latin, en français, dans toutes les langues modernes ; son mérite sous le rapport du style, c'est-à-dire, la grandeur de l'image, n'en souffrira point; vous y trouverez toujours cette réunion de simplicité et de sublime qui étonne, transporte, et qui, tout en frappant l'esprit, soumet le cœur et lui impose sans contrainte le joug de la foi,

Si, des considérations historiques, nous passons aux considérations morales et politiques, nous serons également convaincus, et peut-être encore davantage, que la Bible l'emporte infiniment sur tout ce qu'il a été possible de faire et d'écrire en ce genre.

Écoutons à ce sujet un savant moderne (M. Ber-nardi) qui va en peu de mots nous démontrer cette vérité. « Les livres des Juifs, dit-il, ont cet avantage sur ceux des autres peuples, de faire connoître la nature de l'homme, celle du souverain bien, et les vrais fondemens de la législation et de la morale..... Nous avons beaucoup de traités philosophiques sur la nature des gouvernemens et sur l'art de les maintenir; mais les préceptes qu'ils contiennent n'ont ni amélioré leur sort, ni ne les ont garantis de leur chute; ils ont même peut-être contribué à l'accélérer, en inspirant à ceux qui étoient à leur tête une vaine confiance dans les combinaisons d'une sa-> gesse ou d'une raison présomptueuse, qui dirige rarement les hommes, et que tant de causes imprévues troublent ou dérangent..... Au contraire, ce qui distingue particulièrement les Juifs, c'est ce but moral qui se montre dans leurs institutions et qui ne se dément pas un seul instant pendant la durée de leur longue existence. Leurs lois ne furent point, comme celles des Grecs et des Romains, l'ouvrage progressif du temps: complettes et parfaites dès leur naissance, elles subsistent encore..... >> Eh! comment ne subsisteroient-elles pas, quand Dieu a daigné lui-même graver sur leur base, ces commandemens éternels, ce code du genre humain, et comme le dit M. de Bonald, « cette loi primitive et générale, cette loi naturelle , parfaite, divine (tous mots synonymes), cette loi, ajoute-t-il, qui se trouve au livre des révélations divines, conservé chez les

Juifs et chez les Chrétiens avec une religieuse fidelité, quoique dans des vues différentes et même opposées, et porté par les uns et par les autres dans tout l'univers (1) ? »

Citons encore sur le même sujet un autre auteur moderne, M. l'abbé Fayet, dont les pensées profondes coïncident si bien avec celles de MM. Bernardi et de Bonald, « Le plus beau caractère des livres saints, dit-il, c'est de n'avoir rien de commun avec ce qu'ont écrit les hommes: Homère et Virgile ont eu des imitateurs plus ou moins heureux ; mais la Bible n'a trouvé jusqu'ici que des traducteurs ou des copistes. Ouvrez ce livre : une législation complette; une histoire, source de toutes les histoires (2);

(1), « L'existence des Juifs, dit en note M. de Bonald, a quelque chose de şi extraordinaire, qu'elle ne peut être expliquée que par la nécessité d'attester à tous les peuples de l'univers, et dans tous les temps de sa durée, l'authenticité d'une loi écrite pour tous les peuples et pour tous les temps. C'est la branche aînée de la grande famille, et elle a le dépôt des livres originaux. Cela a été dit cent fois, et toujours avec raison; mais, comme l'observe un homme d'esprit, les pensées vieillissent par l'usage, et les mots par le non usage. » LÉGISLATION PRIMITIVE.

(2) Feu William Jones, président de la Société de Calcutta, l'homme le plus savaut qui ait existé dans les langues, l'histoire et la littérature de l'Inde, assure « n'avoir rencontré dans les antiquités indiennes qu'un amas confus de fables absurdes et incohérentes, sans suite, sans liaison, enveloppées d'allégories qui les rendent encore plus inintelligibles. Si l'on y aperçoit par intervalles, ajoute-t-il, quelque foible éclat de lumière, c'est pour faire bientôt place aux ténèbres les plus profondes. Il n'en est pas ainsi de la Bible; elle a conservé le dépôt des archives du genre humain; elle expose à nos yeux les premiers monumens de l'histoire

une morale inimitable; une politique qui fonde les États et qui civilise les nations (1); une philosophie

des nations; elle en suit la filiation. Ce n'est que par son secours qu'on a pu former un systême suivi et raisonnable de chronologie, ainsi qu'en convenoit le savant Freret. Elle présente enfin une variété de compositions qui égalent et qui surpassent même les compositions analogues qu'on rencontre chez les autres peuples. »

(1) Qui n'a pas lu le beau traité de Bossuet, intitulé: Politique tirée des propres paroles de l'Ecriture Sainte, à Monseigneur le Dauphin? Il renferme tout ce qui est relatif à la politique, dans, la Bible. L'auteur devoit développer ensuite, dans des discours particuliers, les principes qui en découlent; il est bien à regretter qu'il n'ait pas achevé un ouvrage si digne d'exercer son puissant génie. Comme on le reconnoît bien, ce beau génie, dans le début de son Kivre : « Dieu est le Roi des Rois; c'est à lui qu'il appartient de les instruire et de les régler comme ses ministres. Ecoutez donc, Monseigneur, les leçons qu'il leur donne dans son Écriture, et apprenez de lui les règles et les exemples sur lesquels ils doivent former leur conduite. Outre les autres avantages de l'Écriture, elle a encore celui-ci, qu'elle reprend l'histoire du Monde dès sa première origine, et nous fait voir par ce moyen mieux que par toutes les autres histoires, les principes primitifs qui ont formé les empires. Nulle histoire ne découvre mieux ce qu'il y a de bon et de mauvais dans le cœur humain, ce qui soutient et renverse les royaumes, ce que peut la religion pour les établir, et l'impiété pour les détruire. Les autres vertus et les autres vices trou vent aussi dans l'Écriture leur caractère naturel, et on u'en voit nulle part dans une plus grande évidence les véritables effets. On y voit le gouvernement d'un peuple dont Dieu même a été le législateur; les abus qu'il a réprimés et les lois qu'il a établies, qui comprennent la plus belle et la plus juste politique qui fut jamais... Jésus-Christ vous apprendra par lui-même et par ses Apôtres, tout ce qui fait les Etats heureux; son Évangile rend les hommes d'autant plus propres à être bons citoyens sur la terre, qu'il leur apprend par-là à se rendre dignes de devenir citoyens du Ciel. Dieu, enfin, par qui les Rois règnent, n'oublie rien pour leur ap prendre à bien réguer... ... »

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