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»ment? Pourquoi, lorsqu'il emploie du moins comme les autres la séduc» tion des promesses, et même celle des services, n'est-ce que contre vous » seuls qu'il ose employer la menace? Voyez tout ce qu'il fait en faveur des >> Thessaliens pour les mener jusqu'à la servitude; par combien d'artifices » il abusa les malheureux Olynthiens, en leur donnant d'abord Potidée » et quelques autres places; tout ce qu'il a fait aujourd'hui pour gagner les » Thébains, qu'il a délivrés d'une guerre dangereuse, et qu'il a rendus » puissans dans la Phocide. On sait, il est vrai, de quel prix les uns ont » payé dans la suite ce qu'ils ont reçu, et quel prix aussi doivent en atten» dre les autres. Mais pour vous, sans parler de ce que vous aviez déjà >> perdu dans la guerre, combien, même pendant les négociations de la » paix, ne vous a-t-il pas trompés, insultés, dépouillés! Les places de la » Phocide, celles de la Thrace, Dorisque, Pyle, Serrio, la personne » même de Cersoblepte, que ne vous a-t-il pas enlevé! D'où vient cette » conduite si différente envers vous et envers les autres Grecs? C'est que >> nous sommes les seuls chez qui nos ennemis aient impunément des pro» tecteurs déclarés, les seuls chez qui l'on puisse tout dire en faveur de Philippe quand on a reçu son argent, tandis qu'il prend celui de la >> république. Il n'eût pas été sûr de se déclarer le partisan de Philippe » chez les Olynthiens, s'il ne les eût pas séduits en leur donnant Poti» dée; il n'eût pas été sûr de se déclarer le partisan de Philippe chez les » Thessaliens, s'il ne les eût pas aidés à chasser leurs tyrans,et s'il ne leur >> eût pas rendu Pyle; il n'eût pas été sûr de se déclarer le partisan de Philippe chez les Thébains, avant qu'il leur eût assujetti la Béotie en détruisant les Phocéens. Mais chez nous, mais dans Athènes, quand

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>> il s'est approprié Amphipolis et le pays de Cardie, quand il est près d'envahir Byzance, quand il a fortifié l'Eubée de manière à enchainer l'Attique, on peut en toute sûreté élever la voix en sa faveur, et de » pauvres et d'obscurs qu'ils étaient, ses amis sont devenus riches et con» sidérables; et nous, au contraire, nous avons passé de la splendeur à >> l'humiliation, et de l'opulence à la pauvreté; car, à mes yeux, les vraies richesses d'une république sont dans le nombre de ses alliés, dans leur » attachement, dans leur fidélité, et c'est là ce que nous avons perdu; et » pendant qu'avec tant d'insouciance vous vous laissez ravir tant d'avan» tages, Philippe est devenu grand, fortuné, redoutable aux Grecs et aux » Barbares; Athènes est dans le mépris et dans l'abandon; riche seule>>ment de ce qu'elle étale dans les marchés, pauvre de tout ce qui fait » la gloire et la force d'un peuple libre ».

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On a nommé Despréaux le poëte du bon sens : on peut appeler Démosthène l'orateur de la raison. Et nous en avons tant de besoin! on a tant perverti l'entendement pour étouffer la conscience! on a faussé à plaisir l'esprit humain : et que faisons-nous ici, si ce n'est de travailler à le redresser? Sans raison point de justice, et sans justice point de liberté. Nous avons bien acquis le droit de nous passionner pour la vérité : l'erreur et l'ignorance nous ont fait tant de mal!

Anéantissons la tyrannie des mots pour rétablir le règne des choses. Vous avez eu la preuve que le mot de liberté peut être écrit sur toutes les portes quand l'oppression est sur toutes les têtes. Et quel était alors l'homme libre, même dans les fers, même sur l'échafaud? celui-là seul qui avait su garder l'indépendance de ses principes. C'est donc par la raison, par la justice, que l'homme peut être essentiellement libre. Il y a cela de grand dans l'homme, qu'il est, par la pensée, supérieur à toute puissance qui n'est pas conforme à la raison; et cela seul prouverait que toute vraie grandeur vient de Dieu, à qui nous devons la pensée et la raison. C'est par-là que l'homme juste peut juger la puissance, même

quand elle l'opprime: elle ne peut l'opprimer qu'un moment : il la juge pour toujours. Il peut la flétrir d'une parole, la confondre d'un regard, l'humilier même de son silence; ce que ne peut faire la tyrannie avec ses satellites et ses bourreaux.

Honneur donc à la raison et à l'ordre qui en est l'ouvrage! honneur à l'un et à l'autre, et d'autant plus que leur nom seul a été depuis long-temps parmi nous, d'abord un objet d'insulte, ensuite un titre de proscription. Les remettre à leur place, c'est les venger assez: dès lors celle de leurs ennemis est marquée; elle l'est sans retour.

Apprenons, par l'exemple de Démosthène, à ne jamais craindre de dire à nos concitoyens la vérité salutaire. On n'obtient jamais par la flagornerie démagogique qu'une influence éphémère et une longue ignominie. Les avantages des démagogues sont fragiles et précaires, et sujets à des retours terribles. Cette vérité, pour être sentie, n'a pas même besoin des exemples sans nombre qui ont frappé vos yeux: ne l'oubliez jamais, et redites-vous sans cesse à vous-mêmes, que celui qui trompe le peuple n'entend pas mieux ses intérêts que ceux de la chose publique, et ne se déshonore que pour se perdre. Je ne connais rien de si abject et de si odieux qu'un flatteur du peuple: il l'est cent fois plus qu'un flatteur des rois; car naturellement le trône appelle la flatterie et repousse la vérité; le peuple, au contraire, se laisse tromper, il est vrai, mais il ne demande pas qu'on le trompe, il n'en a pas besoin, et il sent celui d'être instruit. Il aime et accueille la vérité quand on ose la lui dire; et quand il la rejette, c'est par défaut de lumière, plus que par orgueil et par corruption. Dès qu'il la conçoit, il applaudit d'autant plus, qu'on exerce envers lui un droit qui est celui de tous. C'est aussi ce qui rend cette vérité si haïssable et si terrible aux yeux de ceux qui ont tant d'intérêt à ce qu'elle ne parvienne jamais jusqu'à ce peuple, parce qu'ils en ont tant à l'aveugler! et cette politique, ordinaire aux tyrans, a dû être surtout celle des nôtres, qui étaient sans talent comme sans courage. Elle a consisté uniquement à donner tout pouvoir de mal faire à cette classe d'hommes qui partout est la lie des nations, à ceux qui n'ont rien, ne savent rien et ne font rien; et de cet assemblage de dénûment, de fainéantise et d'ignorance, se compose ce qu'il y a de pis dans l'espèce humaine: on en peut juger par ce qu'ils ont fait une fois, lorsqu'une fois ils ont régné. Mais observez en même temps que cette politique, dont le succès en a imposé un moment à ceux que tout succès éblouit, n'était pas moins inepte qu'atroce. Les tyrans qui ont eu du génie n'ont jamais employé que des instrumens dont ils pouvaient toujours être les maîtres : la tyrannie, qui n'a que des agens dont elle est l'esclave, est insensée; car elle est toujours la victime. Et qu'y a-t-il de plus fou que d'envahir tout sans pouvoir rien garder, et de dresser des échafauds pour finir par y monter?... Mais ceci appartient à notre histoire, et je reviens à celle de l'éloquence et des triomphes de Démosthène (1).

(1) On croit devoir encore rappeler ici, pour la dernière fois, que toutes les réflexions semées dans cet ouvrage, relatives à la révolution, sont de l'année 1794, et ont été prononcées aux Ecoles normales et au Lycée.

SECTION IV.

Exemples des plus grands moyens de l'art oratoire, dans les deux harangues pour la Couronne, l'une d'Eschine, l'autre de Démosthène.

QUELQUES notions préliminaires sont indispensables ici pour faire connaitre l'importance de ce fameux procès, et le rôle considérable que Dé mosthene soutint si long-temps dans Athènes, où la profession d'orateur était une espèce de magistrature, et fut particulièrement pour Démosthène, une puissance si réelle, que Philippe, au rapport des historiens, disait que, de tous les Grecs, il ne craignait que Démosthène.

Après la perte de la bataille de Chéronée, les Athéniens, craignant d'être assiégés, firent réparer leurs murailles. Ce fut Démosthène qui donna ce conseil, et ce fut lui qu'on chargea de l'exécution. Il s'en acquitta si noble. ment, qu'il fournit de son bien une somme considérable dont il fit présent à la république. Ctésiphon son ami proposa de l'honorer d'une couronne d'or, pour récompense de sa générosité. Le décret passa, et portait que la proclamation du couronnement se ferait au théâtre pendant les fètes de Bacchus, temps où tous les Grecs se rassemblaient dans Athènes pour assister à ces spectacles. Eschine était depuis long-temps le rival et l'ennemi de Démosthène. Il avait un grand talent et un très-bel organe, qu'il eut occasion d'exercer, ayant commencé par être comédien; mais il avait aussi une âme vénale, et il était presque publiquement au nombre des orateurs à gages que Philippe soudoyait dans toutes les républiques de la Grèce. Démosthène seul, aussi intègre qu'éloquent, était demeuré incorruptible et les Athéniens ne l'ignoraient pas. Aussi n'était-ce pas la première fois qu'il avait reçu le même honneur que lui décernait Ctesiphon ; mais ici la haine crut avoir trouvé une occasion favorable. La funeste bataille de Chéronée avait abattu la puissance d'Athènes, et rendu Philippe l'arbitre de la Grèce; c'était Démosthène qui avait fait entreprendre cette guerre dont l'événement avait été si funeste. Eschine se flatta de pouvoir le rendre odieux sous ce point de vue, et de lui arracher la couronne qu'on lui offrait. Il attaqua le décret de Ctesiphon comme contraire aux lois. Son accusation roule sur trois chefs: 1.° une loi d'Athènes défend de couronner aucun citoyen chargé d'une administration quelconque, avant qu'il ait rendu ses comptes; et Démosthène, chargé de la réparation des murs et de la dépense des spectacles, est encore comptable: premiere infraction; 2.o une autre loi défend qu'un décret de couronnement porté par le sénat soit proclamé ailleurs que dans le sénat même, et celui de Ctesiphon, quoique rendu par le sénat, devait être, selon sa teneur, proclamé au théâtre: seconde infraction; enfiu (et c'est ici le fond de la cause), le décret porte que la couronne est décernée à Démosthène pour les services qu'il a rendus et qu'il ne cesse de rendre à la république; et Démosthène, au contraire, n'a fait que du mal à la république. Ĉe dernier chef devait amener la censure de toute la conduite de Démosthène, depuis qu'il s'était mêlé des affaires de l'état, et c'était-là le principal but de son ennemi, qui cherchait à lui ravir également et les honneurs qu'on lui accordait, et la gloire de les avoir mérités. La querelle commença deux ans avant la mort de Philippe; mais les troubles politiques de la Grèce, l'embarras des affaires et le danger des conjonctures retardèrent la poursuite du procès, qui ne fut plaidé et jugé que six ans après, et lorsque Alexandre était déjà maître de l'Asie.

On est tenté de déplorer tout le malheureux talent qu'Eschine déploya dans une si mauvaise cause. A travers son élocution facile et brillante, on

démêle à tout moment la faiblesse de ses moyens, l'artifice de ses mensonges. Il donne à toutes les lois qu'il cite un sens faux et forcé, à toutes les actions de Démosthene une tournure maligne et invraisemblable; il l'accuse de tout ce dont il est coupable lui-même ; il lui reproche d'étre vendu à Philippe, dont il est lui mème le pensionnaire; et plus il sent le défaut de preuves, plus il exagère les expressions; ce qui, dans tout genre de calomnie, est la méthode des détracteurs, qui espèrent ainsi faire aux autres l'illusion qu'ils ne se font pas. A l'égard de Démosthène, sa cause était belle, il est vrai : quel accusé en eut jamais une plus belle à défendre? Il s'agissait de justifier aux yeux de toute la Grèce l'opinion que le peuple d'Athenes avait de lui, et la récompense si flatteuse et si éclatante qu'on avait cru lui devoir. De plus, il a pour lui le plus grand de tous les avantages, la vérité. Il ne rapporte pas un seul fait sans avoir la preuve en main, et chaque assertion est suivie de la lecture d'un acte public, qui la confirme authentiquement. Mais enfin il plaidait contre l'envie, l'envie toujours si favorablement écoutée; et il était obligé de soutenir le rôle, toujours dangereux, d'un homme qui parle de lui et qui rappelle le bien qu'il a fait. C'était la plus grande de toutes les difficultés. On verra comme il a su la vaincre ; mais il est juste de citer auparavant quelques endroits du discours de son accusateur.

Quoiqu'il donne une très-mauvaise interprétation, comme cela est tou jours trés-facile, aux lois dont il prétend s'appuyer, il lui importe cepen→ dant d'établir d'abord que le respect religieux que l'on doit aux lois, doit, surtout dans un état libre, l'emporter sur toute autre consideration. C'est le fondement de son exorde, et ce morceau est traité avec la noblesse et la gravité convenables au sujet.

« Vous savez, Athéniens, qu'il y a trois sortes de gouvernemens parmi les hommes, l'empire d'un seul, l'autorité d'un petit nombre et la li» berté de tous. Dans les deux premiers, tout se fait au gré du monarque, » ou de ceux qui ont le pouvoir en main; dans le dernier, tout est soumis » aux lois. Que chacun de vous se souvienne donc qu'au moment où il >> entre dans cette assemblée pour juger de la violation des lois, il vient » prononcer sur sa propre liberté. C'est pour cela que le législateur exige » de vous ce serment: Je jugerai suivant les lois; parce qu'il a senti que » l'observation de ces lois est le maintien de notre indépendance. Vous » devez donc regarder comme votre ennemi quiconque les viole, et croire » que cette transgression ne peut jamais être un délit de peu d'importance. » Ne souffrez pas que personne vous enlève vos droits. N'ayez aucun égard » à la protection que vos généraux accordent trop souvent à vos orateurs, » au grand détriment de l'état, ni aux prières des étrangers, qui, plus d'une fois, ont servi à sauver des coupables. Mais comme chacun de vous au»rait honte d'abandonner dans un combat le poste qui lui aurait été con»fié, vous devez aussi avoir honte d'abandonner le poste où la patrie vous a placés pour la défense des lois et de la liberté. Souvenez-vous que tous » vos concitoyens, et ceux qui sont présens à ce jugement, et ceux qui n'ont » pu y assister, se reposent sur votre fidélité du soin de maintenir leurs » droits. Souvenez-vous de votre serment; et quand j'aurai convaincu Ctésiphon d'avoir proposé un décret contraire à la vérité et à notre législa» tion, abrogez ce décret imique, punissez les transgresseurs des lois, » vengez et assurez à la fois la liberté qu'ils ont outragée ».

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Passons la discussion juridique et le narré aussi long qu'infidèle de l'administration de Démosthène, et venons à l'endroit ou Eschine se flattait d'avoir le plus d'avantage. Après la bataille de Chéronée, les Athéniens étaient si loin d'attribuer le mauvais succès de la guerre à l'orateur qui l'avait conseillée, qu'ils lui déférèrent d'une commune voix l'honneur de Tome I.

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prononcer, suivant l'usage, l'éloge funèbre des citoyens qui avaient péri dans cette fatale journée, et à qui on avait élevé un monument. Cette fonction était glorieuse; Eschine et tous les orateurs l'avaient briguée. L'accusateur, arrivé à cette époque, la rapproche de celle où Démosthène fit résoudre la guerre, et rassemble en cet endroit toutes ses forces pour l'accabler sous le poids des calamités publiques.

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« C'est ici que je dois mes regrets à tous ces braves guerriers que Dé» mosthène, au mépris des augures les plus sacrés, précipita dans un pé» ril manifeste; et c'est lui cependant qui a osé prononcer l'éloge de ses » victimes, c'est lui qui de ses pieds fugitifs, qui servirent sa lâcheté dans > les plaines de Chéronée, a osé toucher le monument que vous avez élevé » aux défenseurs de l'état! O toi, le plus faible et le plus inutile des hom» mes dès qu'il faut agir, le plus confiant dès qu'il faut parler, auras-tu bien >> le front de soutenir en présence de nos juges que tu mérites d'être cou>> ronné? Et s'il l'ose dire, le supporterez-vous, Athéniens? et cet impos>>teur pourra-t-il vous ôter le jugement et la mémoire, comme il a ôté » la vie à ses concitoyens? Imaginez-vous donc être transportés pour un >> moment de cette assemblée au théâtre; voir s'avancer le héraut, et en» tendre prononcer le décret de Ctésiphon. Représentez-vous les larmes » que verseront alors les parens de tous ces illustres morts, non pas sur les >> infortunes des héros de nos tragédies, mais sur leur propre sort et sur >> votre aveuglement. Quel est parmi les Grecs qui ont reçu quelque édu>>cation, quel est celui qui ne gémira pas en se rappelant ce qui se passait >> autrefois sur ce même théâtre dans des temps plus heureux, et lorsque » la république était mieux gouvernée? Alors le héraut, montrant au peu>ple les enfans dont les pères avaient péri dans les combats, les revêtait » d'armes brillantes en prononçant ces paroles, qui étaient à la fois l'éloge » et l'encouragement de la vertu : Ces enfans, dont les pères sont morts » courageusement pour la patrie, ont été élevés aux dépens de l'état jusqu'à » l'âge de puberté ; aujourd'hui la patrie leur donne l'armure des guerriers, » et les place au premier rang dans ses spectacles. Voilà ce qu'on entendait » autrefois; mais que sera-ce aujourd'hui? Que dira le héraut quand il » sera obligé de produire en public, et en présence de ces mêmes enfans, » celui qui les a rendus orphelins? S'il profère les termes qui composent » le décret de Ctésiphon, croyez-vous que sa voix étouffera la vérité et »notre honte? Croyez-vous qu'on ne répondra pas par une réclamation » générale, que cet homme (si pourtant un lâche mérite ce nom), que » cet homme que l'on couronne pour sa vertu, est en effet un mauvais ci» toyen; que celui dont on couronne les services a trahi sa patrie dans la >> tribune et dans les combats? Ah! par tous les dieux, Athéniens, ne vous » faites pas cet affront à vous-mêmes; n'élevez pas sur le théâtre un tro>> phée si injurieux pour vous; n'exposez pas Athènes à la risée des Grecs, et ne rouvrez pas les blessures de vos malheureux alliés les Thébains, » que vous avez reçus dans vos murs, bannis et fugitifs par la faute de Démosthène, dont l'éloquence vénale a détruit leurs temples et leurs mo» numens. Rappelez vous tous les maux qu'ils ont soufferts; voyez les vieillards en pleurs et les veuves dans la désolation, forcés, au terme de leur vie, d'oublier qu'ils ont été libres, vous reprocher de mettre le » comble à leur misère, au lieu de la venger ; vous conjurer de ne pas cou» ronner dans Démosthène, et leur destructeur, et le fléau de la Grèce, » et de vous garantir vous-mêmes de l'influence attachée à ce sinistre gé» nie, qui a perdu tous ceux qui ont été assez malheureux pour s'aban» donner à ses conseils. Eh! quoi donc! lorsqu'un des pilotes qui vous >> transportent du Pirée à Salamine, a le malheur d'échouer sur le bord, » même sans qu'il y ait de sa faute, vous lui défendez par une loi de con

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