Immagini della pagina
PDF
ePub

éloquence et persuadé de sa vertu, lui prodiguait dans toutes les occasions la faveur la plus déclarée. Les applaudissemens publics le suivaient partout; mais il n'est pas moins vrai qu'en attaquant Verrès, il avait de grands obstacles à vaincre. Verrès, tout coupable qu'il était, se sentait appuyé du crédit de tout ce qu'il y avait de plus puissant dans Rome. Les grands, qui regardaient comme un de leurs droits de s'enrichir dans le gouvernement des provinces par les plus eriantes concussions, faisaient cause commune avec lui, et ne voyaient dans la punition qui le menaçait qu'un exemple à craindre pour eux. On employait tous les moyens possibles pour le soustraire à la sévérité des lois. Cicéron, à qui les Siciliens avaient adressé leurs plaintes, comme au protecteur naturel de cette province, depuis qu'il y avait été questeur, était allé sur les lieux recueillir les témoignages dont il avait besoin contre l'accusé. Il avait demandé trois mois et demi pour ce voyage; mais il apprit qu'on s'arrangeait pour traîner l'affaire en longueur jusqu'à l'année suivante, où M. Métellus devait être préteur, et Q. Metellus et Hortensius consuls. C'étaient précisément les défenseurs de Verrès; et ce concours de circonstances leur aurait donné trop de moyens de le sauver. Cicéron fit tant de diligence, que son information fut achevée en cinquante jours. Il revint à Rome au moment où on l'attendait le moins; et considérant que la plaidoirie pouvait occuper un grand nombre d'audiences et consumer un temps précieux; il fit procéder tout de suite à la preuve testimoniale, et ne prononça qu'un seul discours, dans lequel, à chaque fait, il citait les témoins qu'il présentait à son adversaire Hortensius, qui devait les interroger. Les preuves furent si claires, les dépositions si accablantes, les murmures de tout le peuple romain qui était présent se firent entendre avec tant de violence, qu'Hortensius, atterré, n'osa prendre la parole pour combattre l'évidence, et conseilla lui-même à Verrès de ne pas attendre le jugement et de s'exiler de Rome. Quand on lit dans Cicéron le détail de ses crimes atroces et innombrables, dont un seul aurait mérité la mort, on est indigné que la jurisprudence romaine, digne d'éloges à tant d'autres égards, ait eu plus de respect pour le titre de citoyen romain que pour cette justice distributive qui proportionne le châtiment au délit, et qu'elle ait permis que tout citoyen qui se condamnait lui-même à l'exil fût regardé comme assez puni. Verrès cependant eut une fin malheureuse; mais ses crimes n'en furent que l'occasion, et non pas la cause. Après avoir mené dans son exil une vie misérable dans l'abandon et le mépris, il revint à Rome dans le temps des proscriptions d'Octave et d'Antoine; mais ayant eu l'imprudence de refuser à ce dernier les beaux vases de Corinthe et les belles statues grecques qui étaient le reste de ses déprédations en Sicile, il fut mis au nombre des proscrits, et Verrès périt comme Cicéron.

C'est la seule fois que ce grand homme, occupé sans cesse de défendre des accusés, se porta pour accusateur; et c'est aussi par cette remarque intéressante qu'il commence sa première Verrine. La tournure que prit cette affaire fut cause que, de sept harangues dont elle est le sujet, il n'y eut que les deux premières de prononcées. Cicéron écrivit les autres pour laisser un modèle de la manière dont une accusation doit être suivie et soutenue dans toutes ses parties. Les deux dernières Verrines, regardées généralement comme des chefs-d'œuvre, ont pour objet, l'une, les vols et les rapines de Verrès; l'autre, ses cruautés et ses barbaries. L'une est remarquable par la richesse des détails, la variété et l'agrément des narrations, par tout l'art que l'orateur emploie pour prévenir la satiété en racontant une foule de larcins dont le fond est toujours le même; l'autre est admirable par la véhémence et le pathétique, par tous les ressorts

que l'orateur met en œuvre pour émouvoir la pitié en faveur des opprimés, et exciter l'indignation contre le coupable. C'est cette dernière dont j'ai cru devoir traduire quelques morceaux : en nous faisant sentir l'éloquence de l'orateur, ils ont encore pour nous l'avantage précieux de nous donner une idée du pouvoir arbitraire qu'exerçaient les gouverneurs romains dans les provinces qui leur étaient confiées, et de l'abus horrible qu'ils en firent trop souvent, lorsque la corruption des mœurs l'eût emporté sur la sagesse des lois. C'est en jetant les yeux sur ces tableaux qui révoltent l'humanité, que, malgré tout l'éclat dont la grandeur romaine frappe l'imagination, on rend grâces au ciel de l'anéantissement d'une puissance si naturellement tyrannique, qu'à quelques excès qu'elle se portât, il fallait absolument les souffrir, jusqu'à ce que, le terme du gouvernement expiré, on pût aller à Rome solliciter une vengeance incertaine, faible. tardive, qui n'expiait point les forfaits et ne réparait point les maux. C'est aussi par cette raison que, sans m'arrêter aux discours relatifs à des causes particulières, et dont les détails ne peuvent guère nous intéresser en eux-mêmes, j'ai choisi de préférence tous les exemples que je me propose de citer daus les harangues où l'intérêt public est mêlé, et où l'éloquence et l'histoire se réunissent ensemble pour nous instruire et nous émouvoir.

SECTION III.

Les Verrines.

Au moment où Verrès fut chargé de la préture de Sicile, les pirates infestaient les mers qui baignent cette île et les côtes d'Italie. Son devoir était d'entretenir la flotte que la république armait pour les combattre et protéger son commerce. Mais l'avarice du préteur ne vit dans ses moyens de défense qu'un nouvel objet de rapines et d'exactions; et faisant acheter leur congé aux soldats et aux matelots qui devaient servir sur les galères, vendant aux villes alliées et tributaires la dispense de fournir ce qu'elles devaient suivant les traités, en laissant manquer de tout le peu d'hommes qu'il se crut obligé de garder sur le petit nombre de vaisseaux qu'il eut en mer, il ne se mit pas en peine d'exposer la Sicile aux incursions des pirates, pourvu qu'il s'enrichit aux dépens de l'état et de la province. Il mit à la tête de cette misérable escadre, non pas un Romain, mais ce qui était sans exemple, un Sicilien nommé Cléomène, dont la femme était publiquement la maîtresse du préteur. Il arriva ce qui devait arriver: la flotte romaine s'enfuit à la vue des pirates, et Cléomèue le premier s'empressa de débarquer. Les autres commandans de galères, qui n'avaient que quelques soldats exténués par le besoin, ne purent faire autre chose que de suivre l'exemple de l'amiral. Les pirates brûlèrent les vaisseaux abandonnés à la vue de Syracuse, et entrèrent jusque dans le port. Cet affront fait aux armes romaines, cette alarme portée par des corsaires jusque dans une ville aussi puissante que Syracuse, retentirent bientôt jusqu'à Rome. Verrès craignit les suites d'un si fâcheux éclat, et, pour ne pas paraître coupable de ce désastre, il forma le dessein le plus abominable qui soit jamais entré dans la pensée d'un tyran également lâche et cruel. Il imagina d'accuser de trahison les commandans siciliens, dont l'innocence était connue, et qui n'avaient pu faire que ce qu'ils avaient fait, et sans la plus légère preuve il les condamna au dernier supplice. Toute la Sicile frémit de cet attentat. Cicéron en demande vengeance. On va voir de quelles couleurs il a su le peindre, et avec quelle énergie il en détaille toutes les horreurs.

« Verrès sort de son palais, animé de toutes les fureurs du crime et de

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

» la barbarie. Il paraît dans la place publique, et fait citer les commandans » à son tribunal. Ils viennent sans soupçon et sans crainte. Il fait soudain > charger de fers ces malheureux qui se fiaient à leur innocence, qui ré» clament la justice du préteur, et lui demandent la raison de ce traitement. C'est, leur dit-il, pour avoir livré par trahison nos vaisseaux à l'ennemi. Tout le monde se récrie, tout le monde s'étonne qu'il ait assez d'impu>> dence pour imputer à d'autres qu'à lui la cause d'un malheur qui n'était » que l'ouvrage de son avarice; qu'un homme tel que Verrès, mis par l'opinion publique au rang des brigands et des corsaires, ose accuser » quelqu'un d'être d'intelligence avec eux; qu'enfin cette étrange accusation n'éclate que quinze jours après l'événement. On demande où est Cléomène, non pas qu'on le crût plus digne de châtiment que les autres: » qu'avait-il pu faire avec des vaisseaux dénués de toute défense? mais enfin sa cause était la même où est Cléomène? On le voit à côté du » préteur, lui parlant familièrement à l'oreille, comme il avait coutume » de faire. L'indignation est générale, que les hommes les plus honnêtes, > les plus distingués de leur ville soient mis aux fers, tandis que Cléomène, » pour prix de ses complaisances infâmes, est l'ami et le confident du » préteur. Il se présente cependant un accusateur : c'était un misérable, nommé Turpion, flétri sous les gouvernemens précédens, bien fait pour le rôle abject dont on le chargeait, et connu pour être l'instrument de » toutes les iniquités, de toutes les bassesses, de toutes les extorsions de 2 Verrès. Les parens, les proches de ces infortunés accourent à Syracuse frappés de cette funeste nouvelle; ils voient leurs enfans accablés sous le poids des chaines, portant, ô Verrès! la peine de ton exécrable avarice. Ils se présentent, réclament leurs enfans, les défendent à grands cris, implorent ta foi, ta justice, comme si tu en avais eu jamais. C'est là qu'on voyait Dexion de Tyndaris, un homme de la première noblesse, qui t'avait logé chez lui, que tu avais appelé ton hôte; et ni l'hospitalité. ni son malheur, ni le rang qu'il tient parmi les siens, ni sa vieillesse, ni ses larmes, n'ont pu te rappeler un moment à quelque sentiment d'humanité. On voyait Eubulide, non moins considérable et non moins respecté, qui, pour avoir, dans ses défenses, prononcé le nom de Cléo» mène, vit par tes ordres déchirer ses vêtemens, et fut laissé presque nu » sur la place. Et quel moyen de justification restait-il donc? Je défends, dit Verrès, de nommer Cléomène. Mais ma cause m'y oblige. -> Vous mourrez si vous le nommez. Mais je n'avais point de rameurs Vous accusez le préteur! Licteurs, que sa tête tombe >>> sous la hache... Juges, voilà le langage de Verrès. Jamais il ne fit de moindres menaces. Ecoutez, au nom de l'humanité, écoutez les outrages faits à nos alliés ; écoutez le récit de leurs malheurs. Parmi ces innocens accusés paraissait aussi Héraclius de Ségeste, Sicilien de la plus haute naissance, que la faiblesse de sa vue avait empêché de s'embarquer sur son vaisseau, et qui avait eu ordre de rester à Syracuse. Certes, Verrès, celui-là n'a pu être coupable, il n'a pu ni livrer ni abandonner le navire > où il n'était pas. N'importe on met au nombre des criminels celui qu'on ne peut accuser même faussement d'aucun crime. Enfin, de ce nombre était Furius d'Héraclée, homme célèbre pendant sa vie, et qui l'est > devenu bien plus après sa mort : c'est lui qui eut le courage, non-seulement d'adresser en face à Verrès tous les reproches qu'il méritait ( sûr de mourir, il n'avait plus rien à ménager), mais même d'écrire son > apologie dans la prison, en présence de sa mère, qui, toute en larmes, » passait les jours et les nuits auprès de lui. Toute la Sicile l'a lue, cette > apologie, l'histoire de tes forfaits et de tes cruautés : on y voit combien chaque commandant de galère a reçu de matelots de la ville qui devait

[ocr errors]

«

[ocr errors]

"

[ocr errors]
[ocr errors]

>>

[ocr errors]

>>

[ocr errors]

sur mon navire.

-

-

» les fournir, et combien on a acheté de toi leur congé; et lorsqu'à ton » tribunal il alléguait ses moyens de défense, tes licteurs lui frappaient les >> yeux à coups de verges, tandis que cet homme courageux, résolu à la » mort et insensible à ses douleurs, s'écriait qu'il était indigne que les » larmes de sa mère eussent moins de pouvoir sur toi pour le sauver, que » les caresses d'une prostituée pour sauver l'infâme Cléomène.

» Verrès enfin les condamne tous de l'avis de son conseil; mais pourtant, » dans une cause de cette nature, dans une affaire capitale, il ne fait venir >ni son questeur Vettius, ni son lieutenant Cervius. Ce prétendu conseil » n'était que le ramas des brigands qu'il avait àses ordres. Juges, représentez» vous la consternation des Siciliens, nos plus fidèles et nos plus anciens » alliés, si souvent comblés des bienfaits de nos ancêtres. Chacun tremble » pour soi, personne ne se croit en sûreté. On se demande ce qu'est de» venue cette ancienne douceur du gouvernement romain, changée en cet » excès d'inhumanité! comment tant d'hommes ont pu être condamnés » en un moment, sans être convaincus d'aucun crime! comment ce pré»teur indigne a pu imaginer de couvrir ses brigandages par le supplice de > tant d'innocens! Il semble en effet qu'on ne puisse rien ajouter à tant de » scélératesse, de démence et de cruautés. Mais Verrès veut se surpasser » lui-même; il veut encherir sur ses propres forfaits. Je vous ai parlé de

Phalargus excepté de la condamnation générale, parce qu'il comman» dait le navire que montait. Cléomène. Timarchide, l'un des agens de » Verrès, fut instruit que ce jeune homme, ne croyant pas sa cause diffé» rente de celle des autres, avait montré quelque crainte. Il va le trouver, » lui déclare qu'en effet il est à l'abri de la hache, mais qu'il court risque » d'être battu de verges, s'il ne se rachète de ce supplice; et vous l'avez > entendu vous spécifier la somme qu'il avait comptée pour se dérober aux » verges des licteurs. Mais à quoi m'arrêté-je? Sont-ce là des reproches à » faire à Verrès? Un jeune homme noble, un commandant de vaisseau » se rachète des verges à prix d'argent ! c'est dans Verrès un trait d'huma» nité. Un autre, au même prix, se dérobe à la hache! Verrès nous y a >> accoutumé; ce n'est pas à lui qu'il faut reprocher des crimes usés. Le » peuple romain attend des horreurs nouvelles, des attentats inusités; il >> sait que ce n'est pas un magistrat prévaricateur qu'on a mis en jugement >> devant vous, mais le plus abominable des tyrans vous allez le recon> naître. Les innocens sont condamnés; on les traîne dans les cachots, » on prépare leur supplice; mais il faut que ce supplice commence dans >> leurs malheureux parens. On leur interdit la vue de leurs enfans: on » défend de leur porter des vêtemens et de la nourriture. Ces pères infor» tunés, qui sont ici devant vous, étaient étendus sur le seuil de la prison; >> des mères déplorables y passaient la nuit dans les pleurs, sans pouvoir » obtenir les derniers embrassemens de leurs enfans; elles demandaient » pour toute grâce qu'il leur fût permis de recueillir leurs derniers soupirs, » et le demandaient en vain. Là veillait le gardien des prisons, le ministre des barbaries de Verrès, la terreur des citoyens, le licteur Sestius, qui » s'établissait un revenu sur les douleurs et les larmes de tous ces mal» heureux. -- Tant pour visiter votre fils; tant pour lui donner de la » nourriture personne ne s'y refusait. Que me donnerez-vous pour » faire mourir votre fils d'un seul coup, pour qu'il ne souffre pas long» temps, pour qu'il ne soit pas frappé plusieurs fois? Toutes ces grâces » étaient taxées. O condition affreuse! ô insupportable tyrannie! ce n'était >> pas la vie que l'on marchandait, c'était une mort plus prompte et moins >> cruelle! Les prisonniers eux-mêmes composaient avec Sestius pour ne » recevoir qu'un seul coup; ils demandaient à leurs parens, comme une » dernière marque de leur tendresse, de payer cette faveur à l'inflexible

>>

-

»Sestius. Est-ce assez de tourmens? la mort en sera-t-elle au moins le » terme? la barbarie peut-elle s'étendre au-delà? Oui : quand ils auront » été exécutés, leurs corps seront exposés aux bêtes féroces. Si c'est pour » les parens un malheur de plus, qu'ils paient le droit de sépulture. Vous » le savez, vous avez entendu Onase de Ségeste vous dire quelle somme il » avait payée à Timarchide pour ensevelir Heraclius. Et qui, dans Syra»cuse, ignore que ces marchés pour la sépulture se traitaient entre Ti» marchide et les prisonniers eux-mêmes; que ces marchés étaient publics; » qu'ils se concluaient en présence des parens; que le prix des funérailles » était arrêté et payé d'avance?

>>

[ocr errors]

» Le moment de l'exécution est arrivé: on tire les prisonniers de leurs >> cachots, on les attache au poteau : ils reçoivent le coup mortel. Quel » fut alors l'homme assez insensible pour ne pas se croire frappé du même >> coup, pour ne pas être touché du sort de ces innocens, de leur jeu»nesse, de leur infortune, qui devenait celle de tous leurs concitoyens? » Et toi, dans ce deuil général, au milieu de ces gémissemens, tu triom>> phais sans doute; tu te livrais à ta joie insensée; tu t'applaudissais d'a>> voir anéanti les témoins de ton avarice. Tu te trompais, Verrès, en » croyant effacer tes souillures et laver tes crimes dans le sang de l'inno>> cence. Tu t'accusais toi-même, en te persuadant que tu pourrais, à » force de barbarie, t'assurer l'impunité de tes brigandages. Ces inno» cens sont morts, il est vrai, mais leurs parens vivent, mais ils poursuivent la de leurs enfans, mais ils poursuivent ta punition. vengeance » Que dis-je ? parmi ceux que tu avais marqués pour tes victimes, il en » est qui sont échappés; il en est que le ciel a réservés pour ce jour de la » justice. Voilà Philarque qui n'a pas fui avec Cléomène, qui heureuse»ment pour lui a été pris par les pirates, et que sa captivité a sauvé des » fureurs d'un brigand plus inhumain cent fois que ceux qui sont nos en>> nemis. Voilà Phalargus qui a payé sa délivrance à ton agent Timarchide. >> Tous deux déposent du congé vendu aux matelots, de la famine qui ré>> gnait sur la flotte, de la fuite de Cléomène. Eh bien! Romains, de quels » sentimens êtes-vous affectés? qu'attendez-vous encore? où se réfugie>> ront vos alliés ? à qui s'adresseront-ils? dans quelle espérance pourront>> ils encore soutenir la vie, si vous les abandonnez?...... C'est ici le port, » l'asile, l'autel des opprimés. Ils ne viennent pas y redemander leurs » biens, leur or, leur argent, leurs esclaves, les ornemens qui ont été » enlevés de leurs temples et de leur cités. Hélas! dans leur simplicité, ils craignent que le peuple romain ne fasse plus un crime à ses préteurs >> de les avoir dépouillés. Ils voient que depuis long-temps nous souffrons >> en silence que quelques particuliers absorbent les richesses des nations; » qu'aucun d'eux même ne se met en peine de cacher sa cupidité et ses rapines; que leurs maisons de campagne sont toutes remplies, toutes >> brillantes des dépouilles de nos alliés; tandis que, depuis tant d'années, » Rome et le Capitole ne sont ornés que des dépouilles de nos ennemis. » Où sont, en effet, les trésors arrachés à tant de peuples soumis, aujour» d'hui dans l'indigence? Où sont-ils? Le demandez-vous, quand vous » voyez Athènes, Pergame, Milet, Samos, l'Asie, la Grèce, englouties » dans les demeures de quelques ravisseurs impunis? Mais non, Romains, » je le répète, ce n'est pas là l'objet de nos plaintes et de nos prières. >> Vos alliés n'ont plus de biens à défendre. Voyez dans quel deuil, dans quel dépouillement, dans quelle abjection ils paraissent devant vous! » Voyez Sthénius de Therme, dont Verrès a pillé la maison; ce n'est pas »sa fortune qu'il lui redemande, c'est sa propre existence que Verres » lui a ravie en le bannissant de sa patrie, où il tenait le premier rang » par ses vertus et par ses bienfaits. Voyez Dexion de Tindaris : il ne ré

ע

כל

D

[ocr errors]
[merged small][ocr errors]
« IndietroContinua »