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3.

An 740. de fon propre fonds une fi grande fomme, fi avant J. C. ACHAZ 'on ne fuppofe que le profit extraordinaire qu'il avoit fait dans ce commerce, lui en avoit donné le moyen. Car l'or feul (*) fait plus de vingt & un millions de Livres Sterling, outre les fept mille talens d'argent affiné (t) qui étoient compris dans le même don.

Salomon () continua, après la mort de fon pere le même commerce d'Ophir, d'où fa flotte en un feul voiage (x) lui apporta quatre-cent cinquante talens d'or. Si ce Prince acquit en un feul voyage une fomme fi confiderable, on ne doit pas être furpris que David eût pu accumuler de fi grands tréfors dans les divers voyages que firent fes Flottes en Ophir, depuis le tems qu'il conquit l'Idumée jufques à fa mort, ce qui va du moins à vingt-cinq ans. Il est vrai que Salomon augmenta beaucoup ce commerce, tant par fa profonde fageffe, que par l'application particuliere qu'il y donna. Cela lui fut d'autant plus facile, que fon regne ne fut pas agité de guerres comme celui de fon pere. Il alla en perfonne à Elath & à Efiongeber (y): il, y fit conftruire des vaiffeaux: il fit fortifier ces deux ports, & il donna ordre à toutes les autres chofes qui étoient néceffaires, non feulement pour continuer avec fuccès ce commerce en Ophir, mais pour l'étendre dans tous les autres lieux vers lefquels la mer fur laquelle

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ces

(*) Car trois mille talens d'or Hébreux, reduits à la monnoic Angloise, montent à vingt-un millions-fix cens mille Livres Sterling.

(t) I. Chron. XXIX. 4.

() I. Rois IX. 26-28, & X. 11- 22. H. Ciron. VIII. 17. 18. & IX. 10-219

ces deux ports étoient fituez lui ouvroit pas-An. 740

fage.

71.c. avant J.C. ACHAZ

Son principal foin fut de fournir ces deux3. Villes d'habitans propres à feconder ses desseins. Dans cette vue, il y fit venir des endroits maritimes de la Palestine autant de gens de mer qu'il lui fut poffible, & fur tout des Tyriens (*) dont Hiram Roi de Tyr, fon ami & son allié lui fournit un grand nombre. Ce fut de ces derniers qu'il tira le plus de fervice. Comme les Tyriens étoient deflors, comme ils le furent depuis pendant plufieurs Siècles, les plus habiles & les plus experimentez dans la Marine, il n'y en avoit point qui fuffent plus capables de conduire les Flottes de Salomon dans des voyages de long cours. Mais l'ufage de la Bouffole n'étant pas encore connu dans ce temslà, on ne navigeoit que le long des côtes: de forte qu'on mettoit fouvent trois ans à un voyage, qu'on peut faire aujourd'hui en moins de trois mois. Cependant ce commerce réussit si bien, & fut porté fi loin par la fage conduite de Salomon, qu'il attira par ce moyen dans ces deux ports, & de là à Jerufalem, tout le commerce d'Afrique, d'Arabie, de Perse & des Indes.

Ce fut là la principale fource des richesses immenfes qu'il acquit, & en quoi (a) il furpaffa, auffi-bien qu'en fageffe, tous les autres Rois de

fon

(x) II. Chron. VIII. 18. Ces 450. talens, dont il eft fait ici mention, font trois millions deux cens quarante mille Livres Sterling

() II. Chron. VIII. 17.

(2) 1. Rois IX. 27. II. Chron. VIII. 18. & IX, 10-213 (a) I. Reis X. 23, II. Chron. IX. 22.

An. 740. fon tems, aiant rendu (b) l'argent fi commun à ACHAZ Jerufalem qu'on n'en faifoit pas plus de cas que avant JC du pavé de rues.

3.

Après la divifion du Royaume, les Rois de la maison de David, à qui l'Idumée étoit restée en partage, continuerent ce négoce (c) de ces deux ports & fur tout d'Efiongeber, dont ils fe fervirent principalement jufqu'au tems de Jofaphat. Mais une Flotte que ce Roi de Juda y avoit équipée pour Ophir, conjointement avec Achazia Roi d'Ifraël, y aiant péri, ce port perdit fa réputation. Il y avoit à fon entrée, une chaîne de rochers (d) contre lefquels cette Flotte fortant du port fut pouflée & mise en piéces, par un coup de vent que Dieu fit élever fubitement pour punir ce Prince de (e) fon affociation avec un Roi idolâtre. Pour prévenir un pareil accident, les vaiffeaux du Roi furent tirez de là & placez à Elath, d'où Jofaphat fit partir l'année d'après une autre Flotte pour Ophir. Car comme l'Ecriture nous parle ailleurs d'une Flotte que ce Prince équippa pour Ophir, dans laquelle il ne voulut pas (f) qu'Achazia eût aucune part, il s'enfuit évidemment qu'il équippa deux Flottes, l'une conjointement avec ce Roi d'Ifraël, & l'autre fans lui

C'est ainsi que cette affaire fut conduite &

(b) I. Rois X. 27. II. Chron. IX. 27.

(c) I. Rois XXII. 48. II. Chron_ XX. 36.

con

(d) De là lui venoit le nom d'Efiongeber, qui fignifie l'épine du dos, à cause de la reflemblance que ces rochers avoient avec cette partie du corps humain. [Voyez BoCHARTI CANAAN lib. I. cap. 44.]

(6) I, Rois XXII. 49. II. Chron. XX, 36. 37.

continuée depuis le regne de David jufqu'à la An. 740. mort de Jofaphat. Jufques-là les Rois de Juda ACHAZ avant J. C. demeurerent en poffeffion de l'Idumée, qu'ils 3. gouvernoient (g) par leurs Lieutenans ou Vicerois. Mais Joram aiant fuccedé à fon pere Jofaphat, & Dieu pour le punir de fes déreglemens l'aiant privé de fa protection, Efau conformément à la prédiction d'Ifaac (b) brifa de deffus fon cou le joug de Jacob, après lui avoir été affujetti, pendant plufieurs generations; favoir depuis le tems de David jufques alors. Car comme Joram s'étoit revolté contre Dieu (i), les Iduméens fe revolterent auffi contre lui. Ils chafferent fes Vicerois : ils fe choifirent un Roi de leur Nation, & fous fa conduite ils recouvrerent fi bien leur ancienne liberté, qu'ils ne furent plus foumis aux Rois de Juda.

Depuis ce tems-là le commerce des Juifs par la Mer Rouge fut interrompu, jusqu'au regne d'Hozias. Ce Roi de Juda (k) aiant repris Elath dès le commencement de fon regne, le fortifia de nouveau, en chaffa les Iduméens; le peupla de fes propres fujets & y rétablit l'ancien commerce, qui continua jufqu'au regne d'Achaz. Mais Rezin, Roi de Damas, aiant abattu le Roïaume de Juda au point que nous venons de voir, fe faifit d'Elath, d'où il chaffa les Juifs (1) & mit des Syriens en leur place,

(f) 1. Rois XXII. 49.
(g) I. Rois XXII. 48.
(h) Gen. XXVII. 40.
(i) II. Rois VIII. 20. 22,

(k) II. Rois XIV. 22. II. Chron. XXVI. 2.

(4) II. Rois XVI. 6.1

dans

An. 740. dans la vuë de s'approprier tout le profit du avant JC.commerce de la Mer du Midi, que les Rois 3. de Juda avoient tiré jusques-là, à la faveur de

ACHAZ

ce port. Mais l'année d'après Tiglath-Piléser aiant vaincu Rezin & fubjugué fes Etats, il s'empara d'Elath comme d'une dépendance de fa conquête: & en transfera tout le commerce aux Syriens, fans aucun égard aux juftes prétentions qu'y avoit Achaz, fon ami & fon allié. Par là les Juifs furent privez du grand profit qu'ils avoient tiré jufques alors de ce trafic; ce qui diminua beaucoup leur opulence. Car quoiqu'ils ne l'euffent pas toûjours foûtenu avec le même fuccès que du tems de Salomon, il n'avoit pas laiffé de leur être très-avantageux tant qu'ils en avoient été les maîtres, parce qu'il comprenoit tout le négoce * des Indes, de Perfe, d'Afrique & d'Arabie, qui fe faifoit par la Mer Rouge. Mais depuis qu'ils en furent dépoffedez par Rezin, ils n'y eurent plus de part. Depuis ce tems-là les marchandifes qui venoient par cette voie, ne furent plus transportées à Jerusalem, mais en d'autres lieux.

On ne fait point où les Syriens établirent leur principale Foire, tandis que ce commerce fut entre leurs mains. On trouve feulement que les Tyriens, par la fuite du tems, s'en étant entièrement emparez, ils faifoient venir, à la faveur du même port, par la voye de Rhi

nocorura

*[Il fe faifoit néanmoins du négoce par terre, au travers de la Mefopotamie. Voyez la Lettre que Mr. MoYLE écrivit là deffus à l'Auteur.]

(m) STRABO, Lib. XVI, p. 781.

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