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pé par l'ordre du Ciel, dont on trouve le recit An 570. & l'interpretation au ÍV. Chapitre de Daniel. avant J.C. Nabuchodonofor aiant terminé heureufement 35.

toutes fes guerres & fe trouvant dans une pleine tranquilité, s'appliqua à mettre la dernière main à la conftruction de Babylone. Les uns attribuent la fondation de cette puiflante Ville (z) à Semiramis; d'autres (a) à Belus. Mais qui qui en ait été le fondateur, il eft certain que ce fut Nabuchodonofor qui en fit une des merveilles du Monde. Les principaux ouvrages qui (b) l'ont rendue fi fameufe étoient I. Les murailles de la Ville. II. Le Temple de Belus. III. Le Palais Royal avec fes Jardins fufpendus. IV. Les Digues & les Quais de la rivière qui la traverfoit; & V. le Lac & les Canaux faits à la main pour la décharge des eaux du fleuve. Ouvrages d'une magnificence & d'une dépense qui furpaffoient tout ce qu'aucun autre Roi eûr jamais fait jufques alors, & avec lefquels tout ce qu'on a fait depuis, aux murailles de la Chi ne près, ne peut entrer en comparaison.

NABUC.

I. Ces murailles étoient à toutes fortes d'é gards prodigieufes. Elles (c) avoient quatrevingt-lept pieds d'épaiffeur, trois cens cinquante de hauteur & quatre-cens quatre-vingt stades, qui font foixante (*) milles Angiois, de circuit. Nous

(a) QUINTUS Curtius, Lib. V. Cap. I. ABYDENUS ex MEGASTHENE apud EUSEB. Prap Euang. Lib. IX

(6) BEROSUS apud JOSEPHUM, Antiq. Lib. X. cap. 11. ABYDENUS apud EUSEB. Prep. Evang. Lib. IX. (c) HERODOT. Lib. I. c. 178.

(*)[Cette évaluation eft faite fur le pied de 8. ftades au mille Romain, ce qui n'eft vrai que du stade Italique

An. 570. Nous tenons ce détail d'Herodote, qui avoit avant J.C. été lui-même fur les lieux, & qui est le plus

NABUC.

35

,

ancien Auteur, qui en ait écrit. S'il y en a qui
ne convienent pas avec lui là-deffus il fe
trouve pourtant que la plupart de ceux qui s'ac-
cordent en quelque forte fur les mesures de ces
murailles, (d) nous en donnent les mêmes,
ou du moins à peu près les mêmes que lui.
Ceux qui ne leur donnent que cinquante cou-
dées de hauteur, en parlent felon l'état où elles
étoient après le tems de Darius Hyftafpide. Car
les Babyloniens s'étant revoltez & aiant ofé fou-
tenir contre ce Prince un long fiège par la con-
fiance qu'ils avoient dans la force de leurs rem-
parts, lorfqu'il eut pris la Ville, pour (e) em-
pêcher que fes habitans ne fe revoltaffent à l'a-
venir, il en fit enlever les Portes & abbattre les
murailles à la hauteur qui vient d'être marquée,
au-deffus de laquelle elles n'ont jamais été éle
vées depuis. Ces murailles formoient un (ƒ)
quarré parfait, dont chaque côté étoit de fix-
vingts ftades ou quinze milles. Elles étoient
(g) toutes bâties de larges briques, cimentées
de bitume, liqueur épaiffe & glutineufe qui fort
de terre dans ce païs-là, qui lie plus fortement
que le mortier, & qui devient beaucoup plus
dure
que la brique ou la pierre à qui elle fert
de ciment. Ces murailles étoient entourées
d'un

ou moderne; au lieu que le ftade ancien étant près de la moitié plus court il en falloit 15. pour faire un mille. Ainfi la grandeur de Babylone n'approchoit pas de celle que notre Auteur lui donne ici.]

(d) PLINIUS, Lib. VI. Cap. XXVI. PHILOSTRATUS, Lib. I. Cap. XVIII.

(e) HERODOTUS, Lib. III, c. 159.

d'un vafte foffé, rempli d'eau & revêtu de bri- An. $70. ques des deux côtez. La terre qu'on en avoit NABUC. avant J.C. tiré en le creufant, avoit été emploiée à faire 35. les briques dont les murailles étoient construites. Ainfi par l'extrême hauteur & épaiffeur des murailles, on peut juger quelle étoit la largeur & la profondeur du foffé. Chaque côté de ce grand quarré avoit vingt-cinq portes, ce qui faifoit cent en tout, toutes d'airain massif. D'où vient que lorfque Dieu permit à Cyrus la conquête de Babylone, il lui dit (Efaïe XLV. 2.) Je romprai les portes d'airain. Dans l'entre-deux de ces portes, il y avoit trois tours, & quatre autres une à chaque angle de ce grand quarré, & trois entre chaque angle de ce grand quarré & la porte prochaine de chaque côté, & toutes ces tours étoient élevées dix pieds plus haut que les murailles. Ce qu'il faut (b) feulement entendre des lieux où les tours étoient néceffaires. Divers endroits des murailles étant environnez de marais toûjours pleins d'eau qui en défendoient l'approche,n'avoient point de tours. Auffi ne montoient-elles toutes ensemble qu'à deux-cens cinquante; au lieu que fi on avoit fuivi uniformément le même ordre tout autour de la place, il auroit dû y en avoir un beaucoup plus grand nombre. Des vingt-cinq portes de châque côté du quarré, partoient autant de ruës, qui aboutiffoient aux portes du côté op

(f) HERODOTUS, Lib. I. c. 178, (g) HERODOTUS, ibid. QUINTUS CURTIUS, Lib. V. Cap. I. STRABO Lib. XVI. p. 738. DIODORUS SICUL. Lib. II. p. 68. ARRIAN. de Expeditione Alexandri, Libe VII. p. 296. Edit Gronov.

(b) DIODORUS SICULUS. Lib. II. p. 68.

NABUC.

35.

quatre

An. 570. oppofé; de forte qu'il y avoit en tout cinquan avant JC. te rues, (i) qui fe coupoient à angles droits, & dont chacune avoit quinze milles de long & cent cinquante pieds de large. Il y avoit autres rues qui n'étoient bâties que d'un côté, étant bordées de l'autre par les remparts. EIEl les faifoient le tour de la Ville le long des murailles, & (k) avoient chacune deux-cens pieds de large. Comme ces rues fe croisoient, elles formoient fix-cens foixante-feize quarrez, dont chacun avoit quatre ftades & demi de chaque côté, ce qui faifoit deux milles & un quart de circuit. Aux quatre côtez de ces quar

rez

(i) HERODOT. Lib. I. c. 180. C'eft à peu près fur ee Plan que le fameux GUILLAUME PEN e Quaker a tracé les allignemens de la Ville de Philadelphie, dans la Province d'Amerique à laquelle il a donné le nom de Penfilvanie. Si cette Ville s'acheve jamais de la manière dont il l'a conçue, ce fera la plus belle & la meilleure de toute cette partie du monde, & iln'y en aura même guéres dans le refte du monde qui la paffent. Car elle eft fituée entre deux rivieres navigables, à deux milles de l'endroit où elles fe joignent. Elle a 30. rues, dont il y en a dix qui traverfent d'un riviere à l'autre, de deux milles de Jong Les vingt autres qui les coupent àangles droits, ont la moitié de la longueur des premières. Il a laiffé autour du centre de ce parallelogramme, un quarré de dix acres: & au milieu de chacun des quatre quartiers de ce même parallelogramme il y en a un de cinq. Ces places font deftinées à bâtir des Eglifes, des Ecoles, & d'autres Edifices Publics, & à fervir de promenades aux habitans com me font les Moorfields à Londres. Il y a déja plus de deux mille maifons bâties. Si jamais ce Plan s'acheve, ce fera la Ville la plus magnifique de toute l'Amerique; & fi le pais d'alentour fe peuple, la fituation avantageuse pour le Commerce, à caufe des deux bonnes rivieres qui y amenent les Vaiffeaux par celle de la Ware dans laquelle elles fe déchargent à deux milles de là, y attirera affez d'habitans non feulement pour executer le Plan du Fondateur, mais même pour y ajoûter des deux côtez du pa

ralle

rez du côté de rues étoient pofées les maisons, An. 570. avant J.C. (7) hautes de trois ou quatre étages, & dont le NABUC. devant étoit orné de toutes fortes d'embeliffe-35 mens. L'efpace interieur étoit occupé par des cours & des jardins. Une branche de l'Euphrate traversoit cette grande Ville du nord au midi.On paffoit cette rivière au milieu de la Ville fur un pont (m) d'un ftade de long & de trente pieds de large, & conftruit avec un artifice admirable, pour fuppléer au défaut (2) du fonds de la rivière, qui étant entièrement fablonneux n'étoit pas propre à y affeoir les fondemens. Aux deux extrêmitez du pont, (0) il y avoit deux Palais

le

rallelogramme dequoi en faire un quarré parfait : & en
ce cas-là elle reflembleroit en tout à Babylone, excep-
té fes murailles & la grandeur de fon enceinte; & la
furpafferoit même à l'égard de la commodité de fa fi-
tuation. Mais cette reffemblance ne feroit toûjours que
telle qu'elle peut être entre des Villes de fort inégale
grandeur; car quand Philadelphie rempliroit tout le
Plan que je viens de marquer, & qu'elle auroit deux
milles de large auffi bien que de long, il faudroit toû
jours cinquante-fix Villes de cette grandeur pour rem-
plir l'enceinte qu'avoient les murailles de Babylone.
(k) Deux plethres, dit DIODORE, c'est-à-dire 200,
pieds. Car un plethre contenoit cent pieds.

(7) HERODOTUs Lib. I. c. 178. PHILOSTRATUS Lib. I.

(m) STABON dit que la riviere qui traverfoit Babylone étoit large d'un ftade. (Liv. XVI. p. 738.) Mais DIODORE dit, (Liv. II. p. 68.) que le pont avoit cinq ftades de longueur; cela fuppofé, le pont étoit beaucoup plus long que la riviere n'étoit large.

(n) DIODORUS Sic. Lib. II. p. 68. Q. CURTIUS Lib. V. cap. I. PHILOSTRATUS Lib. I. cap. XVIII. HERODOT. Lib. I. c. 186.

(o) BEROSUS apud JOSEPH. Antiq. Lib. X. cap. 11. HERODOT. Lib. I. c. 186. DIODORUS SIC. Lib. II. p. 68. Q CURTIUS Lib. V. cap. I, PHILOSTRATUS Lib, 1. cap. XVIII.

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