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An. 548. tems qu'il venoit de renvoier fes troupes auxiavant J.C. liaires. Malgré cela, Crefus aiant raffemblé SATSAR. toutes les forces, hazarda le combat contre

BALT

8.

lui. Le fuccès ne lui en fut pas avantageux. Cyrus aiant remarqué que l'Armée de Crefus étoit forte en cavalerie, s'avifa de lui opposer des chameaux dont les chevaux ne peuvent foufrir l'odeur ; & , par cette rufe, toute la cavalerie de Crefus fut mise en defordre. Les Lydiens prirent donc le parti de defcendre de cheval & de combattre à pied. Mais ils furent bien-tôt défaits par les Perfes & contraints de fe retirer dans Sardes, où Cyrus ne tarda pas à les affiéger.

Pendant qu'il étoit devant cette place, il (9)
célèbra les funerailles d'Abradate & de Panthée
fa femme. Le premier étoit Prince de Suze
fous les Babyloniens, contre lefquels il s'étoit
revolté, deux ans auparavant, comme nous
l'avons vû. Sa femme, Princeffe d'une gran-
de beauté, (r) avoit été prise prisonniére par
Cyrus dans fon premier combat contre les Ba-
byloniens, & avoit été traitée par le vainqueur
avec tous les égards dûs à fon rang & à fon
fexe. Cette generofité (s) avoit fait tant d'im
preffion fur le cœur d'Abradate, qu'il avoit pris
le parti de Cyrus;& aiant perdu la vie en com-
battant vaillamment pour fon fervice, fa fem-
me avoit été fi touchée de fa mort, qu'elle s'é-
toit tuée elle-même fur le corps mort de fon
mari. Cyrus leur fit faire à l'un & à l'autre de
magni-

(4) Cyropadia Lib. VII. P. 186.
(*) Cyrepadia Lib. V. p. 114.
45) Cyropadia Lib. VI. p. $5.

magnifiques obfeques, & leur fit élever un fu- An. 548. perbe monument fur les bords du Pactole, il a fubfifté pendant plufieurs fiècles.

avant J.C. où BELT

SATSAR

Crefus, fe trouvant affiégé dans fa capitale (t) envoia demander du fecours à tous fes alliez. Mais Cyrus preffa fi vivement la place qu'il l'emporta, avant qu'aucun d'eux pût venir à fon fecours. Crefus lui-même fut pris & condamné par le vainqueur à être brûlé vif. On dreffa donc un bûcher, & ce malheureux Prince y aiant été mis deffus, fur le point de l'execu tion, rappellant dans fon efprit l'entretien qu'il avoit eu autrefois avec Solon, il s'écria par trois fois, Solon, Solon, Solon. Ce Solon (u) étoit un fage Athénien & le plus grand Philofophe de fon tems. Etant venu par occafion à Sardes, Crefus par un mouvement d'orgueil & de vanité lui fit voir tous les tréfors & toutes fes richeffes; s'imaginant qu'à cette vuë il.applaudiroit à fa felicité & le reconnoitroit comme le plus heureux de tous les hommes. Mais dans l'entretien qu'il eut fur ce fujet avec Solon, celui-ci lui déclara nettement, que perfonne ne pouvant prévoir ce qui pouvoit lui arriver avant la mort, il ne pouvoit appeller un homme heureux tant qu'il étoit en vie. Crefus, ne connoiffant que trop par fa propre experience la vérité de ces paroles, il ne put s'empêcher de reclamer le nom de Solon; ce que Cyrus aiant appris, il envoia lui demander ce qu'il entendoit par-là. Cette Hiftoire lui aiant été

(f) HERODOT. Lib. I. c. 83. Cyropadia Lib. VII. p. 180. (u) O PLUTARCHUS in Vita Solonis p. 94. HERODOT. Lib. I. c. 86.

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४.

An. 548. été rapportée, elle le pénétra fi fort de l'inceravant J.C. titude de la félicité humaine, & excita en lui SATSAR. une fi grande compaffion pour ce Prince malheureux, qu'il ordonna qu'on le retirât du bûcher, juftement dans le moment qu'on y avoit mis le feu. Non content même de lui avoir fauvé la vie, il lui affigna un entretien honorable & fe fervit de lui comme d'un de fes principaux Confeillers pendant le refte de fa vie, & le recommanda en mourant à fon fils Cambyfe, comme une perfonne dont il vouloit qu'il fuivît particulierement les avis. La prife de Sardes (w) arriva la première année de la LVIII. Olympiade, qui étoit la VIII. de Beltfatfar & la XII. de la deftruction de Jerufalem.

Crefus, étant un Prince fort pieux à la manière du Paganisme d'alors, (*) ne s'étoit point engagé dans cette guerre, fans avoir premièrement confulté les oracles de fes Dieux & leur avoir demandé ce qu'il en devoit attendre. Il en avoit reçu deux réponses, qui avoient beaucoup contribué à le porter à cette malheureufe entreprise, qui lui coûta la perte de fon Roïaume. L'une étoit, que Crefus devroit se croire en danger (y) lorfqu'un Mulet regneroit fur les Médes. L'autre que quand il pafferoit le fleuve Halys pour faire la guerre aux Médes, il détruiroit un grand Empire. Le premier de ces Oracles, lui fit conclurre que, vû l'imposfibilité de la chofe, il étoit en pleine fûreté.

Le

() SOLINUS Cap VII. EUSEB. in Chronico (x)HEROD. Lib. I. c. 46 53. Cyroped. Lib. VII. p. 182. (y) Nabuchodonofor predit la venue de Cyrus fous te même titre, avertinant les Babyloniens àù tems de fa

mort,

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Le fecond lui fit croire, que l'Empire qu'il de- An. 548 voit renverfer, s'il paffoit le fleuve Halys, étoit avant. celui des Médes. C'eft principalement ce qui SATSAR. l'encouragea à cette expedition, malgré l'avis 8. du plus fage de tous fes amis, qui fit tous fes efforts pour l'en détourner. Mais comme il vit que les chofes avoient tourné tout autrement que ces Oracles le lui avoient fait efperer, il en voia, avec la permiffion de Cyrus, des exprès aux Temples de ces Dieux qui l'avoient fi indignement trompé, pour leur en faire des reproches. La réponse qu'il en eut, fut que Cyrus étoit le Mulet dont l'Oracle avoit voulu parler, parce qu'il étoit né de deux differens Peuples, étant Perfan par fon pere & Méde par fa mere, & que du côté de fa mere il étoit d'u ne plus noble race, & qu'à l'égard de l'Empire qu'il devoit renverfer, s'il paffoit le fleuve Halys ce n'étoit pas celui des Médes, dont POracle avoit voulu parler, mais du fien propre. C'eft par ces fortes d'Oracles faux & trom peurs, que les mauvais Efprits d'où ils procedoient, abufoient dans ce tems-là le Genre hu main, répondant à ceux qui les confultoient en des termes fi douteux & fi ambigus, que quel que fût l'évenement, ils pouvoient recevoir un fens qui s'y rapportoit.

Après tous ces exploits, (z) Cyrus refta dans P'Afie Mineure jufques à ce qu'il eût entièrement foumis les divers Peuples qui l'habitoient, de

mort, qu'un Mulet Perfan viendroit & les reduiroit en
fervitude. C'est ce que rapporte MEGASTHENE dans Ev
SEBE de la Préparation Evangelique Liv. IX. c. 41.
(x)HEROD. Lib. I. c. 130.141. Cyropad. Lib. VII. p. 186

An. 348. depuis la Mer Egée jufqu'à l'Euphrate. Il paffa avant C. de là dans la Syrie & dans l'Arabie, où il fit SATSAR, la même chose. Après quoi il marcha vers la

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An. 540.

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16.

Haute-Afie, & après l'avoir auffi reduite toute entière fous fon obéïffance, il retourna en Affyrie & s'avança vers Babylone, la feule Ville de l'Orient qui lui refiftât encore; & aiant battu Beltfatfar, il le renferma dans fa capitale & l'y affiégea.

Ceci arriva la neuvième année après la prise avant J.C. de Sardes & au commencement de la seizième SATSAR. de Beltfatfar. Le fiège de Babylone n'étoit pas une entreprise facile. Les murailles en étoient hautes & imprenables,& le nombre de ceux qui les défendoient étoit extrêmement grand. Ils étoient outre cela pourvus de toutes fortes de provifions pour vingt ans ; & (a) d'ailleurs le fonds vuide qui étoit dans l'enceinte des murs. étant propre au labourage & au pâturage, pouvoit leur en fournir beaucoup davantage. Auffi les habitans fe croiant en pleine fûreté à la faveur de leurs remparts & de leurs magasins, regardoient la prife de leur Ville par un fiège comme une chofe impratiquable, & infultoient à Cyrus du haut de leurs murailles & se moquoient de tout ce qu'il faifoit contre eux. Ces. difficultez n'empêcherent pas Cyrus de pouffer fon deffein. Il fit d'abord tirer une ligne de circonyalation autour de la Ville, avec un foffé large & profond; & par le fecours (aa) des Palmiers que ce païs produit en grande abondance, & qui y croiffent à la hauteur de cent pieds, il bâtit des tours plus hautes que les mu

(a) Vide Q. CURTIUM Lib. V. cap. L

rail

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