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An. 742

Là deffus les deux Rois conféderez aiant , manqué leur coup, conformément à la prédic-avant J.C. tion du Prophéte, ils furent obligez de lever le ACHÁZ fiége & de s'en retourner chez eux, fans avoir reuffi dans leur entreprise.

I.

ACHAZ

Achaz (m) au lieu de fe faire de cette faveur An. 741. de Dieu un motif de converfion, n'en devint avant J. C. que plus méchant. Il rejetta entièrement le 2. Dieu d'Ifraël, & s'abandonna aux plus énormes abominations des Peuples idolâtres dont il étoit environné, jufques à faire paffer fon fils par le feu en l'honneur de Moloch. Auffi Dieu (n) fit revenir contre lui l'année fuivante les mêmes ennemis dont il l'avoit délivré. Les deux Rois alliez, aiant mieux équippé leurs troupes & pris de plus juftes mefures que la prémiere fois, fe mirent en campagne contre Achaz: ils diviferent leurs forces en trois corps, l'un fous la conduite de Rezin Roi de Syrie, l'autre fous celle de Pekach Roi d'Ifraël, & le troifième fous celle de Zicri homme puiffant d'Ephraïm; & pour partager davantage les forces d'Achaz ils l'attaquerent avec ces trois Armées à la fois, en trois differens endroits de fes Etats. Rezin dans cette expedition aiant chargé fon Armée de butin & fait un grand nombre de captifs, reprit le chemin de Damas, croiant qu'il n'y avoit rien de meilleur à faire pour lui que de mettre fon butin en fûreté. Pekach marcha tout droit avec fon Armée contre Achaz, qui avoit raffemblé les principales forcas de fon Royaume pour s'opposer à cette in

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(m) II. Chron. XXVIII. 25.
(n) II. Rois XVI. II. Chron. XXVIII.

vafion,

'An. 741.

ACHAZ

2.

2

vafion, & qui avoit même arrêté pendant quelavant J. C. que tems les progrès de cette partie d'ennemis qu'il avoit en tête. Mais à la fin, enhardi par le départ de Rezin, il hazarda une bataille, qui lui fut fi funefte, que fix-vingt mille de fes foldats y perdirent la vie. Zicri profitant de cette déroute mena fon Armée contre Jerusa、 lem, & s'en étant rendu maître, il mit à mort Mahafeja fils du Roi & la plupart des principaux Seigneurs du Royaume qu'il y trouva.

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Après cette expedition les deux Armées d'If raël s'en retournerent chargées de dépouilles, avec plus de deux-cens mille captifs de l'un & de l'autre fexe, qu'ils avoient deffein de vendre pour esclaves. Mais un Prophéte leur aiant fevérement reproché cet excès de cruauté envers leurs freres, que Dieu avoit livré entre leurs mains, les principaux du païs, pour ne pas s'attirer une punition femblable, ne voulurent pas permettre que ces captifs fuffent conduits dans Samarie; mais aiant destiné les dépouilles à revêtir ceux qui étoient nuds, & leur aiant fourni à tous des vivres & les rafraîchiffemens néceffaires, ils les renvoyerent dans leur païs.

La Judée ne fut pas fi-tôt délivrée de ces en'nemis, qu'elle fut envahie par d'autres, qui ne la traiterent pas avec moins de cruauté. Les I'duméens d'un côté, & les Philiftins de l'autre qui étoient fes plus proches voifins, les uns au Midi & les autres à l'Occident, profitant du defaftre des Juifs, fe jetterent dans leur païs, fe faifirent de tout ce qui fe trouva dans leur voifina ge & ravagerent tout le reste.

Tant de châtimens ne fervirent qu'à endurcir Achaz. Au lieu de rechercher le Seigneur

fon

fon Dieu, & de fe détourner de fon mauvais An. 740 train, il eut recours aux hommes. Il dépouilla avant J.G. le Temple de tout l'or & de tout l'argent qu'il ACHAZ y trouva, & l'envoia à Tiglath-Piléfer Roid Af-3 fyrie pour l'engager à venir à fon secours, lui promettant outre cela de devenir fon vaffal & de lui paier tribut.

Le Roi d'Affyrie trouvant une occasion fi favorable d'ajoûter la Syrie & la Palestine à fon Empire, accepta fans balancer cette propofition. Il marcha de ce côté-là avec une grande Armée; & aiant battu Rezin il prit Damas, & reduifit tout le païs fous fon pouvoir. Il mit fin par là au Royaume des Syriens à Damas, qui y avoit duré dix generations; favoir depuis Rezon fils d'Eljadah (0) qui le fonda, pendant que Salomon regnoit fur Ifraël.

Tiglath-Piléfer (p) marcha enfuite contre Pekach, & fe faifit de tout ce qui appartenoit au Roiaume d'Ifraël au delà du Jourdain, comme auffi de toute la Galilée. Après quoi il s'avança vers Jerufalem, moins pour fecourir Achaz que pour en tirer encore de l'argent. Car au lieu de lui aider à reprendre quelqu'une des places que les Philiftins, les Iduméens & fes autres ennemis lui avoient enlevées, il retourna à Damas pour y paffer l'hiver, après avoir tiré d'Achaz tout ce qu'il put; jufques-là que ce Prince fut obligé, pour le fatisfaire, de mettre en piéces & de fondre tous les vaiffeaux du Temple. De forte qu'Achaz reçut plus de préjudice que d'avantage de cette alliance, fon Royau

(0) I. Rois XI. 23.25.
(P) II. Rois XVI. H, Chron. XXVIII.

me

An. 740.

me aiant été plus épuifé par les préfens & les avant C. fubfides que fon prétendu ami & allié extorqua ACHAZ de lui, qu'il ne l'avoit été par les ravages & les

3.

pilleries de fes ennemis déclarez. Il en refulta d'ailleurs deux inconveniens durables. L'un, qu'au lieu de deux petits Princes, à chacun defquels il pouvoit tenir tête, il eut pour voifin un puiffant Monarque, dont les forces étoient fort fuperieures aux fiennes, comme les Royaumes de Juda & d'Ifraël ne l'éprouverent que trop dans la fuite, l'un & l'autre aiant été détruits par les Affyriens. L'autre, que depuis ce tems-là les Juifs furent exclus du commerce de l'Ocean, qui jufques là avoit été une des principales fources de leurs richeffes.

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Les Juifs faifoient ce commerce depuis longtems par la Mer Rouge & par le Detroit de * Babelmandel non feulement vers l'Occident fur les côtes d'Afrique, mais encore fur les côtes d'Arabie, de Perfe, & des Indes vers l'Orient, avec un prodigieux profit. David fut le premier (q) qui l'établit. Ce Prince par la conquête qu'il fit du Royaume d'Edom (r) se trouvant en poffeffion d'Elath & d'Efiongeber (s) deux

[Il faut écrire cc mot Bab-el mandeb, qui fignifie la porte de l'Enfer, à caufe de l'exceffive chaleur qu'il fait à T'embouchure de la Mer Rouge.]

(9) EUPOLEMUS apud EUSEB. Prab. Evang. Lib. IX. (r) H. Sam. VIII.' 14. I. Rois XI. 15. 16. I. Chron. XVIII: 13.

(S) I. Rois IX. 26. II. Chron. VIII. 16.

S [Trois mille talens d'or &c. Il fe pourroit auffi que le nombre eût été groffi par les Copiftes, comme on le voit en d'autres endroits de l'Ancien Teftament. Ceux qui voudront s'inftruire du poids & de la valeur des talens & des autres monnoyes des Hébreux, doivent confulter le Livre Anglois de RICHARD CUMBERLAND des Poids &

des

(s), deux Villes qui en faifoient partie, il com- An. 740. avant JC prit l'avantage qu'il pouvoit tirer de leur fitua- ACHAZ tion fur la Mer Rouge, pour ce commerce, 3. & il en profita habilement. L'Ecriture fait mention de deux endroits, Ophir & Tarfis, où les Juifs négocioient de ces deux Villes. David tira un grand profit du prémier. Car il eft vraisemblable que ces trois mille talens § d'or d'Ophir que ce Prince donna pour l'embelliffement du Temple comme il eft rapporté au XXIX. Chap. du Í. Livre des Chron., étoient verf. 4. de l'or qu'il avoit tiré d'Ophir par les Flottes qu'il y avoit envoié à diverfes reprises. Il est parlé auparavant, (au XXII. Chap. du même Livre,) verf 14 de ce qu'il avoit refervé des dépouilles de fes ennemis, des tributs des Nations conquifes, & des revenus publics de fon Empire, ce qui monte à une (*s) fomme prodigieufe. Les trois mille talens d'or d'Ophir, qu'il y ajoûta, alloient encore au delà, & venoient de ce qu'il poffedoit en propre, indépendamment de ce qui lui appartenoit en qualité de Roi. Il n'eft pas poffible de comprendre qu'il eût pu fournir de

des Mefares des Juifs, ou celui d'Edouard Bernard, qui a écrit fur la même matiere.]

(*) Cette fomme eft fi prodigieufe, que cela donne lieu de penfer que les talens par lefquels elle eft fupputée, étoient une autre forte de talens d'une valeur beaucoup moindre que les talens Mofaïques, dont on rend compte dans la Préface. Car fi on fait l'évaluation par ces talens, de ce que David donna, & de ce que les principaux Seigneurs de la Cour contribuerent pour la conftruction da Temple tel qu'on le trouve détaillé, I. Chron. XXII, 14.-16. & XXIX. 3. 8., la fomme qui en refulte va au delà de huit cent millions de Livres Sterling, ce qui auroit fuffi à bâtir un Temple d'argent maffif, égal à celui de Salomon dans fon étendue & dans les mesures.

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