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de nos ennemis. C'est après la guerre de SeptAns que Frédéric II édicte la charte de l'enseignement primaire. Après Iéna, la Prusse est presque rayée de la carté de l'Europe; des ministres clairvoyants comprennent qu'on ne peut relever la nation qu'en fortifiant les croyances. « Nous sommes partis, disait Stein, de l'idée qu'il fallait imposer à la nation entière un esprit de moralité, de religion et de patriotisme. »

Ne nous faisons pas illusion, messieurs, il n'y a rien de plus anti-chrétien que les théories socialistes, et vous tous qui voulez défendre la société, vous feriez fausse route en combattant les croyances religieuses. « Si le communisme et le socialisme prévalaient, a dit M. Guizot, la foi chrétienne périrait; si la foi chrétienne était plus puissante, le communisme et le socialisme ne seraient bientôt plus que d'obscures folies. » Il faut donc que la société française reste sérieusement chrétienne pour que les relations des classes riches avec les classes pauvres redeviennent normales et affectueuses. Les associations, les fondations utiles, les œuvres de charité doivent lutter partout contre les souffrances morales et matérielles qui sont le lot de l'humanité, et qu'il est malheureusement plus facile d'accroître en les déplaçant que de supprimer en les niant. En cherchant dans un travail régulier et assidu l'amélioration de leur sort, il faut que les pauvres trouvent dans l'avenir promis à l'homme une consolation et une espérance; ou bien, car on ne saurait assez le répéter aux politiques de la Révolution, s'il n'y a rien après cette vie, vous n'avez aucun moyen de calmer le désespoir des déshérités et de les empêcher de réclamer per fas et nefas la part dont ils se croient frustrés.

Est-ce à dire pour cela que nous condamnions les efforts des ouvriers pour accroître leur bienêtre, pour faire cesser l'isolement dans lequel ils se trouvent, dans nos grandes villes et dans les grands centres manufacturiers? Non, assurément; nul ne peut prétendre que la science ait dit son dernier mot sur les relations des patrons et des ouvriers, du travail et du capital, sur les associations possibles entre les maîtres et les travailleurs. Nous ne combattons énergiquement l'Internationale que parce qu'elle fait table rase de tout ce qui jusqu'ici a guidé et protégé l'humauité, sans substituer à ce qu'elle renverse autre chose que des promesses mensongères, mille fois démenties. Nous ne voulons pas que l'on puisse enseigner à l'homme qu'il est son propre Dieu, parce qu'alors on exalte toutes les passions mauvaises, tous les instincts pervers de notre nature, qui doivent être réfrénés et non déifiés, sous peine de nous ramener à l'état sauvage.

L'enthousiasme pour l'humanité a fait l'irrésistible élan de 1789; on croyait alors au progrès

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indéfini de l'esprit humain, et Condorcet, en consacrant un livre à ce sujet, n'était que l'interprète de l'opinion publique égarée. La foi et l'espé rance en Dieu avaient presque disparu aux yeux des censeurs; on voulait y substituer la foi et l'espérance en l'humanité, dont on oubliait les misères pour exalter les grandeurs. C'était une illusion que l'expérience ne tarda pas à redverser. 1793 ramena la société du dix-huitième siècle des abstractions aux plus tristes réalités. L'expérience n'était pas assez complète apparemment, puisque, après quatre-vingts ans, nous avons eu la Commune de Paris. Quel démenti à l'orgueil humain! Nos bibliothèques brùlées par des lettrés, l'incendie préparé, dirigé par une commission de savants! (1) Sera-ce encore à la perfectibilité de l'homme que s'adresseront les réformatours? Ne verront-ils pas qu'en lui enlevant ses sublimes espérances, ils l'abaissent et le dégradent au point de l'assimiler à la brute?

N'est-il pas temps de leur rappeler cette parole immortelle : « Si l'homme se vante, je l'abaisse; s'il s'abaisse, je le vante. » Les faits, dont nous venons d'être les témoins, le disent plus haut que Pascal. Sommes-nous assez abaissés! Sans parler des pertes matérielles, d'argent et de territoire, sans parler de l'humiliation de la défaite, quel spectacle que celui de notre décadence morale! Point de réaction contre le crime; l'intérêt se porte du côté des scélérats qui ont été les maîtres de Paris et l'ont mis à feu et à sang; nous assistons chaque jour à l'apologie de la Commune en présence d'un public indifférent ou complice.

IV

Et comme si nous n'étions pas assez descendus, on souffle partout la haine entre les classes de la société, tandis qu'il n'y aurait pas trop de l'union et des efforts de tous pour refaire notre malheureux pays, effacer nos désastres et reprendre notre rang dans le monde.

On déclame contre les riches au profit des pauvres, comme s'il ne devait pas toujours y avoir des riches et des pauvres. La guerre est surtout déclarée à la religion chrétienne et à ses ministres. Presque partout, ils sont en butte à des attaques plus violentes qu'à aucune autre époque de notre histoire. On veut améliorer la condition morale des classes souffrantes, et on oublie que la religion chrétienne a couvert le monde de ses écoles, qu'elle n'a jamais cessé d'adresser son

(1) Voyez sur les incendiaires, qui faisaient partie du comité scientifique de la Commune, entre autres documents, la déposition de M. Barral de Montaud.

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enseignement aux petits comme aux grands, aux déshérités du monde comme aux privilégiés de la fortune. Qui a plus fait que ses ministres, contre lesquels on invoque, je ne sais quels souvenirs odieux de dime et d'oppression, pour la dignité morale du peuple? Qui, dans nos campagnes, à l'heure qu'il est, s'efforce d'élever le niveau des intelligences en arrachant les àmes aux préoccupations des intérêts matériels ?

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Ce n'est pas ici le lieu de défendre le clergé français l'histoire est là, pour répondre aux calomnies dont on l'abreuve. Depuis les grands évêques des quatrième et cinquième siècles, qui adoucissaient les maux de l'invasion, apprivoisaient les barbares, et sauvaient ce qui pouvait être sauvé de la civilisation antique, jusqu'à cet archevêque, à ces prêtres et à ces religieux massacrés par la Commune, on peut dire qu'il est resté fidèle à sa grande mission d'enseigner par l'exemple comme par la parole. Mais, messieurs, au point de vue politique où vous êtes placés, c'est un devoir de montrer le danger là où il est, et de rassurer ceux qu'on voudrait effrayer avec de vains fantômes. Le principe du gouvernement laïque des sociétés et de la liberté de la pensée humaine a depuis longtemps et définitivement triomphé; les abus dont on invoque le souvenir, les injures que l'on répète, les terreurs que l'on sème en feignant de les éprouver, ne sont pas seulement un anachronisme, mais une insulte au bon sens public. Vous vous préoccupez avant tout de l'avenir de la société française, qui vous a confié ses plus chers intérêts; vous voulez empêcher, par le progrès de l'éducation, par la diffusion des saines lumières, le retour des actes sauvages qui nous affligent et nous déshonorent aux yeux du monde. Il vous appartient de défendre et d'encourager le plus haut enseignement moral, intellectuel et social, qui ait été donné aux hommes.

Toutes les prédications révolutionnaires ne feront pas le bien que vous pouvez faire avec les instruments que vous avez dans la main. « Vous êtes, a écrit l'illustre protestant que nous citions tout à l'heure, en présence de multitudes immenses, livrées sans défense aux mensonges et aux excitations des charlatans et des démagogues, à l'emportement de ses passions, à l'entraînement de ses convoitises. Voulez-vous n'entrer en rapport avec elles que par le percepteur, le gendarme et l'instituteur? Vous avez partout, au milieu de ces multitudes, des hommes qui ont précisément pour mission, pour occupa tion constante, de les diriger dans leurs croyances, de les consoler dans leurs misères, de leur inculquer le devoir et de leur ouvrir l'espérance. Ce n'est plus le temps où l'on pouvait redouter l'influence des libertés religieuses; laissez-les

s'exercer et se déployer dans toute leur grandeur! >>

Pour les catholiques, comme pour les autres communions chrétiennes, la religion et la liberté sont désormais inséparables, et la plus précieuse de toutes nos libertés, la liberté de conscience, ne court assurément aucun risque de la part de ceux qui croient.

C'est bien plutôt de l'autre côté que serait le danger et qu'on pourrait redouter le compelle intrare. Les craintes que manifestent les adversaires de l'élément religieux dans la société et dans l'enseignement sont chimériques ou mensongères. Ils rappellent sans cesse les abus du passé et n'évoquent qu'un fantôme depuis longtemps évanoui; ils parlent de civilisation et de progrès, et ils oublient que la civilisation moderne est et restera essentiellement chrétienne. C'est le christianisme qui a apporté au monde tout les principes d'émancipation et de liberté. On rougit de répéter des vérités aussi banales, mais il faut les redire à ce peuple qu'on trompe grossièrement en le faisant rétrograder jusqu'à la barbarie.

C'est aux classes riches et lettrées qu'il appartient de rétablir la vérité; elles ont encore l'ascendant nécessaire pour ramener l'opinion. L'exemple de l'incrédulité est venu d'en haut, ǹl faut que d'en haut aussi vienne l'exemple d'un retour à des idées saines et vraies, là est le remède social. Les politiques, les habiles auront beau chercher, ils n'en trouveront pas d'autre.

Dans le sein même de votre commission d'enquête, des libres penseurs, mis en demeure d'indiquer un remède au mal, de proposer un moyen de relever, de régénérer la société française, qui périt dans le culte du matérialisme et la satisfaction des jouissances, n'ont rien indiqué, rien en dehors de la stérile négation du positivisme ou des affirmations incomplètes de la morale indépendante. Qu'ils nous permettent donc de continuer à invoquer la morale de l'évangile et les prescriptions du christianisme. Il y a plus de trente ans un homme éminent, dont le nom est un honneur pour l'Université, pour les lettres françaises comme pour nos assemblées délibérantes, s'écriait dans une autre enceinte : « Ou vous périrez, messieurs, ou la religion viendra encore visiter votre société (1). » Cet avertissement n'a pas é assez entendu; il doit être répété aujourd'hui avec d'autant plus de force qu'il a failli devenir une prophétie.

La diffusion de l'instruction, le progrès des lettres, des sciences et des arts, les rapports in

(1) M. Saint-Marc Girardin, Corps législatif.

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tellectuels établis par la presse avec les hommes de notre génération et avec ceux qui nous ont précédés, la liberté civile et politique, les voies rapides de communication: toutes ces choses ne sont que la manifestation extérieure de la civilisation, leur influence n'est salutaire que si elle trouve pour contre-poids dans les cœurs la religion, l'autorité paternelle, les traditions et les affections du foyer. Cette opinion est partagée par tous les hommes d'Etat dignes de ce nom qui dirigent l'Angleterre et les Etats-Unis, ces grands pays où domine la race saxonne. Vous vous rappelez, messieurs, les discours de M. Gladstone, ceux de MM. Lincoln et Ulysse Grant. La pensée chrétienne y vient toujours à l'appui de la pensée politique et répond ainsi aux besoins moraux comme aux instincts de ces grands peuples. En France les hommes d'Etat ont cru trop longtemps devoir faire abstraction des intérêts de la religion et de la morale. D'autres, plus mal inspirés, signalent ces deux forces sociales comme des obstacles au progrès, travaillent à combattre leur influence et ne s'aperçoivent pas, que dans le vide qu'ils creusent avec tant de soin, se précipitent tous les mauvais penchants du cœur humain. Il ne suffit pas de déclarer une digue mauvaise. Si, en présence du flot envahisseur, vous ne la remplacez pas, vous serez certainement débordés.

Or, tous les socialistes du monde n'ont pu trouver encore, dans la satisfaction des appétits et des intérêts, un frein pour les mauvaises passions de l'homme et une règle de conduite, qui lui permette de vivre en société sans Dieu, sans culte et sans morale.

Il y a quelques années à peine, nous n'aurions pas osé, messieurs, insister ainsi sur ces graves considérations; mais nous ne faisons qu'obéir à la loi que vous nous avez faite de rechercher les causes du mal étrange qui travaille la société française. Pour la majorité de votre commission, la principale cause est dans le progrès désolant des doctrines matérialistes, et en vous parlant ici des grands intérêts de l'humanité, c'est de la politique que nous prétendons faire.

Ce n'est pas notre faute si les événements de Paris, distançant toutes les questions de forme du Gouvernement, de mécanisme constitutionnel, de pondération des pouvoirs, de rouages plus ou moins habiles, ont reporté les esprits vers les lois primordiales de l'existence de toute société; si la question d'être ou de ne pas être est devenue pour tous la grande question. En vain, notre génération voudrait effacer Dieu de sa pensée, le bannir de sa politique. Les questions so

ciales dominent aujourd'hui toutes les autres, et ces questions posent tout d'abord le problème de la destinée humaine, c'est-à-dire ramènent à l'existence de Dieu, de la religion et de ses dogmes.

Les socialistes de toutes les sectes l'ont bien compris; aussi leur premier effort est-il la négation de Dieu. L'athéisme, nous l'avons montré, est au fond de toutes leurs doctrines quand il n'est pas inscrit au frontispice. Chose étrange! C'est par la négation que nous sommes ramenés à l'idée de Dieu, et cette politique de Bossuet rapportant tout à la Providence, qui faisait sourire les philosophes du siècle dernier, voilà qu'il faut que nous y revenions malgré nous, et comme contraints et forcés.

Ne perdons pas, messieurs, les fruits du malheur qui nous accable. Qu'on ne puisse pas nous dire comme autrefois aux Romains après la chute de Rome « Tous les peuples sont consternés de votre infortune et vous l'oubliez; la prospérité vous a dépravés et l'adversité ne vous corrige pas! >>

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C'est un devoir de travailler à remonter un fatal courant, non pas certes vers des institutions décrépites et qu'on ne galvanisera pas, mais vers les aspirations saines et vraiment, libérales. Aimons assez la liberté et la France pour fuir ce qui a failli la perdre. Ce qu'il faut restaurer avant tout dans notre pays, c'est la force morale; nous ne la puiserons que dans les doctrines spiritualistes; le culte de la matière ne nous la rendra pas. Ces conseils, ce n'est pas nous qui vous les donnons, messieurs; ils ressortent des événements, ils s'imposent à votre pensée comme à la nôtre.

Au point où nous sommes parvenus, quand l'abime est là, ouvert sous nos pas, il ne peut y avoir deux politiques. Sauver, régénérer, refaire la France est le cri de tous les esprits élevés. Les nuances disparaissent; la philosophie et la religion parlent le même langage. Ecoutez la parole du plus éloquent des philosophes contempo

rains.

« Loin de vous, disait M. Cousin, dans une des dernières pages qu'il a écrites, loin de vous cette triste philosophie qui vous prêche le matérialisme et l'athéisme comme des doctrines nouvelles destinées à régénérer le monde : Elles tuent il est vrai, mais elles ne régénèrent point. N'écoutez pas ces esprits superficiels qui se donnent comme de profonds penseurs, parce qu'après Voltaire ils ont découvert des difficultés dans le christianisme Vous, mesurez vos progrès en philosophie par ceux de la tendre vénération que vous ressentirez pour la religion de l'Evangile. Soyez aussi très-persuadés qu'en France la démocratie traversera toujours la liberté, qu'elle

mène tout droit au désordre, et par le désordre à la dictature.

Ne demandez donc qu'une liberté modérée et attachez-vous y de toutes les puissances de votre âme. Ne fléchissez pas le genou devant la fortune, mais accoutumez-vous à vous incliner devant la loi. Entretenez en vous le noble sentiment du respect, sachez admirer. Ayez le culte des grands hommes et des grandes choses. Repoussez cette littérature énervante tour à tour grossière et raffinée, qui se complait dans la peinture des misères de la nature humaine, qui caresse toutes nos faiblesses, qui fait la cour aux sens et à l'imagination au lieu de parler à l'âme et d'élever la pensée. Défendez-vous de la maladie de votre siècle, ce goût fatal de la vie commode incompatible avec toute ambition géné

reuse... sursum corda, tenez en haut votre cœur, voilà toute la philosophie (1). »

Nous ajouterions volontiers: Voilà toute la politique. Voilà ce qui seul nous sauvera du despotisme et de l'anarchie, voilà ce qui rendra à notre pays son rang et son influence, voilà ce qui nous permettra de reprendre notre voie à la tête de la civilisation moderne. Nous sommes le peuple essentiellement fort par l'idée et la pensée, laissons à nos ennemis le culte de la force brutale et les aberrations sauvages de l'athéisme. Le sceptre du monde n'appartient, grâce à Dieu, ni au sabre ni au scalpel, mais à l'intelligence, et 'nous pouvons le reprendre.

(1) Du Beau, du Vrai et du Bien, dernière préface.

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« Il faut suivre nos prédécesseurs partout où ils ont bien fait, et ne songer à l'invention que là où ils nous ont laissé des lacunes à remplir. » (ARISTOTE, Politique, IV, IX, 5, traduction de M. Barthélemy SaintHilaire.)

Après vous avoir indiqué, messieurs, autant qu'il a été en nous, les causes du grand événement que vous nous avez chargé d'étudier; après vous avoir signalé avec tristesse, mais avec la conscience d'un devoir rempli, les plaies morales de la France, nous devons appeler votre attention sur les remèdes qui nous ont paru de nature à atténuer, sinon à guérir le mal. Cette tâche nous a été singulièrement facilitée par les propositions dues à l'initiative d'un grand nombre d'entre vous, et par celles qui vous ont été soumises par le Gouvernement. Vous trouverez, dans les faits que nous avons recueillis, une preuve de plus de l'opportunité des différents projets de loi qui vous ont été présentés depuis l'époque où la commission a terminé son enquête. Les conclusions qu'elle avait adoptées alors, et que nous avons mission de reproduire ici en son nom, se résument sous les chefs suivants: 1° l'Internationale et les société secrètes; 2° l'organisation de l'armée et la dissolution des gardes nationales; 3° la loi électorale et le suffrage universel; 4° la presse et les réunions publiques; 5° la décentralisation administrative et intellectuelle; 6° l'enseignement public; 7° les réformes économiques et sociales.

Vous êtes saisis de presque toutes ces questions, messieurs; les résoudre sera votre œuvre, celle que la France attend de vous. Nous n'avons pas la prétention d'apporter ici des solutions absolues; nous nous bornons à vous rappeler les avertissements que vous donne l'insurrection du 18 mars.

I

Pour l'Internationale, le Gouvernement vous a présenté un projet de loi que vous avez renvoyé à une commission spéciale. Il serait témé

raire de préjuger ici les conclusions du rapport qu'elle vous apportera.

Les ennemis de l'ordre social n'ont pas désarmé; leurs menaces, leurs cris de rage démontrent assez qu'une loi répressive est nécessaire. Il serait insensé de laisser la société sans défense en présence d'une arme de guerre aussi formidable que l'Internationale; toutefois, il ne faudrait pas dépasser le but en sacrifiant le grand principe de la liberté d'association; respecter le principe, mais en prévenir l'abus par une pénalité efficace, là est la difficulté. Selon nous, la loi doit être faite contre toutes les associations nuisibles, occultes ou semi-publiques, quel que soit leur nom. Si la loi s'adressait uniquement à l'Internationale, il serait trop facile aux sectaires actuels d'y échapper en changeant de nom. La loi doit encore définir nettement le délit qu'elle punit, de façon à ce que la justice puisse saisir les conspirateurs contre l'ordre social, quel que soit le masque qu'ils revêtent.

Une loi répressive, quelque complète que vous a fassiez, suffira-t-elle à guérir le mal, à rétablir l'union et l'harmonie entre les diverses classes de la société française, union si profondément troublée par l'Internationale? Votre commission nele pense pas. Elle n'avait pas à étudier les graves problèmes économiques que soulève l'amélioration du sort des travailleurs; mais, en présence du trop grand nombre d'ouvriers qui ont concouru ou applaudi à l'insurrection du 18 mars, et qui, malgré les crimes et les hontes de la Commune, prennent plus que jamais l'Internationale pour drapeau, vous avez accueilli avec faveur la proposition d'une enquête sur l'état des classes ouvrières et sur les questions sociales que cette association a la prétention de résoudre.

En appelant ainsi les ouvriers à apporter leurs solutions au grand jour, vous ne leur donnerez pas seulement un haut témoignage d'intérêt, mais vous prouverez que vous ne repoussez que l'erreur et les passions égoïstes, et que vous voulez travailler résolûment à procurer à ceux qui souffrent, la plus grande somme de bonheur possible.

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