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NOTE DE LA COMMISSION

Ce rapport adopté après une complète et minutieuse discussion, qui a duré près d'un mois, la commission d'enquête sur le 18 mars a reçu les observations suivantes, rédigées au nom de la minorité et signées par MM. Cochery, Margaine, Flotard, Ducarre et Vacherot.

«Tout en reconnaissant les concessions obtenues par la minorité et les efforts faits par la majorité de la commission pour établir l'entente complète entre tous ses membres, la minorité n'a pas cru pouvoir prendre sa part de responsabilité, quant à l'acceptation de ce rapport, sans faire certaines réserves.

<< Si elle s'associe entièrement à la majorité, dans la réprobation énergique infligée aux actes insensés et abominables qui caractérisent l'insurrection du 18 mars et le gouvernement de la Commune, il lui semble qu'en faisant la part des fautes commises, le rapport ne tient pas suffisamment compte des nécessités qui, à partir de la révolution du 4 septembre jusqu'à l'insurrection du 18 mars, n'ont cessé de peser sur les gouvernements qui ont succédé à l'Empire. Il lui a semblé, d'autre part, que, dans l'énumération des causes sociales de l'insurrection et dans l'indication des remèdes, le rapport, en remontant aux causes morales qui trouvent leur place naturelle en un pareil travail, s'est parfois égaré dans ces hautes régions de métaphysique et de philosophie religieuse où l'on risque de se diviser, au lieu de se tenir sur le terrain commun de la morale, où l'on est certain de se réunir, tout en conservant ses croyances personnelles.

« Il semble enfin à la minorité, pour résumer ses réserves, que le rapport n'a pas toujours été maintenu assez sévèrement dans l'ordre de sentiments et d'idées au sein duquel tous les membres de la commission eussent été heureux de se trouver d'accord. >>

La commission avait espéré, pendant tout le cours de ses travaux et jusqu'au dernier moment, arriver à une entente parfaite sur l'ensemble des

questions que soulève l'insurrection du 18 mars. Elle avait fait dans ce but de nombreuses concessions à la minorité. Le rapporteur avait consenti à toutes les modifications de rédaction qui lui avaient été demandées. Il eût été plus conforme aux usages parlementaires que la commission chargeât son rapporteur d'exprimer le dissentiment de la minorité, mais elle n'a pas hésité à publier le texte même des réserves qui lui ont été remises. La parole est aux documents; l'Assemblée nationale est saisie, elle jugera.

(1) Paris, 12 mars 1872.

A Monsieur le directeur du Journal officiel.

Monsieur le directeur,

C'est par suite d'une erreur regrettable et bien involontaire que le nom de « Barré » se trouve, page 100 de mon rapport,et 2 colonne, page 1718 du Journal officiel du 10 mars, joint à ceux des sieurs Brunel et Protot dans le récit de ce qui s'est passé à la mairie du 1er arrondissement, le 24 mars. Je n'ai assurément pas voulu comprendre l'honorable commandant du 1er bataillon de la garde nationale de Paris, commandant supérieur du 1 arrondissement, « M. Elphége Barré », pas plus que les hommes de son bataillon, parmi les insurgés. Je sais que ces honorables gardes nationaux ont toujours été, ainsi que leur commandant, pour la cause de l'ordre et ont concouru à la résistance tant qu'elle a été possible. Je n'ai, du reste, en aucune façon, désigné le 1o bataillon. La juste réclamation de M. Barré sera insérée avec pièces à l'appui dans le troisième volume de l'Enquête sur le 18 mars. En attendant la publication de ce volume, je vous prie de vouloir bien m'aider, M. le directeur, à donner tout de suite à M. Barré la satisfaction qui lui est due.

Veuillez agréer, etc.

MARTIAL DELPIT,

Rapporteur de la commission d'enquête sur le 18 mars.

(1) La lettre suivante a été adressée, après la publication du rapport qui précède, à M. le directeur

du Journal officiel.

RAPPORTS SPÉCIAUX

DE LA

COMMISSION D'ENQUÊTE DU 48 MARS

1o Sur les mouvements insurrectionnels en province

2o Sur le rôle des municipalités de Paris, de l'Internationale, de la presse et de la garde nationale dans l'insurrection du 18 mars

RAPPORT DE M. LE VICOMTE DE MEAUX

SUR LES MOUVEMENTS INSURRECTIONNELS EN PROVINCE

L'insurrection du 18 mars a eu son contre-coup, mais n'a pas été efficacement soutenue en province, et c'est avant tout parce que le Gouvernement a pu concentrer presque toutes ses forces sur la Capitale qu'il lui a été donné de vaincre. Les meneurs de l'insurrection ne s'y trompaient pas; leur complot embrassait les départements en même temps que Paris et, soit que l'on recueille les fausses nouvelles répandues et officiellement affichées par eux, pendant toute la durée du second siége, soit qu'on remonte à la source des désordres qui ont éclaté sur quelques points du territoire, on reconnaîtra que le soulèvement de nos principales villes était entré dans les combinaisons et paraissait nécessaire au suceès définitif de la Commune.

Presque chaque jour, Paris bloqué était informé par ses maîtres, que tantôt au Nord, tantôt au Midi, une nouvelle révolte avait éclaté contre Versailles, et ces révoltes, c'est en effet de Paris que partaient des émissaires pour les susciter ou les soutenir. A l'extrémité de la France, Narbonne est soulevé par un étranger qui se dit commandant de la garde nationale parisienne (1); de Perpignan on va chercher le mot d'ordre à Narbonne (2); de Marseille, Mégy prépare le mouvement et quand ce mouvement commence à lan guir, trois délégués parisiens, envoyés à Marseille, et trois Marseillais revenant de Paris d'où ils apportent des instructions formelles, en raniment l'ardeur et en prolongent l'effort (3); à SaintEtienne, des étrangers qui ne connaissent pas même de vue les démagogues du pays, se montrent au premier rang parmi les assassins du préfet, M. de l'Espée (4). A Limoges, quand il

(1) Rapport de M. Rousselle, conseiller à la cour de Montpellier, chargé de l'instruction sur les troubles de Narbonne; transmis par le premier président de Montpellier.

(2) Rapport du préfet des Pyrénées-Orientales.

(3) Rapport du premier président d'Aix. (4) Déposition du préfet de la Loire:

s'agit de suspendre la marche des troupes sûr Paris, c'est encore de Paris que vient le mot d'ordre (1).

Quelques autres grandes villes sont destinées d'ailleurs à devenir les foyers secondaires d'où le désordre et la ruine se répandront autour d'elles. C'est ainsi que de Lyon des fusils sont expédiés jusqu'à Narbonne et Carcassonne pour armer l'émeute (2), et que Toulouse, sous la direction de M. Duportal, paraît la capitale d'une ligue du Sud-Ouest qui perpétue l'ancienne et trop fameuse ligue du Midi (3).

Dans les départements, où l'on ne compte pas sur des soulèvements, on tente des enrôlements, quelquefois avec des primes assez considérables! et, chose singulière, ces tentatives d'embauchage se déguisent sous le nom d'engagement pour le compte de l'Autriche, plus rarement de l'Italie. Elles nous ont été signalées en termes presque identiques sur les points les plus divers et les plus éloignés les uns des autres, dans les départéments des Landes, de l'Aube, d'Eure-et-Loir, de Loir-et-Cher, de Seine-et-Marne, de Maine-etLoire, de la Mayenne et de la Manche (4). Ailleurs on attend la victoire de Paris, et on se tient prêt à en profiter, quelquefois même on la croit remportée, on la devance par des essais qui, pour être réduits à l'impuissance sans coup ferir, ne méritent pas moins quelque attention.

A Avignon (5), à Montargis (6) et dans plusieurs

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