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exécution mais plus tard, mieux inspiré, il réu

nit les officiers de la garde nationale et il les dissuada, non sans peine, de créer une fédération.

Bordeaux ne fut pas la seule ville du ressort de la cour d'appel de Bordeaux où la garde nationale fut pendant l'insurrection de Paris un sujet d'inquiétude pour les hommes honnêtes. Le 7 mai, il y eut une revue de la garde nationale à Sarlat. Pendant le défilé des cris sortirent des rangs, notamment ceux de « Vive la République! Vive la Commune! A bas les chouans! >> Plusieurs des officiers encourageaient les gardes nationaux à les proférer et les proféraient euxmêmes.

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L'action des sociétés secrètes ou de l'Internationale n'a pas été remarquée, soit à Bordeaux, soit dans les autres ville de la Gironde, antérieurement au 4 septembre 1870. La promulgation de la loi de 1864 sur les coalitions fut cependant suivie à Bordeaux de nombreuses grèves jusqu'à la chute du Gouvernement impérial, et l'on peut supposer que les ouvriers qui y participaient, étaient excités et soutenus par les meneurs et par les caisses des sociétés secrètes ou de l'Internationale; mais rien ne le prouve. Aujourd'hui, l'Internationale a une action puissante sur la population bordelaise. Elle y a pour chef un cordonnier nommé Vésins ud, homme énergique, dont la vie privée est irréprochable, mais dont l'exaltation politique est extrême. Ses adhérents y sont divisés en plusieurs sections. Ils ont une influence très-réelle dans la cité, puisqu'ils ont pu faire entrer quatre des leurs dans le conseil municipal. La propagande à son profit y a été faite principalement par des réfugiés Espagnols et par un sieur Paul Lafargue, gendre du sieur Marx, qui a fondé l'Internationale. Plusieurs des officiers de la garde nationale de Bordeaux en sont membres. Ce n'est pas dans cette ville que les associés de l'Internationale s'occupent exclusivement de questions économiques et restent étrangers à la politique. Ils faisaient imprimer dans le journal la Tribune, du 28 avril 1871, l'article suivant :

« Déclaration de la section bordelaise de l'As«sociation internationale des travailleurs.

« Considérant que, dans ce moment de lutte, << nous devons marcher avec Paris, qui défend «< nos droits, nous proclamons comme nôtre, le « programme de la Commune de Paris. En conséquence nous ne porterons comme candidats

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« que ceux qui prennent le même programme et « s'engagent à réclamer l'autonomie de la Com«mune dans notre cité.- Le président, Vésinaud; « le secrétaire, Bausey. »

Ce n'est pas seulement dans le chef-lieu de la Gironde que l'Internationale s'est recrutée. Elle a aussi pénétré dans plusieurs des villes de ce dé

partement, et à Périgueux, où l'on admet généralement que les ouvriers du chemin de fer sont ses affiliés. Il y a lieu d'espérer qu'elle n'a pas encore étendu son action aux campagnes de la Gironde et du Périgord, bien que l'on ait quelque inquiétude à ce sujet.

Les deux principaux organes de la révolution à Bordeaux pendant l'insurrection de Paris, étaient la Tribune et la Fedération, qui n'ont pas survécu à la défaite de la Commune. Si la violence de leur polémique peut être égalée, il n'est pas douteux qu'elle ne saurait être dépassée. Dans chacun des numéros de ces journaux, le gouvernement de Versailles et l'Assemblée nationale étaient voués à l'exécration publique. Messieurs Thiers et ses Ministres y sont représentés comme ayant attaqué Paris sans nécessité et comme s'étant couverts d'un sang innocent.

On lit dans la Fédération du 16 avril : « On << prend tous les jours M. Thiers en flagrant délit « de mensonge, et le proverbe dit : Un menteur « est pire qu'un voleur... Le Pouvoir exécutif a «< cru devoir signaler son passage éphémère par « un crime politique la fusillade de Paris. Nous « avons eu la douleur de consater que les soldats « enfants du peuple, n'ont pas hésité à mitrailler « leurs frères de Paris; mais ce qui nous a paru

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plus infâme, plus dégoûtant, ce sont ces gendar «mes, ces sergents de ville, làches complices du « despotisme, enrégimentés afin de massacrer « des Français. »>

Les excitations de la presse, les divagations prononcées dans les clubs, le mauvais esprit d'une partie de la garde nationale, les menées des agents des sociétés secrètes qui payaient deux francs et deux francs cinquante centimes par jour aux ouvriers qui consentaient à ne pas travailler, de nombreuses tentatives, quelquefois suivies de succès malheureusement, contre la fidélité des troupes, produisirent à Bordeaux, comme à Marseille, comme à Narbonne, comme partout leurs conséquences inévitables. Au mois d'avril, cette noble cité eut ses journées le 16 et le 17, les émeutiers tentaient d'y établir la Commune. Le 13 du même mois, des ouvriers du chemin de fer de Périgueux s'opposaient au départ pour Paris de wagons blindés demandés par le Gouvernement. Ces mouvements populai res étaient réprimés, il est vrai, mais qui pourrait douter un instant que les causes qui les ont amenés, si elles continuaient d'exister, même pour partie seulement, n'attireraient sur nous de nouvelles épreuves?

DU MOUVEMENT INSURRECTIONNEL A BOURGES

L'enquête faite par M. le premier président de la cour d'appel de Bourges concerne les trois

départements du Cher, de la Nièvre et de l'Indre. Les résultats en sont bien différents pour ce qui touche les unes ou les autres de ces circonscriptions territoriales. Dans l'Indre, les populations sont complétement saines. Partout, excepté peut-être dans la ville d'Issoudun, l'insurrection de Paris et les crimes des membres de la Commune y ont soulevé une indignation générale. L'action de l'Internationale et des sociétés secrètes n'y a pas pénétré, et l'on y obtient facilement l'obéissance aux lois et le respect des représentants de l'autorité.

Telle n'est pas la situation du Cher et de la Nièvre. Il est juste cependant d'établir une distinction entre leurs populations rurales et leurs populations industrielles. Les premières sont à peine entamées par la propagande révolutionnaire et socialiste; les secondes sont complétement perverties par l'esprit démagogique. Dans ces contrées, le mal est ancien et profond. En 1851, c'est dans le val de la Loire, que la Marianne avait trouvé le plus grand nombre de ses adhérents. Les anciens membres de cette société, un moment redoutable, y sont devenus les premiers affiliés de l'Internationale, plus connue dans le Cher et dans la Nièvre, sous les noms de la Céramique et de société de résistance. Les faits que nous allons énumérer, faits qui sont révélés par les magistrats et par les chefs d'industrie du ressort de la cour de Bourges, prouvent bien, en effet, que si le nom de l'Internationale y est rarement prononcé, son action y est active et malheureusement puissante.

En 1870, la plus étrange des grèves éclatait à Fourchambault. Les ouvriers cessèrent tout à coup leur travail, sans pouvoir articuler aucun grief contre leurs patrons et sans oser se plaindre du taux de leurs salaires qui était très-élevé. Ils obéissaient à un ordre venu du comité central de l'Internationale siégeant à Londres, qui envoya au milieu d'eux Malon, plus tard membre de la Commune de Paris. Un peu auparavant, ils avaient été visités par le nommé Muret, peintre fleuriste, connu comme l'un des principaux agents de l'Internationale. Il avait parcouru les divers cantons de l'arrondissement de Bourges, s'était mis partout en contact avec les ouvriers, leur avait fait des conférences et les avait certainement enrôlés en grand nombre dans la société dont il était le représentant.

Au mois de février 1871, à la suite d'une rixe, plusieurs habitants de Nerondes furent appelés devant M. le juge de paix de cette localité Quelques-uns d entre eux reprochèrent à leurs camarades, en présence de ce magistrat, de s'être approprié une somme d'argent qui leur avait été remise, afin qu'ils la distribuassent aux femmes des ouvriers compromis dans les grèves.

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L'un d'eux reconnut avoir reçu mille francs de l'Internationale; mais il prétendit ne les avoir pas gardés et leur avoir au contraire donné leur destination.

A Foëcy, l'influence de l'Internationale est toute-puissante. Elle y a sur place président, secrétairé et caissier. Les associés se réunissent fréquemment, une ou deux fois par semaine. Ils soutiennent pendant quelque temps ceux d'entre eux qui sont renvoyés de l'usine. Ils interviennent avec ensemble dans les élections, et dans la petite localité de Foëcy, ils composent à leur guise le conseil municipal.

Du reste, les meneurs des ouvriers dans les départements du centre sont parfaitement connus et plusieurs appartiennent à l'Internationale, Gambon, par exemple, qui depuis 25 ans exerce une influe. ce néfaste dans le Nivernais et dans les contrées qui l'entourent.

Il n'est pas douteux que les membres de la Commune de Paris n'aient été en communication avec les habitants du Cher et de la Nièvre. On y connaissait dans certains ateliers les événements dont Paris était le théâtre, avant que les journaux ou les dépêches du gouvernement de Versailles en eussent parlé. Les premiers jours du mois d'avril 1871, Gambon quittait la petite ville de Cosne et se rendait à Paris où, le 7 avril, une proclamation de la Commune affichée sur les murs, commençait par ces mots : « Les hommes de la Nièvre sont debout. » Les jours suivants, des troubles éclataient en effet dans plusieurs des villes de la Nièvre. Le 10 avril, au milieu d'une revue, les gardes nationaux déployèrent le drapeau rouge, malgré l'observation de leur commandant, qui leur disait qu'il n'était pas encore le drapeau national. Ils s'emparaient de la mairie et y nommaient pour maire un ouvrier cordonnier. Ils usaient de violence le lendemain envers la gendarmerie, le juge d'instruction de Nevers et le procureur de la République qui, à l'occasion de ces faits, écrivait, le 16 août, à M. le premier président de la cour d'appel de Bourges : « Tou«tefois, depuis le départ de M. Tenaille-Saligny, « nommé préfet de la Charente-Inférieure, l'ins«truction a été reprise dans de meilleures con<«<ditions et paraît devoir être menée à bonne << fin. >>

Les 15, 16, 17 et 18 avril, des groupes se formaient dans les rues de Cosne. Les hommes qui les composaient exhibaient bientôt le drapeau rouge et le promenaient en chantant. Le désordre prit de telles proportions qu'il nécessita l'intervention de M. le préfet de la Nièvre et de M. le général du Temple, accompagné de nombreuses troupes.

Dans la soirée du 18 avril, des hommes armés parcoururent les rues de Neuvy à la suite d'une 18

séance du conseil municipal et arborèrent un drapeau rouge sur le balcon de l'hôtel de ville.

Au mois de mai 1871, divers in lividus arrêtés à Cosne firent des révélations. Ils reconnurent qu'ils étaient des agents de la Commune de Paris. Ils dirent que Paschal Grousset avait envoyé des émissaires en province. Ils avovèrent qu'ils avaient reçu la mission de soulever le département de la Nièvre. A un signal convenu, ils devaient arrêter tous les fonctionnaires, s'emparer des caisses publiques, de la poste, du télégraphe et proclamer la Commune. Ils assurèrent que la Commune de Paris avait aussi des émissaires dans le Cher, dans l'Allier, dans le Puy-de-Dôme et au Creusot. Ils se plaignirent de n'avoir pas reçu d'argent depuis plusieurs jours, et c'est sans doute à cette circonstance qu'il faut attribuer leurs aveux.

Les populations du val de la Loire n'attendirent pas du reste les instructions de Gambon rendu à Paris et les excitations des émissaires de la Commune, pour manifester les sympathies qu'elle leur inspirait. A Vierzon, et dans un grand nombre de villes du Cher et de la Nièvre, après le 18 mars, les dépêches affichées par ordre du Gouvernement de Versailles étaient couvertes d'immondices et lacérées, tandis que les placards de la Commune ou de ses adhérents en province, étaient lus avec avidité et respectés. Un soir, des ouvriers de Vierzon se rendirent en grand nombre à la gare avec l'intention d'arrêter un train qui portait des troupes à Versailles; mais le chef de gare le fit passer par une voie extérieure et ce projet fut déjoué.

Il est triste, mais il n'est pas sans utilité de constater quel est l'état moral des populations travaillées par les sociétés secrètes et dominées par les passions démagogiques. Il est facile de le faire avec les documents et les dépositions qu'a recueillis M. le premier président de la Cour de Bourges.

On peut affirmer que chez elles tout sentiment élevé, toute notion du devoir s'éteint. Elles deviennent insensibles aux bons procédés. Le patriotisme est pour elles un vain mot. Elles méconnaissent les affections et les devoirs de la famille. Les départements du Cher et de la Nièvre n'ont pour ainsi dire pas fourni d'engagés volon

taires à notre armée pendant que la France vaincue et épuisée se débattait contre la Prusse. On dansait à Guérigny, lorsque la nouvelle du désastre de Sedan y arriva un dimanche. On continua de danser après l'avoir reçue, et les ouvriers malmenèrent quelques personnes qui en témoignèrent leur étonnement et leur dégoût. L'ouvrier des centres industriels du val de la Loire arrive jeune à gagner un salaire qui lui est remis directement. Dès qu'il le perçoit, il devient étranger à sa famille qui ne s'en occupe plus, et qui n'en reçoit dans aucune circonstance, ni marque d'affection ni secours. Inutile de dire que les sentiments religieux n'ont aucun empire sur lui.

A Fourchambault, l'esprit de bienfaisance et de charité chrétienne n'a rien épargné pour adoucir la condition de l'homme dont la vie est vouée au travail. On y a fondé des caisses d'épargne, des sociétés de secours mutuels, des établissements de bain, des écoles gratuites pour les garçons, des ouvroirs pour les filles, des asiles pour l'enfance, des églises. On y donne des facilités aux travailleurs dont la santé est ébranlée pour aller prendre les eaux thermales. L'ouvrier y reçoit d'ailleurs un large salaire qui lui permet de réaliser des économies, puisqu'au mois d'août 1870 le directeur de l'établissement avait en dépôt, appartenant à ses ouvriers, un capital de 630,000 francs, sur lequel il leur paye l'intérêt à raison de cinq pour cent par an. Eh bien, c'est dans cette usine de Fourchambault que sur un mot venu de Londres, les ouvriers se mettaient en grève sans trouver un prétexte pour leur désertion du travail. Certes, rien ne doit rebuter les généreux sacrifices des hommes de bien et de cœur, qui, ayant reçu une éducation distinguée et les bienfaits de la fortune, se trouvent en contact avec les classes ouvrières. Mais si leur généreuse et sage sollicitude ne parvient pas à étouffer dans le cœur des ouvriers les sentiments de la convoitise et de l'envie, si l'explosion de ces sentiments amène des perturbations incessantes dans la production de nos industries et des troubles politiques dans le pays, la société tout entière doit aviser, si elle ne veut pas périr. « Caveant consules », s'écrie l'un des magistrats du ressort de la cour de Bourges en adressant le résultat de ses informations à son premier président.

RAPPORT DE M. DELILLE

SUR LES MOUVEMENTS

INSURRECTIONNELS A LIMOGES

I

Messieurs, le travail que vous m'avez confié a été bien facilité par le très-remarquable rapport que vous a transmis M. le premier président de la Cour de Limoges.

J'ai trouvé, dans ce document, toutes les indications nécessaires pour connaître l'état des esprits, avant et après la terrible insurrection du 18 mars, dans les départements de la HauteVienne, de la Creuse et de la Corrèze.

Je n'ai eu qu'à compléter ces renseignements par ceux qui vous ont été fournis par les préfets et les différentes autorités de ces dépar

tements.

L'enquête que vous aviez ordonnée a été faite sous la présidence de M. le premier président par trois conseillers à la Cour de Limoges, désignés par lui. Je dois constater que ces honorables magistrats, MM. Ardent, Peyrot, Thibaut, se sont acquittés de la mission qui leur a été confiée, avec un dévouement et un zèle qui leur ont permis de signaler d'une façon saisissante les agissements de l'Internationale dans les départements de la Haute-Vienne, de la Creuse et de la Corrèze.

L'enquête établit que, bien avant le 4 Septembre, les centres ouvriers de ces départements étaient travaillés par les doctrines les plus radi. cales.

Elle démontre qu'après le 4 Septembre, des émissaires ont été envoyés de Paris pour exciter les masses.

Elle prouve, enfin, que la Commune avait, dans ces mêmes départements, des adhérents sur le concours desquels l'insurrection parisienne croyait pouvoir compter.

Depuis bien des années, la ville de Limoges a eu le triste honneur de rivaliser avec Lyon, SaintEtienne, Marseille. pour l'exaltation des sentiments révolutionnaires.

.C'est à Limoges que les radicaux des départements du centre prennent leurs inspirations et

qu'ils trouvent toujours le dernier mot d'ordre venu de Paris.

Les révolutions de nos vingt-cinq dernières années ont été connues, et même accomplies à Limoges, en même temps quelquefois qu'à Paris En février 1848, la République était proclamée à Limoges avant de l'avoir été à Paris.

En septembre, on y connaissait la déchéance, avant que la nouvelle officielle en fût par

venue.

Tout démontre que le parti radical était à Limoges, en mars dernier, prévenu des événements qui allaient s'accomplir à Paris, et que la Commune comptait sur l'assistance des départements du centre.

II

La loi du 25 mai 1864 sur la liberté des coalitions, a été particulièrement à Limoges, un actif stimulant des doctrines révolutionnaires.

L'effet de cette loi s'est immédiatement fait sentir parmi les ouvriers porcelainiers. L'Internationale en profita pour exciter, sous les motifs les moins sérieux, une grève.

Les ouvriers obéirent au mot d'ordre qui leur fut donné. « J'ai vu, dit un témoin entendu dans « l'enquête, entre les mains d'un des chefs de la «< grève, un livre de caisse où se trouvaient ins<< crites les sommes envoyées pour soutenir cette « grève. Je me rappelle que les sommes étaient « envoyées de Saint-Etienne, de Lyon, des villes « du Berry, de Paris, de Lille et de Roubaix. Je « me souviens aussi d'un envoi de deux à trois « mille francs expédié de Londres directement; « deux autres envois de Londres étaient faits par « Paris et portaient cette indication Envoi de « nos frères de Londres. »

Il fut évident, pour tous, que la grève de Limoges, en 1864, avait été excitée et soutenue par l'Internationale.

En 1870, les agissements de cette société, à Li

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Ces deux délégués fondèrent des associations ouvrières parmi les peintres sur porcelaine, les porcelainiers, les ébénistes, les tapissiers, les employés de commerce, les mégissiers, les cordonniers et les sabotiers. Dans les réunions qu'ils formèrent, les sieurs Gillot et Minet disaient hautement qu'il fallait engager la lutte à outrance du travail contre le capital. A leur instigation, chaque association d'ouvriers dut être dirigée par une chambre syndicale, qui devait recevoir son mot d'ordre des chefs de l'Internationale.

Les Chambres syndicales devaient être présidées par des hommes actifs et entreprenants. Quand on n'en trouva pas parmi les quvriers de la profession exercée par les gens de l'association, on les prit parmi les ouvriers des autres professions. Ainsi l'association des tailleurs de pierre fut présidée par un ouvrier peintre sur porcelaine.

Les Chambres syndicales, ainsi organisées, recueillirent les souscriptions pour envoyer des secours aux ouvriers mineurs du Creusot, qui s'étaient mis en grève. Peu de temps après, elles encouragèrent, à Limoges, la grève des tailleurs de pierre. Vers la même époque, la Chambre syndicale des porcelainiers prit un arrêté pour fixer le prix des salaires des ouvriers porcelainiers, et frappa d'interdit une fabrique dont le propriétaire avait fait quelques difficultés pour accepfer la loi qu'elle avait faite.

III

Les premiers mois de l'année 1870 furent, à Limoges, très-agités.

Après le 4 septembre, des émissaires furent de nouveau envoyés de Paris par l'Internationale.

L'un d'eux, M. Laviolette, jeune avocat, se disant hautement membre de l'Internationale, organisa la société populaire. Cette société, composée de tous les membres des associations ouvrières, était destinée à diriger le mouvement révolutionnaire et à exercer une pression sur les autorités municipales et préfectorales.

M. Laviolette a depuis figuré comme défenseur dans la plupart des affaires portées, à la suite de la défaite de la Commune, devant les Conseils de guerre.

La société populaire dicta bientôt ses volontés au conseil municipal; elle obéissait elle-même aux instructions de l'Internationale. Sur le plus futile prétexte, une grève des ouvriers porcelai

niers de la maison Gibus et Ce fut excitée; « il fallait, disait-on, préparer des soldats à l'insurrection.» La Chambre syndicale des porcelainiers mit en interdit pour cinq ans la maison Gibus.

Un membre de la société populaire, membre aussi du conseil municipal, proposa le 31 janvier 1871, à cette assemblée, d'envoyer des délégués à Bordeaux, pour demander que le conseil s'érigeât en comité de salut public, et centralisât entre ses mains tous les pouvoirs.

De jour en jour, l'action de la société populaire devenait plus menaçante.

l'Internationale

Dans le courant de mars, envoya de nouveau des délégués à Limoges. L'enquête à laquelle il a été procédé, démontre ce fait de la façon la plus certaine. Les émissaires de l'Internationale ont pu, pendant plusieurs jours, à Limoges, exciter les ouvriers sans qu'aucune autorité ait eu le courage de les faire arrêter. Sous leur excitation, la soc té populaire demanda aussitôt que des armes fussent délivrées à la garde nationale. Paris s'é' ait insurgé, il fallait pouvoir aller à son secours.

Un journal publié à Limoges, sous le titre de la Défense nationale, organe des sociétés de défense républicaine, écrivait dans son numéro du 21 mars:

de des armes, et à membres qui ne les plus timorés de

«La garde nationale dema « bon droit, pour ceux de s « sont pas armés; mais que « nos concitoyens se rassure t, ce n'est pas con<< tre leurs poitrines que qui que ce soit veut les « diriger. Les sociétés républicaines et populai«res veulent des réformes politiques et économi«<ques sérieuses, et sont extrêmement mécon« tentes de la marche suivie par le Gouverne«ment. Attendons, donc, non sans impatience et « sans inquiétude, mais avec calme et fortitude «< ce qui sortira de la lutte follement engagée par «<le Gouvernement contre Paris. »

La société populaire, dans sa séance du 23 mars, votait « des remerciments à ses frères d'ar« mes de l'armée de Paris, » c'est-à-dire aux soldats qui avaient trahi leur devoir.

C'est en présence de l'expression de pareils sentiments, que l'autorité préfectorale fut assez coupable pour faire délivrer des armes à une population ouvrière, depuis longtemps travaillée par les agents de l'Internationale.

IV

La société populaire et son organe, la Défense nationale, cherchaient le moyen d'organiser le mouvement révolutionnaire, à l'aide duquel on espérait pouvoir envoyer des secours à la Com

mune.

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