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aussi de l'Internationale, une lettre saisie depuis où il parlait d'une bataille décisive que Paris aurait bientôt à livrer: « Ce jour-là, disait-il en faisant allusion à la chute de l'Empire qu'il regardait comme prochaine, ce jour-là, nous ou le néant. Paris sera à nous, ou Paris n'existerà plus. Ce sera le moment décisif pour l'avenir du peuple. >>

Après la catastrophe de Sedan, il alla en province et tenta de provoquer des soulèvements populaires à Lyon et à Marseille; puis, il revint à Paris après la capitulation.

Le 2 avril, il commandait le fort d'Issy. Malgré 'insuccès de cette journée, dont quelques-uns le rendirent responsable, Cluseret, protégé par ceux de ses amis qui étaient membres de la Commune, fut promu délégué à la Guerre.

Pour mieux assurer son ascendant, il avait jugé prudent de se faire apporter dans l'hôtel de la rue Saint-Dominique, ledossier qui le concernait, rempli de renseignements fournis par M. Berthemy, ministre de France aux Etats Unis.

Dans une visite qu'un représentant du DailyTelegraph, lui fit, le 21 avril, Cluseret exhiba ce dossier, et chercha à se justifier des accusations formulées contre lui, à la suite desquelles il avait dû donner sa démission. Aucune de ces pièces n'a été retrouvée.

Le nouveau délégué avait choisi pour son chef d'état-major, Rossel, ancien élève de l'Ecole polytechnique, capitaine d'artillerie à Metz pendant la guerre, accouru, dès le 19 mars, pour offrir ses services à la Commune. C'était un bon officier, ambitieux, mais apportant lui aussi, dans ses fonctions, des qualités réelles, développées par de fortes études et par la vie des camps.

Cluseret trouva d'utiles auxiliaires parmi d'anciens employés du ministère, des sous-officiers comptables, des ingénieurs de l'Ecole centrale, empressés d'offrir leurs services au gouvernement né de l'insurrection du 18 mars.

Le projet définitif d'organisation de la garde nationale; le remarquable rapport sur les travaux du génie fait par l'ingénieur Roselli-Mollet; un autre projet sur le comité central d'artillerie; un projet d'organisation de l'état-major général; un rapport attribué au colonel Fabre à la date du milieu d'avril, toutes ces pièces (1) altestent que les questions militaires étaient, sous la Commune, résolues par des hommes qui n'étaient pas sans valeur.

Le délégué de la Guerre s'installa dans ses nouvelles fonctions, convaincu de la durée du pou

(1) Voir au dépôt du ministère de la guerre et aux pièces justificatives à la suite du rapport de la Commission.

voir qui lui était confié. Il ordonna de photographier les morts des avant-postes afin que leur famille pût les reconnaître (1). De pompeuses inhumations furent organisées dans le but d'honorer le trépas des défenseurs de la Commune.

Il aimait à se poser en gardien du droit et de l'ordre, en ennemi des arrestations arbitraires.

Cependant, les conflits naissaient à chaque instant entre lui et les pouvoirs créés par le Comitė. La Commission exécutive siégeant au ministère, avait la prétention de diriger les opérations militaires, au nom de la Commune.

Situation intolérable contre laquelle Cluseret ne cessa de lutter et que Rossel, à son tour, n'ac-cepta jamais!

Vers le 15 avril, l'effectif de la garde nationale mobile et celui de la garde nationale sédentaire pouvaient atteindre 200 mille hommes. Mais ces chiffres ne tardèrent pas à diminuer (2).

Cluseret, bientôt disgracié et prisonnier à Mazas, appréciait, dans une lettre adressée à Delesciuze, la valeur de ces soldats. En vain Dombrowski à Saint-Ouen, et Wroblewski à Bercy, tentaient-ils de résister aux attaques des troupes de Versailles; les défaites se succédaient; on les niait systématiquement, et tous les journaux de la Commune, leurs rédacteurs en tête, Pyat, Millière, Rochefort, pratiquaient le : mentiris impudentissime, dont parle Pascal.

Alors parurent ces pompeux télégrammes intitulés Bataille contre les chouans, et finissant invariablement par ces mots : Tout va bien.

De succès par dépêches, en triomphes dans les journaux, la Commune aboutit aux désastres de Meudon, de Neuilly, de Châtillon, puis, peu après, à la perte d'Issy et de Vanves. Les violences allaient croissant en raison des échecs subis. Dès le 15 avril avait paru l'odieux décret des otages; des perquisitions domiciliaires, des chasses à l'homme s'organisaient pour remplacer les défenseurs tombés; au fur et à mesure que les chefs se succédaient, ils se soupçonnaient tour à tour.

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« Lorsque Danton prétendait qu'il valait mieux être guillotiné que guillotineur, il ne croyait plus à la chose publique. »

Le mouvement imprimé par sa main vigoureuse à la Commune ébranlée fut tel que l'impulsion donnée dura quelques jours encore après lui sous son successeur Delescluze. Rossel déployait une activité febrile. Ses connaissances stratégiques, ses investigations quotidiennes sur les mouvements et les opérations de l'armée de Versailles, ses tentatives de mobilisation des meilleures troupes de la Commune, effectuées en séparant complétement l'élément de marche de l'élément sédentaire, ses essais de formation d'un corps de cavalerie pour se porter en avant sur Issy avec 12,000 hommes de choix, tout cela ne lui permit pas néanmoins de reprendre l'offensive. Le 9 mai, il put constater l'inanité de ses efforts. Sept mille hommes à peine avaient répondu à son appel, et convaincu de son impuissance, il ne songea plus qu'à disparaître de la scène.

De là, cette lettre bien connue, adressée à la Commune, où Rossel montrait le chaos des pouvoirs et demandait fièrement, en donnant sa dómission, une cellule à Mazas!

Le Comité de salut public ordonna son arrestation. Delescluze fut désigné pour son successeur, et s'installa, le 10 mai, au ministère de la guerre. La période des derniers excès et des plus coupables allait commencer pour ce gouvernement qui n'avait pas craint de compter parmi ses membres ou ses défenseurs, des hommes tels que Rigault et Ferré.

L'indiscipline, les abus de toutes sortes, les désertions, l'ivrognerie prirent bientôt un développement immense.

La confusion en était arrivée à ce point, que les canons de Montmartre tuaient plus de fédérés que de soldats de Versailles. On envoyait ordres sur ordres pour cesser le feu; personne n'obéissait. Le service de l'intendance, organisé sous Cluseret par les frères May, juifs d'origine, fonctionnait mal. Un fait le prouvera: au 15 mai, la manutention délivrait 160,000 rations, alors que

l'effectif des combattants, retenus chaque jour sous les armes, ne dépassait pas 70,000 hommes ! Aussi, Delescluze écrivait-il pour se plaindre de ce formidable gaspillage (1).

Ce fut une des causes de la défaite de l'insurrection.

Dès les premiers moments de son nouveau pouvoir, Delescluze s'était fait rendre compte des positions occupées par les soldats de la Commune.

Au 10 mai, 2 à 3,000 artilleurs servaient les pièces sur les remparts.

Pas une seule barricade n'existait dans tout l'espace compris entre la porte d'Auteuil et le Ministère de la guerre.

Ordres furent immédiatement donnés d'en dresser, mais en évitant de recourir à Gaillard, le barricadier de Rossel.

Delescluze avait ses raisons pour croire cette confiance mal placée.

Le 12 mai, Parisel recevait à son tour mission du dictateur, de préparer les bombes et les appareils destinés à lancer le pétrole. Les arrestations se multipliaient dans Paris.

Le Comité de salut public' commençait à rencontrer des résistances, et les journaux du gouvernement insurrectionnel annonçaient partout le réveil de la réaction.

Le 15 mai, Delescluze n'hésite pas à provoquer un arrêté du Comité de salut public, pour transférer au Ministère de la guerre les attributions de l'état-major de la place Vendôme. C'était la concentration de toutes les forces dans une seule main. Les statistiques portaient à 3,263 le nombre des officiers présents pour les légions de marche, et à 68 ou 69,000 le chiffre des sous-officiers et gardes.

La 18 légion, la plus forte, justifiait d'un effectif de 17,708 hommes.

De sorte qu'à la date du 14 au 15 mai, la garde nationale pouvait être évaluée :

à 83,000 hommes de compagnies de marche, et 99,000 hommes de compagnies sédentaires.

182,000 hommes en total général (1).

Du 15 au 16, les deux effectifs se trouvaient réduits à 170,000 hommes.

L'explosion de la cartoucherie Rapp, arrivée le 17 mai à cinq heures du soir, fut, dit-on, un moyen employé par le Comité de Salut public pour surexciter le fanatisme du peuple, en rendant les troupes de Versailles responsables de cet événement.

(1) Voir documents au dépôt du ministère de la guerre, à l'appui de toutes ces appréciations et de tous ces faits.

Ce qui tendrait à l'établir, c'est que toutes les pièces concernant cette explosion, ont été lacérées ou détruites avec soin au ministère de la guerre, et que l'on a trouvé, en outre, la preuve que les troupes casernées à l'Ecole militaire avaient été consignées dans leurs quartiers, ce jour-là!

N'était-ce pas dans le but de leur éviter les périls d'une explosion méditée et prévue?

En vain pour la construction des barricades, Roselli-Mollet succède-t-il à Gaillard pére et fils, suspects et arrêtés tous deux sur la dénonciation de Delescluze; en vain, le dictateur ordonne-t-il de placer des torpilles sous les portes menacées, de contreminer les approches, de couler des bateaux chargés de pierre dans la Seine, en aval de Paris, tout est perdu.

Le 20 mai, La Cecilia quitte le Petit-Vanves, abandonné de la plus grande partie de sa garnison, malgré les énergiques protestations de Delescluze, qui craint l'effet moral de cette retraite précipitée. On essaie de donner le change par une nouvelle venue de Suresnes, le 21 mai, à midi, et portant qu'il y avait de l'hésitation dans l'armée de Versailles parmi les régiments arrivés d'Allemagne; mais le doute n'est plus permis, le pouvoir éphémère de la Commune menace ruine et sa chute est prochaine.

Les munitions manquent; la désorganisation est à son comble, et le 22 mai, au matin, Delescluze donne ses derniers ordres.

IV

Quelle était l'attitude de la garde nationale au milieu de ces terribles événements? Quelle est sa part de responsabilité ?

La garde nationale assistait indifférente aux violences et aux crimes quand elle ne les commettait pas... La terreur que lui inspirait le Comité central, successivement remplacé par la Commune et par le Comité de salut public, était complète! Cette force, instituée pour le maintien de l'ordre et la protection des lois, était devenue un instrument aveugle de tyrannie. Les fusillades de Mazas, de la Roquette et d'Arcueil en sont la preuve.

En présence d'une tolérance ou d'une complicité si coupable, comment ne pas reconnaître les tristes effets de la dépravation de ces foules depuis trop longtemps égarées par les publications de la presse, par les clameurs des clubs, par les excitations mensongères des meneurs, par la négation de toutes croyances et de toute vérité religieuse!

Il y avait cependant des gens de cœur, réserve d'élite de la garde nationale, qui n'avaient pas subi ces déplorables entraînements.

Aux derniers jours de l'insurrection, des hommes généreux se réunirent pour soutenir l'armée de Versailles; quelques-uns ont payé de leur vie leur dévouement à la cause de la société.

Entre autres, le commandant Durouchoux (1), victime héroïque, s'élança au premier rang, à la barricade de la rue du Bac où il tomba. Ses compagnons furent dignes de lui dans cette lutte qui devait délivrer Paris du joug de la Commune. Quelques-uns succombèrent; la reconnaissance de tous doit s'attacher aux noms de ces glorieuses victimes du devoir (2).

Comment aussi ne pas se rappeler avec émotion ces braves jeunes gens, accourus à Versailles, un soir, vers les derniers jours de mars, afin de solliciter le renfort dont ils avaient besoin pour tenir tête aux insurgés au poste de la gare Saint-Lazare ?

Plusieurs d'entre eux, honorés, connus, n'obéissant qu'à la voix de leur conscience, accompagnaient nos soldats le 21 mai, et marchaient avec eux; ils ont droit à notre reconnaissant souvenir.

On ne saurait omettre, non plus, dans ce récit, l'énergique conduite de l'Administration de la Banque de France. Depuis le plus modeste jusqu'au plus élevé de ses employés, elle a donné au pays le bel et trop rare exemple d'une défense persévérante et héroïque. Trois milliards furent sauvés par elle seule c'était la rançon de la patrie (3).

La garde nationale n'avait pu maintenir l'ordre dans Paris avant le 18 mars; réduite à ses propres forces, elle s'était montrée tout aussi incapable de défendre la Commune.

En vain, sous la pression des événements, Delescluze tentait-il un suprême effort, et dans un ardent appel aux armes, daté du 21 mai (4), faisait-il appel aux plus mauvaises passions.

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(2) Tués MM. Vilain, Werner, Ribost, Thibaut. -Morts des suites de leurs blessures: MM. Du

rouchoux père, Debry, Cauchois. Blessés : MM. Beflort, Cognier, Ducret, Marty, Gauthier. Ajoutons parmi les plus distingués dans l'action : MM. Louis Durouchoux, Bertrand Taillet, Gabriel Lefébure, Guimbal, Dubourg, Perron, Rivière, Aubry, Morin, Boudier, Esperons, Izambert, Brau, etc.

(3) Voir la déposition de M. le marquis de Plouc.

(4) Voir l'Officiel du 22 mai.

a Journal officiel de Versailles, les menaces, les « ultimatums du général Thiers signifient simple«ment ceci Rendez-vous, ou sinon c'est moi qui « vais être obligé de me rendre. »

Des lazzis ne sont pas des raisons, on ne prenait plus au sérieux les paroles de M. Rochefort.

Tandis que Delescluze s'obstinait à publier force bulletins de victoire, alors que les remparts ayant peu souffert pouvaient abriter encore leurs défenseurs, le dimanche 21 mai, un brave conducteur des ponts et chaussées, M. Ducatel, au péril de sa vie, introduisit dans la ville les troupes de Versailles, en passant par la brèche du Pointdu-Jour (1). Le hasard, cet incognito de la Providence, suivant un mot heureux (2), se chargeait de dénouer la situation. Chose singulière ! comme l'avait dit le général Ladmirault, l'armée entrait dans Paris au moment où l'on y pensait le moins!

Une semaine de combats, aussi intelligemment que vaillamment conduits par le maréchal de Mac-Mahon et ses dignes compagnons d'armes, amena la fin de cette formidable insurrection. Malheureusement, l'incendie des monuments et l'assassinat des otages vinrent ajouter encore aux horreurs de cette lutte contre les barbares du 19° siècle. Non contents d'avoir ruiné et épouvanté Paris, ces misérables devaient le déshonorer!..

Le 28 mai, les insurgés brûlaient leur dernière cartouche et Paris était entièrement délivré; on y trouvait 400 mille fusils, 2,500 bouches à feu; on avait fait environ 35,000 prisonniers (3).

(1) Voir l'avant-propos des rapports militaires du baron de Stoffel, p. XVI.

(2) Conférences de Notre-Dame, P. Lacordaire. (3) Voir la déposition de M. Thiers.

Résumons, en quelques lignes, les enseignements qui ressortent du rôle de la garde nationale pendant ces soixante-dix jours de folie sanglante appelée le règne de la Commune de Paris.

La garde nationale s'était montrée ce qu'elle est toujours :

« Une arinée délibérante, une force insaisissable qui prétend gouverner le pays (1). » Elle avait voulu y être :

« L'Etat dans l'Etat; bien plus, la baïonnette « révolutionnaire mise en possession véritable, « par la permanence et le nombre, de la puis«<sance souveraine (2).

Dans son intéressant rapport à l'Assemblée, le 19 août 1871, le général Chanzy s'exprimait à son tour de la manière suivante :

« La garde nationale est née de la nécessité « d'assurer l'ordre intérieur, cela est vrai, mais << aussi d'une pensée de suspicion à l'égard de

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RAPPORT DE M. LE MIS DE LA ROCHETHULON

SUR LE

ROLE DE LA GARDE NATIONALE ET DE L'ARMÉE
L'INSURRECTION DU 18 MARS

DANS

Si, dès les premiers jours de nos désastres, quelques membres du Corps législatif ont accepté le pouvoir, ils auraient sans doute préféré ne pas endosser la terrible liquidation de l'Empire. Mais en révolution, presque toujours les chefs suivent la foule et ceux qui, le 4 septembre, furent portés à l'Hôtel-de-Ville par le mouvement révolution · naire, étaient précédés par des conspirateurs, 'esquels s'étaient déjà mis à l'œuvre, pour utiliser, au profit de la révolution sociale, la révolution politique qui venait de s'accomplir.

L'insurrection du, 18 mars est-elle née de la révolution du 4 septembre? C'est une question que l'histoire résoudra.

Jamais émeute ne, triomphera quand l'armée fera son devoir. Les démagogues le savent si bien que leur pensée constante est toujours de désorganiser les troupes régulières et d'organiser une armée pour l'insurrection. En septembre 1870, tout les servait merveilleusement à Paris. Un pouvoir sans consistance, sans mandat régulier, ayant pris le nom de gouvernement, comptait parmi ses membres les élus et même le favori (1) des émeutiers de profession. D'un autre côté, il n'y avait plus pour ainsi dire d'armée régulière. Excepté le 35 et le 42 de ligne, pas un seul régiment n'était solidement constitué. Les fuyards de Sedan, les traînards et les déserteurs encombraient la ville, et les régiments de marche n'étaient guère alors capables d'aller au feu.

Fort mal composés comme sous-officiers, et souvent comme officiers, puisque pour les improviser on avait vidé les dépôts, où en temps de guerre ne reste pas l'élite des cadres, ces régiments comprenaient beaucoup d'anciens soldats rappelés sous les drapeaux, qui se croyaient, par une fausse appréciation trop répandue en France, définitivement libérés de tout service. Ces hommes

(1) Henri Rochefort.

mécontents avaient jeté dans plusieurs corps un ferment d'indiscipline.

Venait ensuite la garde mobile. Dans celle de Paris, les bataillons énergiquement commandés firent glorieusement leur devoir; mais il y en avait plusieurs sur lesquels on ne pouvait compter ni contre les Prussiens, ni pour défendre l'ordre. Le mot même de garde nationale mobile était répété avec complaisance par ces jeunes gens et signifiait dans leur bouche qu'ils se considéraient comme des citoyens et non comme des soldats (1).

Quant à la mobile de province, bien disposée en général, elle était fort inexpérimentée, avec des cadres presque toujours incomplets où s'agitaient des officiers de bonne volonté, mais souvent incapables d'apprendre à leurs soldats ce qu'ils ignoraient eux-mêmes. Pourtant cette garde mobile était animée d'un vif patriotisme. Indifférente au fond à la République, qu'elle n'avait ni proclamée ni désirée, elle ne songeait qu'à la France, et dans des mains vigoureuses elle aurait suffi pour assurer l'ordre. La révolution semble avoir eu pour premier objectif de la désorganiser en décrétant l'élection des officiers. Sans compter l'injustice d'une pareille mesure, frappant des hommes dont les brevets étaient aussi réguliers

(1) La désertion fut tolérée et même encouragée dans la garde mobile de Paris; car les bataillons de marche de la garde nationale acceptaient les mobiles qui préféraient toucher leurs rations et trente sous par jour, coucher souvent chez eux et ne guère se battre, pendant que leurs camarades se novaient dans la boue ou gelaient dans la neige, Ainsi, les 6, 7 et 8° bataillons de la mobile parisienne n'avaient pas plus de deux mille cinq cents soldats sur huit mille inscrits et le lieutenant-colonel commandant ne put jamais obtenir de la place l'ordre de faire rejoindre les déserteurs. On lui répondit : « Mais ils sont tous dans les régiments le marche de la gar le nationale. »

(Voir la note remise par le lieutenant-colonel Vernou de Bonneuil).

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