M. le président lit les conclusions qu'il propose à la Commission, et qui termineront le rapport. M. Ducarre. On trouve mêlés à l'insurrection de Paris et à ses ramifications en France, deux groupes principaux, le Comité central et l'Internationale. Le premier a son origine dans l'article de la loi sur la garde nationale qui confie l'élection des chefs de bataillon à une sorte de suffrage à deux degrés, les délégués des compagnies. Cette prescription a été habilement utilisée par ceux qui ont voulu détourner la garde nationale du but de son institution et la confisquer à leur profit. On a organisé, sous le nom de délégués de la garde nationale, des corps permanents qu'on a appelés partout Comité central. Cette organisation existe à Lyon comme à Paris. Les renseignements recueillis établissent qu'il y a eu liaison intime entre ce qui s'est passé dans les grandes villes de France et l'insurrection de Paris. Nous devons appeler sur ces faits l'a'tention du Gouvernement, la justice fera ensuite son de voir. L'Internationale est le point délicat. Il faut se souvenir que nous vivons dans un pays latin où il faut se garder également de faire des martyrs et d'avoir de la faiblesse. Je suis personnellement l'adversaire de l'Internationale pour plusieurs raisons; je les ai souvent exposées aux organisateurs, aux chefs de cette association, j'attends encore leur réponse. Je leur ai dit « Je suis ouvrier comme vous, je dois ⚫ peut-être ma modeste situation présente à une certaine instruction première, mais j'ai commencé par l'atelier; j'ai été simple artisan sans ouvriers, je suis devenu manufacturier. Je reste convaincu que le salariat n'est qu'une transition; que le travail, l'économie, l'épargne, amènent tout homme honnête à émerger du salariat, à devenir succes. sivement contre-maître, artisan, industriel, propriétaire, en un mot maitre chez lui. Je suis l'ennemi de l'Internationale, qui tend à consacrer ce principe que le salariat constitue T. IX. ANNEXES. une caste à laquelle ses membres restent rivés, enchaînés, qui s'oppose à ce que l'ouvrier progresse et fasse son chemin dans la vie en raison de ses facultés, de son intelligence et de son savoir. C'est l'idée la plus désastreuse qu'on ait pu concevoir au détriment de la classe ouvrière, c'est la condamner au salariat à perpétuité. On rêve une sorte de guerre sociale, d'abord dans les villes et plus tard dans les campagnes. Il n'y a pas là un danger véritable et sérieux, mais on rive l'une à l'autre toutes les individualités afin qu'aucune ne puisse monter. « Tu es plus sobre, plus honnête, plus travailleur, tu as plus d'aptitude, qu'importe, tu resteras cloué par l'égalité du salaire, le nombre d'heures de travail fixé par le réglement, condamné à faire la grève et l'interdit décrétés par le Comité. « Tu n'avanceras pas, tu n'auras que ta part dans les conditions fixées par les chefs de ta corporation. >> Voilà le terrain sur lequel nous devons faire la guerre à l'Internationale. Ce sera un grand service rendu aux masses ouvrières, que de leur montrer le danger. Nous aurons en outre détruit une institution malfaisante pour la liberté et la dignité de nos concitoyens en éclairant l'opinion sur son compte. M. le président. Ce que vous venez de dire vient à l'appui des conclusions que j'ai indiquées à la Commission ; je vous en remercie. Il est bon que chacun puisse exprimer ses idées sur notre travail. Je vous prie tous d'y réfléchir. J'ai formulé ces conclusions afin que vous puissiez examiner les formules, les débattre, les adopter ou les modifier. Voici trois points qui me paraissent importants : 1o Le licenciement de la garde nationale; 2. La ferme application des lois aux menées de ceux qui, sous prétexte d'études sociales, s'associent pour renverser la société, et trompent ceux, qu'ils devraient éclairer, instruire, soulager. Je pense que, dans chaque département, les conseils de guerre doivent chercher et juger non. 114 3. Enfin, des mesures spéciales doivent être prises contre les sociétés secrètes affiliées à des sociétés étrangères. Vous dites qu'on rendrait un grand service à la France en détruisant l'Internationale. Quel est le moyen d'y arriver? Ce n'est pas, croyez-le, en déportant quelques individus. Il faut que ceux qui font partie des sociétés secrètes, affiliées à des sociétés étrangères, cessent d'être citoyens français, et par cela même, puissent, à toute heure, être expulsés du territoire. M. Piou. Il faut une loi. surément. Ceux qui seront privés des droits de citoyens français perdent leur droit électoral, et peuvent, par simple mesure de police, être éloignés du lieu où ils résident, et même du terri toire français. 4° Par un ensemble de mesures, répandre le travail, l'instruction, le goût de l'épargne, la notion des vérités morales parmi ceux qui, salariés aujourd'hui, deviendront, s'ils le veulent, bientôt patrons, et faciliter aux ouvriers l'accès du patronage, comme on a facilité aux cultivateurs l'accès de la possession du sol. En un mot, contenir les éléments mauvais; et en même temps, éclairer, encourager, soutenir les éléments honnêtes et bons de la population ouvrière. (Séance du 28 juin 1871.) ERRATUM Pages 598 à 600. Au lieu de M. le comte de MUNG, lisez, M. le comte de MUN. TABLE ANALYTIQUE SOMMAIRE DES MATIÈRES DU TOME IX (1) ENQUÊTE PARLEMENTAIRE sur = 1 Rapport fait au nom de la Commission d'enquête, chargée, aux termes de la résolution du 16 juin 1871, de rechercher les causes de l'insurrection du 18 mars, et de constater les faits qui s'y rattachent, par M. Martial Delpit [22 décembre 1871), (t. 9, an., p. 3 à 123). Divisions de ce rapport: Première partie, Récit des faits. · CHAP. 1er, du 28 janvier au 1er mars (p. 9 à 22). CHAP. II, du 1er au 18 mars (p. 23 à 30). — CHAP. III, Journée du 18 mars (p. 31 à 40). CHAP. IV, du 18 au 26 mars (p. 41 à 53). CHAP. V, du 26 mars au 28 mai (p. 54 à 68). CHAP. VI, L'insurrection en province (p. 69 à 74). - - - - Deuxième partie, Recherche des causes. (p. 75 à 81).— CHAP. VIII, Causes directes (p. 82 CHAP. IX, Suite des causes directes, l'Internationale (p. 88 à 107). CHÁP. X, Causes morales (p. 108 à 116). CONCLUSIONS (p. 117 à 123). = Lettre de M. Martial Delpit au di- recteur du Journal officiel, au sujet de la récla- mation de M. Elphège Barré, commandant du - 2 Rapports spéciaux de la Commission. d'enquête du 18 mars: 1o par M. le vicomte de 2o par M. de Massy, sur le mouvement insur- rectionnel à Marseille (p. 131 à 132). M. Méplain, sur les mouvements insurrection- nels à Toulouse (p. 133 à 134). 4o par M. de Chamaillard, sur les mouvements insurrection- nels à Bordeaux et à Bourges (p. 136 à 138). - 5o par M. Delille sur les mouvements insurrec- tionnels à Limoges (p. 139 à 142). 70 par - M. Ducarre, sur le rôle de l'Internatio- nale dans l'insurrection du 18 mars (p. 149 à 155). 8° par M. Boreau-Lajanadie, sur le rôle de la presse pendant l'insurrection de Paris (p. 156 à 160). — 9o par M. de Cumont, sur le rôle de la presse révolutionnaire en province (p. 161 à 166). - 10° par M. Louis de Saint- Pierre, sur l'influence et le rôle de la garde na- tionale à Paris, pendant l'insurrection (p. 167 à 175). — 11o par M. le marquis de la Roche- thulon, sur le rôle de la garde natonale et de 3 Rapports de MM. les premiers prési- (1) Le tome IX des Annales, qui ne se compose que d'annexes, comprend les deux premiers volumes |