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3. On peut comparer à la modération de Camille celle de Marcius Rutilius Censorinus. Élu censeur une seconde fois, il assembla le peuple, et lui fit les plus vifs reproches pour lui avoir déféré deux fois une magistrature dont leurs ancêtres avaient cru devoir restreindre la durée, parce qu'elle semblait donner trop de pouvoir 4. Tous les deux avaient raison, et Censorinus et le peuple : l'un, en prescrivant de confier les honneurs avec mesure; l'autre, en se confiant à un citoyen d'une modération éprouvée. (An de R. 488.)

4. Quel consul que L. Quinctius Cincinnatus! Le sénat voulait le continuer dans cette dignité, tant à cause de ses importans services, que parce que le peuple s'efforçait de continuer encore une année les mêmes tribuns: c'était, de part et d'autre, une infraction aux lois. Mais Cincinnatus déconcerta les deux projets, en retenant le zèle du sénat, et en forçant les tribuns à suivre l'exemple de sa modération. Ainsi un seul homme sauva tout ensemble à cette auguste compagnie et au peuple le reproche d'une action illégale. (An de R. 293.)

5. Fabius Maximus, considérant qu'il avait été cinq fois consul, que son père, son aïeul, son bisaïeul et ses ancêtres l'avaient été plus d'une fois 5, fit tous ses efforts dans les comices, où le vœu unanime des citoyens portait son fils au consulat, pour engager le peuple à dispenser enfin de cet honneur la famille des Fabius; non qu'il doutât des hautes qualités de son fils, qui s'était déjà rendu illustre, mais parce qu'il ne convenait pas de perpétuer, dans une seule maison, la première dignité de

ratione valentius, aut efficacius, quæ etiam patrios affectus, qui potentissimi habentur, superavit?

6. Non defuit majoribus grata mens ad præmia superiori Africano exsolvenda: siquidem maxima ejus merita paribus ornamentis decorare conati sunt. Voluerunt illi statuas in comitio, in rostris, in curia, in ipsa denique Jovis optimi maximi cella ponere; voluerunt imaginem ejus triumphali ornatu indutam Capitolinis pulvinaribus applicare; voluerunt ei continuum per omnes vitæ annos consulatum, perpetuamque dictaturam tribuere. Quorum nihil sibi neque plebiscito dari, neque senatusconsulto decerni patiendo, pæne tantum in recusandis honoribus se gessit, quantum gesserat in eme

rendis.

Eodem robore mentis causam Annibalis in senatu protexit, quum eum cives sui, missis legatis, tamquam seditiones apud eos moventem accusarent. Adjecit quoque, non oportere patres conscriptos se reipublicæ Carthaginiensium interponere; altissimaque moderatione alterius saluti consuluit, alterius dignitati, victoria tenus utriusque hostem egisse contentus.

7. At M. Marcellus, qui primus et Annibalem vinci, et Syracusas capi posse docuit, quum in consulatu ejus Siculi de eo questum in urbem venissent, nec senatum

l'état. Est-il rien de plus énergique, de plus irrésistible, que cette modération qui triomphait même de l'amour paternel, regardé comme la plus puissante des affections? (An de R. 461.) ·

6. Nos ancêtres ne manquèrent pas de reconnaissance envers le premier Scipion l'Africain: ils tâchèrent d'égaler les récompenses à la grandeur de ses services; ils voulurent lui ériger des statues dans la place des comices, au forum, dans le sénat, dans le temple même du dieu suprême, de Jupiter; ils voulurent placer son image en costume de triomphateur, à côté de celles des dieux, dans les banquets sacrés du Capitole; ils voulurent même lui déférer un consulat à vie, une dictature perpétuelle. Mais il ne souffrit pas que le sénat ou le peuple lui décernât de pareils honneurs il se montra presque aussi grand par le refus de ces distinctions, que par les exploits qui les avaient méritées. ( An de R. 553.)

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Ce fut avec la même force de caractère qu'il prit la défense d'Annibal dans le sénat, lorsque des députés de sa nation vinrent l'accuser de menées séditieuses 6. Il ajouta que le sénat romain ne devait pas se mêler des affaires intérieures de cette république ; et par une telle modération, par des sentimens si élevés, il sauva la vie à l'un, l'honneur à l'autre, ne se croyant plus leur ennemi après la victoire. (An de R. 558.)

7. Citons aussi M. Marcellus, qui, le premier, fit voir qu'Annibal n'était pas invincible, ni Syracuse imprenable. Il était consul: des députés de Sicile vinrent à Rome por

ulla de re habuit, quia collega Valerius Lævinus forte aberat, ne ob id Siculi in querendo timidiores essent; et, ut is rediit, ultro de his admittendis retulit, querentesque de se patienter sustinuit. Jussos etiam a Lævino discedere, remanere, ut suæ defensioni interessent, coegit. Ac deinde utraque parte perorata, etiam excedentes curia subsecutus est, quo liberius senatus sententiam, ferret. Improbatis quoque eorum querelis, supplices et orantes, ut ab eo in clientelam reciperentur, clementer excepit. Super hæc Siciliam sortitus, eam provinciam collegæ cessit. Toties laudatio Marcelli variari potest, quoties novis ipse gradibus moderationis adversus socios usus est.

8. Quam Tib. etiam Gracchus admirabilem se exhibuit! Tribunus enim plebis, quum ex professo inimicitias cum Africano et Asiatico Scipionibus gereret, et Asiaticus judicatæ pecuniæ satisdare non posset, atque ideo a consule in vincula publica duci jussus esset, appellassetque collegium tribunorum, nullo volente intercedere, secessit a collegis, decretumque composuit. Nec quisquam dubitavit, quin eo scribendo irati hostis adversus Asiaticum verbis usurus esset. At is primum juravit, se cum Scipionibus in gratiam non rediisse; deinde

ter des plaintes contre lui. Comme son collègue Valerius Lævinus se trouvait alors absent, il ne voulut point con

voquer le sénat pour écouter leurs plaintes, de peur qu'ils eussent moins de confiance à les faire entendre. Mais, sitôt le retour de Lævinus, il fit, de lui-même, la proposition de leur donner audience. Il écouta patiemment l'exposé de leurs griefs; et même, quand Lævinus leur eut donné l'ordre de partir, il les obligea de rester pour être présens à sa justification. La cause plaidée de part et d'autre, il sortit du sénat avec eux, pour ne point gêner les suffrages. Leurs plaintes furent déclarées inadmissibles. Ils le supplièrent alors humblement de les recevoir sous sa protection; il y consentit avec bonté. Enfin, le sort lui ayant assigné le gouvernement de la Sicile, il le céda généreusement à son collègue. On peut trouver, dans cette modération de Marcellus envers les Siciliens, autant de sujets d'éloges qu'elle offre d'incidens. (An de R. 543.)

8. Que je trouve encore Tib. Gracchus admirable! Pendant son tribunat, lorsqu'il était ennemi déclaré des deux Scipions, l'Africain et l'Asiatique, celui-ci ne pouvant donner caution pour l'amende prononcée contre lui, allait être conduit en prison par l'ordre du consul8, et il implorait le secours des tribuns. Ceux-ci lui refusant leur protection, Gracchus se détacha de ses collègues et alla rédiger un décret. Personne ne put douter qu'il ne le fît dans les termes d'un ennemi courroucé contre l'Asiatique. Il commença par jurer qu'il n'était point réconcilié avec les Scipions; ensuite il lut la résolution

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