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COURS DE LITTÉRATURE:

Le tems n'épargne point les amans et les belles,
Et l'Amour ne sied pas au déclin de nos ans.
Il ne repose point ses inconstantes ailes

Sur une tête à cheveux blancs.

Je suis encore à lui, je vis sous sa puissance.
Content du peu qui m'est resté,

Je coule en paix mes jours sans chercher l'opulence
Et sans craindre la pauvreté.

ANCIEN S.

LIVRE SECOND.

ÉLOQUENCE.

INTRODUCTION.

Νους ous passons de la poésie à l'éloquence : des objets plus sérieux et plus importans, des études plus séveres et plus réfléchies vont remplacer les jeux de l'imagination, et les illusions variées du plus séduisant de tous les arts. Ce n'est pas qu'ils n'aient tous entre eux des rapports nécessaires et des points de contact, par lesquels ils communiquent les uns avec les autres. Ainsi l'imagination, non pas, il est vrai, celle qui invente, mais celle qui peint et qui émeut, est essentielle à l'orateur comme au poëte; et le poëte, dans le plus vifaccès d'enthousiasme, ne doit pas perdre de vue la raison. Mais celle-ci domine beaucoup plus dans l'éloquence, et celle-là dans la poésie. En quittant l'une pour l'autre, nous devons nous figurer que nous passons amusemens de la jeunesse aux travaux de l'âge mûr; car la poésie est pour le plaisir, et l'éloquence est pour les affaires. Les

des,

vers ne sont guere un objet sérieux que pour celui qui les compose: ce qui fait son occupation est le délassement de ses lecteurs. Mais quand le ministre des autels annonce dans la chaire les grandes vérités de la morale, auxquelles l'idée d'un premier Être, rémunérateur et vengeur, donne une sanction nécessaire et sacrée ; quand le défenseur de l'innocence fait entendre sa voix

dans les tribunaux; quand l'homme d'État

délibere dans les conseils sur le sort des peuples; quand le citoyen plaide dans les assemblées législatives la cause de la liberté ; quand le digne panégyriste du talent et de la vertu leur décerne des éloges qui sont un encouragement pour les uns, pour les autres un reproche, et pour tous une instruction; enfin quand le littérateur philosophe prépare dans le silence de la retraite ces réclamations courageuses qui déferent les abus, les erreurs et les crimes au tribunal de l'opinion publique, alors l'éloquence n'est pas seulement un art, c'est un ministere auguste consacré par la vénération de tous les

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