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prononcées sur le théâtre d'Athenes? Au reste, faut croire au moins que les Grecs ne les approu

verent pas; car on sait que cette piece n'eut aucun succès. De pareils traits et une foule d'autres, particuliérement celui de la supposition des enfans, qui revient plus d'une fois dans les ouvrages du même auteur, et les obscénités dont ils sont remplis, doivent nous faire penser que la licence du théâtre était égale à la corruption des mœurs.

Si l'on veut savoir comment finit cette farce, l'homme vêtu en femme est reconnu, et l'on veut le déférer aux magistrats; mais Euripide qui est son ami, et qui a su tout ce qui s'était passé dans l'assemblée, déclare que si elles ne rendent pas le prisonnier, il révélera tout à leurs maris. De plus, il promet de ne plus dire de mal d'elles; et tout est d'accord.

La piece intitulée Les Grenouilles n'est guere moins contre Eschyle que contre Euripide. L'un depuis long-tems n'était plus; l'autre venait de mourir. On peut s'étonner qu'on ait laissé représenter une satyre contre deux écrivains illustres qu'Athenes admirait et qu'elle venait de perdre; mais apparemment les Athéniens n'étaient pas plus délicats sur ce point, qu'Aristophane. Bacchus descend aux enfers pour y chercher un bon poëte tragique, parce qu'il n'est pas content de ceux qui

disputent le prix à ses fêtes. Il passe le Styx, et Caron le régale d'un chœur de grenouilles, facétie grotesque, digne de l'auteur, et qui a donné le nom à la piece. Ce qui en fait le sujet, c'est la dispute entre Eschyle et Euripide sur la prééminence que tous deux réclament en conséquence d'une loi qui porte que celui qui aura le mieux réussi dans la poésie, siégera près de Pluton, et sera nourri dans le prytanée des enfers, comme l'étaient dans celui d'Athenes ceux qui avaient rendu quelque grand service à la république. Le valet de Pluton raconte à celui de Bacchus, qu'Eschyle était depuis long-tems en possession du premier rang; mais qu'Euripide, depuis son arrivée, a donné des leçons aux coupeurs de bourses, aux brigands, aux scélérats, dont le nombre est infini; qu'il s'est fait ainsi un grand parti, et qu'il est venu à bout de supplanter Eschyle. Ce sont là les gaietés d'Aristophane, qui nous apprend par-là que les Athéniens, en révérant la mémoire d'Eschyle, donnaient cependant, et avec justice, la préférence à Euripide. C'est ainsi que plus d'une fois, sans le vouloir, la satyre a rendu hommage au mérite.

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Mais, dit le valet de Bacchus, n'a-t-on pas aussi » chassé l'usurpateur à coups de pierres? L'autre répond que non; mais que la décision de la >> relle doit être remise à la pluralité des suffrages.

que

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Euripide est bien adroit, dit le valet de Bacchus. Mais quoi donc ? Eschyle n'a-t-il pas son parti ?... Non, car il n'y a presque plus d'honnêtes gens » chez les morts, non plus qu'à Athenes. »

دو

On s'attend bien que la dispute entre les deux poëtes, qui dure pendant deux actes, est une critique réciproque de l'un et de l'autre, mêlée de vrai et de faux, et beaucoup plus bouffonne que raisonnée. Euripide reproche à Eschyle son enflure, ses fictions gigantesques, ses portraits hors de nature, ses expressions monstrueuses: celui-ci n'épargne pas plus Euripide sur la faiblesse de son style, sur la subtilité de ses controverses; mais il est si mal-adroit dans ses censures, qu'il tourne en défaut, non-seulement ce qui n'est pas répréhensible, mais ce qui est même un mérite réel, comme d'avoir peint des rois et des héros dans l'infortune et dans l'indigence, d'avoir mis sur le théâtre les faiblesses de l'humanité. Il n'en faut pas davantage pour démontrer combien Aristophane était un mauvais juge. Enfin, la discussion finit par un trait de parodie : on convient de peser les vers dans une balance. Eschyle défie Euripide de se mettre dans un des bassins, lui, tous ses écrits, sa femme, ses enfans et son grand acteur Céphisophon, le même apparemment qu'Aristophane lui donne pour valet, et il ne veut que deux de ses grands

mots

mots pour contre- balancer le tout. Pluton s'en rapporte au jugement de Bacchus, qui se déclare pour Eschyle, en avouant pourtant que son concurrent n'est pas sans mérite. Il est probable qu'Aristophane n'aurait pas fait cet aveu du vivant d'Euripide.

Il est impossible de donner aucune idée des Oiseaux, allégorie entiérement politique, et qui roule toute entiere sur une ville qui faisait l'objet d'une grande contestation entre Athenes et Lacédémone, et qui est représentée par une ville que les oiseaux veulent bâtir en l'air.

Lysistrata est du même genre. Il s'agit encore d'engager les Athéniens à terminer cette longue: guerre du Péloponese, qui épuisait les deux partis. Lysistrata, femme d'un des principaux magistrats d'Athenes, imagine un moyen de les contraindre. à faire la paix c'est d'engager toutes les femmes à se séparer de leurs maris jusqu'à ce que le traité soit conclu. Elle s'empare de la citadelle, de concert avec toutes les Athéniennes, et, maîtresses du trésor public, elles empêchent qu'on en tire rien pour les frais de la guerre. Elles soutiennent un siége régulier. Les ambassadeurs arrivent, et Lysistrata conclut le traité.

C'est encore une conspiration de femmes, qui
Cours de littér, Tome II.

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fait le sujet des Harangueuses. Ce sont les femmes d'Athenes, qui se sont mis dans la tête d'ôter aux hommes le gouvernement de l'État, et de s'en emparer. Cette piece est celle où il y a le plus d'esprit, et où la satyre est de meilleur goût. Elle est remplie de traits piquans contre le gouvernement d'Athenes; mais c'est aussi celle où l'auteur a le plus maltraité les femmes: Euripide n'est rien en comparaison.

Plutus est une froide allégorie, dont on a pourtant emprunté les idées dans quelques pieces du théâtre italien.

Dans la piece qui a pour titre La Paix, l'auteur revient encore à son systême favori, et d'autant plus que Cléon était mort. Elle est aussi toute allégorique. La guerre et la paix y sont personnifiées. Un vigneron, nommé Trygée, paraît, monté sur un escarbot, et dit qu'il va sommer Jupiter d'être plus favorable aux Grecs. Qu'on imagine ce que c'est qu'une piece qui commence par un pareil spectacle. Il y a un endroit où la Paix demande ce que fait Sophocle depuis qu'elle a quitté l'Attique. On lui répond: « Il est devenu » aussi avare et aussi intéressé que le poëte Simo» nide. » C'est bien là le génie d'Aristophane; mais ce n'est pas, ce me semble, de la fine plai

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