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résulte seulement que le vieillard trompé fait rire en s'applaudissant d'une éducation qui dans le fait n'a pas mieux réussi que l'autre ; au lieu que Moliere, au comique de la méprise, a joint l'utilité de la leçon. Chez lui, le tuteur de Léonore est dans la juste mesure, et ne permet à sa pupille que ce qui est conforme à la décence. Il est récompensé le succès, comme le tuteur tyran est puni par les disgraces qu'il s'attire: tout est dans l'ordre, et ce plan est parfait.

par

La plus faible des pieces de Térence est celle qui a pour titre Heautontimorumenos, mot grec qui signifie l'homme qui se punit lui-même. On voit encore ici un excès remplacé par un excès. C'est un pere qui a séparé son fils d'une courtisane qu'il aimait, et l'a forcé de s'éloigner: depuis ce tems il est au désespoir du départ de son fils; il s'est retiré à la campagne, où il se condamne aux plus rudes travaux. Ce chagrin peut se concevoir; mais dès que son fils est revenu, il devient le flatteur de ses passions et le complice de ses esclaves, dont il encourage les mensonges et les escroqueries toujours du trop. L'intrigue d'ailleurs roule sur une méprise à peu près semblable à celle des Adelphes, mais très-froide ici, parce qu'il

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n'y a personne à tromper.

Les six comédies que nous avons de Térence; étaient composées avant qu'il eût atteint l'âge de trente-cinq ans. Il entreprit alors un voyage en Grece, et périt dans le retour. Mais sur la durée de son voyage, sur l'époque et les circonstances de sa mort, on n'a que des traditions incertaines.

CHAPITRE VI I.

De la Poésie lyrique chez les Anciens.

SECTION

PREMIERE.

Des lyriques grecs.

ON convient que l'ode était chantée chez les Anciens. Le mot d'ode lui-même signifie chant. Je ne prétends point m'enfoncer dans des discussions profondes sur la lyre des Grecs et celle des Latins, sur l'accord de la musique, de la danse et de la poésie chez ces peuples; sur la strophe, l'antistrophe et la péristrophe, qui marquaient les mouvemens faits pour accompagner celui qui maniait l'instrument; sur la mesure des vers lyriques, sur cette liberté d'enjamber d'une strophe à l'autre, de maniere qu'un sens commencé dans la premiere, ne finissait que dans la seconde ; sur la possibilité d'accorder ces suspensions de sens avec les phrases musicales et les pas des danseurs : toutes ces difficultés ont souvent exercé les savans, et plusieurs ne sont pas encore éclaircies. On peut se représenter l'histoire des arts chez les Anciens, comme un pays immense, semé de monumens et de ruines,

de chefs-d'œuvre et de débris. Nous avons mis notre gloire à imiter les uns et à étudier les autres. Mais le génie a été plus loin que l'érudition, et il est plus sûr que l'Iphigénie de Racine est au dessus de celle d'Euripide, qu'il n'est sûr que nous ayons bien compris la combinaison et les procédés de tous les arts qui concouraient chez les Grecs à la représentation d'Iphigénie.

D'ailleurs, les Anciens n'ont rien fait pour nous conserver une tradition exacte de leurs connaissances et de leurs progrès. Ils n'ont point pris de précaution contre le tems et la barbarie. Il semblait qu'ils ne redoutassent ni l'un ni l'autre, et peutêtre doit-on pardonner à ces peuples qui jouerent long-tems dans le Monde un rôle si brillant d'avoir été trompés par le sentiment de leur gloire et de leur immortalité.

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Les différences dans les mœurs, dans la religion, dans le gouvernement, dans la langue ont dû nécessairement en amener aussi dans les arts que nous avons imités, et qui ont pris sous nos mains de nouvelles formes. Ainsi les mêmes mots n'ont plus signifié les mêmes choses. Nous avons continué d'appeler une action héroïque, dialoguée sur la scenę, du nom de tragédie (qui signifie chanson du bouc, parce qu'autrefois un bouc en était le prix), quoique nos tragédies ne soient plus chantées,

et que l'auteur du Siége de Calais ait reçu, au lieu d'un bouc, une médaille d'or. Ainsi nous avons des odes, quoique nos odes ne soient point des chants, et ces odes ont des strophes, des conversions, quoiqu'on n'ait encore jamais imaginé de mettre l'Ode à la Fortune en ballet.

Tout ce que je me propose ici, c'est de rendre compte des différences les plus essentielles que j'ai cru remarquer entre les odes, les chants des Anciens et les vers qu'on nomme parmi nous odes, qui ne sont point chantés, et qui souvent même ne sont pas lus.

Un chant m'offre en général l'idée d'une inspiration soudaine, d'un mouvement qui ébranle notre âme, d'un sentiment qui a besoin de se produire au dehors. Il semble que rien de ce qui est étudié, réfléchi, rien de ce qui suppose l'opération tranquille de l'entendement, n'appartienne au chant conçu de cette maniere, Le chanteur 'm'offrira donc beaucoup plus de sentimens et d'images que de raisonnemens, et parlera bien plus à mes organes qu'à ma raison. Si le son de l'instrument qui raisonne sous ses doigts, si l'impression irrésistible de l'harmonie, si le plaisir qu'il éprouve et qu'il donne, vient à remuer plus fortement son âme, et ajoute de moment en moment à la premiere impulsion qu'il ressentait,

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