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pointillé, la gravure en manière noire, la gravure au lavis, la gravure dans le genre du crayon. Quelle place serait-il venu prendre, auprès de toutes ces joliesses, le pauvre vieux bois d'antan, dont la vigueur et la rudesse faisaient tout le charme? Il eut fait la figure d'un rustre égaré dans Trianon! On l'aperçoit ici et là, dans un en-tête ou dans un fleuron; mais combien il est lourd et sans élégance, combien il laisse deviner le travail routinier et tout matériel du praticien ! La mode est ailleurs...

Or, c'est précisément pendant cette période de décadence en Occident, que la gra

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vure sur bois, introduite au Japon par les Chinois, voit éclore en Orient ses plus complets chefs-d'œuvre : elle sera le seul genre de gravure employé par les Japonais, et, depuis les illustrations du roman Isé monogatari (1604), et les premières estampes religieuses du commencement du XVIIe siècle, jusqu'aux ouvrages du moderne Hokousaï, une filière ininterrompue d'artistes permet d'en suivre les constants progrès.

Dès 1700, les Japonais ont approfondi toutes les ressources du procédé: à cette époque, Ishigava Moronobou, encore archaïque, termine sa carrière d'illustrateur fécond, et Tori-i Kiyonobou, qui a inventé l'impression en couleurs, en 1695, commence à l'appliquer aux images volantes, où les portraits d'acteurs et les scènes de théâtre ont remplacé les sujets religieux.

Le livre à figures persiste, témoin les œuvres de Sukénobou, le peintre de la femme japonaise (vers 1730), mais l'estampe, soit séparée, soit en album, prend une importance

considérable. Après le perfectionnement du tirage en couleurs par Katsukava Shunshô et ses élèves Shunyei et Shunkô, il semble qu'il n'y ait plus de genres qu'on ne puisse aborder faits historiques, batailles, scènes de romans ou de théâtre, paysages, animaux, etc. C'est l'apogée, de 1770 à 1800: l'époque du gracieux Harcenobou, de Kiyonaga, de Yeishi, de Toyokouni l'ancien, d'Outamaro, etc. Des personnages d'une vie intense, des paysages d'une synthèse admirable de justesse, un dessin libre et nerveux, une couleur

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discrètement harmonieuse, qui semble accessoire et qui est nécessaire, tout, jusqu'à ce merveilleux papier du Japon, soyeux et doré, tout est qualités dans ces gravures.

Le XIXe siècle ne fera pas mieux: sans cesser d'être vivantes, les œuvres de Kounisada, de Toyokouni le jeune, de Kouniyoshi et du paysagiste Hiroshigué, n'iront pas sans un léger maniérisme. Heureusement, Hokousaï (1760-1849) viendra couronner cette histoire, Hokousaï, le fondateur de l'école populaire, dont l'œuvre est évaluée à trente mille dessins ou peintures, Hokousaï, « le peintre universel qui, avec le dessin le plus vivant, a reproduit l'homme, la femme, l'oiseau, le poisson, l'arbre, la fleur, le brin d'herbe..., et fait entrer en son œuvre l'humanité entière de son pays, dans une réalité échappant aux exigences nobles de la peinture de là-bas » (1).

(1) Ed. de Goncourt, Hokousai.

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Il faut avouer que l'Europe a bien peu de choses à mettre en regard de ce splendide mouvement: rien au XVIIe siècle, presque rien au XVIII. Au milieu de l'abandon général, les deux Papillon tentent une restauration; mais quelle que soit leur ténacité, elle s'émousse contre l'indifférence des amateurs. Il convient cependant de rendre justice à ces audacieux. Le père, Jean Papillon (1661-1723) a mis le meilleur de ses efforts dans les trente-six illustrations exécutées d'après Sébastien Le Clerc, pour une édition de

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la Bible; le fils, Jean-Michel, est apprécié pour la bonne tenue des motifs d'ornements dont il orna quantité d'ouvrages (entre autres l'édition des Fables de La Fontaine, illustrées par Oudry). Mais ni les vignettes du premier, ni les fleurons du second, ni même son Traité historique et pratique de la gravure sur bois, ne purent enrayer le mouvement et remettre en honneur « les beautés de cet art auquel bien des gens, par prévention, ne trouvent ni agrément ni grâce » (1).

Ni agrément ni grâce: en France, peut-être, ou en Italie, car, en Angleterre, on avait une

(1) J.-M. Papillon. Traité historique et pratique de la gravure sur bois.

1

Paris, 1766, 3 tomes en 2 vol. in-8°.

tout autre manière de voir, et après être demeuré constamment en arrière, depuis le Catéchisme de Cranmer et ses bois dessinés par Holbein, on commençait à regagner le temps perdu: Thomas Bewick aidant, on ne tarda pas à se trouver en tête du mouvement.

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APOLOGVS.

Slendo maritata vna donna ad uno latro tudo el fuo uicinato ballado & triüphando monftraua figno de grande leticia alle nocze & in tal trú pho coparendo uno fauio & homo prudente & coftumato affai coffi in nelle nocze incomezo ad parlare. O turba triaphante intendete che fuccefe una

AESOPUS. Fabulae. Neap. 1485.

Ce self-made man, qui n'avait pas vingt ans quand la Société des Arts de Londres, au concours de 1771, le classa premier entre tous les graveurs sur bois anglais, connaissait à fond la grammaire de son art; en exécutant, pour ses débuts, des schémas destinés à l'illustration d'un traité d'arpentage, il acquit cette taille un peu sèche, mais

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