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timent ne femble gueres mieux fondé que les autres qui regardent cette forte d'explication qui renferme tous les, tems de l'Eglife.

La fixiéme methode eft de ceux qui prennent à la verité l'Apocalypfe comme une prophetie, qui renferme ce qui s'eft paffé, ou fe paffera dans l'Eglife, fans en faire neanmoins une hiftoire de fuite; mais qui en appliquent les vifions à quelques; évenemens confiderables. Les premiers font ceux qui expliquent prefque toute 1Apocalypfe de la venue de l'Antechrist, & des derniers tems de l'Eglife. Laplûpart des anciens & des nouveaux Interpretes fuivent cette methode, pour n'avoir pas affez recherché le fens hiftorique caché fous les voiles des figures.

7. Mais d'autres croient plus probable que ce Livre prophetique regarde plutôt les premiers tems de l'Eglife que les der niers, & en particulier les perfecutions des Juifs & des Gentils contre l'Eglife, qui font traitées depuis le chapitre cinq juf qu'au vingt.

8. On peut prendre pour huitiéme opinion fur ce fujet celle des Millenaires, qui croyoient qu'après la perfecution de l'Antechrift les Juftes reffufciteront pour regner avec JESUS-CHRIST durant mille

ans

ans fur la terre, & qu'après ces mille ans viendroit la guerre de Gog & de Magog, & enfin la refurrection generale, & le jugement dernier. Quoiqu'il n'y ait plus maintenant de Millenaires, il y a neanmoins des Auteurs catholiques qui ont cru comme eux, que les mille ans n'arriveroient qu'après la mort de l'Antechrift; c'eft le fentiment de l'Abbé Joachim & de fes fectateurs, & celui même de Pererius. Voyons maintenant entre ces fyftêmes lequel nous croyons devoir être fuivi.

§. IV.

Quel est le fyftême que nous suivons comme le plus vraisemblable.

APRE's avoir fait quelques reflexions fur les differentes explications dont nous avons parlé dans le paragraphe précedent, il nous fera aifé de prendre parti, & de choifir la meilleure. Que fi neanmoins nous nous déterminons à fuivre quelque fentiment, c'eft fans préjudicier à ceux que les Docteurs orthodoxes ont propofés; car tous les Theologiens conviennent qu'une interpretation même litterale de l'Apocalypfe ou des autres propheties, peut trèsbien compatir avec les autres ; elle peut être vraie & s'accorder très-bien avec l'analogie de la foi, fans qu'elle foit pour cela la plus b 2

vrai

vrai-femblable, & qu'elle ait plus de rapport avec l'intention de l'Auteur.

Pour ce qui regarde donc les deux premiers fentimens, ceux qui donnent à l'Apocalypfe un fens fpirituel & moral, ôtent à S. Jean la qualité de Prophete qu'il a meritée par la connoiffance qui lui a été donnée de ce qui devoit arriver dans l'Eglife. L'Apocalypfe eft certainement un livre prophetique qui comprend les évenemens les plus confiderables qui font arrivés dans l'Eglife depuis JESUS-CHRIST jufqu'à la confommation des fiecles, felon la doctrine des Peres. Il faut donc avoir recours à l'hiftoire pour découvrir ces évenemens, & pour entrer dans l'efprit de S. Jean. Lefens myftique doit être fondé fur le fens hiftorique & litteral, fuivant la regle que S. Jerôme donne en plufieurs endroits de fes ouvrages. Ce grand homme, qui de tous les Peres étoit le plus inftruit de la connoissance des Langues & des fciences humaines, & le plus verfé dans l'interpretation des Ecritures, étoit perfuadé que c'étoit dans l'hiftoire qu'on devoit chercher le fens des Hier. in propheties. Nous devons, dit-il, suivant 2.c. Abd. nôtre coûtume, lorfque nous expliquons les propheties, pofer l'hiftoire pour fondement, après quoi nous pourrons donner le fens my-: ftique. Et au commencement du prophete

Zacha

Zachar

fat. in

Zacharie il enfeigne, que d'en ufer autrement c'eft bâtir fur le fable. J'ai ajoûté, Hier. in dit-il, le fens moral à l'histoire, afin que init je bâtiffe fur le roc, & non fur le fable, & que je pofaffe un fondement folide à mon interpretation. Le même Pere s'accufe de te merité, d'avoir ofé dans fa jeunesse interpreter le prophete Abdias, fans favoir l'hiftoire de ce tems-là. Et dans fa préface fut le prophete Daniel, il dit, que fi quelquefois il fe fert des Auteurs profanes, & Hier pr fi il rappelle des fciences aufquelles il avoit Dan' renoncé il y avoit long-tems, c'étoit une neceffité indifpenfable qui l'y engageoit, afin de prouver par le témoignage des Grecs & des Latins, que ce que les Prophetes avoient prédit plufieurs fiecles auparavant, s'étoit accompli à la lettre dans la fuite des tems. On pourroit ajoûter beaucoup d'au⚫tres endroits où ce grand Docteur marque la même chofe, comme quand il dit: At Hier. in tachons-nous exactement à l'hiftoire, depeur 27. de donner dans de vaines imaginations, & dans des illufions chimeriques; mais ceci n'eft que trop fuffifant pour faire voir que dans l'explication de l'Apocalypfe le fens fpirituel & moral fuppofe le fens hiftorique &

litteral.

Ainfi ceux qui n'y cherchent que le fens fpirituel, travaillent utilement pour l'édifib. 3.

cation

C.

Jerem

*

1.3. &

22. 10.

.myfterieux dans les deffeins de Dieu fur fon Eglife. Peut-on dire que ce que l'Ange declare à S. Jean au commencement de la proApoc. 1. phetie,que le tems eft proche,& que ce qu'on va lui relever arrivera bien tôt, ne doit arriver qu'à la fin du monde? Ainfi, fans nous arrêter à l'opinion des Millenaires que l'Eglife rejette, nous nous croyons obligés de fuivre avec l'illuftre Monfieur Boffuet Evêque de Meaux, & plufieurs autres tant anciens que nouveaux, la feptiéme interpretation, qui explique toute la fuite de l'Apocalypfe depuis le chap. 4. jufqu'au 20.de ce qui eft arrivé dans les premiers fecles de l'Eglife.Ce fentiment n'eft point nouveau, les anciens Peres en ont jetté les fondemens, quand ils ont cru d'un commun accord,que Civ. Dei. S. Jean a reprefenté Rome conquerante & maîtreffe de l'univers fous le nom de Baby-lone. Ces deux villes étoient, comme dit Tertullien, toutes deux grandes, fuperbes, dominantes, & perfecutrices des Saints. Elle de feript. eft auffi cette grande proftituée qui attiroit Eccl. Pet. tout l'univers dans fa proftitution, ce qui s'entend de l'idolatrie, felon le style des Prophetes, dans laquelle Rome auffi-bien adv. Fud. que Babylone engageoit tous les peuples de Marcion. la terre. C'est donc fa ruine deplorable qui eft décrite fous le nom de Babylone, & rapportée dans l'histoire en des termes capables.

Petr. 5.

13. Aug. de

I. 18. c.

22. Paul

Orof. 1. 2. c. 3.4.7.

c. 2.

Hier. ib.

Marc..

&ail

leurs. Tertull.

9. 4. con.

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