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d'exciter à la compaffion les cœurs les plus

endurcis.

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Explication de ce fyflême, & de quelques difficultés qu'on y fait.

POUR juftifier la methode que nous fuivons dans l'explication de cet ouvrage, il fuffiroit de lire ce qu'on a dit dans la belle préface de Monfieur de Meaux, dont le livre excellent m'a fervi de guide & comme d'une lampe qui luit dans un lieu obfcur. Car comme entre les diverfes interpretations de ce Livre mysterieux il n'y en a point qui paroiffe plus vraisemblable que celle-ci; entre les differentes manieres de traiter celleci, il ne femble pas auffi qu'il y en ait de plus jufte & de plus convenable que le plan que ce grand Evêque en a dreffé, parcequ'il s'accorde fort bien avec les faits que l'hiftoire rapporte

Ceux qui fuivent ce fyftême, & qui expliquent l'Apocalypfe en un fenshiftorique des premiers tems de l'Eglife, ne conviennent pas tous,ni du tems précis,ni de l'application qu'ils font aux divers évenemens. Et pour ne point parler des anciens, ni des heretiques qui ont reconnu dans ce Livre letems de l'Eglife primitive, le favant Alcafar,qui a travaillé plus qu'aucun autre dans la re

cher

cherche des fecrets de cette prophetie; le celebre Grotius qui l'a imité en plufieurschofes; le Pere Poffines très-habile Jefuite; l'Auteur de l'ouvrage furl'Apocalypfe,imprimé depuis peu par l'ordre de Monfieur de Bourges, conviennent tous avec Mon-fieur de Meaux, que la premiere bête du chap. 13. c'eft Rome idolâtre, ou l'idolâ trie Romaine; & ces trois derniersauffi-bien: que Monfieur de Meaux, que la feconde. c'eft la magie qui vient au fecours de l'idolatrie mais ils ne conviennent point dans l'application qu'ils en font aux Empereurs idolâtres & perfecuteurs. Alcafarécrit que la: premiere eft tout l'Empire idolâtre,& la fe-conde fes miniftres; Grotiuscroit que la premiere eft l'idolatrie même ou la fauffe religion; le Pere Poffines l'applique aux dix Empereursquiontperfecutél'Eglife; Monfieur de Meaux eftime qu'elle représente plutôt Diocletien & fes collegues; & Monhieur de Bourges dans fon explication aime mieux la faire trouver dans Julien l'Apoftat.. Outre cela Grotius & le P. Poffines qui l'a fuivi, au lieu de prendre de S. Irenée & des autres anciens Auteurs la vraie datte de l'Apocalypfe que tous les favans ont fuivie,ont eru après S.Epiphane,que S. Jean avoit d'abard été relegué par l'Empereur Claudedans l'île de Patmos. Cet anachronifme

leur

Feur a fait prédire des chofes paffées, & qui étoient arrivées fous Neron, fous Vespafien, & dans les commencemens de Domitien, & ont mis ainfi de la confufion dans l'ordre de la prophetic.

3.

Enfin tous les Auteurs qui ont cru que la prostituée qui porte le nom de Babylone, eft l'ancienne Rome payenne, ont cru par confequent que cette bête qui fort de la mer au commencement du chap. 13. étoit l'Empire 'Romain idolâtre: car il eft clair que cette bête eft la même que celle fur laquel le Babylone eft affife au chap. 17. Alcafar Apoc. c compte plus de vingt Auteurs anciens & 13.parag. modernes fans fe compter lui-même, & ceux qui font venus après lui,qui font dans ce fentiment or l'on ne peut pas douter que s'ils conviennent en ce point principal, is n'expliquent auffi diversement toutes les autres parties de ce Livre. Parmi tant de vües differentes fur le même fujet, le meilleur parti que nous puiffions prendre eft de fuivre le guide qui nous paroît le plus fûr,& d'embraffer dans toutes fes parties le fyftême qui revient le mieux à l'hiftoire de ces premiers tems de l'Eglife; c'eft fans difficulté celui de l'illuftre Prelat qui a rendu tant de fervice à l'Eglife par fes beaux écrits. Dans celui-ci tous les myfteres font developpez vec tant de clarté, & les obfcurités en font bi 6

fi

fibien éclaircies, qu'on croit lire une histoire plutôt qu'une prophetie. Mais ce qui eft le principal deffein de l'Ouvrage,ce redou table adverfaire des heretiques leur a ôté par la force de fes preuves tous les avantages qu'ils prétendoient tirer de ce Livre myMetis fterieux pour appuyer leur erreur. On peut voir ce qui a été dit ailleurs fur ce fujet.

Argume

in. Acoc-
Νουί

Teftam.

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Voici en abregé le deffein de ce Livre dans ce fyftême. S. Jean avoit en vûe l'Eglife vengée par JESUS-CHRIST vain queur, & l'idolâtrie abattue avec le démon, & l'empire qui établiffoit fon regne, & qui le foûtenoit.. Tout confifte à favoir ce que c'eft que la Babylone mystique qui eft las premiere bête fi l'on accorde que c'est Rome payenne, protectrice de l'idolâtrie par-tout lemonde,& perfecutrice desSaints, il fera aifé d'y ajoûter tout le refte: car fa chute eft un évenement qui doit fervircomme de clef à toute la prophetic. Les fept Rois,qui font auffi les fept montagnes, font ceux que la plus grande persecuont tion que l'Eglife ait foufferte fous Diocletien, les deux Maximiens, & ceux qu'ils: avoient affociés à l'Empire. Cette bête n'a point paru plus cruelle que dans les premiers de ces fept Princes, mais elle fe ralentit sous les derniers. Elle reçut une plaie mortelle dans la perfonne de Conftantin: Elle fe rele

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va un peu dans Licinius: Elle reprit fa premiere vigueur dans Julien l'Apoftat. Les dix Rois font ces Prices qui étant fortis avec leurs peuples des contrées du nord, démembrerent tout l'Empire marqué par la bête: ce fut de cette forte que la grandeur de Rome & la majefté de cet Empire fi augufte finit avec l'idolâtrie..

On remarque dans cette prophetie trois tems de l'Eglife celui de fon commencement, & de fes premieres fouffrances de la part des Juifs jufqu'au ch.9.& de la part des Gentils, jufqu'au ch. 2o. celui de fon regne fur la terre ch. 20. jufqu'au verf. 7. & enfin celui de fa derniere tentation, lorfque fatan déchaîné fera un dernier effort pour la détruire, ce qui eft fuivi auffi-tôt par la refurrection generale & le jugement dernier.

On ne prétend point que cette interpretation de l' Apocalypfe foit la feule vraie, il füffit qu'elle paroiffe vraisemblable: car ce Livre eft un labyrinthe de myfteres, dont les meilleurs commentaires ne peuvent paffer que pour de bonnes conjectures : mais auffi faut-il remarquer avec tous les Theo-logiens, qu'il peut y avoir plufieurs fens mê-me litteraux dans les propheties, & en particulier dans l'Apocalypfe, & que la verité de l'un n'exclut point la verité de l'autre. Il faut maintenant répondre en peu de mots

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