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reconnait tout d'abord la marque du génitif dans la terminaison hi (HI): ces génitifs sont si fréquents que Stier1, Maggiulli et Castromediano', dans leurs recueils, en ont relevé vingt-cinq en IHI, dix-sept en AIHI, trois en EIHI, un en OIHI et trois en OHI. Par la comparaison des mots on distingue les divers nominatifs auxquels correspondent ces formes variées du génitif. On arrive ainsi, avec Th. Mommsen, à cette conclusion: la terminaison en AIHI répond à des noms masculins ayant le nominatif en A4 (as) et à des noms féminins dont le nominatif est en A, la terminaison en OIHI, HI, répond à des noms masculins dont le nominatif est en 04 (os). On remarque alors que ces relations offrent une grande ressemblance avec les désinences de la première et de la seconde déclinaison latine.

Mais si les inscriptions messapiennes nous présentent plusieurs indices d'un idiome appartenant à la même. famille que les deux langues de l'antiquité classique, tout nous porte à croire que, de même qu'à l'origine, à aucune époque cet idiome ne contribua à la formation du latin. Il ne lui arriva même pas, croyons-nous, de se transformer comme le sabellique en un patois transitoire capable de fournir des vocables au parler populaire de Rome; ce fut avec le grec qu'il se mêla de préférence; et il disparut devant le latin, quand, après la guerre sociale, furent exterminées en grande partie les populations de la péninsule iapygienne.

En réalité, notre attention peut très bien ne se fixer, en dehors des colonies grecques, que sur trois langues : l'étrusque, l'ombrien et l'osque.

(1) Zur Ercklärung der Messapischen Inschriften, dans la Zeitschrift für vergleichende Sprachforschung, t. VI, p. 142, Berlin, 1857. (2) Le iscrizioni Messapiche raccolte dai Cav. Luigi Maggiulli e duca Sigismondo Castromediano, dal vol. XVIII della collana di scrittori di terra d'Otranto.

III

Aucun peuple ne fut mêlé plus que les Etrusques à la vie intime des premiers Romains. J'ai montré ailleurs' comment la fondation même de Rome, racontée par les historiens anciens, est conforme aux rites toscans, et combien le règne de Numa, qui marque pourtant plus spécialement la prédominance des Sabins dans la ville naissante, y favorisa l'envahissement progressif de la civilisation toscane. Plus on considère les notions que fournit l'archéologie sur la religion et les pratiques sacrées, sur les mœurs, les arts, les costumes, les moindres usages des Romains pendant l'époque dont les sept rois sont les représentants, et plus on reconnaît sans cesse l'Etrurie. Non seulement elle exerce sur eux son ascendant moral, mais elle leur impose même sa domination politique. Tarquin l'Ancien, Mastarna sous le nom de Servius Tullius, Tarquin le Superbe sont des podestats étrusques; et quand les rois sont chassés pour faire place à des magistrats annuels, cette révolution, qui n'est point particulière à Rome, mais qui répond à un mouvement des esprits général en Italie, ne met nullement fin à l'hégémonie toscane. Porsenna, d'après les témoignages irrécusables de Tacite et de Pline3, tient Rome à sa discrétion et lui impose, dans un traité qui dénote la plus complète soumission, cette clause expresse qu'elle renoncera à tout usage du fer si ce n'est pour cultiver la terre. Ce n'est qu'un siècle après l'expédition de Porsenna que les Romains lèvent la tête; mais, alors même que l'Etrurie entre en pleine décadence et qu'à leur tour ils grandissent

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(1) Ét. p. s. d'Introd. à l'Hist. de la Litt. rom., L. I, ch. 2, et L. II, ch. 2.

(2) Hist., III, 72.

(3) Hist. nat., XXIV, 39.

sédons-nous quelques lignes authentiques de ce qu'il fut durant la longue période qui embrasse les cinq premiers siècles de Rome. Or voici quelle était la question à résoudre: comment la langue latine, avant et durant ce temps, avait-elle acquis le vocabulaire et les formes grammaticales que nous montrent les plus anciennes de ses œuvres venues en notre possession ? Question difficile assurément, mais qui ne rebuta pas les philologues.

Persuadés que les langues, comme les peuples et les individus, ne vivent que d'emprunts et d'échanges, et que par conséquent c'est de divers côtés et en dehors d'elles-mêmes, qu'il faut souvent en chercher les origines, ils dirigèrent leur méthode de comparaison sur les idiomes de ceux des peuples de la péninsule, qui, en contact continu avec les Romains, avaient dû se prêter à ce travail latent d'emprunts réciproques'. Les dialectes de ces anciennes populations, à la vérité, ne se parlent plus depuis longtemps, et même aucun d'eux, sauf le grec de certaines colonies helléniques, ne nous a été conservé dans des livres. Mais

(1) Dūnntzer, dans son Traité de la composition des mots en latin (Cologne, 1836), Döderlein, dans son Manuel d'étymologie latine (Leipzig, 1841), Kärcher, dans son Lexique étymologique de la langue latine (Stuttgart, 3o éd. 1843), Heffter, dans son Histoire de la langue latine (Brandebourg, 1852), n'ont pas fait ressortir le rôle des dialectes de la vicille Italie dans la formation du latin; mais il faut citer, parmi ceux qui, vers la mème époque, ont ouvert, par des travaux remarquables, une mine de riches comparaisons entre ces dialectes et la langue des Romains: Kampfe (Umbricorum specimen, Berlin, 1835), Henoch (De lingua latina, Altonæ, 1837), Grotefend (Rudimenta linguæ umbricæ, Hanovre, 1835-1839), Jeannelli (Veterum oscorum inscriptiones, etc., Naples, 1841), Lepsius (Inscriptiones umbricæ et oscæ quotquot adhuc aperta sunt omnes, etc., Lipsia, 1841), Avellino (Iscrizioni samn., Naples, 1841), Aufrecht et Kirckhoff (Die Umbrischen Sprachdenkmæler, Berlin, 18491851), 2 vol. in-4, le premier renfermant la phonétique et la grammaire, le second l'interprétation), Th. Mommsen (Die Unteritalischen Dialekte, etc., Leipzig, 1849, in-8 de viij-368 p. avec 17 planches et 2 cartes); Ariodante Fabretti (Corpus inscriptionum italicarum antiquioris ævi et glossarium italicum, Turin, 1867, ouvrage qui contient le texte des inscriptions et qui, dans le Glossaire, renvoie avec exactitude, pour chaque forme, aux savants qui en ont traité).

quelques débris en ont été gardés çà et là par de vieux monuments, et l'on pouvait demander aux inscriptions, fidèles témoins des variations de ces langues, des renseignements capables de nous apprendre quelque chose de l'influence exercée par elles toutes sur la langue latine, leur voisine. C'est ce qu'ont fait les habiles scrutateurs du vieux latin, et, sans entrer à ce sujet dans de longs développements, qui seraient excessifs ici, je crois pourtant utile de nous arrêter un instant à l'examen très succinct de ce que nous pouvons penser du rôle important qu'ont joué certains idiomes des anciens habitants de l'Italie dans la question qui nous intéresse.

II

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Il y avait dans l'Italie moyenne et méridionale une grande variété d'alphabets; mais beaucoup ne se distinguaient les uns des autres que par de simples nuances marquant les efforts de l'écriture pour rendre avec autant de précision que possible la parole de peuples qui, frères d'origine, avaient pris à la longue, et par suite de leur dispersion en pays différents, des prononciations particulières. En les groupant d'après leur ressemblance on les

(1) Le nord de l'Italie en eut aussi plusieurs, mais les dialectes qu'ils exprimaient n'agirent point sur la première formation du latin. Les Gaulois, nous l'avons dit (Et. p. s. d'Intr. à l'Hist. de la litt. rom., L. I, chapitre III,

1), même au temps de leur grande victoire de l'Allia, ne laissèrent aucune empreinte sur les mœurs et le langage des Romains. Si Quintilien (Inst. Orat., 1, 5) peut noter quelques mots gaulois introduits plus tard dans la langue, tels que rheda et petorritum, qu'on trouve l'un dans Cicéron et l'autre dans Horace, c'est qu'il n'est aucune nation qui n'en ait fourni à Rome quelques-uns: il les cite au même titre que le mot mappa emprunté par elle aux Carthaginois et le mot gurdus pris aux Espagnols. Ce qui ne veut pas dire d'ailleurs qu'on ne puisse relever certains traits d'analogie entre le latin et le gaëlique qu'on parle encore aujourd'hui au pays de Galles

sentées par ces documents, ils ne restent déjà plus tout à fait muets pour nous.

M. Alf. Maury, par exemple, nous semble avoir étudié non sans succès le système des noms propres en usage dans l'Etrurie et des diverses appellations qui figuraient sur les monuments funéraires. D'après ce qui ressort des épitaphes, les hommes et les femmes également, comme cela d'ailleurs avait lieu à Rome dans les premiers temps, portaient au moins deux noms, un prænomen et un nomen. Les prénoms les plus répandus chez les hommes étaient: Larth ou simplement Lart, qui répond au latin Larthias, Larlius; Lar ou Laris, qu'il ne faut pas confondre avec le précédent et qui donna naissance au diminutif Lariscus des Romains; Arnh, Arnt, qui répond au latin Aruns, Aruntius. Les prénoms les plus communs des femmes étaient les formes féminines des prénoms masculins, c'està-dire Larthia ou Arnthia, puis Thona ou Thania, répondant au latin Diana, et son dérivé Tanaquil. Les noms de famille offraient ce trait de ressemblance avec le système dénominatif des Romains qu'ils prenaient pour les femmes une terminaison en a; ainsi dans la sépulture de la famille des Urinale3, nous voyons les femmes dénommées Urinala, Urinalia. Outre le prænomen et le nomen beaucoup portaient une sorte d'agnomen, qui se transmettait pour distinguer une branche particulière de la famille. Souvent aussi les inscriptions font mention du nom ou des noms maternels, lesquels sont alors terminés en al, soit que cette terminaison marque un adjectif dérivé, soit qu'il faille y voir la désinence du cas ablatif des noms euxmêmes. Quant aux appellations jointes à tous ces noms, plusieurs ont une signification qui ne nous est plus inconnue. Le mot clan, que nous trouvons employé pour les deux genres et qui n'est peut-être qu'une abréviation, a le

(1) Cf. Ott. Müller, Etrusker, 1, p. 436 et suiv.

(2) « Antiquarum mulierum in usu frequenti prænomina fucrunt. » Val. Max., De nomin. ration.

(3) Sépulture découverte en 1859, à la colline Pian dei Ponti,

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