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nous trouvons cette condition expresse que les Romains renonceraient à l'usage du fer excepté pour cultiver la terre. » Le troisième est mentionné par Tite-Live1 qui parle de la colonne d'airain où il était gravé; Cicéron en parle aussi, lorsqu'il dit dans le plaidoyer pour L. C. Balbus: <<<Qui de nous ignore qu'on a fait un traité avec tous les Latins sous le consulat de Sp. Cassius et de Postumius Cominius? La copie, nous nous le rappelons, en fut dernièrement gravée sur une colonne d'airain et placée derrière les rostres 2. » Mais le plus célèbre, le plus important pour nous est le premier des trois, puisque nous avons la bonne fortune d'en posséder une traduction grecque aussi exacte que possible; du moins Polybe nous certifie que, malgré la grande différence qui existait entre la vieille langue latine et le latin parlé de son temps, différence qui rendait les anciens textes très difficiles à comprendre même pour les plus habiles, il n'a rien négligé pour reproduire fidèlement ce document historique dans toutes ses parties. Voici donc cette reproduction, traduite à son tour en français :

<< Aux conditions suivantes il y aura amitié entre les Romains et leurs alliés d'une part et les Carthaginois et leurs alliés d'autre part : Les Romains et leurs alliés ne navigueront jamais au delà du promontoire Beau, à moins qu'ils n'y soient contraints par la tempête ou par leurs ennemis; en ce cas de force majeure, ils ne pourront rien acheter el rien prendre que ce qui sera nécessaire pour la mise en bon état des vaisseaux ou pour le culte des dieux, et dans les cinq jours ils devront s'éloigner. Ceux qui viendront pour commercer n'auront d'autre droit à payer que le concours du crieur et du scribe. Tout ce qui sera vendu en présence de ceux-ci sera garanti au vendeur par la foi publique, que ce soit en Afrique ou en Sardaigne.

nominatim comprehensum invenimus, ne ferro nisi in agricultura uterentur.» Hist. nat., XXXIV, 39. Rien ne montre mieux l'état de soumission à laquelle la république naissante se trouva tout à coup réduite par Porsenna. Cf. Tacite, Hist., III, 72: Porsenna, dedita urbe... » Cf. Ét. p. s. d'Introd. a l'Hist. de la Litt. rom., L. II, ch. 2, § 6.

(1) Tit. Liv., II, 33. (2) Pro Balbo, 23.

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Si des Romains viennent en Sicile, dans la partie soumise aux Carthaginois, ils y trouveront bonne justice. D'un autre côté, les Carthaginois s'engagent à ne nuire en rien aux Ardéates, aux Antiates, aux Laurentains, aux Circéens, aux Terraciniens, ni à aucun autre peuple des Latins soumis à Rome; à s'abstenir même de toute attaque contre les villes latines qui ne lui sont pas soumises et, s'ils en prenaient une, à la lui remettre intacte. Ils promettent de ne construire aucune forteresse dans le pays latin, et s'ils descendent en armes sur ce territoire, ils n'y resteront pas la nuit 1 ».

III

Dans la revue des documents historiques recueillis et conservés par les premiers Romains il n'est pas permis non plus d'oublier les calendriers et les livres des pontifes, les livres des augures, les registres des divers collèges de prêtres.

C'étaient les pontifes, seuls arbitres de la mesure du temps, qui, en réunissant les éléments de la table des mois (kalendarium), dressaient la liste des jours fastes (fasti dies), c'est-à-dire des jours laissés par la religion au travail et aux affaires; cette liste indiquait nécessairement les jours non fastes (nefasti); elle comprenait, en somme, tous les jours de l'année; de là l'expression elliptique de Fasti, fastes, pour désigner le calendrier religieux. Le même mot, à la vérité, devenu substantif, servit par extension à désigner tout indicateur annuel; on le fit même passer du sens de liste de jours et de mois à celui de liste d'années; on l'appliqua notamment à la liste des magistrats éponymes

(1) Polybe, III, 22.

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(2) Fastorum libri appellantur in quibus totius anni fit descriptio. » Festus, VI.

disposés dans leur ordre de succession' et, comme par les noms des consuls on avait pris l'habitude de distinguer les années politiques, il se trouva que les Fastes consulaires (Fasti consulares) ne furent pas sans rapport avec le calendrier. Mais prenons bien soin de ne pas les confondre. Les seuls fastes, à l'origine, furent les fastes religieux des pontifes. En regard de leurs calendriers, qui constituaient les années calendaires, fut dressée, avec les libri magistratuum, une liste parallèle des collèges consulaires, qui établissaient les années politiques, et ces listes, qui prirent aussi le nom de Fastes consulaires, ne formèrent qu'une sorte d'annexe des Fastes proprement dits.

Le calendrier, tel qu'il était rédigé, ne manquait pas de valeur historique. La catégorie des jours nefasti, malgré la forme négative du mot, étant celle évidemment où se trouvaient formulės les devoirs des fidèles et les principes que voulait sauvegarder la religion, était aussi la plus documentée. Non seulement les pontifes y conservaient les plus vieilles traditions, en exigeant, pour leur commémoration, selon leur importance, un chômage plus ou moins sévère,

(1) Parmi les fragments de listes de magistrats qui nous sont parvenus sous le nom de fastes, les plus importants sont les fastes capitolins, ainsi nommés parce qu'ils sont maintenant conservés au Capitole ; ils étaient primitivement gravés sur le marbre des parois du temple de Castor ou de la Regia; mais le premier texte n'a pas dû en être composé avant l'an de Rome 718.

(2) On sent, à tout moment, chez les historiens de l'antiquité, la grande difficulté que présentait le manque d'une concordance absolue entre les années politiques et les années calendaires. Les collèges consulaires, en effet, ne se sont pas succédé annuellement à époque fixe : une fois élus, les consuls avaient bien le droit de gérer leur magistrature un an durant, mais la date de leur entrée en fonction pouvait étre avancée par des morts ou des abdications et aussi sans doute être retardée par des interrègnes. De là dans l'année politique, des variations telles qu'une certaine série de collèges consulaires successifs pouvait n'être plus égale en nombre à une série parallèle d'années calendaires. Il suffit, pour être renseigné sur cette discordance, qui n'a pas moins occupé l'érudition moderne que l'érudition ancienne, de jeter un coup d'œil sur les tableaux dressés par Mommsen, Unger, O. Seeck, Soltau, etc.

mais ils y tenaient compte de certains événements récents dont l'expérience fâcheuse devait servir de leçon pour l'avenir; sans blesser l'amour-propre national par un rappel trop fréquent de deuils patriotiques, ils donnaient au souvenir de certains d'entre eux la marque religieuse la plus solennelle : le dies alliensis, par exemple, le jour anniversaire du combat de l'Allia (18juillet), fut noté tout de suite comme un des jours de complète abstention où toute activite normale était suspendue dans la vie privée comme dans la vie publique, (rei nullius publice privatimque agendæ)2.

Jusque dans les livres les plus liturgiques des pontifes, dans les rituels, les historiens des siècles suivants ont trouvé certains éléments de leurs récits. Et je ne veux pas parler seulement de ceux qui concernent l'histoire religieuse, tels que les diverses appellations des divinités, leur origine et l'introduction de leur culte à Rome, je parle des formules sacrées elles-mêmes. Celles de l'acte que les Romains appelaient devotio nous en fournissent à elles seules plusieurs exemples. On sait que la derotio était un acte d'exécration dont les généraux se servaient comme d'une arme surnaturelle tournée contre des ennemis difficiles à vaincre : ils l'accomplissaient tantòt en vouant leurs ennemis aux dieux, tantôt en joignant à ce vœu le sacrifice de leurs propres personnes. Le premier cas était le plus fréquent et se présentait souvent dans le cours des guerres devant une ville assiégée qui résistait aux efforts tentés contre elle. Le général commençait par évoquer les dieux protec

(1) Tit. Liv., VI, 1.

(2) Faut-il rappeler que le patriciat, dans lequel se recrutait forcément le collège des pontifes, se réserva le plus longtemps possible, avec la rédaction du calendrier, qui disposait de toute la vie des Romains, la science des règles à suivre pour l'établir? Cn. Flavius, le premier, en dévoila les secrets en même temps que les formules juridiques, et ce ne fut qu'après lui que des plébéiens comme T. Coruncanius, purent porter leurs investigations sur les Fastes comme sur la jurisprudence, qui, elle aussi, ne laissait pas que d'être liée à la liturgie.

teurs de la ville assiégée, en leur promettant, s'ils consentaient à se transporter à Rome, tous les honneurs d'un culte digne d'eux; en même temps il égorgeait des victimes et, si leurs entrailles annonçaient une réponse favorable, il prononçait la formule de devotio, rédigée par le collège des pontifes:

Dis Pater, Vejovis, Manes, sive vos quo alio nomine fas est nominare, ut omnes illam urbem... exercitumque quem ego me sentio dicere fuga, formidine, terrore, lue compleatis; quique adversum legiones exercitumque nostrum arma telaque ferent, uti vos eum exercitum, eos hostes, eosque homines, urbes agrosque eorum et qui in his locis regionibusque agris urbibusve habitant abducatis, lumine supero privetis; exercitumque hostium, urbes agrosque eorum quos me sentio dicere, uti vos eas urbes agrosque, capita ætatesque eorum devotas consecratasque habeatis illis legibus quibus quandoque sunt maxime hostes devoti; eosque ego vicarios pro me, fide, magistratuque meo, pro popolo romano, exercitibus legionibusque nostris do devoveo, ut me meamque fidem imperiumque, legiones exercitumque nostrum, qui in his rebus gerundis sunt, bene salvos siritis esse. Si hæc ita faxitis ut ego sciam, sentiam intelligamque, tunc quisquis hoc votum faxit ubi ubi faxit recte factum esto ovibus atris tribus. Tellus mater, teque, Juppiter, obtestor ».

Dis Pater, Vejovis, Mânes, de quelque nom qu'il faille vous appeler, veuillez tous répandre la fuite, la terreur, l'effroi, la ruine dans cette ville de... et cette armée dont j'ai conscience de parler. Faites que ceux qui contre nos légions et notre armée portent les armes et lancent des traits, que leur armée, ces ennemis, et ces hommes, et leurs villes et leurs champs et quiconque habite leur sol, leur territoire, et leurs champs et leurs villes, disparaissent et soient privés de la lumière des cieux. Puissent l'armée des ennemis, les villes et les champs de ceux dont j'ai conscience de parler, puissent ces villes et ces champs, et leurs personnes et leurs générations ètre considérés par vous comme dévoués et consacrés dans les conditions où jusqu'ici les ennemis ont été le plus efficacement dévoués. En mon lieu et place, je vous les donne et dévoue pour moi, mon devoir et mon commandement, pour le peuple romain, nos armées et légions afin que moi, mon devoir et mon commandement, les légions et notre armée, engagées dans cette entreprise, par votre permission nous soyons sains et saufs. Si vous me faites savoir,

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