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....Ubi isti duo adulescentes habent

Qui hic anteparta patria peregre prodigunt',

et à qui le manque d'argent pour satisfaire leurs passions fait exprimer des vœux impies contre la vie de leurs parents;

Deos quæso ut adimant et patrem et matrem meos ?!

des vieillards étonnés de l'audace que montrent, en leur présence, leurs fils coupables,

Ei, ei etiam se audent me coram apparere 3 !

voulant les ramener au bien, les tirer de la débauche, leur faire préférer le culte honnête du foyer paternel à leur vie éhontée du dehors,

Primum ad virtutem ut redeatis, abeatis ab ignavia,

Domo patres, patriam ut colatis potius quam peregri probra ';

et menaçant des duretés de la prison l'esclave qui travaillerait à leur faire contracter des dettes,

.....Si unquam quicquam filium rescivero
Argentum amoris causa sumpsisse mutuum,
Extemplo te illo ducam ubi non despuas 5.

...Si jamais j'apprends que mon fils a emprunté de l'argent en vue de ses amours, aussitôt je te mènerai là où tu n'auras pas le loisir de cracher.

Une coquette y était représentée avec toutes les ressources de son métier de courtisane:

...Quasi pila

In choro ludens datatim dat se et communem facit;
Alii adnutat, alii adnictat, alium amat, aliuin tenet,
Alibi manus est occupata, alii percellit pedem,

(1) Tarentilla, O. Rib., fragm. VI. (2) Tribacelus; O. Rib., fragm. 1.

(3) Tarentilla; 0. Rib, fragm. IX

(4) Tarentilla; O. Rib., fragm. XII.

5) Triphallus; O. Rib., fragm. 1. Cf. Aul. Gel., Noct. Att, II, 19.

Anulum alii dat spectandum, a labris alium invocat,
Cum alio cantat, at tamen alii suo dat digito literas '.

De même qu'une balle, dans un jeu, elle court à chacun tour à tour, elle est à tous : elle accorde à l'un un signe de tête, à l'autre un clin d'œil; aime l'un, occupe l'autre; à l'un donne la main, à l'autre presse le pied; à un autre fait admirer son anneau, appelle un autre des lèvres, chante avec un autre, et pour un autre encore use du langage des doigts.

Le parasite et le fanfaron n'y manquaient pas non plus. C'est Térence qui nous le dit dans son Prologue de l'Eunuque, lorsque, pour répondre à ceux qui l'accusaient d'avoir emprunté ces deux rôles à Plaute et à Nævius, il affirme avoir ignoré l'usage qu'en avaient fait ses devanciers latins et n'avoir pris pour modèle que le Kéz, le Flatteur, de Ménandre.

Du reste il arrivait parfois à Nævius de faire agir ses divers personnages ailleurs qu'en des localités grecques; Rome devenait le lieu de l'action représentée par lui et les habitants des villes italiennes avec leurs habitudes spéciales n'y étaient pas oubliés, comme le prouve ce passage de son Hariolus, cité par Macrobe à propos du genre de noix que produisait Préneste:

Quis heri apud te ? Prænestini et Lanuvini hospites.
Suopte utrosque decuit acceptos cibo,

Alteris inanem bulbam madidam dari,

Alteris nuces in proclivi profundere.

Qui était chez vous hier? Des hôtes de Préneste et de Lanuvium. Il fallut offrir aux uns et aux autres leurs mets habituels : à ceux-ci donner l'oignon apprêté à la sauce, à ceux-là servir des noix à profusion 3.

(1) Tarentilla, O. Rib., fragm. II. Ce fragment a été autrefois, mais à tort, parait-il, attribué à Ennius. Isid., Origin., 1, 25; Festus, de signif. verb., 1.

(2) V. 19 et suiv. Aux yeux des Romains, il n'y avait de plagiat que dans la copie d'une œuvre latine; celle d'une œuvre grecque était parfaitement licite.

(3) Saturn., 11, 14.

1

Berchem suppose même que la comédie intitulée Appella avait pour principal personnage une femme de l'Apulie et tournait en ridicule la lourdeur et la sottise des habitants de ce pays, dont les Romains aimaient à se moquer.

Que les moyens dont le poète se servait pour soutenir l'attention et provoquer la gaieté du public aient toujours. été délicats, il est permis de ne pas le croire. Sans doute il se contentait souvent de ces mots brefs et pétulants qui, dans leur trivialité, ont le don de produire l'hilarité de la foule, tels que cette exclamation :

...Utinam nasum abstulisset mordicus!

Plût aux dieux qu'il lui eût enlevé le nez avec les dents?!

mais parfois aussi il ne se croyait sûr de plaire à la partie la plus grossière d'un auditoire, dont il n'y avait qu'une très petite élite qui fut policée, qu'en recourant et aux expressions et aux situations obscènes. Pas n'est besoin de citer ici des fragments à l'appui de cette assertion; des titres de pièces comme Testicularia et Triphallus en disent assez. Il proclamait bien haut d'ailleurs qu'on devait, dans la célébration des jeux, parler en toute liberté,

Libera lingua loquemur ludis Liberalibus 3,

et Plaute ne fera pas autrement que lui. Je m'expliquerai plus tard, précisément à propos de Plaute et de Térence comparés entre eux, sur les conditions de réussite à Rome pour les poètes comiques; il n'est guère opportun d'en parler en ce moment au sujet d'un auteur dont nous ne possédons presque rien : tout ce que nous pouvons affirmer de lui, c'est qu'il réussissait et que son succès tenait à sa plaisanterie facile, à l'expansion hardie de ses sentiments plébéiens, à l'habitude qu'il avait, tout en imitant les Grecs, de parler de choses romaines aux Romains, et aussi,

(1) P. 68 et 69.

(2) Corollaria; O. Rib., fragm. IV.

(3) 0. Rib., fragm. incert., V.

disons-le, à l'action bien vivante de ses personnages, à la vivacité de leurs paroles. Voyez comme est rapidement coupé ce dialogue :

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Ce sont ces divers mérites évidemment qui portèrent le grammairien Volcatius Sédigitus à l'inscrire, dans sa liste par ordre de mérite des comiques latins, le troisième de tous, en le plaçant, par un jugement que la postérité, il est vrai, n'a pas ratifié, bien avant Térence, immédiatement après Cæcilius et Plaute.

IV

Ce grand renom de poète comique n'a peut-être pas laissé que de nuire à sa réputation d'auteur tragique. On a même nié qu'il l'eût été. Quelques critiques tels que Welcker et Duntzer 3, tout en reconnaissant, comme ils y étaient obligés, que certaines de ses compositions dramamatiques portaient des titres de tragédie, ont prétendu que ces titres ne se rapportaient qu'à des pièces où le sujet tragique était tourné en parodie et qui par conséquent se rattachaient à la comédie; ils ont rappelé qu'Alexis, un de ses modèles grecs préférés, s'était livré volontiers à ce genre spécial d'oeuvre scénique, et, pour défendre leur opinion, ils se sont appuyés sur quelques fragments d'un style

(1) Agitatoria, O. Rib., fragm. IV.
(2) Souvent cité par 0. Ribbeck.
(3) In Mus. Rhen., 1837, p. 433.

familier qui ne répond pas, ont-ils dit, au ton de la tragédie. Mais, s'il est certain qu'Alexis a publié des parodies, rien ne prouve que Nævius l'ait imité dans cette partie, et si deux ou trois des vers que nous avons sont écrits dans la langue de la vie ordinaire, est-on autorisé à en déduire la conclusion qui en a été tirée? Je ne le crois pas; je viens de relire attentivement tout ce qui nous a été conservé (ce n'est pas long) des pièces intitulées : Danae, Equus Trojanus, Hector proficiscens, Hesiona, Lycurgus; j'y vois, à la vérité, des pensées exprimées très simplement :

Omnes formidant homines ejus valentiam ',

Tous les hommes redoutent sa force;

Contempla placide formam et faciem virginis 2,
Contemple tranquillement le corps et le visage de la jeune fille;
Ignotæ iteris sumus: tute scis... 3.

Nous ignorons le chemin : toi tu le sais...;

mais nulle part je ne remarque rien qui sente la grosse plaisanterie de la farce, rien qui soit en désaccord absolu avec les convenances de la tragédie, et j'y rencontre, au contraire, des vers qui, dans leur facture nette et vive, présentent suffisamment la dignité qu'elle réclame :

Quacumque incedunt, omnis arvas opterunt; Partout où ils s'avancent, ils détruisent tous les champs;

Cave sis tuam contendas iram contra cum ira Liberi 5; Prends garde, je te prie, d'opposer ta colère à la colère de Bacchus ; Lætus ɛum laudari me abs te, pater, a laudato viro";

Je suis joyeux d'être loué par toi, mon père, par un homme tant loué;

ce dernier vers semblait même si beau à Cicéron qu'il l'a

(1) Danae, 0. Rib., fragm. I.
(2) Danae, 0. Rib., fragm. II.
(3) Lycurgus, O. Rib., fragm. X.
(4) Lycurgus, O. Rib., fragm. III.
(5) Lycurgus, O. Rib., fragm. XIII.

(6) Hector proficiscens, 0. Rib., fragm. II.

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