Immagini della pagina
PDF
ePub

l'éloquence de Cicéron a rejeté comme dans l'ombre celle de tous ses contemporains et cet effet s'est produit d'une manière d'autant plus sensible que nous possédons la plus grande partie de ses œuvres oratoires, tandis que nous n'avons rien ou presque rien des discours des autres. Mais nombreux sont ceux qui, auprès de lui, ont assez bien pratiqué l'art de la parole pour s'être marqué une place honorable dans l'histoire de l'éloquence. Comment, à ce sujet, passer sous silence J. César, Licinius Calvus, Cælius Rufus, Sulpicius, M. Porcius Caton, M. Junius Brutus, M. Claudius Marcellus, Q. Ælius Tubéron, L. Munatius Plancus, C. Asinius Pollion, M. Valérius Messala Corvinus? Plusieurs d'entre eux et d'autres encore, qui n'étaient pas orateurs, s'adonnèrent aussi aux études historiques. De ce côté, nous sommes plus heureux et pour quelquesuns nous possédons des monuments authentiques de leur mérite les grandes compositions de Salluste, les biographies de Cornélius Népos, les commentaires de César réclament un examen attentif. Puis doivent être cités les érudits divers parvenus à la notoriété par leur science et leur enseignement, auteurs de traités didactiques et philosophiques, de livres de droit, de théologie, de grammaire, de rhétorique, etc.; mais il n'est guère utile d'entrer dans de longs développements en ce qui les concerne, car leurs ouvrages sont perdus. Sur le plus célèbre et le plus fécond de tous, M. Térentius Varron, qui passe pour avoir écrit près de six cents livres, il faut pourtant s'étendre quelque peu. Nous n'avons de lui qu'un traité d'agriculture, un ouvrage de grammaire incomplet et quelques fragments du reste, mais il est intéressant de chercher à se rendre compte d'un tout aussi considérable. L'intérêt est d'autant plus grand que l'infatigable polygraphe, à qui les écrivains latins ont décerné le titre de père de l'érudition romaine, romanæ eruditionis parens, ne s'est pas contenté d'aborder tous les sujets avec la passion profonde d'apprendre lui-même et d'enseigner aux autres; dans l'immense ensemble de ses œuvres diverses, il a cons

tamment voulu rappeler tout ce qui avait participé au passé glorieux des ancêtres afin de mieux attacher ses concitoyens à leur pays et à ses lois. Il n'a pas que résumé dans une sorte d'encyclopédie toutes les connaissances acquises jusqu'à lui, il l'a fait en zélé défenseur des institutions républicaines à ce double titre, il semble avoir fermé dignement la longue période d'histoire littéraire qu'il est question pour nous de parcourir en ce moment.

Dans les trois volumes que forment les sept livres de cette première partie de l'histoire de la littérature latine, j'ai pris soin, pour donner une allure plus rapide aux développements littéraires, de rejeter au bas des pages, comme notes, les détails d'érudition purement techniques ainsi que les indications relatives aux sources de renseignements. C'est pour cela aussi que je me suis abstenu d'y introduire de longs passages des auteurs latins: je n'y cite que quelques lignes à la fois, tout juste ce qu'il faut pour confirmer l'analyse ou l'appréciation présentée.

Cependant, comme il est nécessaire, lorsqu'on veut donner l'idée complète d'un auteur, d'en exposer aux yeux un certain nombre de morceaux un peu plus étendus, j'ai réuni dans un volume complémentaire, portant pour soustitre le mot Appendice, quelques pages typiques, choisies dans chaque écrivain, traduites avec soin et auxquelles je renvoie le lecteur à mesure qu'il est utile pour lui d'y recourir pour préciser dans son esprit ce qu'il vient de lire.

L'Appendice offre même cet autre avantage que, séparé du reste et considéré en lui-même, il devient comme un vivant tableau de la littérature1.

En somme, le présent ouvrage se compose de quatre volumes.

(1) Aussi les professeurs des classes supérieures de l'enseignement secon daire pourront-ils tirer de cet Appendice un emploi que signale le court avis qui le précède.

Il est vraisemblable que l'ouvrage qui suivra (HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE LATINE SOUS L'EMPIRE), dont j'ai coordonné déjà les matériaux et dont je commence la rédaction, n'en comptera pas moins.

A l'énoncé de ce programme, peut-être s'étonnera-t-on que j'aie osé entreprendre un travail d'une telle envergure en un moment où l'étude du latin et du grec, la véritable base pourtant de ce. qu'on a si légitimement appelé du beau nom d'humanités, se trouve, dans les classes de l'enseignement secondaire, diminuée, mutilée. Mais c'est précisément, au contraire, parce que je sens la nécessité d'une urgente réaction contre une si déplorable tendance, qu'il m'a semblé bon d'y travailler dans la mesure de mes forces. Avec la foi d'un vieux professeur qui croit fermement à l'action salutaire des études scolaires les plus complètes sur le développement des forces intellectuelles et sur l'avenir même du pays, avec l'espérance aussi de susciter ou d'entretenir chez de plus jeunes une ardeur semblable à celle qui m'anime, j'ai voulu apporter mon contingent d'efforts à la consolidation de l'édifice classique. Si, dans mon travail, la critique, comme je n'ai pas la prétention d'en douter, trouve prise sur certains détails, personne du moins, j'en suis sûr, ne méconnaîtra ma généreuse et patriotique intention.

On aurait pu placer en tête de ce premier volume de l'Histoire de la Littérature latine jusqu'à la fin du gouvernement républicain une table alphabétique des matières qu'elle renferme et un index des ouvrages qui y sont cités; mais il eùt fallu alors, en tète du premier volume de l'Histoire de la Littérature latine sous l'Empire, une autre table alphabétique et un autre index du même genre. 11 en serait résulté pour le lecteur en quète d'un renseignement l'inconvénient d'avoir parfois à porter ses recherches de deux côtés; et de plus le second index aurait répété nécessairement bien des ouvrages déjà mentionnés dans le premier. Il était donc plus utile et plus simple de dresser pour tout l'ensemble une seule table et un seul index, qui seront publiés à la suite du dernier volume.

LIVRE PREMIER

ORIGINES DU LATIN ET MONUMENTS DE LA LANGUE LATINE APPARTENANT AUX CINQ PREMIERS SIÈCLES DE ROME

« IndietroContinua »