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G. Milin a ajouté cette note: ann deisiou enet les jours gras). Le même fait a lieu, du reste, en gall. : mawrth ynyd le mardi gras. Le P. Grég. donne ened, ezned carnaval; cette dernière forme est altérée d'après ezned oiseaux (cf. eznès plur. eznesed poulette, que l'auteur fait d'ailleurs prononcer eenès, eenesed).

71. Après une consonne initiale, s'ajoute quelquefois sous l'influence d'un r suivant; mais le procédé est loin d'être toujours strictement phonétique.

Le van. flondrênn f. vallée, val, noue l'A., flondrenn pl. eu vallée Châl., hors de Vannes flondrenn f. pl. ou vallée; angle rentrant de deux toits qui se joignent Trd., est tiré par M. Henry du v. fr. fondoire; je crois qu'il est surtout près de fondrière, qui a pu donner en bret. *fondrel. L'r se montre, hors de Vannes, dans foundriguell fondrière Moal, dont la terminaison est celle de fontiguell pl. ou id. Gr., fontigell f. Trd, fontigel, pl. fontigello, An D.-P. 18 (fond, douar-fond fond, terre qui produit Gr., pl. foncho bas-fonds An D.-P. 18; eur fonchad dour un fonds plein d'eau, An Ank. d. 10, etc.).

L'expression bean war vlar an dour qui se dit à Lanrodec d'une herbe dont l'extrémité est balancée par le courant, Rev. celt., IV, 169, vient de war var à la surface, peut-être avec une influence de war vlein, qui a pu avoir le même sens (on dit war lein, voir ibid., et plus haut, § 68).

L'article gloestre du dictionnaire vann.-franç. de Châlons traduit ce mot « nantissement, gage, vase, vaisseau, vœu »> (c'est ainsi que j'ai lu; la réédition porte « veau »). Il y a là deux mots différents : l'un, signifiant « nantissement, gage, vœu », plur. er gloistreu les gages, ibid.; et l'autre, « vase, vaisseau ». Ce dernier est écrit dans Châl. ms ur gloestr' un vase, et au plur. glouistr guiguen batterie de cuisine; on trouve par ailleurs glustr, pl. glustreu, Gloss. 261. M. Loth donne, dans son édition de Châl., p. 101, glouistr quiguen, en ajoutant : « [peut

être gloüistri] ». La correction n'est pas justifiée : glouistr est un pluriel en i interne aussi légitime que le van. meistr, mistr maitres, etc., voir Rev. celt., XIV, 307, 308; Gloss. v. eugenn. Y a-t-il eu influence du second gloestr, = "gou-lestr, sur le premier, qui répond au moy.-bret. et léon. goestl? J'admettrais plutôt une contamination avec cloestre cloître Châl., dont la forme léonaise cloastr m. pl. ou Gr., moy.-bret. cloastr, se prêtait moins à cette assimilation. Ce dialecte a, d'ailleurs, aussi claustr m. pl. ou id. Gr., qui doit être pour quelque chose dans la transformation de coustele, coustle f. pl. eu Gr., cousstelé f. pl. yeu l'A., gageure (mot van., = gall. cyngwystledd m. id., cf. cyngwystl, cywystl gage mutuel) en claustle, claustre f. pl. -lëou Gr., Gloss. 128. Maunoir donne même claustr « gage ». Roussel ms porte : « claoustre, claustré, gageure, pari. Lacat en claoustre mettre en gage, faire un pari, une gageure, gager, parier. claoustrea est Caoustrea gager Claoustrêt parié. gagé. » Est remplace ici et. Pel. n'a pas cette forme curieuse caoustrea; il ne parle que du nom claustre. Grég. donne en van. ur goustele, ur oustele; cette dernière expression paraît influencée par le simple goestl, dont elle garderait ainsi une trace en van., cf. moy.-bret. goustlouo il gagera (des gardes).

On voit que dans ces mots l'addition de l est accompagnée du changement d'l en r après st. Cf. cornouaillais flustr et fustl fléau pour battre le blé; cornou. fustl châtiment Barz. Breiz 232 (moy.-bret. fust manche de fléau, mod. id. Maun., Gr., Roussel ms, masc. Gon., etc.).

Flistra jaillir ne vient sans doute pas directement de*fistulare : cf. v. franç. frestel flûte. C'est l'influence de ce verbe qui a fait, en van., donner à fouistr' (poire) molle une variante flistr' (fruit) plus que mûr, Gloss. 338.

Le bret. moy. drouc fleusqueur traduit « (le tonnerre... et) les exhalaisons malignes », Poèmes bret. 67, d'après le lat. fluxura, a dû être à peu près synonyme du mot qui le précède,

reux bruit, fracas; Mil. ms porte : « fleûskeûr.ne chomo ket eno da zerchel kement-se a fleûskeûr, il ne restera pas là à avoir tant d'embarras et de tracas (Ile de Batz) ». Peut-être y a-t-il quelque rapport avec fuskuilla que Trd. rend par «< trembloter »; mais ce dernier ne serait-il pas dû à une dissimilation de *fluskulia pour *fleuskeuria s'agiter? Cf. flanella, fanella flanelle; moy. bret. flourdelis lis, mod. fourdillis; van. flaouitein sonder (du beurre), futéale sonder, pressentir (quelqu'un), Gloss. 239, 240. Fleusqueur s'accorde parfaitement, pour la forme, avec le van. flossquerr f. fossé, flosquêr dizeurérr tranchée, cf. flossquic petit fossé, dérivé avec métathèse de *foscl=fossicula, Gloss. 242. On peut ajouter le van. diflosquein « eclier ou éclisser » Châl., diflosqueiñ «<éclisser, parlant du bois qui s'éclisse » Gr. (dont Troude a fait diflaskein se briser en éclats); difflosquet (membre) disloqué, déchiré Choège ...a gannenneu, Vannes 1829, p. 105, 108. Le v. franç. fruschier, froissier briser, dont M. Henry propose de tirer difloskein, en est phonétiquement bien loin; il est préférable de supposer que ce mot, avant de se dire de l'arbre dont on arrache une branche, etc., s'est appliqué aux terres déchirées par une tranchée. La conciliation des sens de fleusqueur et de flosquêr se ferait en conjecturant que le premier a développé l'idée accessoire de « fossé à traverser », « retranchement à forcer »>, d'où en général «< obstacle, embarras, train, agitation ». Flosquêr, fleusqueur serait donc un pluriel (proprement collectif, en -aur-ārium) de flosc-, *foscl diminutif de fos fosse. Cf. fezier, plur. du simple, Ztschr. f. celt. Philol., I, 234; van. cloher, moy. bret. clocher clocher, mod. clogor cloches aux mains, ampoules, yeux du fromage, 237; moy. bret. ferchieur, van. ferhérr fourches, 233, 234.

Je ne connais pas d'autre pluriel moy. bret. en -eur ou -er non précédé de i; mais leur existence ancienne est assurée, tant par la survivance de clogor que par l'accord du vannetais

-ér avec le v. gall. -aur, mod. -awr (voir ibid. 233-235). Le van., qui a clehér (et clehyér) cloches à côté de cloher clocher, a pu perdre une forme *fleskér, dont le correspondant léonais *flesqueur expliquerait le bret. moy. fleusqueur, mieux qu'un type strictement phonétique *flosqueur; cf. moy. bret. nebeut et neubeut peu; voir Gloss. v. ebeul, etc.

An flemeterr fumeterre Nom. 85, flémmeter Gr., est le mot franç. influencé par flemm aiguillon; Grég. donne aussi flèmm-douar, avec bretonisation complète (cf. plus haut, § 67, le cas de vif-argent). Voir E. Rolland, Flore populaire, I, 207.

Le bret. a confondu gloar gloire et goard garde dans l'expression en goard Doue, à la garde de Dieu, qui est devenue e gloar Doue, etc., Gloss. 260, 261.

Goareg ar glao (l'arc de la pluie) l'arc-en-ciel, a donné aussi par corruption en tréc. kloarek ar glâ « le clerc de la pluie », Rev. celt., III, 450, cf. VI, 392; Mélusine, II, 13.

(A suivre).

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LE BAS CLERGÉ; RELATIONS ENTRE LES PAYSANS ET LES RECTEURS; ATTITUDE DU BAS CLERGÉ A LA VEILLE DE LA RÉVOLUTION LES DIMES.

Quels rapports entretenaient les paysans bretons avec leurs recteurs, que pensaient-ils du clergé, à la fin de l'ancien régime?

La question est complexe; avant d'y répondre, nous croyons devoir exposer d'abord brièvement quels étaient les sentiments religieux des paysans.

Les cahiers des paroisses nous donnent, en somme, peu de renseignements à ce sujet. Le point de vue purement spirituel de la question religieuse préoccupait sans doute médiocrement les paysans; jamais, sous leurs yeux, on n'attaquait la religion, et,

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